Un sommet de trop ? Peut-être pas. Vu le contenu du communiqué final qui a sanctionné la clôture de la 41ème session de la CEDEAO le 29 juin dernier à Yamoussoukro. La situation au Mali devient de plus en plus préoccupante. La crise dans la partie septentrionale de ce pays est en train de s’enliser. Le spectre islamiste est déjà en train de faire de gros dégâts. A en juger la profanation de plusieurs mausolées classés patrimoine culturel de l’humanité par l’Unesco et la destruction de vestiges historiques à Gao et Tombouctou par Ançardine et les fanatiques du Mujao. L’organisation sous-régionale a compris que l’heure n’est plus aux tergiversations. Mais à la fermeté et à l’action. A grands maux, grands remèdes. Les chefs d’Etat et de gouvernement de la sous-région ont donc décidé de frapper fort à tous ceux et à tout ce qui visent à entraver le processus de normalisation au pays de Soundjata Kéita. Les chefs d’Etat savent que pour aider le Mali à retrouver sa stabilité, il faut tout d’abord que la situation à Bamako, la capitale, soit maitrisée. Pour ce faire, il faut museler tous les pêcheurs en eaux troubles qui travaillent à maintenir le Mali dans le désordre. Contrairement donc aux autres conférences, le président Alassane Ouattara, président en exercice et ses pairs ont décidé de sérieusement sonner la récréation pour le capitaine Amadou Aya Sanogo et ses camarades de Kati. La Conférence a décidé d’enlever d’abord toute légitimité à la junte militaire qui, on l’a désormais compris, fait tout pour ne pas que le Mali redevienne cette démocratie qui a fait rêver de millions d’Africains. La première décision est la non-reconnaissance du CNRDRE qui souffle le chaud et le froid dans cette crise. Depuis la condamnation du coup d’Etat du 22 mars dernier et l’injonction faite par la CEDEAO de rétablir l’ordre constitutionnel, le capitaine Sanogo et ses amis jouent au plus malin avec la communauté internationale. La journée, les hommes de Kati font semblant de collaborer. La nuit, ils complotent pour se maintenir au pouvoir en manipulant une partie de la population et en sabotant l’action du gouvernement de transition dirigé par le Premier ministre Check Modibo Diarra. L’expression achevée de cette duplicité a été l’agression planifiée du président de la République par intérim, Dioucounda Traoré le 21 mai dernier au Palais de Koulouba avec certaines complicités dans l’armée. En attendant que l’enquête diligentée par les autorités maliennes fassent la lumière sur cette affaire qui une grande première dans le monde, la conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO a décidé de non seulement ne plus reconnaitre la junte, mais surtout de retirer au capitaine Amadou Aya Sanogo le titre d’ancien chef d’Etat qu’elle lui avait concédé lors des négociations. En plus de ces mesures, le président Alassane Ouattara et ses pairs ont pris la résolution de déclencher toutes les sanctions ciblées contre tous ceux qui pour des raisons personnelles, tirent le Mali vers le bas. « La conférence décide de déclencher automatiquement l’imposition des sanctions ciblées et générales déjà définies, à l’encontre de toute personne ou groupe qui fera obstacle à la mise en ?uvre des décisions de la CEDEAO. A cette fin, la conférence charge la commission de poursuivre l’établissement de la liste des contrevenants en collaboration avec l’UA et l’ONU », précise le communiqué final de la 41ème session de la CEDEAO. En ce qui concerne la situation humanitaire et l’insécurité qui règnent dans la partie nord du Mali, tout en déplorant les exécutions sommaires, les vols, les viols et la profanation de lieux saints et de sites culturels, la conférence a décidé d’accélérer le déploiement de la militaire sous-régionale appelée MICEMA (Mission de la CEDEAO au Mali) conformément à l’article 25 du Protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité. Ce déploiement, pour la conférence, doit se faire à la suite d’une résolution du Conseil de sécurité sous le chapitre 7 de la Charte des Nations unies. C’est pourquoi, la conférence exhorte le Conseil de sécurité des Nations unies à accélérer le processus d’adoption de cette résolution. Compte tenu de l’urgence de la situation. La conférence s’est engagée à assister le Mali pour l’organisation d’une élection présidentielle juste, transparente et crédible au cours de la période de transition de douze mois. Elle a alors réitéré son soutien sans faille aux autorités de la transition à lui donner les moyens en vue d’assurer la transition dans de bonnes conditions. Comme on le constate, la CEDEAO a décidé de passer à la vitesse supérieure face au drame humanitaire et sécuritaire qui se joue actuellement au Mali. Parce qu’à la longue, si elle ne fait rien, c’est toute la sous-région qui en pâtira. Après donc avoir bien maintenant cerné le danger, elle a pris, sous la houlette de son président en exercice, le président Alassane Ouattara, les remèdes qui s’imposent. Pour sauver non pas le Mali seul. Mais également la sous-région.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly