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Politique Publié le mardi 9 juillet 2013 | Le Patriote

Alassane Ouattara à propos du gouvernement : “On ne change pas une équipe qui gagne”

© Le Patriote Par CI Bou T
Visite d`Etat dans le district des Savanes:Le Président Alassane Ouattara à Dikodougou
Dimanche 7 juillet 2013. Le Président de la Republique, Alassane Ouattara echange avec les populations de Dikodougou .
Juste après son meeting de clôture au stade de Korhogo, le Président de la République s’est prêté aux questions des journalistes. Durant 45 minutes et sans faux-fuyant, Alassane Ouattara et les journalistes ont fait un tour d’horizon de l’actualité politique de l’heure. Nous vous proposons l’intégralité de ces échanges.
Lance Touré (Le Nouveau Réveil) : Monsieur le président, lors de votre meeting de clôture, en vous adressant aux membres du gouvernement vous avez dit qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Est-ce que cela voudrait dire qu’il n’y aura pas de remaniement comme l’annonce la rumeur ?

Alassane Ouattara : Je vous remercie. C’est évident qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Cela veut dire ce que ça veut dire. Je n’ai pas besoin de faire d’autres ajouts. L’équipe fait du bon travail. Donc, il n’y a pas nécessité de la changer.

Tommy korona (Griot Presse): Monsieur le président, permettez-nous de revenir sur le dernier conseil des ministres. Le porte-parole du gouvernement a parlé de 80% d’exonération par rapport aux logements sociaux. Est-ce qu’il y a des mesures dans ce sens, notamment au niveau des banques commerciales ou classiques qui sont quelque peu arrimées à la BCEAO, qui ne peuvent pas consentir des prêts au-delà de10 ans. Alors que le projet s’étale sur 25 ans. Si mes informations sont exactes, il ya trois ou quatre mois, l’organisme de cautionnement était à 19 milliards. Je crois savoir , si je suis dans le vrai , que le taux d’absorption était faible. Est-que cela ne risque pas de bloquer le projet ?

AO : C’est une question très technique. Bien évidemment, je peux vous assurer que la banque centrale a pris des mesures pour refinancer les effets qui vont jusqu’ à 20 ans. Donc, si une banque commerciale fait un prêt à 10 ans ; après 5 ans, elle peut refinancer cet effet et par conséquent, le financement se fera sur des périodes au-delà de 15/ 20 ans…Pour les autres aspects techniques, vous verrez avec Madame la ministre des finances.

Lance Touré, (Le Nouveau Réveil) Vous vous portez candidat à votre propre succession, vous l’avez annoncé au cours de cette visite dans les Savanes. Quand on sait que vous êtes membre d’une alliance qui est le Rhdp, Souhaiteriez-vous que vos alliés vous soutiennent dès le premier tour ou que vous alliez à ces élections en rangs dispersés au premier tour et au second tour aller en rangs serrés, comme ce fut le cas aux dernières élections présidentielles à la suite desquelles vous avez accédé à la magistrature suprême ?

AO : Par rapport à ma candidature, j’ai expliqué les circonstances en disant que nous avons malheureusement perdu littéralement une année avec la crise postélectorale. Certes, j’avais proposé à mes concitoyens un programme sur cinq (5) ans que j’espérais avoir bien amorcé ou quasiment terminé. Mais, je me rends compte que la situation est fortement détériorée et que j’ai besoin de plus de temps. Donc, c’était tout à fait logique que j’annonce que je briguerai un second mandat. Ceci étant, bien évidemment, il appartiendra à chaque parti de prendre la décision qui lui convient. Je n’ai pas de commentaire à faire sur cela. J’espère que mon parti d’origine me soutiendra pour ma candidature

Abel Doualy, Fraternité Matin : Vous appelez les populations au pardon et à la réconciliation, mais les populations rétorquent que la réconciliation doit plus se faire au niveau des politiques, car les populations le sont déjà. Qu’en pensez vous ?

