x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le lundi 9 juillet 2012 | Le Patriote

Guillaume Soro sur RFI : “Le FPI veut perturber la paix en Côte d’Ivoire, mais, il ne réussira pas”

Le Président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, était hier l’invité du Débat africain de RFI. En face de l’animateur de cette émission, Alain Foka, l’ex-Premier ministre de Côte d’Ivoire a donné son opinion sur les questions brulantes de son pays. Justice, réconciliation, sécurité, Défense et surtout volonté de déstabilisation de la Côte d’Ivoire, Guillaume Soro a répondu aux préoccupations, sans faux fuyant.
Radio France International : Vous venez d’être élu président de l’Assemblée nationale, cette fonction est-elle une récompense ou une manière de vous écarter de la Primature et du rôle de ministre de la Défense que vous cumuliez ? Est-ce une fonction pour vous éloigner de l’action et de la mainmise sur le pouvoir ?
Guillaume Soro : Je dois dire que je suis président de l’Assemblée nationale, d’abord par vocation, puisque j’ai décidé d’aller dans ma circonscription natale pour briguer le suffrage des populations. Ensuite, cela s’est fait en harmonie, en accord, avec le président de la République.

RFI : pour beaucoup, cela ressemble à une sorte de retraite, une façon de vous écarter un peu du pouvoir. Parce que vous étiez très puissant. Vous aviez par exemple la main sur l’Armée?
GS : Non, pas du tout. Le Président Alassane Ouattara est un homme d’honneur, de parole. C’est un monsieur honnête, que j’ai appris à connaitre, à côtoyer. Nous avions déjà convenu qu’à partir du moment où il avait fait une promesse électorale au PDCI, de donner la primature à ce parti. En homme d’honneur, il devait respecter cet engagement. Nous avions convenu, en parfaite harmonie, que je puisse aller briguer la tête de l’Assemblée nationale. Et c’est ce que j’ai fait.

RFI : L’avez-vous fait sans regret?
GS : Absolument ! Vous l’avez vous-même dit. Quand déjà à 40 ans, vous avez été ministre d’Etat, Premier ministre et que vous devez présider aux destinées de l’Assemblée nationale, deuxième pouvoir, deuxième institution de la République de Côte d’Ivoire, c’est plutôt avec honneur que vous le faites. Parce que vous devenez le deuxième personnage du pays.

RFI : Le deuxième personnage à qui on pourrait prêter aussi des intentions d’être président de la République demain. Aujourd’hui, selon la constitution, si le Président n’est plus, c’est vous qui prenez la tête du pays ?
GS : Pourquoi avez-vous de telles idées morbides dans la tête ? Vous n’en avez pas besoin. Pour le moment, l’objectif du Président Alassane Ouattara, c’est de mettre en place les institutions de la République. Au plan politique, nous avons installé le conseil constitutionnel. Aujourd’hui, nous avons installé l’Assemblée nationale qui fonctionne. Demain, nous ferons les élections municipales.

RFI : Lorsque l’Assemblée nationale est détenue par un ancien chef rebelle, on se dit que l’envie peut lui venir de prendre les affaires en main et de recommencer comme en 2002 ?
GS : Vous savez, les choses sont très simples. J’avais une sacrée opportunité quand M. Gbagbo s’accrochait au pouvoir. Je pouvais profiter de la situation. Par loyauté, je ne l’ai pas fait. Mais je ne l’ai pas fait aussi par devoir, car je suis profondément démocrate et je crois en l’Etat de droit.

RFI : Vous étiez pourtant le chef d’une armée, qui a tenté de renverser un pouvoir en place en 2002.
GS : Ecoutez, ATT a-t-il été pour vous est un démocrate ? De Gaulle a-t-il été un grand homme politique en France ? Vous savez, il arrive que dans la vie des nations, par certains concours de circonstance, par des péripéties diverses, la vie de la nation peut se trouver perturber. En 2002, j’ai effectivement été à la tête d’une rébellion. Mais celle-ci a revendiqué clairement la démocratie et l’Etat de droit en Côte d’Ivoire.
RFI : Comment êtes-vous devenu le chef de cette rébellion ? Est-ce un complot préparé de longue date ou un effet du hasard ?
GS : Non, ce n’est pas une question de hasard. La Côte d’Ivoire depuis quelques années déjà était frappée par une grave crise ivoiritaire. Une partie de la communauté nationale était exclue de la vie politique du pays et marginalisée. Il y avait le délit de faciès, de patronyme dans mon pays. Quand justement, les rouages et les mécanismes de l’Etat ne permettent pas aux citoyens de s’exprimer par les canaux réglementaires, la révolte devient de droit. Et c’est ce qui s’est passé dans mon pays.

