Selon RSF, Alassane Ouattara souhaite reporter [la libéralisation] après les prochaines élections de 2015
Après avoir été reçu lundi en audience au palais en lieu par le président Alassane Ouattara, les responsables de Reporters Sans Frontières – avec à leur tête le Secrétaire général Christophe Deloire, ont animé une conférence de presse à la Maison de la presse pour rapporter les différents points évoqués. Les échanges ont tourné autour de la libéralisation de l’espace audiovisuelle en Côte d’Ivoire, les sanctions infligées aux médias par le Conseil National de la Presse (Cnp) et la question de l’impunité des crimes commis contre les journalistes.
Considérant que «la libéralisation la plus rapide doit être effectuée le plus tôt possible», Christophe Deloire a regretté que «la libéralisation du secteur audiovisuel qui avait été promise pour juin 2012 n’a pas encore eu lieu». Ce point, a fait savoir le secrétaire général de RSF, a été évoqué avec «le président de la République qui a évoqué son souci d’apaisement…Il nous a assuré que la libéralisation sera effectuée en temps et en heure. Que la période n’était pas, selon ses termes, appropriée. Nous avons une vision, un agenda, nous a-t-il dit [Ndlr ; Alassane Ouattara]. En ajoutant des arguments techniques que vous connaissez, selon lesquels le gouvernement souhaite attendre le passage de l’analogique au numérique pour libéraliser l’audiovisuel. L’élément important c’est le motif de cette préoccupation officielle d’apaisement. Motif qui en soi, sur le principe, n’est pas contestable, le président souhaite reporter après les prochaines élections de 2015 la libéralisation». Rsf qui a promis suivre le dossier «libéralisation» pour vérifier si l’agenda qui a été évoqué sera tenu, a trouvé «dommageable que dans ce qu’on pourrait malheureusement considérer comme une tradition, le pouvoir contrôle des médias audiovisuels [publics et radios] qui demeurent, malgré des efforts, des interférences préjudiciables à la liberté satisfaisante en matière de presse».
Sur le chapitre des sanctions infligées aux médias par le Conseil National de la Presse (Cnp), Reporters Sans Frontières a dit regretter que les procédures du Cnp «ne relèvent pas du contradictoire». «Que les organes de presse sont condamnés sans même avoir été entendus, que le seul recours qui existe est un recours devant la même instance sans que les infractions supposées soient toutes étudiées au fonds – avec l’obligation dans le cas de ce recours de fournir des excuses comme si cette instance, le Conseil national de la presse, avait un caractère infaillible», a relevé le secrétaire général de RSF.
Pour Christophe Deloire, le Cnp dont la composition «ne saurait être satisfaisante dès lors qu’elle ne garantie pas l’indépendance absolue de cette instance», doit infliger des sanctions proportionnées aux infractions commises, des sanctions équilibrées. Aussi recommande-t-il que «le régime des sanctions soit amendées… parce qu’une rupture de l’égalité est une rupture de liberté. C’est une intimidation possible sur certaines lignes éditoriales. Si on veut une presse indépendante, une presse qui aille vers l’évolution du factuel, la question de sanctions équilibrées, opportunes et pertinentes, est essentielle».
Des échanges qu’ils ont eus sur ce sujet avec le président Alassane Ouattara et en présence du ministre de la Communication, Me Affoussiata Bamba-Lamine, Christophe rapporte que «le président Alassane Ouattara a fait valoir qu’il attendait que la ministre de la Communication lui remette un projet de loi et que, dès lors qu’elle le ferait, il fera en sorte que ce projet de loi soit étudié. La ministre de la Communication elle-même nous assuré qu’elle attendait que lui soit remis un rapport de la commission compétente mis en place par les états généraux».
Pour Reporters Sans Frontières, sur la préparation dudit texte, il y a «une forme de flou» d’où il faut «de sortir au plus vite».
Sur le volet «impunité», Christophe Deloire admet que lutter contre, est un «enjeu majeur si on veut défendre la liberté d’information». Il note l’importance d’exercer sur les autorités, une pression pour qu’elles soient incitées «à ne pas considérer que ce n’est pas une priorité». «Il faut s’attarder à ne pas lâcher sur des dossiers même si certains peuvent penser que ce sont des dossiers anciens», décrit-il l’engagement de RSF. Abordant le sujet de l’assassinat, il y a dix ans, du journaliste Guy André Kieffer, Reporters Sans Frontières a dit «prendre acte» des propos importants du président Alassane Ouattara. «Le président nous a répondu très précisément qu’il ferait en sorte que tout soit fait pour savoir ce qui s’est passé», a souligné Christophe Deloire.
Au-delà de la coopération de la justice ivoirienne avec la justice française, le secrétaire général de RSF a demandé, pour la procédure en Côte d’Ivoire concernant l’enquête sur l’affaire Kieffer, «que de nouvelles auditions soient effectuées, les circonstances politiques ayant changées, de nouveaux éléments sont survenus».
Face au président de la République lundi, la délégation de Reporters Sans Frontières a demandé le soutient de la diplomatie ivoirienne pour la nomination d’un conseiller spécial auprès des Nations Unies sur la protection et la sécurité des journalistes et le soutien au projet qui consiste à amender le statut de la Cour Pénale Internationale, notamment sur l’article 8 [sur les crimes de guerre] pour que dorénavant, comme c’est déjà le cas pour les humanitaires, il soit prévu pour les journalistes en période de guerre, dès lors qu’il vise à porter atteinte à la liberté d’information, qu’il soit considéré comme des crimes de guerre.
