Déclaration du groupement des éditeurs de presse de Cote d’Ivoire (GEPCI) relative à l’application de la convention collective interprofessionnelle des journalistes
I- Les faits
Le mercredi 7 mai 2014, une délégation du Groupement des Editeurs de Presse de Côte d’Ivoire (GEPCI), a échangé avec des représentants des syndicats de la presse privée (Synappci et Saappci), au siège du Conseil National de la Presse (CNP). Il s’agissait, au cours de cette rencontre qui faisait suite à une première réunion tenue le 24 avril 2014 sur le même sujet, de rapprocher les points de vue des éditeurs de presse et des journalistes relativement à l’application de la Convention collective annexe des Journalistes professionnels et des Professionnels de la communication.
Après plus de deux heures de discussions, le GEPCI et lesdits syndicats ne sont pas parvenus à un nouvel accord. D’une part, les éditeurs proposaient de faire passer la valeur du point indiciaire de 1400 actuellement à 1600 FCFA, et de faire bénéficier à l’ensemble des employés du secteur une assurance-maladie avec une couverture de 80% dont la prime est supportée à 60% par l’éditeur et à 40% par l’employé, deux avancées notables qui devraient entrer en vigueur le 1er janvier 2015. D’autre part, le Synappci et le Saappci exigeaient que les entreprises de presse appliquent la convention dans son intégralité ou, à défaut, fassent passer la valeur du point à 1800 FCFA dès fin mai ou juin 2014.
Les deux parties n’arrivant pas à se mettre d’accord, les quatre membres du CNP qui prenaient part aux débats en qualité de médiateurs et d’arbitres se sont retirés pour se concerter. Revenus quelques minutes plus tard, ils ont annoncé les décisions suivantes:
1)- La fixation de la valeur du point indiciaire à 1800 FCFA à compter du 31 juillet 2014 ;
2) L’application intégrale de la Convention collective annexe des Journalistes et des Professionnels de la communication à compter de janvier 2015.
II- L’analyse du GEPCI
Réunis en Assemblée générale extraordinaire le mercredi 14 mai 2014, les éditeurs de presse ont observé que le CNP :
• Est sorti du cadre de la médiation alors qu’il était appelé à la rescousse pour aider à trouver une solution consensuelle qui satisfasse les deux parties ;
• A revêtu son statut d’organe de régulation de la presse en imposant une telle décision à une des parties en conflit ;
• N’a pas tenu compte de l’environnement de précarité et de l’opportunité d’une telle mesure contre les entreprises de presse sinistrées.
La préoccupation des Editeurs est d’autant plus fondée que le protocole d’accord relatif à la mise en œuvre de la Convention collective annexe des Journalistes professionnels et des Professionnels de la communication signée en juin 2010 précise que le Ministère de la Communication « a donné mandat au CNP d’avoir à effectuer une médiation entre les Parties, en vue de parvenir à un accord quant à l’application de la convention collective ». Aujourd’hui, le contexte qui a conduit à la signature dudit protocole n’a pas changé.
En effet, depuis plus de dix ans, l’activité de presse croule sous le poids de nombreuses difficultés, à savoir que :
- De septembre 2002 à fin 2011, la crise militaro-politique qui a coupé le pays en deux a empêché la vente des journaux dans la moitié nord du pays occupée ;
- L’augmentation fulgurante des prix des produits et services entrant dans la fabrication des journaux a gravement réduit les recettes des entreprises de presse ;
- La paupérisation des lecteurs, doublée de leur désaffection proclamée mais non prouvée par le phénomène de la « titrologie » et de la location des journaux, a occasionné une baisse de plus 25% des ventes des journaux en 2013. Depuis l’augmentation des prix de vente qui s’imposait aux éditeurs et qui est intervenue en avril 2014, l’on enregistre une baisse des ventes de l’ordre de 21 % selon EDIPRESSE ;
- Les difficultés financières des annonceurs ont occasionné la baisse encore plus drastique des recettes publicitaires ;
- La concurrence instaurée par les nouveaux médias électroniques (internet et autres) a contribué à cette chute de la vente des journaux ;
- Les recommandations des Etats généraux de la presse en août 2012 relatives à un soutien franc du gouvernement aux entreprises de presse tardent à être mises en application, en témoigne le non financement du projet de six mois de subvention d’impression des journaux présenté l’année dernière par le GEPCI.
La combinaison de toutes ces contingences expliquent les énormes problèmes de trésorerie éprouvées, en ce moment, par l’ensemble des entreprises de presse.
Face à ces faits vérifiables portés à l’attention du CNP, les Editeurs de presse proposent l’application progressive de la Convention pour privilégier la sauvegarde des emplois, en lieu et place des décisions d’augmentation brusque de salaires au-delà du supportable, qui risquent de signer l’acte de décès de très nombreuses entreprises de presse et jeter autant de travailleurs à la rue.