RFI : Vous revendiquez cette rébellion de 2002 ?
GS : Absolument. Pour moi, je considère qu’elle était justifiée. C’est Victor Hugo qui disait que « face à la dictature, la révolte est de droit ».

RFI : Vous étiez l’architecte des dernières élections de 2010. Est-ce que ce scrutin a été transparent. Est-ce que réellement aujourd’hui, on doit dire que la contestation des autres est injustifiée?
GS : Non seulement elle est injustifiée, mais infondée. C’est même malhonnête de vouloir contester une élection…

RFI : Vous n’avez pas manoeuvré pour installer Alassane Ouattara au pouvoir?
GS : Comment l’aurai-je pu. Quand les Nations unies, l’Union africaine, la CEDEAO, l’Union européenne, quand il y avait autant d’observateurs et quand il y avait autant de mécanismes de validation du processus électoral. Je vous signale que très peu de pays en Afrique et dans le monde peut se targuer d’avoir eu un processus électoral aussi surveillé.

RFI : Mais comment comprendre que l’on conteste les résultats qui sont sortis des urnes et que d’autres affichent d’autres procès verbaux qui ne sont pas ce que l’on a présenté?
GS : Justement entre les Nations Unies que vous ne pouvez pas accuser de complaisance, ni de partialité, l’Union africaine, la CEDEAO, l’Union européenne et la commission électorale indépendante, s’il y a bien une minorité qui a tort de produire et de falsifier des procès verbaux, c’est bien le camp de M. Laurent Gbagbo. Cette élection a été démocratique, transparente et elle est frappée par le sceau de la certification des Nations unies.

RFI : Pour vous, il n’y a pas de contestation possible?
GS : Il n’y a pas de contestation possible.

RFI : On sait comment la crise postélectorale a entrainé des victimes. Il y a eu une guerre dans la ville d’Abidjan. Vous étiez enfermés au Golf hôtel dans cette République qui était la plus fermée de la planète. Puis, vous en êtes sorti pour aller chercher une armée au Nord. C’est la même armée que vous aviez avant?
GS : Alors deux choses. J’étais je vous le rappelle, Premier ministre, ministre de la Défense. Je suis allé chercher une armée. J’étais ministre de la Défense. Je commandais aux Forces Républicaines de Côte d’Ivoire.

RFI : Vous aviez une partie de ces forces qui n’étaient les FRCI, qui était ce qu’on appelait les FDS et qui appartenaient à l’autre camp et qui se disait loyaliste aussi?
GS : Je dis que j’étais Premier ministre, ministre de la Défense et je dirigeais les FRCI.

RFI : Mais dans le Nord. De qui était exactement composée cette armée?
GS : Les FRCI étaient aussi bien dans le Nord que dans le Sud, qu’à l’Est et qu’à l’Ouest. Il n’y a pas eu une progression unilatérale. Il y a eu plusieurs fronts qui ont été ouverts dans une stratégie, une tactique bien concertée et huilée. Ce que je veux dire c’est que les FRCI ont lancé une offensive le 27 mars 2011 pour arrêter et stopper les tueries qui avaient cours dans la ville d’Abidjan. Et aujourd’hui, je considère que ces forces ont joué un rôle important dans le rétablissement de la démocratie et la paix dans mon pays.

RFI : Il y a eu beaucoup de morts dans cette bataille d’Abidjan, d’un côté comme de l’autre.
GS : Ce que je peux dire, les tueries ont eu lieu du 28 novembre au 27 mars. C’est parce qu’il y avait autant de morts et les décomptes des Nations Unies sont là, c’est parce qu’il y avait des milliers de morts que nous n’avions pas eu d’autre choix pour arrêter la continuation des massacres que de déclencher l’offensive.

RFI : Aujourd’hui, une seule personne se retrouve à la CPI, le président Laurent Gbagbo. Est-ce que cela veut dire que c’est le seul qui a commis des crimes en Côte d’Ivoire? Est-ce qu’il n’y a pas eu d’autres personnes dans l’autre camp qui ont commis des crimes? On a l’impression qu’il y a eu une justice des vainqueurs finalement.
GS : C’est une propagande du FPI qui ne rime à rien. Pour ne pas justement être accusés d’avoir une justice des vainqueurs, nous avons fait appel à la Cour pénale internationale. La justice internationale est insoupçonnable. On ne peut pas soupçonner la CPI d’être complaisante ou de suivre un camp.

