Président du conseil général d’Aboisso, Dr Aka Aouélé, est de toutes les législatures depuis 1995. Réélu au terme du scrutin législatif du 11 décembre 2011 et devenu vice-président de l’Assemblée nationale pour le compte de la deuxième législature de la deuxième République, l’honorable Aka Aouélé, qui a vécu toute la crise postélectorale au Golf Hôtel, rassure que le nouveau parlement, quoique dominé par le RHDP, ne sera pas «une caisse à résonnance» pour le pouvoir Ouattara et appelle le FPI à s’approprier «le sursaut citoyen du PDCI dans l’intérêt supérieur de la nation» dont l’ex-parti au pouvoir a profité en 2000.
Après le scrutin législatif, les forces politiques se préparent pour les prochaines élections des entités décentralisées. Notamment les mairies et les conseils régionaux. Avant ces scrutins locaux, comment se porte Aboisso dix ans après votre élection à la tête du conseil général ?
Je suis très à l’aise pour répondre à cette question. En ce sens qu’Aboisso constitue un bel exemple en termes de bond qualitatif que les structures décentralisées peuvent apporter dans le quotidien des populations relativement au bien-être. Avec des moyens insuffisants, en huit ans, puisque nous n’avons véritablement fonctionné qu’à partir de 2003, nous avons réalisé une véritable performance en mettant en place le maximum d’infrastructures de base en matière de santé, d’éducation, d’équipements socio-communautaires, d’électricité, d’hydraulique villageoise et d’entretien routier. Nous avons fait un travail extraordinaire. Figurez-vous qu’à l’avènement du conseil général, le département d’Aboisso n’avait que deux lycées et deux collèges modernes. Depuis 2003, nous avons construit cinq nouveaux collèges et un lycée.
Ainsi, en huit ans, nous avons fait plus que la Côte d’Ivoire indépendante en matière d’offre éducative dans la région. Non seulement nous avons construit, nous ne sommes pas limité à cela. Nous avons réhabilité les quatre lycées et collèges existants et renforcé le fonds documentaire avec le don d’ouvrages, d’équipements pédagogiques. Nous avons également renforcé la capacité d’accueil desdites écoles par la construction de nouveaux bâtiments. Il a été de même dans les écoles primaires du département. C’est un travail immense qui a été fait. Dans le domaine de la Santé, nous avons aujourd’hui pratiquement dans tous les gros villages, un centre de santé. Si vous prenez la route de Bassam à Moossou, vous verrez que le long de la voie, tous les villages ont leurs dispensaires et leurs maternités. La cerise sur le gâteau, c’est que nous avons obtenu, l’ouverture d’une antenne de l’Institut national de formation des agents de santé (INFAS) à Aboisso et depuis trois ans, des centaines d’infirmiers et de sages-femmes sortent de notre région. Dans le domaine de l’électrification, Aboisso est totalement couvert. Tous les villages sont électrifiés. Il a également une grande avancée en matière d’adduction en eau. A ce niveau, le département est couvert à plus de 90%. Il reste deux à trois villages qui n’ont pas encore leur pompe d’hydraulique villageoise. Mais, cela va être fait. Ce sont autant de réalisations qui me permettent de dire que nous avons abattu un travail remarquable. Et que mon bilan est globalement positif.
Vous avez relevé plusieurs réalisations mais, des problèmes demeurent sur le terrain. Si bien que le quotidien des populations n’est toujours pas meilleur comme vous en l’aviez l’ambition…
Nous n’avons pas la prétention de dire que nous avons tout réglé. Il y a encore des défis. Il faut savoir que notre budget d’investissement, c’était 290 millions F Cfa par an. Et ce n’est pas avec ce budget qu’on peut mettre en place toutes les infrastructures pour un département de plus de 300.000 habitants avec plus de 100 villages. Nous avons fait simplement du chemin. Nous parlons de développement et les grands axes, c’est l’industrie et la capacité financière de la région. Les prochains défis, c’est de faire de notre région, un pôle industriel. Nous avons déjà des contacts avec des hommes d’affaires Français et Italiens pour faire de notre région un centre agro-industriel pour la transformation des produits locaux. Notre priorité, c’est de mettre en place un tissu industriel local fort et viable pour aider à la création de richesses et mettre les jeunes et les femmes au travail. Comment impulser un développement agro-industriel ? Comment donner du travail aux jeunes et surtout aux femmes ? Ce sont là des enjeux importants qui nous préoccupent et qui n’ont pas encore été gagnés.