AO : Je pense que ce n’est pas totalement faux. Je pense que nous avons tous des parents dans les différents quartiers d’Abidjan et que fondamentalement les populations on retrouvé la normalité de vivre ensemble dans les cours communes. Les enfants vont à l’école ensemble, les femmes sont au marché ensemble et quand il y a un problème, tout le monde se regroupe autour de la famille éplorée. Il n’y a pas de grandes difficultés. C’est vrai qu’il y en a quelque peu quand même, parce qu’il y a des personnes qui prennent plus de temps que d’autres. Dans les régions, c’est encore mieux. Moi, j’ai fait l’Ouest, le Nord-est et maintenant le Nord, il est clair qu’il n’y a pas de tensions, elles sont tombées. Il n’y a pas de problème majeur, mais les politiques ont une orientation à donner à leur base. C’est pour cela que je lance cet appel de Korhogo, parce que chaque parti politique doit s’engager dans ce processus. Certains l’ont fait, le PDCI et le RDR ainsi que le RHDP, ensuite de nombreux partis dans l’opposition sont en dialogue politique avec le Premier ministre et le gouvernement et je demande que tout le monde s’associe à ce processus. Ce n’est pas seulement l’affaire des politiques, mais l’affaire de tous les citoyens. Mais je peux vous dire également qu’il y a d’autres composantes que l’on oublie souvent, ce sont les guides religieux et chef traditionnels, qui sont également engagés à fond dans ce processus. Alors, il ne faut pas que nous les politiques, on se fasse marginaliser dans ce processus qui est en cours et qui se développe très bien. Je souhaite que pour les élections à venir, à partir de 2015, tout le monde y participe pour que la démocratie soit totale dans notre pays. Parce qu’au sortir du processus électoral, on peut dire qu’on n’est pas totalement engagé dans la démocratie. Je veux que la Cote d‘Ivoire redeviennent une démocratie moderne et modèle.

Lacina Ouattara (Le Patriote) : Vous ne cessez d’appeler le Front populaire ivoirien à prendre sa place dans le train de la paix et de la réconciliation nationale. Cependant, il ne répond toujours pas à vos appels. N’avez-vous pas l’impression, au finish, de prêcher dans le désert ?

AO/ : Je ne le pense pas. En matière de réconciliation, de rassemblement, il faut être toujours très positif. Moi, je suis de tempérament positif. Je pense qu’il ya du chemin. Il y a des choses qui se font. Imaginez-vous, le nombre de refugiés était au-delà de 300. 000 il y a deux ans. Aujourd’hui, on a moins de 60 où 70.000. Cela veut dire que cet appel que nous lançons partout où nous allons a commencé à être entendu. Il y a des personnalités, y compris de militaires, qui rentrent tous les jours de pays voisins, de l’Afrique. Je pense qu’il faut continuer et que le processus se déroule bien. Mais je souhaite que ça se déroule encore plus rapidement. C’est pour cela que je lance cet appel.

Saly Silué Konaté (Radio Côte d’Ivoire) : Abidjan a connu sa deuxième nuit dans le noir. Lorsqu’on sait que la Côte d’Ivoire exporte plus ou moins de l’électricité vers les pays voisins, on se demande quel est problème

