Plusieurs opérations de déguerpissement des trottoirs d’Adjamé ont été initiées sans succès. Les déguerpis sont toujours revenus comme ils étaient partis. Pour comprendre ce qui se passe, L’Expression a approché les personnes concernées.
L’occupation des trottoirs dans la commune marchande, Adjamé, ne semble pas près de s’arrêter. Les rapports difficiles entre occupants indésirables des trottoirs, agents de la municipalité et éléments des Forces républicaines (Frci), ne s’améliorent pas. Pis, ils se dégradent de jour en jour. C’est à coups de ceinturons que les Frci chassent au quotidien les commerçants qui occupent le trottoir. Mais aussitôt partis, ils reviennent occuper leurs places. Les blessures que laissent, quelquefois, les coups de ceinturons sur leur corps n’empêchent pas ces dames de tenir tête aux agents de l’ordre. Elles sont toujours sur le qui-vive. Et à la moindre apparition d’un homme en tenue ou d’un agent de la municipalité, c’est la débandade. Avec les risques que cela comporte. Pour la municipalité que nous avons approchée, c’est parce que ces personnes n’ont pas le droit d’être sur les accotements qu’elles sont pourchassées. « Nous ne pouvons pas laisser les gens sur le trottoir, nous leur avons proposé des places au marché du Forum, mais ils refusent d’y aller », nous a signifié un des collaborateurs du maire Issouf Sylla.
Le double jeu de la mairie
Le maire renchérit en insistant sur le fait que les places au deuxième étage du Forum (appelé Marché des lacs), étaient octroyées gratuitement à toute personne qui en faisait la demande (lire encadré). Mais pour le coordonnateur de l’Association des commerçants déguerpis du Boulevard Nangui Abrogoua, Coulibaly Daouda, « les affirmations de Issouf Sylla sont loin de la réalité du terrain ». A en croire un de ses camarades, les places dont parle le maire sont à 300 000 Fcfa. Ce qui n’est pas à la portée de ‘’toutes ces modestes personnes qui cherchent leur pain à Adjamé’’. « Il y a même des démarcheurs qui revendent les places pour le compte de personnes les ayant acquises pour les revendre plus cher ». Il nous donne le contact d’une dame, appelée Sita, à l’effet de vérifier ses propos. Nous l’appelons et nous nous faisons passer pour des commerçants en quête d’une place au Forum. Dans les minutes qui suivent, la revendeuse de places nous rejoint et nous fait visiter les lieux au Forum. Elle dit avoir acquis l’espace à 300 000 Fcfa auprès des services de la mairie. Une autre commerçante rencontrée pense que la mairie ne joue pas franc jeu. Elle soutient que parallèlement aux taxes, des personnes, déléguées par la communauté des commerçants, lèvent des cotisations pour les responsables de la mairie et le commandant de la police municipale. Cette collecte qui s’élève souvent à 60 000 Fcfa par jour a pour but, selon notre interlocuteur, de les maintenir à leur place. Une sorte de caution occulte pour être parrainés. Pour lui, il faut que la mairie initie une véritable politique de recasement des commerçants. C’est, dit-il, la solution au problème. Idem pour le président de la Fédération nationale des commerçants de Côte d’Ivoire (Fenacci), Soumahoro Farikou, qui s’inscrit dans la même vision. « C’est bien de déguerpir les gens des trottoirs, mais cela doit répondre à un certain nombre de précautions. Les différents maires qui se sont succédé à Adjamé ont laissé les gens sur les trottoirs et ces commerçants ont payés des taxes pendant des décennies. Alors on ne peut pas les déguerpir du jour au lendemain sans les recaser. Nous avons fait des propositions à la mairie dans ce sens. Parce qu’il y a des endroits qu’on peut mieux aménager pour que les commerçants y soient sans encombrer la circulation », a-t-il souligné. On le voit, l’équation du Boulevard Nangui Abrogoua présente plusieurs inconnues difficile à résoudre.
K. Anderson
Issouf Sylla (Maire d’Adjamé) : « Les places du Forum sont gratuites »
« Chaque jour quand je viens au travail, je chasse les commerçants moi-même, parce qu’on leur a donné des places au forum et ils refusent d’y aller. Les places sont cadeaux, il suffit de donner votre carte d’identité pour qu’on établisse une fiche d’attribution. Si une personne vous dit qu’on lui a vendu une place, dites-lui de vous accompagner ici (à la mairie, ndlr). Parce que je ne vends pas de place. Seulement les places que nous octroyons, et cela est bien marqué sur la fiche d’attribution, sont récupérées et octroyées à d’autres personnes si vous ne vous acquittez pas des taxes durant une période d’un mois. D’ailleurs, sur la question du déguerpissement, nous avons une séance de travail avec la ministre Anne Ouloto demain (aujourd’hui, ndlr). Elle vient m’informer qu’elle va procéder à l’opération de déguerpissement à Adjamé».