Une Assemblée nationale composée à plus de 90% d’élus de coalition politique (RHDP) qui a porté le Dr Alassane Ouattara au pouvoir d’Etat pourra-t-elle lui dire non s’il y a violation de la constitution ?
Le peuple ivoirien sera surpris. Nous ne serons pas des Députés qui diront oui pour faire plaisir à l’administration Ouattara ou dire non parce qu’il faut fâcher le pouvoir exécutif. Je suis Député depuis 1995. J’ai une petite expérience en la matière. C’est clair que si le gouvernement nous présente des projets de loi dans l’intérêt des populations, nous allons les soutenir. Et il faut soutenir ces projets qui participent de la reconstruction du tissu social et de l’économie nationale pour réconcilier les Ivoiriens avec le bien-être. Il y a deux groupes parlementaires qui ne sont pas membres de la coalition RHDP. Cela présage d’une qualité des débats et des interventions qui seront faits. Il ne suffit pas de disposer d’une majorité pour apporter une contradiction. Pendant la mandature 1995-1999, le FPI avait à peine 13 députés mais la voix de ce parti a été largement et même fortement entendue dans les débats au Parlement. Et cette voix de la contradiction n’est jamais passée inaperçue ou inaudible.
La question est de savoir si vous pourrez dire non au Président Ouattara comme l’ont fait les députés Nigériens lorsqu’il s’est agi de changer les dispositions constitutionnelles pour faire sauter le verrou de limitation de mandat…
Ne pensez pas que le député RHDP va sacrifier le peuple Ivoirien qui dans sa majorité a donné sa réponse de limiter à deux le nombre de mandat présidentiel. Nous sommes les représentants du peuple de Côte d’Ivoire. Moi, je suis élu d’Aboisso mais je suis député de la Côte d’Ivoire. J’agirai en âme et conscience pour la défense des intérêts des Ivoiriens et de la volonté des Ivoiriens exprimée sur des questions dont leur voix est contenue dans la constitution. Vous nous verrez à la tâche. Si une question s’écarte de l’intérêt des populations, nous la rejetterons. Le parlement ne sera pas une caisse de résonnance pour le compte ou à la solde de l’exécutif. Le président du parlement Guillaume Soro lui-même l’a déjà clairement indiqué en présence du Chef de l’exécutif. Les populations peuvent se rassurer : l’Assemblée nationale ne sera pas une caisse à résonnance. D’ailleurs, le président Alassane Ouattara a déclaré qu’il ne veut pas d’un Parlement qui ne joue pas son rôle et qui n’assume pas son rôle, son indépendance pour le renforcement démocratique dans notre pays. C’est clair. Le parlement de la deuxième république doit jouer son rôle de façon indépendante de contrôle de l’action gouvernementale.
Le gouvernement a initié un dialogue républicain avec les forces politiques de l’opposition. Que vous inspire cette initiative ?
