Le récent couac dans l’affaire de disparition du journaliste canadien, Guy-André Kieffer, avec l’exhumation à Issia d’un corps qui n’est pas le sien donne du grain à moudre à tous ceux qui pensent qu’il faut enfin faire la lumière sur le contenu du cercueil que Laurent Gbagbo a enterré au forceps à Kabacouma. La question pour beaucoup de ressortissants de ce paisible village situé à neuf (9) kilomètres de Biankouma, chef-lieu de département, n’est pas tant de savoir dans quel état se trouve le corps mais de s’assurer que Robert Guéi est bel et bien rentré au bercail après sa mission en ville. Woï Mayéré Sylvain, fils de Kabacouma avec qui nous avons échangé sur la question reste convaincu que toute la vérité n’a pas encore été dite. De sa position de neveu de la famille Guéi, il a été, malgré lui, au cœur de certaines démarches au plus fort de la crise née de l’entêtement de Gbagbo Laurent à enterrer le général à Abidjan. S’abstenant de «déshabiller» son défunt oncle en public, il a accepté de nous livrer de petits éléments qui le confortent dans l’idée que quelque chose de pas clair s’est passé dans son village. «Avant le premier enterrement d’Abidjan, nous avons été trois ou quatre à voir le corps de mon oncle. Mais contrairement aux usages, seule la tête était visible. Tout le reste est resté soigneusement dissimulé», a révélé notre interlocuteur qui a fait la comparaison suivante : «En ce qui concerne Rose Guéi (épouse du général, tuée le même jour que lui), le corps était disponible comme de coutume. Je n’ai eu aucune peine à la reconnaître. Mais avec mon oncle, je n’ai rien compris». Inquiet, il a rappelé les circonstances de l’inhumation de feu Sékou Touré et toute l’énigme du cercueil plombé de l’ancien chef d’Etat guinéen. Ensuite, il y a que contrairement aux vœux des parents, la dépouille de Robert Guéi n’a pas été remise à sa famille. Son successeur à la tête de l’Etat l’a conduit lui-même dans son village et a pris toutes les dispositions pour ne point l’exposer. L’enterrement s’est ensuite fait dans l’intimité familiale version Gbagbo Laurent c’est-à-dire sous forte escorte militaire. «Je suis convaincu que mon oncle ne repose pas à Kabacouma. Nous nous inclinons sur la tombe de Kabacouma parce que, simplement, nous nous disons que son esprit y est. Sinon, en réalité, je pense que Guéi n’est pas au village», a conclu monsieur Mayéré. Cette opinion est largement partagée à Kabacouma et la nouvelle République de la transparence que nous offre Alassane Ouattara devrait permettre de mettre tout le monde d’accord avec le test Adn tant réclamé.
JEAN MARC SAHI
JEAN MARC SAHI