AO : La question a été expliquée. Vous savez, nos installations sont vieilles. Il n’y a pas eu d’entretien durant des années, le système de transport de l’électricité demande à être rénové, réadapté. C’est comme dans un moteur, s’il y a un grain de sable, tout s’arrête. Nous sommes confiants parce que nous avons commencé à rénover, à restructurer tout le circuit de distribution. Il y aura encore des pannes de ce genre. Ce n’est pas la dernière, parce qu’il faudra encore une année pour finir. Nous avons un prêt important du gouvernement chinois, près de 400 millions de dollar pour la remise en l’état des lignes de distribution. Ce n’est pas une question de quantité de production de l’électricité, c’est un problème de circulation, si je puis m’exprimer ainsi, de la distribution. Il suffit qu’il y ait un problème dans le circuit de transport pour que tout se grippe. Mais vous noterez quand même que nous avons augmenté la capacité de production, ces deux dernières années. Nous avons augmenté de près de 50%, je crois. Agreco vient d’ajouter 200 Mgw, il y a à peine deux semaines. Et nous continuerons jusqu’au barrage de Soubré. Il y a suffisamment d’électricité pour que nous puissions en vendre aux pays voisins. Il faut distinguer la question de la production de celle de la distribution. Nous y travaillons et je suis confiant que tout cela va continuer de se renforcer au cours des prochains mois.

Kra Bernard (L’Expression) : Monsieur le président, vous venez de boucler votre visite d’Etat dans le district des savanes, la plus longue d’ailleurs. Tout au long de votre périple, vous avez réitéré votre volonté de vous présenter à votre succession en 2015. Vous avez également appelé les populations à vous accorder leurs suffrages en 2015. Monsieur le président, est-ce que le candidat Alassane Ouattara n’est pas en campagne avant l’heure, surtout que cela intervient dans le cadre d’une visite d’Etat ?

AO : Si vous estimez que c’est une campagne avant l’heure, tant mieux. Moi, j’ai pris des engagements auprès des populations. Je vais faire le point sur cet engagement, leur dire ce que j’ai fait et leur demander si cela leur convient ou voir s’il faut changer d’orientation, améliorer dans tel secteur que dans tel autre, etc. je continuerai de le faire ; pas seulement dans le district des savanes, mais partout. Je vais vous faire remarquer que je n’ai pas besoin de faire campagne dans le district des savanes. Si je veux faire campagne, j’irai dans d’autres régions, pas ici. Ceci étant, le président de la République doit être proche des populations. Je ne suis pas de cette race de présidents modernes, qui s’assoient au palais pour recevoir les autres présidents, comme si on était un roi ou un empereur. On peut le faire de temps en temps pour les questions essentielles, tel que je l’ai fait avec les ressortissants de l’Ouest. Mais j’irai chaque fois au contact des populations. Si vous l’avez remarqué, même à Abidjan, je ne reçois pas des groupes de populations des régions. Je veux aller dans toutes les régions, je veux voir ce qui se fait sur le terrain, je veux m’assurer que ce qui se fait est conforme aux engagements pris, que les ministres continuent d’être au travail et que le travail est bien fait. Sur la question de la campagne avant l’heure, je voudrais dire qu’il y a des dispositions réglementaires pour la campagne. Ceux qui veulent être candidats, même ceux qui veulent être en campagne à partir d’aujourd’hui, je trouve que c’est une bonne chose. Ca leur permettrait d’aller dire aux Ivoiriens ce qu’ils veulent faire. Ce serait d’ailleurs très bien. Dans des pays comme les Etats-Unis, la campagne dure tout le temps. Je ne me laisse pas émouvoir par ces règles que nous avons copiées. Je souhaite d’ailleurs qu’à l’avenir, nos pays s’approprient la manière de gérer nos propres Etats plutôt que faire du copier-coller de tel ou tel pays, tel que nous le faisons actuellement. Nous avons besoin d’être proches de nos populations. Nous sommes des pays en voie de développement voire pauvres et nous devons apporter le réconfort et le soutien à nos populations.

Kra Bernard (L’Expression) : Avant le début de cette tournée, il y a la question de la légalisation du mariage homosexuel qui a défrayé la chronique après l’appui de la France à hauteur de 30 millions aux minorités sexuelles. Sur la question, des pays de la sous-région ont déjà donné leur position. Monsieur le président, quelle est la position de la Côte d’Ivoire sur la légalisation du mariage homosexuel ?

