L’extension du port d’Abidjan est un vieux projet qui aurait dû normalement être exécuté depuis 2004 si les crises sociopolitiques à répétition ne l’avaient empêché. Le gouvernement ivoirien l’a enfin ressorti dans l’objectif de le décliner en actes. Mais les priorités du moment retardent sa mise en œuvre.
Le projet d’extension du Port autonome d’Abidjan (PAA) n’est plus à l’ordre du jour. Pour le moment les priorités son ailleurs. Il s’agit de décliner au plus vite le projet d’élargissement et d’approfondissement de la passe d’entrée du canal de Vridi, la création de terrain par remblaiement de la baie lagunaire, Vridi-Bietry, la construction d’un deuxième terminal à conteneur au quai Sud, ainsi que l’approfondissement des quais 6, 7 et 8 du quai Ouest. Le projet d’extension du Port d’Abidjan reste donc suspendu relativement à ses priorités actuelles estimées à au moins 193,5 milliards FCFA, prévus pour se réaliser en cinq ans minimum. S’il est vrai que l’extension du PAA aurait coûté 100 milliards FCFA pour un délai d’exécution des travaux de quatre ans, pour les autorités portuaires, « il faut tabler sur l’existant pour accueillir de grands navires en vue de permettre à la Côte d’Ivoire d’être leader régional dans le domaine portuaire ». Si le projet a marqué le pas, en ce qui concerne le programme de mise en œuvre du plan de déplacement et de réinstallation des populations qui en sont affectées, les choses ont avancé, à l’initiative de l’ex- ministre de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat, Koné Tiémoko Meyliet. Tous les points de blocage ont semblé jusque-là être levés, et en début du mois de juin 2010, l’indemnisation des personnes avait commencé pour se poursuivre avec le premier groupe ayant signé leurs certificats de compensation. Au total, 141 personnes étaient concernées par cette opération pour un montant de plus de 800 millions FCFA. La libération des emprises du projet était devenue également possible. Elle concerne principalement, et en urgence, 24 ha prévus pour les travaux de construction des quais. Et ce dans le cadre de la première phase de la concession. Le processus de relogement temporaire concernant les principaux occupants avait aussi été engagé.
L’île Boulay préférée à Locodjro
Le projet va sur l’île Boulay parce qu’il n’y a plus de déguerpissement à financer à hauteur de 35 milliards FCFA. Il sera possible de faire financer le pont par des bailleurs de fonds. L’île Boulay, 2000 ha, 10 000 habitants, plus proche du canal de Vridi que l’ancien site de Locodjro a été choisi parce qu’il offre de l’espace à profusion. A l’origine, le site de Locodjro avait été préféré à celui de l’île Boulays à cause de l’obstacle financier représenté par le pont. Lodeco, opérateur anglo-néerlandais retenu par l’Etat, envisageait d’y construire un terminal à conteneurs moderne équipé de portiques. Avec pour objectif de faire d’Abidjan un hub portuaire pour toute la région. Le projet inclut aussi la création d’une zone franche. Son coût initial était de 70 milliards FCFA. L’Etat de Côte d’Ivoire s’étant engagé à mettre à la disposition du concessionnaire le terrain nécessaire à l’extension. Mais très vite, il butera sur le financement du dédommagement et du déménagement des populations touchées par l’opération. Il fallait trouver 35 milliards FCFA pour y faire face et, surtout, 35 autres milliards FCFA pour réaliser les routes d’accès, les raccordements, l’élargissement du canal, etc.
A coup de réduction de l’espace initial (environ 150 ha), donc de la population à déplacer, la facture du déguerpissement a été ramenée à près de 20 milliards FCFA. Aujourd’hui, selon certaines sources, le site sur lequel de nouveaux quais seront construits a une superficie de 120 ha. Un pont devant relier l’île Boulay aux quartiers Azito, Santé et Beago de la commune de Yopougon verra le jour. Ensuite, une voie expresse fera la jonction avec l’autoroute du Nord, au niveau de l’usine Uniwax. Le coût total de cette infrastructure avoisine les 22 milliards FCFA. La construction du quatrième pont d’Abidjan est la conséquence d’un changement radical d’orientation du projet d’extension du Port autonome d’Abidjan.
La volte-face des populations
Cette explication, si elle plausible, n’occulte pas d’autres réalités qui auraient pu justifier que le gouvernement ivoirien retarde la mise en exécution du projet d’extension du PAA. Il s’agit, notamment, de la volte-face des populations de l’île Boulay qui exigent désormais leur réinstallation à proximité de la baie des milliardaires, menaçant par ailleurs de bloquer toutes les activités qui y seront entreprises sans leur accord. Prétexte : le non-respect du protocole d’accord signé en 2010 par l’Etat et les habitants du site qui, selon leur porte-parole, Patrice Aka Yenie, ne sont pourtant pas opposées au projet en lui-même. Ils estiment simplement que la bonne entente entre eux et l’Etat a basculé depuis l’entrée en scène de la Cellule d’exécution du Programme de mise en œuvre du plan de développement et de réinstallation de personnes affectées (CE-PDR). Des quatre villages (Ossibissa, N’zimakro, Baoulékro et Eden) sur les quatorze que compte l’île Boulay directement concernés par le déguerpissement, seul celui de N’zimakro refuse de signer les compensations avec la Cellule. Raison avancée, les populations disent ne pas être informées du contenu des compensations. Comme on peut le voir, le projet d’extension du Port autonome d’Abidjan quoique utile au développement économique de la Côte d’Ivoire fait face à des soubresauts qui pourraient si, l’on y prend garde, plomber sa mise en exécution.
