Les manifestations éclatées du Mouvement du 23 juin (M23) derrière lequel l’opposition sénégalaise s’est désormais amarrée, n’ont pas réussi à faire fléchir le président Wade de retirer sa candidature à la présidentielle du 26 février prochain.
Cela fait plusieurs jours que les rues de Dakar grondent de colère contre celui qui fut, il y a quelques années, l’espoir d’une alternative politique au Sénégal. Lorsque le « Sopi » (changement) a porté l’opposant historique au pouvoir en 2000 mettant fin aux 40 ans de règne socialiste avant sa réélection en 2007, ses alliés d’hier, Moustapha Niasse, Idrissa Seck et autres, ne savaient pas que « Gorgui » allait rompre au cours de ses deux mandats l’alliance sacrée.
A bien comprendre, l’usure du pouvoir a fait son effet (2000 – 2012) ainsi que l’âge. A 86 ans bien sonnés, le défenseur de la démocratie sénégalaise rempile non pas pour faire valoir ses droits à une retraite dorée mais pour briguer un troisième mandat après avoir tripatouillé la loi fondamentale sénégalaise qui limitait le mandat à deux.
Après plusieurs semaines de manifestations organisées par le M23 qui ont déjà fait des victimes, manifestement, Abdoulaye Wade n’entend pas plier l’échine sous la pression de la rue. Il a d’ailleurs rétorqué à ses opposants que ses prédécesseurs ont eu une longévité au pouvoir que lui.
Rappelant dans ses explications que le père de l’indépendance sénégalaise, Léopold Sédar Senghor, a demeuré au pouvoir pendant 20 ans (1960 – 1980) avant de passer le flambeau à son dauphin Abdou Diouf à 74 ans. Le dernier devient à son tour président le 1er janvier 1981. Il est élu pour un premier mandat en 1983 avant d’être reconduit successivement en 1988 et en 1993 pour un septennat. Diouf quitte donc le pouvoir à 65 ans après y avoir passé 19 ans de sa vie. Quand Wade, lui, totalise à ce jour 12 ans. C’est à cette diversion qu’il fonde son argumentaire.
Un exercice arithmétique comparatif dans lequel l’ancien élève du lycée Condorcet de Paris 9ème qui a suivi un cursus en mathématiques élémentaires et supérieures entre 1951 et 1952 semble exceller pour confondre ses opposants. En réalité, sa plaidoirie n’a convaincu que son propre camp d’autant plus le M23 ne faiblit pas et s’étend maintenant à l’ensemble du pays.
Comparaison n’est pas raison, dit-on. De toute évidence, l’écart d’âge entre Wade et ses prédécesseurs est incomparable et disproportionnel par rapport au nombre de mandats cumulés. C’est bien à 86 ans que « Gorgui » veut briguer un troisième mandat quand respectivement à 74 ans et 65 ans Senghor et Diouf faisaient leurs adieux au peuple sénégalais. C’est-à-dire moins de12 ans et 21 ans que Wade au moment de leur départ du pouvoir.
Selon l’entendement du candidat du Pds, la logique sénégalaise voudrait qu’un Président de la République reste le plus longtemps au pouvoir. Sauf qu’à 86 ans, l’homme subit un phénomène naturel qu’on appelle la dégénérescence progressive cérébrale qui conduit le plus souvent à des affections dégénératives. Et, le cas de maladie la plus fréquente est l’Alzheimer. Autrement dit, la démence ou plus familièrement l’oubli chronique.
Wade a donc oublié sa promesse de ne plus briguer un troisième mandat tout comme il semble dénier la réalité et ne pas mesurer les conséquences du maintien, coûte que coûte, de sa candidature en dépit de l’ébullition de la rue qui réclame son départ. Signes cliniques des symptômes du 3ème âge qui ne trompent pas.
Même les injonctions des Etats-Unis et de la France n’ont pas suffi à le ramener à la raison. « Gorgui » reste pour l’heure intransigeant, inflexible et sourd à tout appel d’où qu’il vienne. Le démocrate d’hier que l’on a salué à son arrivée au pouvoir est en train de se muer en dictateur des temps modernes bravant et narguant les Sénégalais.
Jusqu’où ira Wade ? Va-t-il résister à la pression de la rue ou abandonner par sagesse son combat perdu d’avance ? Le Sénégal va-t-il basculer dans la violence et épouser l’air d’un printemps arabe tropicalisé ? L’avenir nous en dira davantage. Wait and see !