AO : Sur cette question, je n’ai pas de commentaire particulier à faire. Nous avons des lois en Côte d’Ivoire, nous avons des traditions. La France fait ce qui est conforme à sa tradition, les Etats-Unis aussi. La Côte d’Ivoire a ses propres traditions.

Sylla Arouna (Soir Info) : Monsieur le président, pendant l’étape de Tengréla, vous avez promis de renforcer le budget du PPU (Programme présidentiel d’urgence, Ndlr). Un PPU qui construit des écoles, qui ouvre et réhabilite des voies, qui électrifie des localités… Que feront alors les Conseils régionaux, les Conseils municipaux, qui viennent d’être d’installés et les Districts qui le seront prochainement?

AO : Vous avez bien raison. Le PPU et les Conseils régionaux travailleront ensemble. Il faudra une bonne coordination. Et je vous signale aussi que nous aurons des Districts. Nous avons l’intention de regrouper les régions en District. Je pense que dans les savanes, nous avons trois régions qui constituent le District des savanes : le Poro, le Tchologo et la Bagoué. Donc, il y aura un gouverneur de District qui sera l’émanation du pouvoir exécutif. Tous ces ensembles doivent être bien coordonnés, y compris les Directions régionales des ministères. Donc, on a un travail en cours de restructuration de l’administration pour qu’il n’y ait pas de perte de ressources humaines ou de ressources financières tout au long du processus. Nous sommes conscients de cette situation. Et vous avez bien raison de le noter. Le PPU continuera et pourra continuer de régler les urgences, mais en coordination avec le gouverneur de District, les Conseils régionaux et bien évidemment, les préfets, sous- préfets. C’est sur toute la ligne que les choses doivent se faire.

Jérôme Koffi Abolin (Rti) M. Le président, vous avez annoncé de grands projets pour le district des Savanes et pour toute la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, vous demandez un nouveau mandat. Si vous êtes élu en 2015, M. le président, êtes vous sûr de pouvoir réaliser tous ce que vous avez promis en sept ans ?

AO : Je suis confiant, et je l’ai indiqué à mes collaborateurs. A supposer que nous pussions faire les élections en octobre 2015, si j’étais réélu, en fait, cela fera donc un septennat. Et je pense ce sera fait, en sept ans, tout ceci devra pouvoir nous amener à l’émergence comme souhaitée dans mon programme d’origine.

APA: Monsieur le Président, quelle est le bilan que vous dressez des activités de la CDVR, à trois mois de la date d’expiration du mandat de cette institution?

AO: La CDVR fait un travail apprécié et appréciable par tous. Le rapport doit être rendu en septembre. Et en ce moment-là, nous verrons les recommandations qui sont faites et quelles sont les décisions que nous devrons prendre.

Lassina Sermé (APA News): Monsieur le Président, quel est votre message au peuple malien, aux autorités de transition et aux candidats de la présidentielle du 28 juillet, dont la campagne a démarré hier (samedi, ndlr)?

AO : Pour le Mali, cela a été un processus compliqué, difficile. Je salue les autorités maliennes de transition pour leur courage. Maintenant, nous avons bien avancé. Je voudrais également remercie le peuple malien, qui a également souffert mais qui a fait preuve de patience. Des pays de la CEDEAO et la France ont apporté un soutien appréciable. Mon message sans interférence au processus, c’est de dire que les élections démocratiques, transparentes sont nécessaires. Nous sommes tous d’accord qu’il faut tout faire pour respecter la date du 28 juillet, puisque c’est la date fixée par les maliens eux-mêmes, et que les autorités légitimes pussent se mettre en place. Que les élections parlementaires puissent se mettre en place assez rapidement. Le parlement est tout de même un élément essentiel de la démocratie, parce qu’il faudra voter des lois et travailler à la réconciliation entre maliens et prendre des mesures pour que les régions les plus défavorisées pussent avoir une attention particulière dans le cadre de ramener de manière durable l’unicité du Mali.

