ABIDJAN - Violences meurtrières dans le sud-ouest, accusations de complot, réconciliation en suspens: la Côte d`Ivoire peine à solder la crise sanglante de 2010-2011, malgré les promesses de paix du président Alassane Ouattara.
Sept Casques bleus, dix civils et un soldat ivoirien tués: l`attaque du 8 juin au sud de la petite ville de Taï (sud-ouest) a dramatiquement mis en lumière les violences récurrentes dans cette zone frontalière du Liberia, et la sécurité toujours fragile dans le pays plus d`un an après la fin d`une crise postélectorale aux quelque 3.000 morts.
Le pouvoir, qui ne cessait de proclamer le retour de la paix, a pointé du doigt des miliciens ivoiriens et mercenaires libériens opérant depuis le Liberia et fidèles à l`ex-président ivoirien Laurent Gbagbo. Mais il se veut rassurant: "ce n`est pas une rébellion", déclarait récemment à l`AFP le ministre ivoirien délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi.
"Militairement ce n`est pas viable, le rapport de forces est écrasant" aux dépens de ces groupes armés encore mal identifiés, souligne un diplomate africain en poste à Abidjan.
Dans un rapport récent, l`ONG Human Rights Watch (HRW) accusait des forces pro-Gbagbo basées au Liberia et recourant à des enfants-soldats d`être derrière les attaques qui endeuillent la région depuis un an.
Liberia et Ghana sous pression
Mais le parti de l`ex-président, le Front populaire ivoirien (FPI), s`est inscrit en faux vendredi et a carrément crié à la guerre ethnique: il a accusé des "mercenaires burkinabè" d`être responsables de ces opérations visant à "exterminer" les paysans "autochtones" de cette région de cacao, dont le pays est premier producteur mondial.
Il reste que, de l`avis général, la Côte d`Ivoire et surtout le Liberia ont longtemps négligé ce problème frontalier. Mais l`attaque du 8 juin, suivie d`autres assauts meurtriers, a conduit les deux pays, épaulés par les missions de l`ONU déployées sur leur territoire, à renforcer leurs effectifs et leur ratissage.
C`est dans ce contexte de psychose dans l`ouest que le gouvernement ivoirien a affirmé cette semaine avoir déjoué en mars un projet de putsch ourdi depuis un autre pays voisin, le Ghana, où nombre de caciques - civils et militaires - du régime déchu ont trouvé asile.
Une vidéo qui montre des officiers proclamant leur prise du pouvoir, une autre où l`ex-ministre de la Défense Moïse Lida Kouassi, arrêté la semaine dernière au Togo et extradé à Abidjan, fait un mea-culpa tremblant: si les rumeurs de complot se sont enchaînées durant une décennie de crise politico-militaire, le dossier brandi par le pouvoir a eu un fort impact.
Le projet de coup "est plus que plausible", "ça recoupe des bribes d`informations qu`on a eues çà et là ces six derniers mois", estime Rinaldo Depagne, expert à International Crisis Group (ICG).
De même que le Liberia, jugé longtemps passif face aux bandes armées à sa frontière, s`est senti obligé de réagir et a annoncé la prochaine extradition de 41 suspects libériens et ivoiriens vers la Côte d`Ivoire, le Ghana se retrouve désormais sous pression, lui qui renâcle à exécuter les mandats d`arrêt internationaux émis par Abidjan contre des exilés pro-Gbagbo.
Mais, explique un ministre ivoirien, de telles "révélations" servent surtout à "rassurer" les Ivoiriens et à "dire à ceux qui préparent" des coups "qu`on est suffisamment outillé pour savoir ce qu`il se passe".
Le FPI, lui, a raillé un "coup d`Etat fictif" destiné à "charger à fond" M. Gbagbo avant l`audience de confirmation des charges pesant sur lui à la Cour pénale internationale (CPI), qui le détient à La Haye et le soupçonne de crimes contre l`humanité. L`audience est prévue désormais le 13 août.
Et la réconciliation dans tout ça? Chacun jure de sa bonne foi, un très timide "dialogue politique" s`est amorcé, mais rien n`avance, ou pas grand-chose.
"Il faut qu`on sorte de la polarisation, que les modérés aient leur mot à dire et qu`on n`assiste pas seulement à une bataille entre les durs des deux camps", avertit M. Depagne.