La Cote d’Ivoire a besoin de reconstruire son tissu social déchiré par des contradictions politiques. Il ne peut pas avoir de développement post-crise sans réconciliation. Je note avec satisfaction que le président de la République tend la main à l’opposition. Notamment au FPI. Lors de sa récente tournée à l’Ouest, il a demandé à nouveau aux exilés de rentrer. L’exil n’est pas facile. Et j’ai noté avec satisfaction que l’appel ait été entendu par Mel Théodore, KabranAppiah et Henriette Lagou qui sont revenus chez eux dans leur pays. Je souhaite que l’accueil fraternel qui leur a été réservé à leur retour d’exil saura encourager d’autres exilés à rentrer. C’est regrettable ce qui est arrivé après le second tour du scrutin présidentiel mais chacun de nous doit assumer ce lourd et douloureux passé et œuvrer à son niveau pour que plus jamais le pays ne retombe dans la violence et la guerre pour s’illustrer de la mauvaise manière au monde entier. Il faut que de part et d’autre, nous acceptions de nous pardonner, de vivre ensemble. Il y a un temps pour s’asseoir et faire parler notre fraternité et notre humanité. C’est ce temps qui est arrivé. La Côte d’Ivoire ne peut pas vivre perpétuellement en crise alors qu’elle doit relever le défi de sa reconstruction. Il y a des sacrifices qui doivent être faits par les uns et les autres. Quand vous regardez bien, il y a des Ivoiriens qui ont payé plus que d’autres. Mais, si vous prenez les trois grands partis, le PDCI a fait sa part de sacrifice. Aujourd’hui, c’est au tour du FPI. La guerre qui est arrivée, fait désormais partie de notre histoire. C’est certainement notre destin. Mais, notre destinée, ce n’est pas la guerre en permanence. Nous ne sommes un peuple de guerre. Nous avons été élevés dans une philosophie de paix et d’ouverture.
Qu’entendez-vous par ‘’le PDCI a fait sa part de sacrifice ?’’
Suite au coup d’Etat en 1999, notre président Henri Konan Bédié était hors du pays. Mais cela n’a pas empêché le PDCI en 2000 de saisir la main tendue du président Laurent Gbagbo et d’intégrer son gouvernement en vue de travailler pour la Côte d’Ivoire. Le FPI doit rendre cette main tendue en 2000 dont il a bénéficié puisque cela lui a permis de consolider son pouvoir alors que lui n’avait pas agi dans le sens du respect de l’ordre constitutionnel après le coup d’Etat. Le PDCI qui pouvait s’agripper à cette récrimination, ne l’a pas fait. Le FPI doit aujourd’hui s’inspirer de cet exemple du sursaut citoyen du PDCI en 2000 et se l’approprier dans l’intérêt supérieur de la nation. Le FPI doit suivre l’exemple de dépassement et de pardon du PDCI en 2000.
S’il faut raisonner par analogie, le FPI pourra rétorquer que votre président n’était pas en prison, que vous les cadres du parti restés au pays, n’étiez pas en prison ou sous contrôle judiciaire et que vos comptes n’étaient pas gelés…
Le PDCI avait des raisons objectives de refuser le dialogue citoyen et d’intégrer le gouvernement Gbagbo. Mais nous avons estimé que c’est dans un cadre de participation à la vie de la nation, que des avancées peuvent survenir. Et non dans un cadre de méfiance et de défiance. Est-ce que c’est la défiance qui va permettre de régler ces problèmes posés ? La réponse est non. A un moment de l’action politique, il faut éviter les luttes frontales. Il faut plutôt s’engager à faire avancer positivement les choses. Le moment est venu pour le FPI de tendre la main. Et saisir la main tendue. Je suis fondamentalement PDCI mais je suis ouvert aux autres partis où j’ai des amis. J’écoute dans tous les camps. J’évite d’être extrémiste parce que l’extrémisme conduit à des drames comme nous l’avons vécu.
Les élections des collectivités décentralisées profilent à l’horizon. Envisagez-vous de poursuivre votre politique de développement d’Aboisso avec un mandat à la tête du conseil régional ?