N’Guessan Fousseyni (AIP) : Monsieur le Président, nous sommes à Korhogo, le fief électoral du député Félix Houphouët-Boigny, plus tard, président de la République et chef de l’Etat de Côte d’Ivoire. Félix Houphouët-Boigny, votre illustre prédécesseur dont vous vous réclamez des enseignements avait, face aux grands problèmes de la nation, institué le Conseil national et les journées du dialogue. Face au blocage constaté, selon de nombreux Ivoiriens, pourquoi ne lui empruntez-vous pas l’initiative de la réconciliation nationale, par le biais de ces deux instruments ?

AO : Vous savez, nous avons tous hérité de la grande sagesse du président Félix Houphouët-Boigny. Moi-même, j’ai pu participer à des conseils nationaux sur des grands sujets, des grands thèmes. Mais, souvenez-vous aussi que c’était le parti unique et qu’évidemment, c’était à l’occasion de ce conseil que les différentes composantes, même du PDCI, pouvaient exprimer des points de vue divergents. Maintenant, nous avons le multipartisme, nous avons des partis légalement constitués. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas de conseil national sur telle ou telle chose ou une consultation nationale. Tout cela est possible. Mais, vous me parlez de blocage au niveau de la CDVR, je ne suis pas d’accord avec vous. Il n’y a pas de blocage. La CDVR fait son travail, elle a eu deux ans et son mandat prend fin en septembre. Attendons donc d’avoir les résultats de cette commission et à partir de là, nous pourrions apprécier. La CDVR a même institué une décentralisation avec des installations de structures locales. Tout cela pour contribuer à faire en sorte que la réconciliation puisse aller plus loin dans la recherche de solution. Et je vous note aussi que nous avons un programme national de cohésion sociale pilotée par le ministère du Plan, qui a déjà commencé à aider les proches des victimes. Tout cela doit être pris ensemble, sans compter le travail du gouvernement. Vous savez, quand la situation économique s’améliore, ça contribue à la réconciliation. Si, dans un quartier vous avez de l’eau potable et que tout le monde peut se retrouver autour du puits pour prendre de l’eau, ça contribue à rassembler les gens. Il y a des choses très simples. L’amélioration des conditions de vie contribue à la réconciliation et moi, je suis confiant que nous allons à la réconciliation à grands pas. Et c’est pour cela que j’ai lancé cet appel aux partis politiques pour que nous fassions également notre contribution et que nous allions le plus loin possible dans le soutien des efforts qui sont faits par les populations, par les religieux et les autorités traditionnelles.


Fabrice Tété (Le Temps) : Monsieur le président, on a suivi votre appel au dialogue lancé au Fpi. Mais, ce parti dit également qu’il est disposé à dialoguer avec vous sous certaines conditions, que vous posiez des actes forts. Notamment la libération de quelques prisonniers politiques. Quel est votre commentaire ?

AO : Je vous remercie. D’abord je ne suis pas d’accord avec le terme de prisonniers politiques. Nous n’avons pas de prisonniers politiques en Côte d’ivoire. Nous n’avons pas de prisonniers pour délits de presse. (…) nous avons certes des prisonniers qui sont en attente de jugement et qui appartiennent quelques fois à des partis politiques.

Fabrice Tété (Le Temps) : Est-ce que vous qui avez qualifié le Fpi de parti courageux, auriez-vous le courage un jour de passer un coup de fil à votre frère Laurent Gbagbo ou d’aller le voir à La Haye ?