Or, le temps presse, insiste une source militaire occidentale: "la prochaine présidentielle est en 2015. Sera-t-elle acceptée par tous? On n`en prend pas le chemin".
Sept Casques bleus, dix civils et un soldat ivoirien tués: l`attaque du 8 juin au sud de la petite ville de Taï (sud-ouest) a dramatiquement mis en lumière les violences récurrentes dans cette zone frontalière du Liberia, et la sécurité toujours fragile dans le pays plus d`un an après la fin d`une crise postélectorale aux quelque 3.000 morts.
Le pouvoir, qui ne cessait de proclamer le retour de la paix, a pointé du doigt des miliciens ivoiriens et mercenaires libériens opérant depuis le Liberia et fidèles à l`ex-président ivoirien Laurent Gbagbo. Mais il se veut rassurant: "ce n`est pas une rébellion", déclarait récemment à l`AFP le ministre ivoirien délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi.
"Militairement ce n`est pas viable, le rapport de forces est écrasant" aux dépens de ces groupes armés encore mal identifiés, souligne un diplomate africain en poste à Abidjan.
Dans un rapport récent, l`ONG Human Rights Watch (HRW) accusait des forces pro-Gbagbo basées au Liberia et recourant à des enfants-soldats d`être derrière les attaques qui endeuillent la région depuis un an.
Liberia et Ghana sous pression
Mais le parti de l`ex-président, le Front populaire ivoirien (FPI), s`est inscrit en faux vendredi et a carrément crié à la guerre ethnique: il a accusé des "mercenaires burkinabè" d`être responsables de ces opérations visant à "exterminer" les paysans "autochtones" de cette région de cacao, dont le pays est premier producteur mondial.
Il reste que, de l`avis général, la Côte d`Ivoire et surtout le Liberia ont longtemps négligé ce problème frontalier. Mais l`attaque du 8 juin, suivie d`autres assauts meurtriers, a conduit les deux pays, épaulés par les missions de l`ONU déployées sur leur territoire, à renforcer leurs effectifs et leur ratissage.
C`est dans ce contexte de psychose dans l`ouest que le gouvernement ivoirien a affirmé cette semaine avoir déjoué en mars un projet de putsch ourdi depuis un autre pays voisin, le Ghana, où nombre de caciques - civils et militaires - du régime déchu ont trouvé asile.
Une vidéo qui montre des officiers proclamant leur prise du pouvoir, une autre où l`ex-ministre de la Défense Moïse Lida Kouassi, arrêté la semaine dernière au Togo et extradé à Abidjan, fait un mea-culpa tremblant: si les rumeurs de complot se sont enchaînées durant une décennie de crise politico-militaire, le dossier brandi par le pouvoir a eu un fort impact.
Le projet de coup "est plus que plausible", "ça recoupe des bribes d`informations qu`on a eues çà et là ces six derniers mois", estime Rinaldo Depagne, expert à International Crisis Group (ICG).
De même que le Liberia, jugé longtemps passif face aux bandes armées à sa frontière, s`est senti obligé de réagir et a annoncé la prochaine extradition de 41 suspects libériens et ivoiriens vers la Côte d`Ivoire, le Ghana se retrouve désormais sous pression, lui qui renâcle à exécuter les mandats d`arrêt internationaux émis par Abidjan contre des exilés pro-Gbagbo.
Mais, explique un ministre ivoirien, de telles "révélations" servent surtout à "rassurer" les Ivoiriens et à "dire à ceux qui préparent" des coups "qu`on est suffisamment outillé pour savoir ce qu`il se passe".
Le FPI, lui, a raillé un "coup d`Etat fictif" destiné à "charger à fond" M. Gbagbo avant l`audience de confirmation des charges pesant sur lui à la Cour pénale internationale (CPI), qui le détient à La Haye et le soupçonne de crimes contre l`humanité. L`audience est prévue désormais le 13 août.
Et la réconciliation dans tout ça? Chacun jure de sa bonne foi, un très timide "dialogue politique" s`est amorcé, mais rien n`avance, ou pas grand-chose.
"Il faut qu`on sorte de la polarisation, que les modérés aient leur mot à dire et qu`on n`assiste pas seulement à une bataille entre les durs des deux camps", avertit M. Depagne.
Or, le temps presse, insiste une source militaire occidentale: "la prochaine présidentielle est en 2015. Sera-t-elle acceptée par tous? On n`en prend pas le chemin".