RFI : On a 148 personnes qui sont officiellement mises en examen parce que accusées de crimes et de génocide. Elles sont toutes d’un seul camp, le camp de Laurent Gbagbo.
GS : Non. Je parle de la CPI. Jusqu’à présent, elle a été appelée à venir faire des investigations en Côte d’Ivoire. Elle n’a, ma connaissance, émis que 4 mandats contre Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo, Blé Goudé et le général Dogbo Blé. Elle a décidé sur la base d’enquêtes. Ce n’est pas au gouvernement ivoirien d’empêcher la CPI de faire son travail.

RFI : Dans votre armée aussi, on a commis des crimes.
GS : Je vais vous dire, les FRCI ont agi en légitime défense. Quand les policiers poursuivent et traquent les hors-la-loi et que les hors-la-loi tirent sur les policiers et que la police riposte, peut-on les mettre sur la même balance? Le hors-la loi depuis le 28 novembre, c’était Gbagbo. S’il avait céder le pouvoir, comme Wade l’a fait, il n’y aurait pas eu 3000 morts et vous n’allez pas me dire que Gbagbo n’a pas commis ces crimes en Côte d’Ivoire.

RFI : Il n’y a pas que dans le camp qu’on a commis des crimes. Vous, on vous accuse par exemple d’être responsable de la mort d’Ibrahim Coulibaly à cause de vos rivalités qui ont poussé les militaires à l’abattre froidement.
GS : M. Alain Foka, nous avons l’habitude de vous savoir sérieux, journaliste émérite d’investigations. Dites-moi, qui m’accuse?

RFI : Mais cela se dit partout M. Guillaume Soro.
RFI : Mais vous n’allez pas faire le relais de ragots de presse. Vous savez en politique, il y a tellement de calomnies que si je devais passer mon temps à leur répondre, je n’en aurais assez pour me consacrer à ma mission. Ce que je dis c’est que j’ai été Premier ministre, ministre de la Défense. En ma qualité de ministre de la Défense, j’ai du donner des instructions aux FRCI pour stopper les tueries à Abidjan et elles sont venues. Les 3000 morts en Côte d’Ivoire, c’était avant l’offensive. Après l’offensive, il n’y a pas eu autant de morts. Il faut saluer les FRCI.

RFI : IB faisait partie de ceux qu’il fallait stopper?
GS : IB n’était pas notre adversaire dans ce combat.

RFI : Est-ce qu’il n’était pas votre rival par hasard?
GS : Si je n’ai pas donné d’instructions aux FRCI de tuer Gbagbo, pourquoi le ferais-je pour IB, franchement ?

RFI : Qui sont ceux qui ont tué à Duékoué?
GS : A Duékoué, il y a eu des batailles. C’était la guerre. Nous étions confrontés à des miliciens et des mercenaires libériens à la limite du cannibalisme. Si vous considérez que les FRCI avaient une revanche à prendre, pourquoi n’ont-elles pas exterminé toute la population de Mama, de Gagnoa d’où vient Gbagbo ? Qu’est-ce qui justifie que ce soit à Duékoué qu’il a eu autant de morts. Justement, parce qu’il y avait des miliciens, des mercenaires, des hors-la-loi qui ne respectaient pas les règles de la guerre. Voilà ce qui s’est passé à Duékoué.

RFI : Vous ne vous sentez pas inquiété aujourd’hui par qui que ce soit ?
G.S : Je suis d’une sérénité imperturbable. Je considère simplement que de ma responsabilité de Premier ministre, ministre de la Défense, il est devenu insupportable à la limite d’irresponsabilité de laisser M. Gbagbo continuer à tuer les Ivoiriens. Et nous sommes venus à Abidjan pour stopper les tueries en Côte d’Ivoire.