Koné Saydoo
Après avoir été reçu lundi en audience au palais en lieu par le président Alassane Ouattara, les responsables de Reporters Sans Frontières – avec à leur tête le Secrétaire général Christophe Deloire, ont animé une conférence de presse à la Maison de la presse pour rapporter les différents points évoqués. Les échanges ont tourné autour de la libéralisation de l’espace audiovisuelle en Côte d’Ivoire, les sanctions infligées aux médias par le Conseil National de la Presse (Cnp) et la question de l’impunité des crimes commis contre les journalistes.
Considérant que «la libéralisation la plus rapide doit être effectuée le plus tôt possible», Christophe Deloire a regretté que «la libéralisation du secteur audiovisuel qui avait été promise pour juin 2012 n’a pas encore eu lieu». Ce point, a fait savoir le secrétaire général de RSF, a été évoqué avec «le président de la République qui a évoqué son souci d’apaisement…Il nous a assuré que la libéralisation sera effectuée en temps et en heure. Que la période n’était pas, selon ses termes, appropriée. Nous avons une vision, un agenda, nous a-t-il dit [Ndlr ; Alassane Ouattara]. En ajoutant des arguments techniques que vous connaissez, selon lesquels le gouvernement souhaite attendre le passage de l’analogique au numérique pour libéraliser l’audiovisuel. L’élément important c’est le motif de cette préoccupation officielle d’apaisement. Motif qui en soi, sur le principe, n’est pas contestable, le président souhaite reporter après les prochaines élections de 2015 la libéralisation». Rsf qui a promis suivre le dossier «libéralisation» pour vérifier si l’agenda qui a été évoqué sera tenu, a trouvé «dommageable que dans ce qu’on pourrait malheureusement considérer comme une tradition, le pouvoir contrôle des médias audiovisuels [publics et radios] qui demeurent, malgré des efforts, des interférences préjudiciables à la liberté satisfaisante en matière de presse».
Sur le chapitre des sanctions infligées aux médias par le Conseil National de la Presse (Cnp), Reporters Sans Frontières a dit regretter que les procédures du Cnp «ne relèvent pas du contradictoire». «Que les organes de presse sont condamnés sans même avoir été entendus, que le seul recours qui existe est un recours devant la même instance sans que les infractions supposées soient toutes étudiées au fonds – avec l’obligation dans le cas de ce recours de fournir des excuses comme si cette instance, le Conseil national de la presse, avait un caractère infaillible», a relevé le secrétaire général de RSF.
Pour Christophe Deloire, le Cnp dont la composition «ne saurait être satisfaisante dès lors qu’elle ne garantie pas l’indépendance absolue de cette instance», doit infliger des sanctions proportionnées aux infractions commises, des sanctions équilibrées. Aussi recommande-t-il que «le régime des sanctions soit amendées… parce qu’une rupture de l’égalité est une rupture de liberté. C’est une intimidation possible sur certaines lignes éditoriales. Si on veut une presse indépendante, une presse qui aille vers l’évolution du factuel, la question de sanctions équilibrées, opportunes et pertinentes, est essentielle».
Des échanges qu’ils ont eus sur ce sujet avec le président Alassane Ouattara et en présence du ministre de la Communication, Me Affoussiata Bamba-Lamine, Christophe rapporte que «le président Alassane Ouattara a fait valoir qu’il attendait que la ministre de la Communication lui remette un projet de loi et que, dès lors qu’elle le ferait, il fera en sorte que ce projet de loi soit étudié. La ministre de la Communication elle-même nous assuré qu’elle attendait que lui soit remis un rapport de la commission compétente mis en place par les états généraux».
Pour Reporters Sans Frontières, sur la préparation dudit texte, il y a «une forme de flou» d’où il faut «de sortir au plus vite».
Sur le volet «impunité», Christophe Deloire admet que lutter contre, est un «enjeu majeur si on veut défendre la liberté d’information». Il note l’importance d’exercer sur les autorités, une pression pour qu’elles soient incitées «à ne pas considérer que ce n’est pas une priorité». «Il faut s’attarder à ne pas lâcher sur des dossiers même si certains peuvent penser que ce sont des dossiers anciens», décrit-il l’engagement de RSF. Abordant le sujet de l’assassinat, il y a dix ans, du journaliste Guy André Kieffer, Reporters Sans Frontières a dit «prendre acte» des propos importants du président Alassane Ouattara. «Le président nous a répondu très précisément qu’il ferait en sorte que tout soit fait pour savoir ce qui s’est passé», a souligné Christophe Deloire.
Au-delà de la coopération de la justice ivoirienne avec la justice française, le secrétaire général de RSF a demandé, pour la procédure en Côte d’Ivoire concernant l’enquête sur l’affaire Kieffer, «que de nouvelles auditions soient effectuées, les circonstances politiques ayant changées, de nouveaux éléments sont survenus».
Face au président de la République lundi, la délégation de Reporters Sans Frontières a demandé le soutient de la diplomatie ivoirienne pour la nomination d’un conseiller spécial auprès des Nations Unies sur la protection et la sécurité des journalistes et le soutien au projet qui consiste à amender le statut de la Cour Pénale Internationale, notamment sur l’article 8 [sur les crimes de guerre] pour que dorénavant, comme c’est déjà le cas pour les humanitaires, il soit prévu pour les journalistes en période de guerre, dès lors qu’il vise à porter atteinte à la liberté d’information, qu’il soit considéré comme des crimes de guerre.
Koné Saydoo