Observateur éclairé du contexte socio-politique ivoirien, expert médias, consultant international, il a installé la représentation en Côte d’Ivoire du GRET en février 2004, conduit le PAMI, le Programme d’Appui aux Médias Ivoiriens jusqu’en 2007 et conçu et obtenu le financement du PAPI, le Projet d’Appui à la Presse Ivoirienne (un fonds privé servant de tremplin au Fonds de Soutien et de Développement de la Presse (FSDP) qui sera lancé en 2009 par le Ministre Sy Savané, ex chef de projet du PAPI). Il remet actuellement les conclusions des études stratégiques du FSDP. Nous l’avons joint par téléphone.
Franck Berthod, vous êtes consultant international mais aussi entrepreneur, vous avez été Président du Groupe Tôle Ivoire (TISA), et présidez le groupe Antilop Capital présent à Abidjan, le Caire et Dubaï, pourquoi ce retour dans un secteur des médias ivoiriens que l’on qualifie de moribond ?
La branche consulting de notre groupe, a remporté sur appel d’offre, deux des quatre études lancées par le FSDP. L’une porte sur le diagnostic des ressources humaines des entreprises de presse écrite et de communication audiovisuelle, la seconde porte sur le diagnostic du FSDP et son élargissement. Les rapports ont été remis fin Mars.
Pour ne parler que du secteur en général, disons que la situation du paysage médiatique ivoirien est préoccupante à plusieurs niveaux, les causes sont connues, mais des perspectives demeurent. Il faut s’en préoccuper et aller vite.
Pouvez-vous nous livrer les conclusions de ces rapports ?
Par Déontologie, vous me permettrez de ne pas en dire plus. La primeur est bien entendu au commanditaire, le FSDP. Quand les Ateliers de restitution auront lieu, nous aurons l’occasion de partager ces résultats avec les media, les organisations, les régulateurs, comme ce fût le cas lors des ateliers de lancement où nous avons présenté les équipes de projet et la méthodologie.
En ce qui concerne l’étude « Elargissement », je souhaiterais profiter de l’occasion que vous me donner, pour remercier tous les acteurs qui ont contribué à cette étude, riche, dense et complexe. Merci aux entreprises, aux radios non commerciales, au Directeur du recouvrement des impôts, aux organisations professionnelles, aux régulateurs, au Président Kebé Yacouba et bien sûr à Madame la ministre de la Communication.
Avez-vous trouvé une évolution entre la situation de 2007 et celle de 2014 ?
Nous avons œuvré pour l’existence du FSDP, attendu par la profession depuis 1996, son existence est donc un succès en soit. Le contenu éditorial de la presse et le respect de l’éthique et de la déontologie doit s’améliorer encore c’est une évidence. Par ailleurs, les médias ne sont qu’un miroir sociologique qui reflète les maux d’une société.
Les différentes crises ont laissé des traces, et les habitudes de consommation ont connu une génération depuis le printemps de la presse début 1990. Les choix de l’immédiateté et de la gratuité se confrontent à une offre nationale et internationale traditionnelle.
Les périodiques et la presse spécialisée connaissent un développement certain, mais l’offre est encore timide, dispersée et peu viable, oscillant entre la communication, la sensation et l’information, signe d’un marché immature.
En 7 ans, je constate que les cinq leviers pouvant produire des impacts sectoriels sont toujours valables ; responsabilisation, gestion, formation, impression, diffusion.
La structuration engagée par le CNP est à encourager mais il faut du contenu et des entreprises professionnelles. Il appartient en premier lieu au secteur de former une vraie génération d’entrepreneur et manager des médias. Par ailleurs, le dédoublement des organisations et les agitations ci et là, ne favorisent pas une lecture crédible et représentative des problématiques du secteur, et ne donnent pas une bonne image.
La presse gagnerait à régler ses problèmes sans les exposer.
Les récentes agitations corporatistes n’incitent pas à rapprocher les journalistes de la population, et le dédoublement des organisations professionnelles dilue toute lisibilité.