RFI : Vous êtes un fésciste. Et la FESCI avait pour parrain Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, vous êtes opposé à Gbagbo. Qu’est-ce qui vous a opposé à ce point ?
G.S. Fondamentalement, je suis un homme de principe et de conviction. Et je crois en l’Etat de droit et à la démocratie. Je ne peux pas supporter que dans mon pays, il y ait des dérives ivoiritaires et que l’ethnicisme soit érigé en règle de gestion du pouvoir d’Etat. C’est ce qui m’a divisé d’avec M. Laurent Gbagbo. Quand nous avons signé l’Accord politique de Ouagadougou et que j’ai été Premier Ministre, ma seule mission était d’organiser des élections démocratiques et transparentes. Il n’y avait pas d’autres objectifs pour moi et j’ai tenu le cap. J’ai organisé ces élections démocratiques et transparentes certifiées par les Nations Unies qui ont donné M. Alassane Ouattara gagnant. Si c’est M. Bédié qui avait gagné, je l’aurais dit. Mais, l’histoire a voulu que ce soit M. Alassane Ouattara qui a gagné et je le dis et je l’assume.

RFI : Le poste de Premier Ministre n’a pas été une récompense pour ce que vous avez fait.
GS : En décembre 2010 où on était confiné au Golf, il y a très peu de candidat pour être Premier ministre en Côte d’Ivoire.

RFI : Ce n’était pas joué d’avance ?
G.S : Sûrement pas. Quand nous étions encerclés par les troupes et les chars de Gbagbo et confiné au Golf.

RFI : On a souvent dit que vous avez passé un accord avec la France pour vous sortir de cet endroit avec M. Alassane Ouattara. C’est quoi cet accord ?
S.G : Il y a tellement d’élucubrations et d’inventions. M. Alain Foka, vous êtes un journaliste, je le répète, d’investigation. Vous ne pouvez pas faire le relais des ragots de presse, vous ne pouvez quand même pas être l’avocat du diable.

RFI : Ce n’est pas que des ragots de presse. Il y a les partisans de Laurent Gbagbo qui ont des avocats et qui présentent des documents. Ils estiment, en effet, que dans la crise, qu’il y a eu des crimes commis de part et d’autre et qui depuis ce sont eux qui sont traduits devant la justice.
G.S. : Que la propagande vienne de ces politiciens du FPI, c’est compréhensif, mais qu’un journaliste de RFI en fasse l’écho...

RFI : On vous pose des questions, donnez- nous des réponses. Si vous ne vous sentez pas concerné par les questions, donnez nous les réponses qui sont les vôtres.
G.S. : Nous ne nous sentons pas concerné et vous le savez bien.

RFI : Donc, vous n’avez peur de rien?
G.S. : Vous croyez que je suis un homme qui ait peur de quoi que ce soit ? Non, je suis serein.

RFI : Est-ce que vous avez des amis dans l’armée aujourd’hui qui sont proches de vous ?
G.S : Je n’ai pas à avoir des amitiés particulières dans l’armée de Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, je suis président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire et ma responsabilité est de faire en sorte que cette institution soit au coeur de la République, que l’Assemblée Nationale puisse jouer le rôle qui est le sien, à savoir, le contrôle de l’action gouvernementale, l’initiative des lois et la forte contribution à la réconciliation des filles et fils de Côte d’Ivoire.

RFI : Avez-vous le sentiment que cette Assemblée nationale reflète les couleurs politiques de la Côte d’Ivoire ?
G.S : Absolument. Cette Assemblée nationale est largement représentative du peuple ivoirien, puisque aucune partie de la Côte d’Ivoire n’a été exclue de participer à cette compétition.

RFI : Un grand parti avec un président qui a fait plus de 40 %, si on s’en tient aux résultats de la dernière présidentielle, c`est-à-dire le FPI, n’y est pas représenté.
G.S. : Justement, c’est cela la démocratie. Elle veut que chacun soit libre. Un parti est libre de participer aux élections législatives et le même parti est libre de ne pas participer. En Côte d’Ivoire et dans le monde, la démocratie n’est pas celle des partis politiques.

RFI : Ne pensez-vous pas que votre fulgurante accession s’est fait par moment, par violence et par rancoeur. En suivant la presse, on se dit qu’il a beaucoup évolué mais, qu’il a beaucoup d’ennemis.
G.S : J’aurai préféré ne pas avoir d’ennemis. Mais mon intime conviction est que j’ai accompli ma mission et mon devoir en toute honnêteté. J’ai essayé de le faire avec compétence.

