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Société Publié le jeudi 27 juin 2013 | Le Patriote

Gratuité de la césarienne : La mesure pas toujours respectée

Le droit à la santé fait partie des droits sociaux économiques. Tout individu à droit à la santé, au même titre qu’à l’éducation, au logement et à l’eau. Ce droit doit être assuré par l’Etat. Ainsi, le gouvernement ivoirien, dans l’optique d’assurer la santé pour tous, a rendu certaines prestations sanitaires gratuites. Sont concernés par cette politique, les enfants de moins de 5 ans et la césarienne pour les femmes enceintes. Malheureusement cette mesure n’est pas toujours respectée sur le terrain. Profitant de la pauvreté et de l’ignorance de la population, des agents continuent de prendre de l’argent avec les patients. Notre constat.

La scène se déroule à l’hôpital général d’Abobo. Ali Diaby vient de faire venir sa femme enceinte, en plein travail. Plusieurs heures passent, mais sa compagne n’accouche toujours pas. Après concertation, les médecins lui annoncent qu’ils vont devoir faire une césarienne. Face aux douleurs de sa femme, Diaby approuve rapidement. Car pour lui, il faut ‘‘délivrer’’ rapidement sa femme. Il retourne donc dans la salle d’attente. Mais l’équipe chargée de faire l’opération vient lui annoncer qu’il n y a plus de kit disponible. Par conséquent, il devra en acheter rapidement à la pharmacie. Cependant, alors qu’il s’apprête à se rendre à la pharmacie, un agent de l’hôpital l’accoste et lui propose le kit complet, moyennant la somme de 60 000 FCFA. Diaby est surpris devant une telle proposition, car la césarienne est maintenant gratuite dans les hôpitaux publics. Mais, il fini par s’acquitter de la somme demandée par l’agent. La santé de sa femme et de son bébé sont en jeu. Le cas Diaby n’est pas un cas isolé. Alors que la césarienne a été rendue gratuite par le gouvernement, dans de nombreux hôpitaux publics, des agents véreux continuent de prendre de l’argent aux femmes enceintes. Leur stratégie, faire croire aux femmes venant accoucher ou leurs parents qu’il y a une rupture de stock et que le patient devra se rendre à la pharmacie pour acheter le kit. Mais au même moment, ils décident ‘‘d’arranger’’ le patient en lui proposant le matériel à un prix en dessous de celui de la pharmacie. Evidemment, les parents qui n’ont pas assez de moyens sautent sur l’occasion. Quand bien même ils soupçonnent les agents de faire du profit sur leur dos. Ils n’ont pas le choix. Mieux vaut payer moins que plus. « Depuis que je suis en stage ici, toutes les femmes qui accouchent par césarienne paient elles-mêmes le kit d’opération. L’hôpital dispose rarement de kit d’accouchement. Pourtant les sages-femmes ont toujours sur elle le matériel qu’il faut. Elles n’hésitent pas à le vendre aux femmes qui viennent accoucher. Il s’agit des gants, bandes, alcool, coton et même des paires de ciseaux », nous confie une élève sage-femme en stage à la formation sanitaire urbaine communautaire de Youpougon Wassakara. Ces sages-femmes, à en croire notre interlocutrice, font leur « gombo », (business), en cachette. De plus, elles gardent par devers elles le matériel acheté par une femme venue accoucher. « Elles revendent ce matériel à d’autres femmes. Souvent elles ont maille à partir avec les parents des femmes qui exigent que leur soit restitué le reste du matériel acheté», indique notre source. L’Etat ivoirien a l’obligation d’assurer la santé des populations. Il lui revient donc de prendre les dispositions idoines pour faire respecter la mesure de gratuité de la césarienne.

Dao Maïmouna
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