Germain Tanoh
Le projet d’extension du Port autonome d’Abidjan (PAA) n’est plus à l’ordre du jour. Pour le moment les priorités son ailleurs. Il s’agit de décliner au plus vite le projet d’élargissement et d’approfondissement de la passe d’entrée du canal de Vridi, la création de terrain par remblaiement de la baie lagunaire, Vridi-Bietry, la construction d’un deuxième terminal à conteneur au quai Sud, ainsi que l’approfondissement des quais 6, 7 et 8 du quai Ouest. Le projet d’extension du Port d’Abidjan reste donc suspendu relativement à ses priorités actuelles estimées à au moins 193,5 milliards FCFA, prévus pour se réaliser en cinq ans minimum. S’il est vrai que l’extension du PAA aurait coûté 100 milliards FCFA pour un délai d’exécution des travaux de quatre ans, pour les autorités portuaires, « il faut tabler sur l’existant pour accueillir de grands navires en vue de permettre à la Côte d’Ivoire d’être leader régional dans le domaine portuaire ». Si le projet a marqué le pas, en ce qui concerne le programme de mise en œuvre du plan de déplacement et de réinstallation des populations qui en sont affectées, les choses ont avancé, à l’initiative de l’ex- ministre de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat, Koné Tiémoko Meyliet. Tous les points de blocage ont semblé jusque-là être levés, et en début du mois de juin 2010, l’indemnisation des personnes avait commencé pour se poursuivre avec le premier groupe ayant signé leurs certificats de compensation. Au total, 141 personnes étaient concernées par cette opération pour un montant de plus de 800 millions FCFA. La libération des emprises du projet était devenue également possible. Elle concerne principalement, et en urgence, 24 ha prévus pour les travaux de construction des quais. Et ce dans le cadre de la première phase de la concession. Le processus de relogement temporaire concernant les principaux occupants avait aussi été engagé.
L’île Boulay préférée à Locodjro
Le projet va sur l’île Boulay parce qu’il n’y a plus de déguerpissement à financer à hauteur de 35 milliards FCFA. Il sera possible de faire financer le pont par des bailleurs de fonds. L’île Boulay, 2000 ha, 10 000 habitants, plus proche du canal de Vridi que l’ancien site de Locodjro a été choisi parce qu’il offre de l’espace à profusion. A l’origine, le site de Locodjro avait été préféré à celui de l’île Boulays à cause de l’obstacle financier représenté par le pont. Lodeco, opérateur anglo-néerlandais retenu par l’Etat, envisageait d’y construire un terminal à conteneurs moderne équipé de portiques. Avec pour objectif de faire d’Abidjan un hub portuaire pour toute la région. Le projet inclut aussi la création d’une zone franche. Son coût initial était de 70 milliards FCFA. L’Etat de Côte d’Ivoire s’étant engagé à mettre à la disposition du concessionnaire le terrain nécessaire à l’extension. Mais très vite, il butera sur le financement du dédommagement et du déménagement des populations touchées par l’opération. Il fallait trouver 35 milliards FCFA pour y faire face et, surtout, 35 autres milliards FCFA pour réaliser les routes d’accès, les raccordements, l’élargissement du canal, etc.
A coup de réduction de l’espace initial (environ 150 ha), donc de la population à déplacer, la facture du déguerpissement a été ramenée à près de 20 milliards FCFA. Aujourd’hui, selon certaines sources, le site sur lequel de nouveaux quais seront construits a une superficie de 120 ha. Un pont devant relier l’île Boulay aux quartiers Azito, Santé et Beago de la commune de Yopougon verra le jour. Ensuite, une voie expresse fera la jonction avec l’autoroute du Nord, au niveau de l’usine Uniwax. Le coût total de cette infrastructure avoisine les 22 milliards FCFA. La construction du quatrième pont d’Abidjan est la conséquence d’un changement radical d’orientation du projet d’extension du Port autonome d’Abidjan.
La volte-face des populations
Cette explication, si elle plausible, n’occulte pas d’autres réalités qui auraient pu justifier que le gouvernement ivoirien retarde la mise en exécution du projet d’extension du PAA. Il s’agit, notamment, de la volte-face des populations de l’île Boulay qui exigent désormais leur réinstallation à proximité de la baie des milliardaires, menaçant par ailleurs de bloquer toutes les activités qui y seront entreprises sans leur accord. Prétexte : le non-respect du protocole d’accord signé en 2010 par l’Etat et les habitants du site qui, selon leur porte-parole, Patrice Aka Yenie, ne sont pourtant pas opposées au projet en lui-même. Ils estiment simplement que la bonne entente entre eux et l’Etat a basculé depuis l’entrée en scène de la Cellule d’exécution du Programme de mise en œuvre du plan de développement et de réinstallation de personnes affectées (CE-PDR). Des quatre villages (Ossibissa, N’zimakro, Baoulékro et Eden) sur les quatorze que compte l’île Boulay directement concernés par le déguerpissement, seul celui de N’zimakro refuse de signer les compensations avec la Cellule. Raison avancée, les populations disent ne pas être informées du contenu des compensations. Comme on peut le voir, le projet d’extension du Port autonome d’Abidjan quoique utile au développement économique de la Côte d’Ivoire fait face à des soubresauts qui pourraient si, l’on y prend garde, plomber sa mise en exécution.
Germain Tanoh