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Politique Publié le samedi 8 décembre 2012 | Nord-Sud

Débats parlementaires : Dans les coulisses de l’Assemblée nationale

© Nord-Sud Par Prisca
Assemblée Nationale : Soro Guillaume reçoit les clés de l’hémicycle après les travaux de rénovation.
Jeudi 17 octobre 2012. Abidjan. Le président de l`Assemblée Nationale, Soro Guillaume viste les locaux des parlemantaires fraîchement renovés.
Derrière les lois qui sont votées, il règne à l’Assemblée nationale une ambiance toute particulière. Coulisses.

A chaque Assemblée nationale son ambiance. Avec la retransmission à la télé, on savait à peu près à quoi ressemblaient les débats parlementaires. La présence de deux blocs pouvoir-opposition rendait les choses électriques : huées, coups sur la table pour empêcher l’autre de se faire entendre, injures, invectives pour énerver l’adversaire. Deux anecdotes sont de mémoire. La vice-présidente, Marthe Ago qui confondait bien souvent son militantisme pour son parti, le Front populaire ivoirien (Fpi), à sa fonction, injurie le député Kouassi Adjoumani, l’actuel ministre des Ressources animales et halieutiques. A la séance de clôture le 28 juillet de la session ordinaire de l’année 2010, le concerné exige des excuses de Mme Ago qui, lors des travaux en commission l’a traité de «Kouassia fouê » (fou en langue baoulé) et a injurié son père et sa mère. Autre image inoubliable, celle de ce député du Fpi qui s’est présenté à l’hémicycle avec un masque en guise de protestation. Mais le contexte a changé. Il n’y a pas d’opposition au Parlement. Mais une coalition à la bonne santé de laquelle chacun veille. Présentation du programme annuel d’activités de l’institution par la vice-présidente Sarra Fadika-Sako. Un «doyen» du groupe parlementaire du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) prend la parole. « Mme la vice-présidente, nous avons dans l’hémicycle des députés de tous âges. Ce qui signifie que nous ne pouvons pas suivre ce programme au même rythme. Il faudra songer à l’alléger pour que ceux de mon âge puissent suivre », plaide-t-il. Fou rire dans la salle.
Conformément au fonctionnement de l’institution, certains députés viennent assister aux travaux des commissions dont ils ne sont pas membres. Ils prennent place à côté de leurs collègues. Mais la plupart d’entre eux, essentiellement des jeunes, ne restent pas bien longtemps, donnant l’impression d’être venus ‘’faire un tour’’. Leur départ en groupe de la cour de l’Assemblée donne lieu à de grands bavardages. Par contre les ‘’aînés’’ assistent et participent aux débats. La seule différence entre eux et les membres de la commission est qu’ils ne votent pas. D’autres catégories de personnes assistent aux échangent depuis les tribunes. Ce sont des journalistes, des collaborateurs des ministres venus défendre les projets de loi et des travailleurs de l’institution. Les débats sont parfois longs. Très longs même. Mecredi les échanges sur les textes portant modifications des collectivités territoriales et du code électoral ont duré de 10h à 19h passées avec une pause de trente minutes. Nombreux sont ceux qui ne supportent pas quand ça prend autant de temps. Même des députés. « Mon cher qu’ils aillent vite pour qu’on vote cette loi. On n’est pas que député », rouspète un honorable auprès de son collègue avec qui il est venu prendre l’air.


Les effets de la dissolution
Certains députés manquent visiblement de sérénité. « Ce sont les effets de la dissolution du gouvernement après le projet de loi sur le mariage », analyse un parlementaire. Il n’a peut-être pas tort. Car les lapsus s’enchaînent aussi hilarants les uns que les autres. Alors que le ministre de l’Intérieur et de la sécurité, Hamed Bakayoko, est à l’hémicycle pour défendre ses textes, un député à qui la première vice-présidente donne la parole veut lui dire merci. Mais il dit « Mme la première Dame » provoquant les rires de ses collègues. Un autre écorche le nom de son groupe parlementaire : « Espérience » au lieu de « Espérance ». L’hémicycle est au bord des larmes. De rire. « Calmez-vous. J’ai donné la parole au groupe parlementaire Espérance », réagit le président de la Commission des affaires générales et institutionnelles (Cagi). Mais n’allez pas vous imaginer que les débats à l’hémicycle sont morts. Loin s’en faut. « A la deuxième session ordinaire de l’Assemblée nationale les débats ont été houleux et enrichissants », confie le président du groupe parlementaire de l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci). « Il ne faut pas voter les textes pour les voter mais il faut tenir compte de l’applicabilité. Ce sont des textes ponctuels, ils vont traverser le temps », justifie Mamadou Dély.
Les commissaires du gouvernement sont obligés de faire preuve d’une grande « humilité » pour amadouer les parlementaires. Hamed Bakayoko l’a tellement bien réussi à son passage qu’Aka Aouélé et ses collègues l’ont relevé à plusieurs reprises. Souventes fois, soutiennent les députés, des ministres s’accrochent tellement à leur document de base qu’il y a des blocages : « même si on a la majorité au Parlement, il faut travailler les textes. Parce que ce sont des documents que le pays va présenter sur le plan international. Malheureusement, il y a des commissaires du gouvernent qui ne veulent pas qu’on change une virgule dans les textes qu’ils nous présentent ». Et quand ça coince, ils peuvent compter sur les interventions du président du groupe parlementaire du Rassemblement des républicaions (Rdr). Tout doucement un sobriquet est en train de coller à Amadou Soumahoro : avocat du gouvernement. « Tchomba » (le sage, le patriarche en malinké) comme on le surnomme dans la case verte, joue si bien son rôle qu’à l’occasion de la présentation de la loi sur le mariage, les membres de son groupe l’applaudissaient parfois alors même qu’il n’avait pas encore commencé à parler. Lorsque dans cette ambiance ils parviennent à faire passer leurs projets, les ministres reçoivent un au revoir tout particulier dehors. Des badauds rassemblés devant les grilles scandent leurs noms dans l’espoir de recevoir des billets de banque. Ils veulent ressentir immédiatement les retombées des lois.

Bamba K. Inza
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