L’on sait qu’en politique la mauvaise foi est la chose la mieux partagée. Mais tout de même ! Quand on écoute les cadres du FPI, on a l’impression qu’ils vivent sur une autre planète. « Ce sont les autorités ivoiriennes qui ont envoyé Laurent Gbagbo à La Haye. Ils peuvent donc s’arranger pour que le mouvement inverse se fasse », a déclaré hier en substance, Alphonse Douaty, sur les antennes de RFI. Aujourd’hui, les caciques de l’ancien parti au pouvoir font de la détention de Laurent Gbagbo, un fonds de commerce. Pire, on assiste à une exploitation honteuse de la situation que vit l’ancien président de la République. Alphonse Douaty veut faire croire à l’opinion que c’est le président Alassane Ouattara qui a pris sur lui, de façon unilatérale, l’engagement d’envoyer Laurent Gbagbo à la CPI. Ce qui n’est pas du tout vrai. Tout le monde sait qu’au plus fort de la crise postélectorale, le procureur de la Cour pénale internationale, le juge Luis Moreno-Ocampo avait appelé les deux camps à la retenue. Parce qu’avait-il prévenu, une information judiciaire sur la crise ivoirienne, venait d’être ouverte. Et que, par conséquent, chacun répondra des actes qu’il est en train de poser. C’est dans cette optique que, lorsque la crise a pris fin, la Cour pénale internationale, sur autorisation des autorités ivoiriennes, a dépêché courant octobre 2011, en Côte d’Ivoire, une équipe d’enquêteurs pour savoir si les crimes commis au cours de cette crise étaient de son ressort. Les enquêtes ont parfaitement démontré que les graves violations des droits de l’Homme perpétrées en Côte d’Ivoire étaient des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Des catégories de crimes qui relèvent de la compétence de la justice pénale internationale. Ces enquêtes ont également démontré que l’ancien chef de l’Etat n’était pas étranger aux nombreux crimes de sang graves qui ont été perpétrés au cours de cette période. C’est donc à la suite de nombreuses preuves recueillies contre lui par les enquêteurs, que la Cour pénale internationale a décidé du transfèrement de Laurent Gbagbo à La Haye. Le FPI feint de l’ignorer. Parce que, tout simplement, depuis sa double débâcle électorale et militaire, l’ex-parti au pouvoir cherche ses repères. Mais ce qui est malheureux dans l’affaire, c’est l’hypocrisie et le cynisme dont font preuve les dirigeants actuels du FPI. Alphonse Douaty et ses camarades tentent de faire croire à leurs militants qu’ils se soucient du sort de Laurent Gbagbo. Or, il n’en est rien. Ce qui les intéresse aujourd’hui, c’est leur propre positionnement. Et pour cela, ils sont prêts à tout. Sinon comment comprendre qu’avec la situation délicate dans laquelle se trouve Laurent Gbagbo, ils continuent de faire croire aux militants et sympathisants du FPI que l’ex-chef d’Etat sortira bientôt de prison ? « Notre tâche est de faire en sorte que le président Laurent Gbagbo revienne et il reviendra. C’est un impératif de la réconciliation », a clamé Alphonse Douaty au sortir de la Convention que son parti a organisée dimanche dernier. Pour lui, sans Gbagbo, il n’y a pas de réconciliation nationale. Et pour cela, il reste convaincu que le président Ouattara finira par accéder à cette puérile surenchère. Alphonse Douaty sait pertinemment qu’on ne soustrait pas aussi facilement de la justice internationale. Mais qu’importe. L’essentiel est de faire croire aux militants du FPI à un chimérique retour de Laurent Gbagbo. Car c’est la seule condition pour l’actuelle équipe dirigeante du FPI d’exister. Tant pis pour le prisonnier de La Haye.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly