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Société Publié le samedi 15 mars 2014 | L’intelligent d’Abidjan

Entretien / César Etou à propos de l’augmentation du prix des journaux : ‘‘Ça fait 22 ans que nous résistons…Nous n’en pouvons plus’’

Le 2 avril 2014, les prix des journaux ivoiriens vont connaître une augmentation. César Etou, 3ème vice-président du Gepci, donne ici les raisons d’une telle décision.
Qu’est-ce qui amène le Gepci à augmenter les prix des journaux ?
Tous les auditeurs ont participé à une assemblée générale le 15 décembre 2013 à Grand-Bassam et c’est à cette AG que la décision d’augmenter les prix a été prise, simplement parce que depuis 1992 donc 22 ans, le prix du journal est resté à 200 francs pour les quotidiens et 300 francs pour les magasines. Or depuis 22 ans tous les prix des intrants dans la fabrication du journal ont augmenté. Tous les produits de première nécessité, du carburant au riz en passant par la viande, le poisson, le prix des hôtels, le transport tout cela a augmenté. Les chefs d’entreprises se sont aperçus que les 200 francs ne peuvent plus suffire depuis au moins 10 ans pour faire face aux charges de leurs entreprises, payer le loyer, payer l’électricité, assurer les frais de mission, les frais de reportage. à la vérité sur les 200 francs l’éditeur ne touche qu’environ 50 francs tout le reste va soit dans la fabrication du journal (l’impression), soit dans le transport soit dans les autres frais. Voilà donc les raisons qui poussent les éditeurs à augmenter les prix malgré eux-mêmes. A l’heure où je vous parle, toutes les entreprises de presse de la plus vieille à la plus récente, de la plus grande à la plus petite sont déficitaires, chaque mois.

Les Ivoiriens que nous interrogeons réclament la subvention de l’Etat. Qu’est-ce qu’elle représente aujourd’hui ?

La subvention de l’Etat, est hypothétique elle ne tombe pas régulièrement. Pour l’année 2013, il n’y a pas eu cette subvention. Comprenez que pour un quotidien, quand vous faites environ 300 millions d’impression dans l’année et que toute l’année on vous donne 16 millions comme subvention, c’est une goute d’eau dans la mer.

Est-ce que par cette augmentation vous ne craignez pas la disparition des entreprises de presse, déjà avec les ventes qui ne sont pas viables à 200 FCFA ?

Bien sûr que nous craignons cela. Mais pour l’éviter nous avons demandé à chaque éditeur de faire en sorte que la ligne éditoriale s’accompagne d’une offre de qualité. C’est-à dire, d’ici quelque temps vous allez voir que tous les organes de presse qui ont envie de survivre à cette augmentation et le choc que cela va créer, vont proposer un meilleur produit à la présentation d’abord et à l’intérieur. L’entreprise va pousser leurs journalistes à mieux travailler que ce qu’ils ont fait jusqu’à ce jour. Le Gepci augmente le prix en s’excusant auprès des lecteurs, en leur disant que les entreprises de presse n’ont pas d’autre choix que de passer à cette augmentation. Et en même temps le Gepci pousse les éditeurs à courtiser individuellement leurs lecteurs en produisant de meilleurs articles, de meilleurs journaux.

Pourquoi on n’est pas allé progressivement, c’est-à dire de 200 francs à 250 francs et après 300 francs. Mais on est allé directement à une augmentation de 50%. Ce n’est pas trop ?
C’est ça qu’il ne faut pas faire. Il ne faut pas solliciter 50 francs et augmenter après. Les calculs ont montré que les 50 francs ne suffisent pas.

Soyez plus explicites

Le prix de la fabrication aujourd’hui tourne autour de 350.000 francs. Il y a des éditeurs qui ont proposé qu’on aille jusqu’à 400 francs. Il y a certains qui ont voulu qu’on fixe d’abord 250 francs. Quand le Gepci a fini l’arbitrage, on s’est mis d’accord pour que le prix soit de 300 francs. Parce qu’avec 300 francs, le Gepci pense que les éditeurs peuvent tenir. Voyez, c’est en 1992 que le prix du journal est passé de 150 à 200 francs. Ça nous a permis de résister pendant 22 ans sans augmenter alors que le prix des autres produits a augmenté. Aujourd’hui nous passons de 200 francs à 300 francs. Nous espérons au Gepci pouvoir résister pendant au moins 10 ans sans avoir à solliciter encore la poche des Ivoiriens.

Comment entrevoyez-vous l’avenir du journal papier. En France par exemple des journaux comme Libération pensent à l’édition en ligne (édition électronique). Est-ce que vous avez étudié cet aspect ?

Nous avons analysé cette question de la vente des journaux sur les tablettes, sur les Smartphones. Le Gepci a déjà passé un accord avec un prestataire qui bientôt va faire la cérémonie de lancement de cette opération. Mais pour l’instant nous ne sommes pas en France et les Ivoiriens ne sont pas aussi nombreux que les français qui ont des Smartphones, la tablette ou qui utilisent des appareils. C’est une tradition chez eux. Il faut aller doucement parce que pour l’instant les gens ont besoin de leur papier. Donc nous proposons les deux canaux de vente du journal. Nous ne pouvons pas brusquement supprimer le journal papier alors qu’on sait très bien que dans nos campagnes, il n’y a pas de possibilité de travailler sur des Smartphones, ou internet. Si vous descendez à l’intérieur du pays vous verrez que la diffusion en numérique ne tient pas pour l’instant, les gens ont besoin de leur édition papier.

Les émissions comme les revues de presse sur la télévision nationale, sur la radio, et les radios privées non commerciales sont rares. Est-ce que vous envisagez des partenariats dans ce sens ?

Malheureusement ce n’est pas le Gepci qui pilote ces organes. Le Gepci n’a aucune influence sur ces organes pour l’instant. Le Gepci est impuissant face à ce genre de phénomène.

Quel partenariat envisagez-vous ?

Pour l’instant nous avons sollicité tous les médias ivoiriens pour faire la sensibilisation de l’augmentation du prix.

Dans votre communication vous dites que vous augmentez le prix « pour des journalistes mieux payés ». L’espoir est vraiment permis pour les confrères ?

Vous savez qu’on n’a pas attendu l’augmentation du prix du journal pour commencer à mieux payer les journalistes. Le Gepci et le syndicat des journalistes ont signé une convention, un protocole d’accord qui fait que ceux qui ne payaient pas à la convention sont aujourd’hui à 1400 points. Bientôt on va passer à 1600 points, l’objectif étant d’arriver à 1900. En tant qu’éditeur nous prenons les dispositions pour ne pas que le journal meurt à cause de l’augmentation des charges. Avec les mesures que nous prenons les éditeurs pourrons faire face aux charges que ces augmentations vont induire.
Par S. Debailly (coll. A. Houssou)
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