AO : Ce n’est pas la même chose. Et je voudrais préciser une chose. Vous savez, la crise postélectorale, il faut l’analyser sous l’angle de la légalité. Des élections ont eu lieu et il y a eu un certain nombre de difficultés. L’ancien président a souhaité attendre la décision de l’Union africaine. L’Union africaine a pris une décision le 11 mars 2011 et malgré cela, l’ancien président n’a pas dissout le gouvernement qui était en place. Donc toutes les instances internationales ont confirmé la décision de l’Union africaine. Parce que sa décision est au-dessus de la décision d’un conseil constitutionnel national, si nous croyons à nos institutions africaines et internationales. Maintenant, toute cette période du 11 mars au 11 avril 2011, les personnes qui sont restées au gouvernement ou qui ont posé des actes pendant cette période, ont violé les lois et la constitution ivoirienne et les engagements pris par la Côte d’Ivoire dans son appartenance à l’Union africaine. Donc ce sont ces personnes, qui du fait de leurs actes, sont pour beaucoup en prison. C’est très important de le dire. Ils ont violé la loi et quand on viole la loi, normalement, on est traduit devant un tribunal. Maintenant, les libertés ont été données pour des personnes en attente de jugement. Le gouvernement et notamment le ministre de la Justice ont considéré que certains cas pouvaient faire l’objet de liberté provisoire et on saisi le procureur. Le procureur a fait ce qu’il avait à faire. Et un certain nombre de personnes sont en liberté provisoire. Pour ma part, je souhaite que ce processus continue parce que les faits étant liés, étant complexes, la justice estime dans certains cas où la liberté provisoire aurait été possible, les évènements que nous avons vécus, notamment en août de l’année dernière, impliquaient certaines des personnes qui sont en prison et que les concernant, la liberté provisoire n’était pas possible. Pour ma part, je souhaite qu’il y ait un maximum de liberté provisoire, parce que cela contribue à l’apaisement. Mais si certaines personnes qui sont en attente de jugement continuent de poser des actes contre les institutions et contre la sûreté de l’Etat, il va sans dire que ces personnes réduisent du coup leur chance d’obtenir la liberté provisoire. Donc, je me résume. Il y a eu violation des lois, violation de la constitution, violation de l’Union africaine, accompagnées de pillage de la Banque centrale, d’assassinats accompagnés de meurtres pour certaines personnes qui sont donc actuellement en prison. Je souhaite que tout ce qui n’est pas crime de sang puisse trouver solution rapidement. Cela ne dépend pas de moi. Cela dépend de la justice. Maintenant, Laurent Gbagbo, je l’ai dit au chef de canton de Gagnoa, est mon frère. Nous avons été très proches. Nous avons eu des divergences politiques. Mais cela ne peut pas expliquer le fait que moi je n’aie pas de relations avec lui. Maintenant, il est entre les mains de la justice internationale. Donc, je n’ai aucune raison de vouloir prendre contact avec lui. La question est très simple. Il demeure mon frère mais on attend la confirmation des charges. Nous attendons ce que la justice internationale dira, ce qu’elle fera et par la suite, la Côte d’Ivoire doit continuer à faire ce qu’elle peut au niveau national. Cela ne dépend pas de moi. Cela dépend de la justice.


Viviane Ahimin (Rti) : Excellence M. le Président de la République, au cours de cette tournée que vous avez eu à faire, on n’a pas beaucoup cité les chiffres. Alors est-ce qu’il est possible de savoir à combien va s’élever les investissements consentis pour l’équipement du District des Savanes ? Merci M. le Président de la République.