Clément Yao
Cela fait plusieurs jours que les rues de Dakar grondent de colère contre celui qui fut, il y a quelques années, l’espoir d’une alternative politique au Sénégal. Lorsque le « Sopi » (changement) a porté l’opposant historique au pouvoir en 2000 mettant fin aux 40 ans de règne socialiste avant sa réélection en 2007, ses alliés d’hier, Moustapha Niasse, Idrissa Seck et autres, ne savaient pas que « Gorgui » allait rompre au cours de ses deux mandats l’alliance sacrée.
A bien comprendre, l’usure du pouvoir a fait son effet (2000 – 2012) ainsi que l’âge. A 86 ans bien sonnés, le défenseur de la démocratie sénégalaise rempile non pas pour faire valoir ses droits à une retraite dorée mais pour briguer un troisième mandat après avoir tripatouillé la loi fondamentale sénégalaise qui limitait le mandat à deux.
Après plusieurs semaines de manifestations organisées par le M23 qui ont déjà fait des victimes, manifestement, Abdoulaye Wade n’entend pas plier l’échine sous la pression de la rue. Il a d’ailleurs rétorqué à ses opposants que ses prédécesseurs ont eu une longévité au pouvoir que lui.
Rappelant dans ses explications que le père de l’indépendance sénégalaise, Léopold Sédar Senghor, a demeuré au pouvoir pendant 20 ans (1960 – 1980) avant de passer le flambeau à son dauphin Abdou Diouf à 74 ans. Le dernier devient à son tour président le 1er janvier 1981. Il est élu pour un premier mandat en 1983 avant d’être reconduit successivement en 1988 et en 1993 pour un septennat. Diouf quitte donc le pouvoir à 65 ans après y avoir passé 19 ans de sa vie. Quand Wade, lui, totalise à ce jour 12 ans. C’est à cette diversion qu’il fonde son argumentaire.
Un exercice arithmétique comparatif dans lequel l’ancien élève du lycée Condorcet de Paris 9ème qui a suivi un cursus en mathématiques élémentaires et supérieures entre 1951 et 1952 semble exceller pour confondre ses opposants. En réalité, sa plaidoirie n’a convaincu que son propre camp d’autant plus le M23 ne faiblit pas et s’étend maintenant à l’ensemble du pays.
Comparaison n’est pas raison, dit-on. De toute évidence, l’écart d’âge entre Wade et ses prédécesseurs est incomparable et disproportionnel par rapport au nombre de mandats cumulés. C’est bien à 86 ans que « Gorgui » veut briguer un troisième mandat quand respectivement à 74 ans et 65 ans Senghor et Diouf faisaient leurs adieux au peuple sénégalais. C’est-à-dire moins de12 ans et 21 ans que Wade au moment de leur départ du pouvoir.
Selon l’entendement du candidat du Pds, la logique sénégalaise voudrait qu’un Président de la République reste le plus longtemps au pouvoir. Sauf qu’à 86 ans, l’homme subit un phénomène naturel qu’on appelle la dégénérescence progressive cérébrale qui conduit le plus souvent à des affections dégénératives. Et, le cas de maladie la plus fréquente est l’Alzheimer. Autrement dit, la démence ou plus familièrement l’oubli chronique.
Wade a donc oublié sa promesse de ne plus briguer un troisième mandat tout comme il semble dénier la réalité et ne pas mesurer les conséquences du maintien, coûte que coûte, de sa candidature en dépit de l’ébullition de la rue qui réclame son départ. Signes cliniques des symptômes du 3ème âge qui ne trompent pas.
Même les injonctions des Etats-Unis et de la France n’ont pas suffi à le ramener à la raison. « Gorgui » reste pour l’heure intransigeant, inflexible et sourd à tout appel d’où qu’il vienne. Le démocrate d’hier que l’on a salué à son arrivée au pouvoir est en train de se muer en dictateur des temps modernes bravant et narguant les Sénégalais.
Jusqu’où ira Wade ? Va-t-il résister à la pression de la rue ou abandonner par sagesse son combat perdu d’avance ? Le Sénégal va-t-il basculer dans la violence et épouser l’air d’un printemps arabe tropicalisé ? L’avenir nous en dira davantage. Wait and see !
Clément Yao