Le FSDP a été attendu de 1996 à 2009, il est alimenté par la taxe sur la publicité, est-ce que les recettes sont suffisantes ?
Je ne rentrerai pas dans le détail et tout mécanisme est perfectible par nature.
La taille du marché publicitaire n’est pas encore suffisante pour passer à une véritable industrie des produits culturels et des médias, mais les tendances, notamment au niveau de la classe moyenne sont encourageantes. Le volume publicitaire est cependant plus important qu’on veuille bien le dire et les chiffres souvent peut accessibles.
Puisqu’il s’agit d’un marché, la réponse est forcément économique.
L’interdépendance des problématiques en présence est complexe.
Dans toute démarche il faut se fixer des priorités et segmenter l’approche pour disposer d’un impact réel sur les objectifs visés.
Près de 150 acteurs privés sont concernés par l’aide publique et le Fonds de Garantie.
La situation est préoccupante, les ventes chutent, l’ouverture de l’espace audiovisuel se fait attendre, les organisations professionnelles attendent des solutions !
Permettez-moi de répondre en citant le Ministre Miremont : « J’ai mal à la presse ».
Le taux d’alphabétisation reste pour la presse écrite et les livres, le seul levier qui permettra aux futures générations de se réapproprier la lecture.
Le public, l’état ne peut pas toujours tout faire, notamment dans une économie privée.
Il ne faut pas trop attendre. Le secteur va mal. Il appartient à chaque composante de l’équation de faire son travail. Il appartient aux media de séduire les consommateurs.
Les états généraux n’ont semblent t’ils pas atteints leurs objectifs.
Le réflexe qui consiste à lister des besoins et chercher des financements ne fonctionne pas. Il faut se doter d’un modèle économique, d’une stratégie et d’objectifs.
Les media n’échappent pas à la règle, même si la spécificité de leur production nécessite un accompagnement pour garantir le prix de l’information et son pluralisme.
Par déformation professionnelle je préfère partir de la demande et de ses attentes et bâtir une offre viable qui y réponde et pas faire le contraire.
Les aides à l’impression promises ne sont toujours pas disponibles, et EDIPRESSE à augmenté son taux de diffusion, comment ne pas augmenter le prix de vente?
Le mécanisme de la TSP et du FSDP existent, il faut les développer en appliquant déjà ce qui est prévu et y ajoutant de nouvelles perspectives. Des solutions existent.
La redevance, et les subventions d’état, ne sont pas toujours extensibles et les impératifs de sociétés privés dépendent du marché et de leur gestion.
Le prix est une solution, face à la chute des ventes (-24% fin 2013 pour la presse écrite)
La problématique se joue évidemment sur le modèle économique comme pour toute entreprise. Tant que le pouvoir d’achat ne progresse pas, les consommateurs privilégient des achats de survie, d’urgence avant des achats de « confort ».
La hausse de prix doit être adaptée et accompagnée d’un saut qualitatif éditorial significatif, au risque d’être contre productive et accélérer la chute des ventes.
Quels sont vos projets ? Est-ce un retour qui appelle une suite ?
Je suis Franco-ivoirien et fier de l’être. Mes projets sont basés ici pour la plupart où notre équipe développe depuis 7 ans un projet Sud Nord. L’entreprise est notre passion.
Présents en Afrique de l’Ouest depuis Abidjan nous installons actuellement un centre de formation à Dubaï, en complément de notre présence au Caire depuis l’an passé.
Notre jeune groupe dispose désormais de quatre branches métiers sur trois zones géographiques ; la finance, le consulting, la communication et la formation.
Notre vocation est d’accompagner la structuration et la dynamisation des secteurs et des entreprises présentes ou souhaitant s’implanter en Afrique de l’Ouest et à Abidjan.
Quand on a travaillé dans les médias il est difficile d’en sortir.
L’idée de participer à un projet de groupe de presse est un challenge motivant.
L’objectif est avant tout de démontrer qu’il est possible d’informer avec une presse de qualité et rentable, et disposer de modèles économiques sectoriels innovants.
