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Necrologie Publié le jeudi 12 janvier 2012 | Nord-Sud

Il emporte des secrets dans la tombe

© Nord-Sud
Paul-Antoine Bohoun Bouabré ex-ministre de l’économie et des finances ivoirien
Avec la disparition de Paul-Antoine Bohoun Bouabré, l’Histoire emporte de monstrueux secrets. Et aujourd’hui, le risque est bien grand que le juge Patrick Ramaël ait perdu ce qu’il a de plus précieux : le tunnel qui mène au fantôme de Guy-André Kieffer. Dans cette affaire encore énigmatique, beaucoup d`éléments, dit-on, s’orientent vers sa responsabilité. Et il faudra continuer de démêler l’écheveau. Dans tous les cas, qu`un homme aussi vaniteux comme lui, ait opté de finir sa vie dans la clandestinité, après la vie qu`il avait vécu, peut paraître comme un aveu, à tout le moins comme un regret ! Le paladin aurait voulu périr les armes à la main mais son état de santé (insuffisance rénale) lui faisait douter de sa capacité à combattre. Pas de doute, « BB» s’en est allé… loin de ses terres, à Jérusalem. On l`imagine très courageux devant la mort, mais moins encore devant la honte d’assister à la fin de son rêve ( marcher dans les bottes de Laurent Gbagbo) avec son image traînant dans la boue.

Bohoun Bouabré craignait d`être arrêté et d`être exhibé dans une cage. Le destin ignominieux de Laurent Gbagbo l`avait profondément marqué et explique pourquoi il refusait tous les plans visant à le faire revenir à Abidjan. C`était bien dans le caractère du personnage : se retrancher à mille lieues pendant les périodes de tourmente. Quand sa femme décède en 2000, il s’était retiré à Niakia son village natal, à deux kilomètres de Saioua, pour le recueillement.

A l’arrestation de Gbagbo, il avait choisi la désertion. Plus que jamais, l’on pense aux victimes. Chez elles, l`état d`esprit est capital dans ces instants : la frustration. Malgré tout, ne pas saisir le départ du suspect numéro 1 pour …, mais juste témoigner. Il ne faut surtout rien infliger à ses proches, pauvres gens nés dans cet univers de dingue ! Des endoctrinés qui n`ont pas dû comprendre grand’chose à tout ça ! Tête à claques, acariâtre, les qualificatifs louangeurs ne seront probablement pas légion pour définir Bohoun Bouabré, le longiligne monsieur de 55 ans qui, dans son exil, ne faisait rien de ses journées à part se livrer à des jeux vidéo. Sur le coup, il a une excuse : il n’avait pas d’emploi.

Lanciné Bakayoko
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