RFI : Chef de guerre, Ministre d’Etat, Premier ministre et aujourd’hui Président de l’Assemblée nationale. Quelle serait la prochaine étape ? En 2015, vous serez candidat à la place de M. Ouattara ?
G.S. : Je trouve que c’est prématuré d’ouvrir un tel débat, parce que le Président Alassane Ouattara n’a même pas encore fait la moitié de son mandat. Pour le moment, ce n’est pas mon ambition. Mon ambition est de faire de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire une institution qui compte pour mon pays.

RFI : Est-ce que vous ne vous ennuyez pas un peu ? Il y a moins d’actions que lorsque vous étiez ministre de la Défense et Premier Ministre.
G.S. : Effectivement, quand on est au quotidien dans l’action, c’est beaucoup plus prenant. Maintenant, je suis président de l’Assemblée nationale qui n’a pas fonctionné depuis 10 ans. Il y a encore beaucoup de choses à faire et nous sommes en train d’y travailler.

RFI : C’est quoi le gros chantier ?
G.S. : La première chose, c’était déjà de remettre en place cette institution. Aussi bien physiquement que dans la psychologie des Ivoiriens.

RFI : N’est-elle pas une caisse de résonnance qui va accompagner les actions du gouvernement ?
G.S : Notre Assemblée nationale a des prérogatives dévolues par la Constitution. Quand j’ai été élu, j’ai dit que l’Assemblée nationale ne sera pas une caisse d’enregistrement. Elle jouera son rôle jusqu’au bout. Le Président de la République convient avec moi que la pire des choses en démocratie, ce n’est pas le débat, ni la contradiction. Tous les débats et les contradictions positifs permettent à la démocratie d’avancer. L’Assemblée nationale a été renouvelée à 85 % et je garantis que nous ne serons pas complaisants. Nous allons faire notre travaille avec sérieux, compétence pout ne rien voir que des Intérêts du peuple ivoirien.

RFI : Quels sont vos rapports aujourd’hui avec le président Alassane Ouattara. On dit que vous êtes éloignés par rapport à vos velléités d’ambitions.
G.S. : J’ai des rapports excellents avec le président de la République et il dure depuis longtemps. Il est passé le moment où certaines personnes cherchaient à discréditer l’un ou l’autre. Le président de la République a pris le temps de m’observer et a pu s’assurer de ma loyauté en toutes circonstances.

RFI : La rébellion était-il sa rébellion ou pas ?
G.S. : En ce qui me concerne, je dis et je répète que j’étais secrétaire générale des Forces Nouvelles.

RFI : Qui était votre patron ? Et qui vous finançait ?
G.S. : J’étais mon patron. Si vous avez suivi mon cursus, vous savez que je ne suis pas un homme à se laisser manipuler. J’ai été Secrétaire général de la FESCI et le même Alassane Ouattara était Premier ministre et nous lui disions nos vérités.

RFI : Est-ce que vous vous n’êtes pas retrouver plus tard pour mettre fin à la politique et l’ivoirité dont vous parlez.
G.S. : Il est clair que quand l’ivoirité est apparue, M. Alassane Ouattara a été visé et la cible, forcément sa région d’origine, s’est sentie solidaire de ce fils que les gens voulaient à tout prix excommunier. Ceci dit, ce n’est pas un fondement politique. Ce que je suis en train de dire, c’est que mon combat que j’ai mené en Côte d’Ivoire, c’est un combat pour l’Etat de droit et pour la démocratie. Je ne pouvais soutenir qu’on spolie des citoyens de leur nationalité.

RFI : Donc, il vous a soutenu pour mener cette campagne militaire ?
G.S. : Je ne crois pas que ce soit de la nature de M. Alassane Ouattara de financer des rébellions. Il avait un parti politique, le RDR. Il avait plus à financer son parti que de financer une campagne militaire.

RFI : Vous aviez plus à gagner en restant avec Laurent Gbagbo pendant les élections qu’à rejoindre Alassane Ouattara. Vous aviez eu envie de « tuer » le père ?
G.S. : Mon éducation, mes principes ne m’autorisaient pas à suivre Laurent Gbagbo dans la forfaiture.

