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Politique Publié le vendredi 30 novembre 2012 | Le Mandat

Tribunal de Paris / ‘’Affaire Firmin Mahé’’ : L’adjudant-chef raconte comment il a tué l’homme

Débuté le mardi 27 novembre dernier, le procès des quatre officiers français accusés dans le meurtre du jeune ivoirien Firmin Mahé en 2005 a connu une autre tournure, hier, à Paris. «Bon alors, mon capitaine, on fait quoi? Il faut le tuer?», aurait raconté l’adjudant-chef Guy Raugel le jeudi 29 novembre, à la cour d’assises de Paris, comment il avait achevé le jeune ivoirien Firmin Mahé, tout en sachant qu’il exécutait ‘’un ordre illégal’’. « Je savais que ce qu’on allait faire, ce n’était pas bien, je ne me suis pas engagé pour ça...», aurait dit l’adjudant-chef d’une voix assurée à la barre, cet homme de 48 ans qui se dit "militaire dans l’âme’’. Mahé, qu’ils ont décrit le jeudi dernier comme un homme malfaisant. Ces quatre officiers accusés appartenaient à la force Licorne déployée en soutien de l’ONU en Côte d’Ivoire, alors en crise en 2005. En 2005, outre les tensions interethniques et les incursions de miliciens, la zone et ses populations subissaient les attaques des "coupeurs de route", bandits qui volaient, violaient et tuaient. « On était écœuré, on en avait marre, marre, marre, de voir des coupeurs de route qu’on arrêtait revenir en toute impunité recommencer leurs ‘’saloperies" », aurait-il ajouté. Firmin Mahé était considéré par l’armée française comme un chef de bande. Sa famille le conteste, mais les militaires restent convaincus que c’est bien le bandit Mahé qu’ils ont interpellé le 13 mai 2005. Le matin, il était blessé par balle à la jambe et s’enfuyait, avant d’être rattrapé et ramené au cantonnement du "peloton de reconnaissance et d’intervention antichar" (PRIAC) commandé par Guy Raugel, dans la localité de Bangolo. L’adjudant-chef dit avoir reçu l’ordre par téléphone du colonel Eric Burgaud de conduire le blessé vers la ville de Man et de le tuer en route. Cette manière de procéder n’a pas semblé "cohérente" à l’adjudant-chef, parce que le blessé était inconscient. Finalement, c’est avec un sac plastique qu’il étouffera sa victime, alors qu’il était transporté dans un véhicule blindé français. Amer, il dit qu’il était convaincu que ses "chefs allaient tout assumer". Parce que "le chef, dans l’armée, est responsable de l’exécution de l’ordre qu’il donne". Le colonel Burgaud, qui devait être entendu, reconnaît avoir transmis l`ordre "implicite" que Mahé meure en route. Il affirme avoir lui-même tenu cet ordre du général Henri Poncet, alors commandant de la Licorne. Mais, le général a fermement démenti et a été mis hors de cause par l’enquête.
ISABELLE LADJI (stg) avec AFP
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