Le jeu politique au sein d’un parti comme le PDCI obéit à un principe de discipline interne édicté par la direction qui parraine les candidatures. Nous ne sommes pas encore là. Le moment venu, vous aurez donc la réponse à cette question. Pour l’heure, je souhaiterais, en tant que président du conseil général, que très rapidement, les collectivités décentralisées soient mises en place et au travail. Quand on est dans une situation transitoire, on ne peut pas être très actif pour impulser le développement local. Il faut dès lors que les élections pour les collectivités décentralisées aient lieu le plus rapidement possible.
Réalisée par M Tié Traoré
Après le scrutin législatif, les forces politiques se préparent pour les prochaines élections des entités décentralisées. Notamment les mairies et les conseils régionaux. Avant ces scrutins locaux, comment se porte Aboisso dix ans après votre élection à la tête du conseil général ?
Je suis très à l’aise pour répondre à cette question. En ce sens qu’Aboisso constitue un bel exemple en termes de bond qualitatif que les structures décentralisées peuvent apporter dans le quotidien des populations relativement au bien-être. Avec des moyens insuffisants, en huit ans, puisque nous n’avons véritablement fonctionné qu’à partir de 2003, nous avons réalisé une véritable performance en mettant en place le maximum d’infrastructures de base en matière de santé, d’éducation, d’équipements socio-communautaires, d’électricité, d’hydraulique villageoise et d’entretien routier. Nous avons fait un travail extraordinaire. Figurez-vous qu’à l’avènement du conseil général, le département d’Aboisso n’avait que deux lycées et deux collèges modernes. Depuis 2003, nous avons construit cinq nouveaux collèges et un lycée.
Ainsi, en huit ans, nous avons fait plus que la Côte d’Ivoire indépendante en matière d’offre éducative dans la région. Non seulement nous avons construit, nous ne sommes pas limité à cela. Nous avons réhabilité les quatre lycées et collèges existants et renforcé le fonds documentaire avec le don d’ouvrages, d’équipements pédagogiques. Nous avons également renforcé la capacité d’accueil desdites écoles par la construction de nouveaux bâtiments. Il a été de même dans les écoles primaires du département. C’est un travail immense qui a été fait. Dans le domaine de la Santé, nous avons aujourd’hui pratiquement dans tous les gros villages, un centre de santé. Si vous prenez la route de Bassam à Moossou, vous verrez que le long de la voie, tous les villages ont leurs dispensaires et leurs maternités. La cerise sur le gâteau, c’est que nous avons obtenu, l’ouverture d’une antenne de l’Institut national de formation des agents de santé (INFAS) à Aboisso et depuis trois ans, des centaines d’infirmiers et de sages-femmes sortent de notre région. Dans le domaine de l’électrification, Aboisso est totalement couvert. Tous les villages sont électrifiés. Il a également une grande avancée en matière d’adduction en eau. A ce niveau, le département est couvert à plus de 90%. Il reste deux à trois villages qui n’ont pas encore leur pompe d’hydraulique villageoise. Mais, cela va être fait. Ce sont autant de réalisations qui me permettent de dire que nous avons abattu un travail remarquable. Et que mon bilan est globalement positif.
Vous avez relevé plusieurs réalisations mais, des problèmes demeurent sur le terrain. Si bien que le quotidien des populations n’est toujours pas meilleur comme vous en l’aviez l’ambition…
Nous n’avons pas la prétention de dire que nous avons tout réglé. Il y a encore des défis. Il faut savoir que notre budget d’investissement, c’était 290 millions F Cfa par an. Et ce n’est pas avec ce budget qu’on peut mettre en place toutes les infrastructures pour un département de plus de 300.000 habitants avec plus de 100 villages. Nous avons fait simplement du chemin. Nous parlons de développement et les grands axes, c’est l’industrie et la capacité financière de la région. Les prochains défis, c’est de faire de notre région, un pôle industriel. Nous avons déjà des contacts avec des hommes d’affaires Français et Italiens pour faire de notre région un centre agro-industriel pour la transformation des produits locaux. Notre priorité, c’est de mettre en place un tissu industriel local fort et viable pour aider à la création de richesses et mettre les jeunes et les femmes au travail. Comment impulser un développement agro-industriel ? Comment donner du travail aux jeunes et surtout aux femmes ? Ce sont là des enjeux importants qui nous préoccupent et qui n’ont pas encore été gagnés.
