Les agents de la santé veulent rencontrer le Président de la République. Ils comptent lui exprimer de vive voix leur reconnaissance pour avoir satisfait à leur principale revendication. A savoir la bonification indiciaire. En effet, à l’issue du conseil des ministres du 06 juin 2013, le gouvernement a décidé d’octroyer 400 points aux cadres supérieurs de la santé et 150 points aux techniciens supérieurs. La mesure prend effet, à compter de janvier 2014. Les syndicats de la santé qui ne s’attendaient certainement pas à un dénouement rapide de la crise qui les opposait au gouvernement, ont unanimement salué la décision. Cette gratitude, ils comptent la formuler de vive voix au premier des ivoiriens. Mais comme le dit l’adage, ’’pour voir le pape, il faut aller à Rome’’, la coordination s’est rendue le vendredi dernier chez le ministre de la santé et de la lutte contre le SIDA, Dr Raymonde Goudou Coffie, à son cabinet, au Plateau. Au nom de ses camarades, Dr Ernest Atté Boka, a exprimé d’abord la gratitude de la coordination à leur tutelle qui s’est impliquée dans la résolution de leur dossier. Ensuite, il a demandé au ministre de solliciter pour les agents de la santé, une audience chez le Premier Ministre et chez le Président de la République. « Nous voulons rencontrer le Président de la République pour lui dire merci. Il a fait un grand geste. Cela nous touche moralement », a déclaré Dr Boka. Tout en félicitant les syndicats pour leur démarche, Dr. Raymonde Goudou a expliqué qu’il n’y avait pas de raison que cela n’en soit pas ainsi. « Le Président de la République est un homme juste. Lorsque nous lui avons présenté les différents tableaux, il a vu qu’il y avait des disparités. Il nous faillait seulement du temps pour les corriger, car un Etat normal programme les choses. L’année 2013 étant déclarée année de la santé, on ne pouvait pas laissé-pour-compte le personnel de santé», a-t-elle répondu. Non sans ajouter que le Premier Ministre recevra la coordination dès que son calendrier le lui permettra. Passé cette étape, le ministre de la santé n’a pas été tendre avec les syndicats. « Vous avez la paix du cœur, moi je ne l’ai pas encore. Le racket, le mauvais accueil ne doivent plus exister dans nos structures sanitaires. Il faut changer de comportement », a-t-elle indiqué. Pour étayer ses propos, elle a cité trois faits dont son cabinet a été saisi. « Au CHU de Yopougon, nous avons démantelé un groupe de malfaiteurs composé d’agent de la santé. Ce groupe échangeait les médicaments de l’hôpital contre les médicaments de la rue. Ils faisaient leur transaction au chevet des malades. Les médecins se sont rendu compte que malgré les traitements de pointe, les malades décédaient. Heureusement, nous avons démantelé ce réseau, ils ont été traduits devant la justice. Le deuxième fait s’est déroulé à l’hôpital de Grand-Bassam. Un infirmier qui a non seulement critiqué la prescription d’un médecin a pris sur lui de changer l’ordonnance, en ajoutant un médicament à base de sodium, or le malade était hypertendu. Choc, le patient décède », a-t-elle dénoncé. Poursuivant, elle a indiqué que le troisième cas s’est déroulé à Tabou et concerne le racket. L’agent de santé prescrit l’ordonnance à un malade et lui demande en même temps plus de 200 000FFCFA avant de le soigner. Là également, le malade est décédé. Devant la déshumanisation des agents de santé, Dr Raymonde Goudou Coffie a appelé les syndicats de santé à prendre leur responsabilité en sensibilisant leurs camarades sur la nécessité de changer de comportement. Dr Ernest Atté Boka a donné l’assurance de leur engagement. « Nous allons organiser une vaste tournée de sensibilisation sur toute l’entendue du territoire », a-t-il promis.
Dao Maïmouna
Dao Maïmouna