Notre ancrage, notre expérience de l’entreprise, du marketing et du secteur des médias peut créer du sens. Nous étudions toutes les opportunités. En attendant nous lancerons prochainement une lettre professionnelle « Entreprendre en Afrique ».
Par la rédaction
Franck Berthod, vous êtes consultant international mais aussi entrepreneur, vous avez été Président du Groupe Tôle Ivoire (TISA), et présidez le groupe Antilop Capital présent à Abidjan, le Caire et Dubaï, pourquoi ce retour dans un secteur des médias ivoiriens que l’on qualifie de moribond ?
La branche consulting de notre groupe, a remporté sur appel d’offre, deux des quatre études lancées par le FSDP. L’une porte sur le diagnostic des ressources humaines des entreprises de presse écrite et de communication audiovisuelle, la seconde porte sur le diagnostic du FSDP et son élargissement. Les rapports ont été remis fin Mars.
Pour ne parler que du secteur en général, disons que la situation du paysage médiatique ivoirien est préoccupante à plusieurs niveaux, les causes sont connues, mais des perspectives demeurent. Il faut s’en préoccuper et aller vite.
Pouvez-vous nous livrer les conclusions de ces rapports ?
Par Déontologie, vous me permettrez de ne pas en dire plus. La primeur est bien entendu au commanditaire, le FSDP. Quand les Ateliers de restitution auront lieu, nous aurons l’occasion de partager ces résultats avec les media, les organisations, les régulateurs, comme ce fût le cas lors des ateliers de lancement où nous avons présenté les équipes de projet et la méthodologie.
En ce qui concerne l’étude « Elargissement », je souhaiterais profiter de l’occasion que vous me donner, pour remercier tous les acteurs qui ont contribué à cette étude, riche, dense et complexe. Merci aux entreprises, aux radios non commerciales, au Directeur du recouvrement des impôts, aux organisations professionnelles, aux régulateurs, au Président Kebé Yacouba et bien sûr à Madame la ministre de la Communication.
Avez-vous trouvé une évolution entre la situation de 2007 et celle de 2014 ?
Nous avons œuvré pour l’existence du FSDP, attendu par la profession depuis 1996, son existence est donc un succès en soit. Le contenu éditorial de la presse et le respect de l’éthique et de la déontologie doit s’améliorer encore c’est une évidence. Par ailleurs, les médias ne sont qu’un miroir sociologique qui reflète les maux d’une société.
Les différentes crises ont laissé des traces, et les habitudes de consommation ont connu une génération depuis le printemps de la presse début 1990. Les choix de l’immédiateté et de la gratuité se confrontent à une offre nationale et internationale traditionnelle.
Les périodiques et la presse spécialisée connaissent un développement certain, mais l’offre est encore timide, dispersée et peu viable, oscillant entre la communication, la sensation et l’information, signe d’un marché immature.
En 7 ans, je constate que les cinq leviers pouvant produire des impacts sectoriels sont toujours valables ; responsabilisation, gestion, formation, impression, diffusion.
La structuration engagée par le CNP est à encourager mais il faut du contenu et des entreprises professionnelles. Il appartient en premier lieu au secteur de former une vraie génération d’entrepreneur et manager des médias. Par ailleurs, le dédoublement des organisations et les agitations ci et là, ne favorisent pas une lecture crédible et représentative des problématiques du secteur, et ne donnent pas une bonne image.
La presse gagnerait à régler ses problèmes sans les exposer.
Les récentes agitations corporatistes n’incitent pas à rapprocher les journalistes de la population, et le dédoublement des organisations professionnelles dilue toute lisibilité.
Le FSDP a été attendu de 1996 à 2009, il est alimenté par la taxe sur la publicité, est-ce que les recettes sont suffisantes ?
Je ne rentrerai pas dans le détail et tout mécanisme est perfectible par nature.