Une Assemblée nationale composée à plus de 90% d’élus de coalition politique (RHDP) qui a porté le Dr Alassane Ouattara au pouvoir d’Etat pourra-t-elle lui dire non s’il y a violation de la constitution ?
Le peuple ivoirien sera surpris. Nous ne serons pas des Députés qui diront oui pour faire plaisir à l’administration Ouattara ou dire non parce qu’il faut fâcher le pouvoir exécutif. Je suis Député depuis 1995. J’ai une petite expérience en la matière. C’est clair que si le gouvernement nous présente des projets de loi dans l’intérêt des populations, nous allons les soutenir. Et il faut soutenir ces projets qui participent de la reconstruction du tissu social et de l’économie nationale pour réconcilier les Ivoiriens avec le bien-être. Il y a deux groupes parlementaires qui ne sont pas membres de la coalition RHDP. Cela présage d’une qualité des débats et des interventions qui seront faits. Il ne suffit pas de disposer d’une majorité pour apporter une contradiction. Pendant la mandature 1995-1999, le FPI avait à peine 13 députés mais la voix de ce parti a été largement et même fortement entendue dans les débats au Parlement. Et cette voix de la contradiction n’est jamais passée inaperçue ou inaudible.
La question est de savoir si vous pourrez dire non au Président Ouattara comme l’ont fait les députés Nigériens lorsqu’il s’est agi de changer les dispositions constitutionnelles pour faire sauter le verrou de limitation de mandat…
Ne pensez pas que le député RHDP va sacrifier le peuple Ivoirien qui dans sa majorité a donné sa réponse de limiter à deux le nombre de mandat présidentiel. Nous sommes les représentants du peuple de Côte d’Ivoire. Moi, je suis élu d’Aboisso mais je suis député de la Côte d’Ivoire. J’agirai en âme et conscience pour la défense des intérêts des Ivoiriens et de la volonté des Ivoiriens exprimée sur des questions dont leur voix est contenue dans la constitution. Vous nous verrez à la tâche. Si une question s’écarte de l’intérêt des populations, nous la rejetterons. Le parlement ne sera pas une caisse de résonnance pour le compte ou à la solde de l’exécutif. Le président du parlement Guillaume Soro lui-même l’a déjà clairement indiqué en présence du Chef de l’exécutif. Les populations peuvent se rassurer : l’Assemblée nationale ne sera pas une caisse à résonnance. D’ailleurs, le président Alassane Ouattara a déclaré qu’il ne veut pas d’un Parlement qui ne joue pas son rôle et qui n’assume pas son rôle, son indépendance pour le renforcement démocratique dans notre pays. C’est clair. Le parlement de la deuxième république doit jouer son rôle de façon indépendante de contrôle de l’action gouvernementale.
Le gouvernement a initié un dialogue républicain avec les forces politiques de l’opposition. Que vous inspire cette initiative ?