AO : Il faut faire la distinction de deux choses. Il y a le PPU d’une part, comparé aux urgences (voilà on m’a amené des chiffres. Ils sont efficaces les jeunes gens). Le PPU est sensé régler les problèmes d’urgence, que ce soit en matière d’eau potable, de véhicules pour l’administration, les questions de salubrité ainsi de suite. Nous avons maintenant le Programme national de développement (PND) qui au total est de 11000 milliards, si je ne me trompe pas. Souvenez-vous que pendant la campagne, il y a eu donc 4 000 milliards du public et 7 000 milliards du privé. C’est à peu près ça. Souvenez-vous pendant la campagne, j’avais parlé de 10 000 milliards en 5 ans et maintenant c’est 11 000 milliards en 4 ans (2012, 13, 14, 15). Et nous sommes confiants de mobiliser des ressources et nous sommes confiants de faire beaucoup plus en ce qui concerne la part de budget national, compte tenu de l’amélioration de la gestion budgétaire que nous voyons en ce moment. Nous avons commencé le PPU, je crois en 2011 avec un chiffre de 45 milliards, si je ne me trompe pas. Et d’ailleurs, on était à l’hôtel du Golf et je me souviens d’ailleurs qu’à la plupart des personnes (Adjoumani, Hamed et tout ceux qui étaient avec moi), j’avais dit : ‘’écoutez, nous sommes enfermés à l’hôtel du Golf et nous sommes le Gouvernement légitime. Il faut que les Ivoiriens sachent que leur Gouvernement malgré la menace des bombes, des attaques, était capable de faire quelque chose. C’est comme ça nous avons développé le PPU et nous étions à l’hôtel du Golf. Sortis de l’hôtel du Golf, les premiers éléments de financement avaient eu lieu avec l’Union Européenne et d’autres partenaires. Dès l’année 2012, on l’a porté, je crois, à 100 milliards et 2013, nous sommes à 125 milliards. Le PPU, il faut le noter, est incorporé dans les 4000 milliards d’investissement public. Et sur les 4000 milliards d’investissement public, les annonces ont été faites à l’occasion de la réunion des donateurs à Paris. Puisque sur les 4000 milliards, nous avions, je crois, la moitié d’investissement à financer par l’extérieur dont 2000 milliards à créer nous-mêmes sur le budget de l’Etat. Je suis désolé de donner tout ces détails. Mais sur les 2000 milliards que nous attendions de la Banque mondiale, de la Banque africaine, de l’Union Européenne et autres, nous avons reçu des intentions de financement de 4000 milliards. Donc si nous ajoutons à cela les marges que nous-mêmes comptons dégager sur notre budget de 2000 milliards, c’est dire que c’est au total 6000 milliards qui doivent être disponibles et les 4000 milliards que nous avions. Nous n’avons pas de problème de financement. Alors, il y a tellement de gens qui ont dit ce que nous devons faire ça et là, ce que représente le District des Savanes et autres, mais c’est encore trop tôt pour donner des chiffres significatifs, parce que c’est vrai que dans tout ce travail, ce que nous essayons de faire, c’est de voir un peu le taux de pauvreté et dans chaque région et dans chaque rubrique. Prenez la région du Bounkani, c’est là que le taux de pauvreté est le plus élevé. Vous verrez des endroits, Teheni, Doropo où l’électrification n’est que de 1%. Ça veut dire que sur 100 villages il y a que 1 village qui est électrifié. Vous verrez sur Korhogo (Korhogo, encore ça va) mais je ne sais pas Ferké ou Kouto, vous verrez que sur 100 villages il y a que 12 à 13 qui sont électrifiés. Donc, l’objectif c’est que d’ici 2015, nous parvenions à un taux moyen de 50 %. Donc Teheni et Doropo qui sont à 1% vont passer à 50 % d’électrification. Korhogo qui est à 12, 13 % d’avec ce que nous avons fait ce matin, nous allons passer d’ici la fin de l’année à 15 % et en 2015 nous passerons à 50 % d’électrification. Et c’est la même chose avec l’eau potable, avec la question des re-profilages des routes, ainsi de suite. C’est pour cela que je n’ai pas parlé de chiffres, et les chiffres n’ont pas une grande signification maintenant. Mais ce que l’on peut noter, c’est quand même la satisfaction des populations, qui voient qu’il n’y avait pas d’eau potable dans la ville – peut-être qu’il y a avait 2 h par jour – et que maintenant, il y a 15, 20 h par jour. Qu’il y avait toujours des coupures d’électricité par jour, mais que maintenant, il y a de l’électricité une partie de la nuit, une partie de la journée, ainsi de suite. Je considère pour ma part que notre défi, c’est de faire en sorte qu’en fin 2015, 2016, que toutes les régions soient à 50% de couverture en électricité et toutes les villes capitales des départementales aient de l’eau potable. En matière d’électricité toujours, nous commençons à faire en sorte que dans tous les villages qui ont plus de 500 habitants, on puisse développer l’énergie solaire. Nous sommes en discussion avec les Allemands, les Espagnols, les Français, les Chinois, les Japonais, pour que peut-être très rapidement avant 2020, qu’il ait quasiment de l’électricité partout en Côte d’Ivoire, y compris dans les plus petits villages grâce à l’énergie solaire. Donc, ce sont des projets qui nous tiennent à c?ur et nous avons besoin d’approfondir nos recherches d’adaptation et les technologies à l’environnement qui est le nôtre. Le financement est important, mais également la qualité du travail qui doit se faire pour l’essentiel. Voilà donc ces quelques éléments de chiffres. Maintenant le Secrétaire Général me disait qu’il y a eu 45 milliards d’investissement en PPU dans le District des Savanes en juin 2011, ce n’est pas assez mais il y en a eu dans d’autres régions. Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur me dira qu’il a donné des véhicules maintenant à tous les Préfets et les Sous-préfets et je crois que nous travaillons à ce que l’on puisse réhabiliter les commissariats de police, les brigades de gendarmerie. Nous travaillons à ce que les nouvelles régions militaires soient dotées de tout ce qu’il faut en installation pour la surveillance de nos frontières. C’est tout un projet qui est en cours. Quand je ferai campagne en 2015, je pourrai dire : ‘’voilà ce que j’ai fait’’. Merci beaucoup !