Coulibaly Daouda (Coordonnateur des commerçants déguerpis) : ‘’ Les espaces sont vendus à 300 000 Fcfa »
« Aujourd’hui, tout le monde ne peut pas avoir une place à Adjamé pour s’installer. Les places au Forum sont vendues à 300 000 Fcfa et l’on fait croire qu’elles sont attribuées gratuitement. Nous avons eu une rencontre avec le maire de la commune qui nous avait dit que les places étaient gratuites. Mais par la suite, nous avons constaté qu’elles étaient vendues. Et les responsables de la mairie le savent. D’ailleurs, le premier étage du forum était normalement réservé aux petits commerçants et le deuxième aux grossistes. Mais les seconds se sont tous installés au premier niveau. D’autres mêmes ont encore acheté des places au deuxième niveau. Tout cela fait que les commerçants n’ont pas d’endroit où aller. Ils se voient obligés d’occuper les trottoirs »
L’occupation des trottoirs dans la commune marchande, Adjamé, ne semble pas près de s’arrêter. Les rapports difficiles entre occupants indésirables des trottoirs, agents de la municipalité et éléments des Forces républicaines (Frci), ne s’améliorent pas. Pis, ils se dégradent de jour en jour. C’est à coups de ceinturons que les Frci chassent au quotidien les commerçants qui occupent le trottoir. Mais aussitôt partis, ils reviennent occuper leurs places. Les blessures que laissent, quelquefois, les coups de ceinturons sur leur corps n’empêchent pas ces dames de tenir tête aux agents de l’ordre. Elles sont toujours sur le qui-vive. Et à la moindre apparition d’un homme en tenue ou d’un agent de la municipalité, c’est la débandade. Avec les risques que cela comporte. Pour la municipalité que nous avons approchée, c’est parce que ces personnes n’ont pas le droit d’être sur les accotements qu’elles sont pourchassées. « Nous ne pouvons pas laisser les gens sur le trottoir, nous leur avons proposé des places au marché du Forum, mais ils refusent d’y aller », nous a signifié un des collaborateurs du maire Issouf Sylla.
Le double jeu de la mairie
Le maire renchérit en insistant sur le fait que les places au deuxième étage du Forum (appelé Marché des lacs), étaient octroyées gratuitement à toute personne qui en faisait la demande (lire encadré). Mais pour le coordonnateur de l’Association des commerçants déguerpis du Boulevard Nangui Abrogoua, Coulibaly Daouda, « les affirmations de Issouf Sylla sont loin de la réalité du terrain ». A en croire un de ses camarades, les places dont parle le maire sont à 300 000 Fcfa. Ce qui n’est pas à la portée de ‘’toutes ces modestes personnes qui cherchent leur pain à Adjamé’’. « Il y a même des démarcheurs qui revendent les places pour le compte de personnes les ayant acquises pour les revendre plus cher ». Il nous donne le contact d’une dame, appelée Sita, à l’effet de vérifier ses propos. Nous l’appelons et nous nous faisons passer pour des commerçants en quête d’une place au Forum. Dans les minutes qui suivent, la revendeuse de places nous rejoint et nous fait visiter les lieux au Forum. Elle dit avoir acquis l’espace à 300 000 Fcfa auprès des services de la mairie. Une autre commerçante rencontrée pense que la mairie ne joue pas franc jeu. Elle soutient que parallèlement aux taxes, des personnes, déléguées par la communauté des commerçants, lèvent des cotisations pour les responsables de la mairie et le commandant de la police municipale. Cette collecte qui s’élève souvent à 60 000 Fcfa par jour a pour but, selon notre interlocuteur, de les maintenir à leur place. Une sorte de caution occulte pour être parrainés. Pour lui, il faut que la mairie initie une véritable politique de recasement des commerçants. C’est, dit-il, la solution au problème. Idem pour le président de la Fédération nationale des commerçants de Côte d’Ivoire (Fenacci), Soumahoro Farikou, qui s’inscrit dans la même vision. « C’est bien de déguerpir les gens des trottoirs, mais cela doit répondre à un certain nombre de précautions. Les différents maires qui se sont succédé à Adjamé ont laissé les gens sur les trottoirs et ces commerçants ont payés des taxes pendant des décennies. Alors on ne peut pas les déguerpir du jour au lendemain sans les recaser. Nous avons fait des propositions à la mairie dans ce sens. Parce qu’il y a des endroits qu’on peut mieux aménager pour que les commerçants y soient sans encombrer la circulation », a-t-il souligné. On le voit, l’équation du Boulevard Nangui Abrogoua présente plusieurs inconnues difficile à résoudre.
K. Anderson
Issouf Sylla (Maire d’Adjamé) : « Les places du Forum sont gratuites »
« Chaque jour quand je viens au travail, je chasse les commerçants moi-même, parce qu’on leur a donné des places au forum et ils refusent d’y aller. Les places sont cadeaux, il suffit de donner votre carte d’identité pour qu’on établisse une fiche d’attribution. Si une personne vous dit qu’on lui a vendu une place, dites-lui de vous accompagner ici (à la mairie, ndlr). Parce que je ne vends pas de place. Seulement les places que nous octroyons, et cela est bien marqué sur la fiche d’attribution, sont récupérées et octroyées à d’autres personnes si vous ne vous acquittez pas des taxes durant une période d’un mois. D’ailleurs, sur la question du déguerpissement, nous avons une séance de travail avec la ministre Anne Ouloto demain (aujourd’hui, ndlr). Elle vient m’informer qu’elle va procéder à l’opération de déguerpissement à Adjamé».
Coulibaly Daouda (Coordonnateur des commerçants déguerpis) : ‘’ Les espaces sont vendus à 300 000 Fcfa »
« Aujourd’hui, tout le monde ne peut pas avoir une place à Adjamé pour s’installer. Les places au Forum sont vendues à 300 000 Fcfa et l’on fait croire qu’elles sont attribuées gratuitement. Nous avons eu une rencontre avec le maire de la commune qui nous avait dit que les places étaient gratuites. Mais par la suite, nous avons constaté qu’elles étaient vendues. Et les responsables de la mairie le savent. D’ailleurs, le premier étage du forum était normalement réservé aux petits commerçants et le deuxième aux grossistes. Mais les seconds se sont tous installés au premier niveau. D’autres mêmes ont encore acheté des places au deuxième niveau. Tout cela fait que les commerçants n’ont pas d’endroit où aller. Ils se voient obligés d’occuper les trottoirs »