RFI : Aujourd’hui, on parle de tentative de putsch en Côte d’Ivoire. On a démasqué dans des pays voisins, quelques uns qui avaient préparé des coups. Naturellement, si on se demandait, et si derrière, il y avait la main de Guillaume Soro?
G.S. : Quelle intérêt, alors que je suis la deuxième personnalité de la Côte d’Ivoire ? Quel intérêt ai-je à aller faire un coup d’Etat dans mon pays ? C’est révolu, ce passé de coup d’Etat en Afrique. Je suis convaincu que dans 10 ans, 15 ans, qu’il n’y aura plus de coup d’Etat en Afrique. Parce que, quand il y a la rupture constitutionnelle dans un pays, c’est la réprobation générale. L’exemple, c’est le Mali, c’est la Guinée Bissau. Pour moi, c’est terminé les coups d’Etats en Afrique.

RFI : Même s’il y a des chefs qui ne respectent pas la légalité comme vous le décriez tantôt.
G.S. : Les mécanismes et l’encrage dans nos Etats ne permettront plus aux individus de s’arc-bouter au pouvoir. Vous avez vu la situation au Sénégal, je veux dire que la culture démocratique, l’éveil des consciences des populations avec les réseaux sociaux comme Twitter et Facebook, l’enracinement de la démocratie est inexorable. Et on ne peut pas faire machine arrière. Donc pour moi, dans 10 ans, 15 ans, ce serait révolu les coups d’Etat en Afrique.

RFI : Récemment, le fils de Laurent Gbagbo portait plainte contre vous et non l’Etat de Côte d’Ivoire, pour enlèvement, séquestration et traitement dégradant. Pourquoi l’a-t-on arrêté ?
G.S : Deux choses. La première, c’est que je considère que tout citoyen est libre de porter plainte, je suis un démocrate, je fais confiance à la justice. Si quelqu’un en Côte d’Ivoire quel qu’il soit, a envie de porter plainte, c’est son droit. Et je salue cette initiative. Maintenant, pourquoi Michel Gbagbo a été arrêté ? Pour ceux qui connaissent l’ivoirien Michel Gbagbo, il a été parmi les extrémistes, il était avec son père dans le bunker le jour où on les a arrêtés. Il était peut être solidaire de son père et c’est louable à la limite mais, l’activité politique qu’il a menée, l’extrémisme dont il a fait preuve pour tuer des Ivoiriens, n’est pas acceptable. Et il répondra devant la justice. Si aucune charge n’est retenue contre lui, il sera mis en liberté.

RFI : Il a dit qu’il était français et que ce n’était pas normal qu’il soit détenu comme ça.
G.S : Ah bon ! Parce que les Français sont au-dessus des lois ! Parce que les français peuvent se permettre de tuer. Ce n’est pas ma conception de la justice et de la démocratie.

RFI : Ceux qui sont chargés de la réconciliation en Côte d’Ivoire disent finalement que ça ne bouge pas beaucoup, que les arrestations se multiplient. Et que ce n’était pas normal qu’on arrête toujours d’un côté. Est-ce qu’on est véritablement engagé dans un processus de réconciliation en Côte d’Ivoire ?
G.S. : Pour moi, la réconciliation fait son chemin en Côte d’Ivoire. Je ne crois pas que la réconciliation advienne en Côte d’Ivoire par coup de bâton magique. Je comprends l’impatience des uns et des autres. Je ne suis pas sûr que cette déclaration dont vous faites cas, soit de M. Charles Konan Banny. Je considère que la réconciliation est une quête permanente dans tous les Etats du monde. En Afrique du Sud, on continue de parler de réconciliation. J’étais à Conakry, on continue de parler de réconciliation en Guinée. On en parle encore au Rwanda. Il faut être optimiste. Déjà les élections législatives se sont déroulées dans un environnement plus apaisé que la présidentielle. Nous allons organiser les élections locales, ce sera encore un acte de réconciliation. L’Assemblée nationale jouera son rôle et apportera une forte contribution à la réconciliation en Côte d’Ivoire.

RFI : Est-ce qu’on peut parler de réconciliation si ceux d’en face ne sont pas traduit devant la justice. Je veux dire ceux qui ont commis des crimes dans le camp des vainqueurs?
G.S. : Pourquoi vous voulez-vous forcément qu’on arrête des gens qui n’ont rien fait ? Je dis et je le répète, ils n’ont rien fait. Laissons la justice faire son travail. Vous n’êtes pas juge, les enquêtes ne sont pas terminées. Laissons la justice faire son travail afin d’inculper qui il faut, mais, ce n’est pas au journaliste d’indiquer des coupables. Ce n’est pas à moi Guillaume Soro de faire le travail de la justice. La CPI a été saisie, c’est à elle de dire qui est coupable (…)
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