Félix Teha Dessrait (Notre Voie) : Monsieur le Président de la République, vous avez expliqué tout au long de votre visite d’Etat avoir commencé ces rencontres par l’Ouest parce que cette région a tant souffert. Mais il se trouve que vos enquêtes sur l’attaque du camp de déplacés de Nahibly sont tombées dans les oubliettes. Qu’en est-il exactement ? Par ailleurs, vous avez affirmé à Boundiali que ce sont les escadrons de la mort qui ont tué Robert Guéi. Cependant, en avril dernier dans le district du Tonkpi, vous souteniez que des enquêtes judiciaires sont en cours. Quels sont donc la nature, l’origine et les commanditaires de ces es cadrons de la mort ?

AO : Sur la deuxième question, je n’ai pas de réponse, parce que la question est entre les mains de la justice, mais vous savez qu’il y a eu des auditions. Certaines personnes auditionnées, qui ont fait partie de ces escadrons, ont fourni suffisamment d’éléments pour que nous soyons bien situés. Moi-même, je suis en mesure de vous dire la personne qui a essayé de m’assassiner, mais je ne le dirai pas. Je lui pardonne. D’ailleurs, elle est en prison et j’espère un jour qu’elle sorte et se repente. Donc ce n’est pas que nous parlons à la légère.
Sur le premier volet de la question, la Commission nationale d’enquête a fait son travail. Elle m’a remis le rapport que j’ai rendu public. Je l’ai donné au ministre de la Justice. Toutes les enquêtes sont en cours. Ils font leur travail, dans les mois à venir, je pense que les choses vont aller très vite. Nous ne voulons pas donner le sentiment qu’il y aura une Justice à double vitesse. Pour le Camp de Nahibly, les choses avancent très bien. Je rappelle que ce rapport m’a été donné en août 2012, après une année d’enquête. Nous sommes en juillet 2013, on n’a pas encore fait un an. Pour ceux qui regardent la télé, certains procès aux Etats Unis ont mis plus de sept (7) ans. J’espère qu’il n’en sera pas de même en Côte d’Ivoire. Nous avons besoin de cette Justice en Côte d’Ivoire pour la réconciliation. Ce n’est pas juste une affaire d’envoyer les gens en prison, il faut guérir la société ivoirienne.

Propos recueillis par Lacina Ouattara, Envoyé spécial
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