La taille du marché publicitaire n’est pas encore suffisante pour passer à une véritable industrie des produits culturels et des médias, mais les tendances, notamment au niveau de la classe moyenne sont encourageantes. Le volume publicitaire est cependant plus important qu’on veuille bien le dire et les chiffres souvent peut accessibles.
Puisqu’il s’agit d’un marché, la réponse est forcément économique.
L’interdépendance des problématiques en présence est complexe.
Dans toute démarche il faut se fixer des priorités et segmenter l’approche pour disposer d’un impact réel sur les objectifs visés.
Près de 150 acteurs privés sont concernés par l’aide publique et le Fonds de Garantie.
La situation est préoccupante, les ventes chutent, l’ouverture de l’espace audiovisuel se fait attendre, les organisations professionnelles attendent des solutions !
Permettez-moi de répondre en citant le Ministre Miremont : « J’ai mal à la presse ».
Le taux d’alphabétisation reste pour la presse écrite et les livres, le seul levier qui permettra aux futures générations de se réapproprier la lecture.
Le public, l’état ne peut pas toujours tout faire, notamment dans une économie privée.
Il ne faut pas trop attendre. Le secteur va mal. Il appartient à chaque composante de l’équation de faire son travail. Il appartient aux media de séduire les consommateurs.
Les états généraux n’ont semblent t’ils pas atteints leurs objectifs.
Le réflexe qui consiste à lister des besoins et chercher des financements ne fonctionne pas. Il faut se doter d’un modèle économique, d’une stratégie et d’objectifs.
Les media n’échappent pas à la règle, même si la spécificité de leur production nécessite un accompagnement pour garantir le prix de l’information et son pluralisme.
Par déformation professionnelle je préfère partir de la demande et de ses attentes et bâtir une offre viable qui y réponde et pas faire le contraire.
Les aides à l’impression promises ne sont toujours pas disponibles, et EDIPRESSE à augmenté son taux de diffusion, comment ne pas augmenter le prix de vente?
Le mécanisme de la TSP et du FSDP existent, il faut les développer en appliquant déjà ce qui est prévu et y ajoutant de nouvelles perspectives. Des solutions existent.
La redevance, et les subventions d’état, ne sont pas toujours extensibles et les impératifs de sociétés privés dépendent du marché et de leur gestion.
Le prix est une solution, face à la chute des ventes (-24% fin 2013 pour la presse écrite)
La problématique se joue évidemment sur le modèle économique comme pour toute entreprise. Tant que le pouvoir d’achat ne progresse pas, les consommateurs privilégient des achats de survie, d’urgence avant des achats de « confort ».
La hausse de prix doit être adaptée et accompagnée d’un saut qualitatif éditorial significatif, au risque d’être contre productive et accélérer la chute des ventes.
Quels sont vos projets ? Est-ce un retour qui appelle une suite ?
Je suis Franco-ivoirien et fier de l’être. Mes projets sont basés ici pour la plupart où notre équipe développe depuis 7 ans un projet Sud Nord. L’entreprise est notre passion.
Présents en Afrique de l’Ouest depuis Abidjan nous installons actuellement un centre de formation à Dubaï, en complément de notre présence au Caire depuis l’an passé.
Notre jeune groupe dispose désormais de quatre branches métiers sur trois zones géographiques ; la finance, le consulting, la communication et la formation.
Notre vocation est d’accompagner la structuration et la dynamisation des secteurs et des entreprises présentes ou souhaitant s’implanter en Afrique de l’Ouest et à Abidjan.
Quand on a travaillé dans les médias il est difficile d’en sortir.
L’idée de participer à un projet de groupe de presse est un challenge motivant.
L’objectif est avant tout de démontrer qu’il est possible d’informer avec une presse de qualité et rentable, et disposer de modèles économiques sectoriels innovants.
Notre ancrage, notre expérience de l’entreprise, du marketing et du secteur des médias peut créer du sens. Nous étudions toutes les opportunités. En attendant nous lancerons prochainement une lettre professionnelle « Entreprendre en Afrique ».
Par la rédaction