La Cote d’Ivoire a besoin de reconstruire son tissu social déchiré par des contradictions politiques. Il ne peut pas avoir de développement post-crise sans réconciliation. Je note avec satisfaction que le président de la République tend la main à l’opposition. Notamment au FPI. Lors de sa récente tournée à l’Ouest, il a demandé à nouveau aux exilés de rentrer. L’exil n’est pas facile. Et j’ai noté avec satisfaction que l’appel ait été entendu par Mel Théodore, KabranAppiah et Henriette Lagou qui sont revenus chez eux dans leur pays. Je souhaite que l’accueil fraternel qui leur a été réservé à leur retour d’exil saura encourager d’autres exilés à rentrer. C’est regrettable ce qui est arrivé après le second tour du scrutin présidentiel mais chacun de nous doit assumer ce lourd et douloureux passé et œuvrer à son niveau pour que plus jamais le pays ne retombe dans la violence et la guerre pour s’illustrer de la mauvaise manière au monde entier. Il faut que de part et d’autre, nous acceptions de nous pardonner, de vivre ensemble. Il y a un temps pour s’asseoir et faire parler notre fraternité et notre humanité. C’est ce temps qui est arrivé. La Côte d’Ivoire ne peut pas vivre perpétuellement en crise alors qu’elle doit relever le défi de sa reconstruction. Il y a des sacrifices qui doivent être faits par les uns et les autres. Quand vous regardez bien, il y a des Ivoiriens qui ont payé plus que d’autres. Mais, si vous prenez les trois grands partis, le PDCI a fait sa part de sacrifice. Aujourd’hui, c’est au tour du FPI. La guerre qui est arrivée, fait désormais partie de notre histoire. C’est certainement notre destin. Mais, notre destinée, ce n’est pas la guerre en permanence. Nous ne sommes un peuple de guerre. Nous avons été élevés dans une philosophie de paix et d’ouverture.
Qu’entendez-vous par ‘’le PDCI a fait sa part de sacrifice ?’’
Suite au coup d’Etat en 1999, notre président Henri Konan Bédié était hors du pays. Mais cela n’a pas empêché le PDCI en 2000 de saisir la main tendue du président Laurent Gbagbo et d’intégrer son gouvernement en vue de travailler pour la Côte d’Ivoire. Le FPI doit rendre cette main tendue en 2000 dont il a bénéficié puisque cela lui a permis de consolider son pouvoir alors que lui n’avait pas agi dans le sens du respect de l’ordre constitutionnel après le coup d’Etat. Le PDCI qui pouvait s’agripper à cette récrimination, ne l’a pas fait. Le FPI doit aujourd’hui s’inspirer de cet exemple du sursaut citoyen du PDCI en 2000 et se l’approprier dans l’intérêt supérieur de la nation. Le FPI doit suivre l’exemple de dépassement et de pardon du PDCI en 2000.
S’il faut raisonner par analogie, le FPI pourra rétorquer que votre président n’était pas en prison, que vous les cadres du parti restés au pays, n’étiez pas en prison ou sous contrôle judiciaire et que vos comptes n’étaient pas gelés…
Le PDCI avait des raisons objectives de refuser le dialogue citoyen et d’intégrer le gouvernement Gbagbo. Mais nous avons estimé que c’est dans un cadre de participation à la vie de la nation, que des avancées peuvent survenir. Et non dans un cadre de méfiance et de défiance. Est-ce que c’est la défiance qui va permettre de régler ces problèmes posés ? La réponse est non. A un moment de l’action politique, il faut éviter les luttes frontales. Il faut plutôt s’engager à faire avancer positivement les choses. Le moment est venu pour le FPI de tendre la main. Et saisir la main tendue. Je suis fondamentalement PDCI mais je suis ouvert aux autres partis où j’ai des amis. J’écoute dans tous les camps. J’évite d’être extrémiste parce que l’extrémisme conduit à des drames comme nous l’avons vécu.
Les élections des collectivités décentralisées profilent à l’horizon. Envisagez-vous de poursuivre votre politique de développement d’Aboisso avec un mandat à la tête du conseil régional ?
Le jeu politique au sein d’un parti comme le PDCI obéit à un principe de discipline interne édicté par la direction qui parraine les candidatures. Nous ne sommes pas encore là. Le moment venu, vous aurez donc la réponse à cette question. Pour l’heure, je souhaiterais, en tant que président du conseil général, que très rapidement, les collectivités décentralisées soient mises en place et au travail. Quand on est dans une situation transitoire, on ne peut pas être très actif pour impulser le développement local. Il faut dès lors que les élections pour les collectivités décentralisées aient lieu le plus rapidement possible.
Réalisée par M Tié Traoré