III- La position du GEPCI
Organisation des Patrons de presse soucieuse de l’image de marque de tous les Editeurs, garante de la dignité et de l’indépendance des journalistes au profit desquels des procédures de rémunération décente sont enclenchées depuis quatre ans, le GEPCI :
1- S’étonne de la décision unilatérale du CNP contraignant les entreprises de presse à l’application du point indiciaire à 1800 FCFA, au risque de détruire des emplois et la vie des employés ;
2- Invite et encourage le CNP à reprendre sa mission de médiation dans le respect scrupuleux de l’esprit et de la lettre du mandat que lui a confié le Ministère de la Communication en vue de parvenir à un accord consensuel sur l’application de la Convention collective annexe des Journalistes professionnels et des Professionnels de la communication ;
3- Décide du passage de la valeur du point indiciaire de 1400 à 1600 FCFA et invite toutes les entreprises n’appliquant pas encore cette valeur à s’y conformer dès le 1er janvier 2015 ;
4- Décide de la mise en place d’une assurance maladie pour tous les employés des entreprises de presse à partir du 1er janvier 2015 ;
5- Se propose de rester ouvert à toutes nouvelles négociations susceptibles de conduire à un consensus avec les travailleurs pour sauver leurs emplois ;
6- Demeure vivement saisi de cette question.
Fait à Abidjan, le 18 Mai 2014
Pour le GEPCI
Amédée Assi Adon
Président
I- Les faits
Le mercredi 7 mai 2014, une délégation du Groupement des Editeurs de Presse de Côte d’Ivoire (GEPCI), a échangé avec des représentants des syndicats de la presse privée (Synappci et Saappci), au siège du Conseil National de la Presse (CNP). Il s’agissait, au cours de cette rencontre qui faisait suite à une première réunion tenue le 24 avril 2014 sur le même sujet, de rapprocher les points de vue des éditeurs de presse et des journalistes relativement à l’application de la Convention collective annexe des Journalistes professionnels et des Professionnels de la communication.
Après plus de deux heures de discussions, le GEPCI et lesdits syndicats ne sont pas parvenus à un nouvel accord. D’une part, les éditeurs proposaient de faire passer la valeur du point indiciaire de 1400 actuellement à 1600 FCFA, et de faire bénéficier à l’ensemble des employés du secteur une assurance-maladie avec une couverture de 80% dont la prime est supportée à 60% par l’éditeur et à 40% par l’employé, deux avancées notables qui devraient entrer en vigueur le 1er janvier 2015. D’autre part, le Synappci et le Saappci exigeaient que les entreprises de presse appliquent la convention dans son intégralité ou, à défaut, fassent passer la valeur du point à 1800 FCFA dès fin mai ou juin 2014.
Les deux parties n’arrivant pas à se mettre d’accord, les quatre membres du CNP qui prenaient part aux débats en qualité de médiateurs et d’arbitres se sont retirés pour se concerter. Revenus quelques minutes plus tard, ils ont annoncé les décisions suivantes:
1)- La fixation de la valeur du point indiciaire à 1800 FCFA à compter du 31 juillet 2014 ;
2) L’application intégrale de la Convention collective annexe des Journalistes et des Professionnels de la communication à compter de janvier 2015.
II- L’analyse du GEPCI
Réunis en Assemblée générale extraordinaire le mercredi 14 mai 2014, les éditeurs de presse ont observé que le CNP :
• Est sorti du cadre de la médiation alors qu’il était appelé à la rescousse pour aider à trouver une solution consensuelle qui satisfasse les deux parties ;
• A revêtu son statut d’organe de régulation de la presse en imposant une telle décision à une des parties en conflit ;
• N’a pas tenu compte de l’environnement de précarité et de l’opportunité d’une telle mesure contre les entreprises de presse sinistrées.
La préoccupation des Editeurs est d’autant plus fondée que le protocole d’accord relatif à la mise en œuvre de la Convention collective annexe des Journalistes professionnels et des Professionnels de la communication signée en juin 2010 précise que le Ministère de la Communication « a donné mandat au CNP d’avoir à effectuer une médiation entre les Parties, en vue de parvenir à un accord quant à l’application de la convention collective ». Aujourd’hui, le contexte qui a conduit à la signature dudit protocole n’a pas changé.
En effet, depuis plus de dix ans, l’activité de presse croule sous le poids de nombreuses difficultés, à savoir que :
- De septembre 2002 à fin 2011, la crise militaro-politique qui a coupé le pays en deux a empêché la vente des journaux dans la moitié nord du pays occupée ;
- L’augmentation fulgurante des prix des produits et services entrant dans la fabrication des journaux a gravement réduit les recettes des entreprises de presse ;
- La paupérisation des lecteurs, doublée de leur désaffection proclamée mais non prouvée par le phénomène de la « titrologie » et de la location des journaux, a occasionné une baisse de plus 25% des ventes des journaux en 2013. Depuis l’augmentation des prix de vente qui s’imposait aux éditeurs et qui est intervenue en avril 2014, l’on enregistre une baisse des ventes de l’ordre de 21 % selon EDIPRESSE ;
- Les difficultés financières des annonceurs ont occasionné la baisse encore plus drastique des recettes publicitaires ;
- La concurrence instaurée par les nouveaux médias électroniques (internet et autres) a contribué à cette chute de la vente des journaux ;
- Les recommandations des Etats généraux de la presse en août 2012 relatives à un soutien franc du gouvernement aux entreprises de presse tardent à être mises en application, en témoigne le non financement du projet de six mois de subvention d’impression des journaux présenté l’année dernière par le GEPCI.
La combinaison de toutes ces contingences expliquent les énormes problèmes de trésorerie éprouvées, en ce moment, par l’ensemble des entreprises de presse.
Face à ces faits vérifiables portés à l’attention du CNP, les Editeurs de presse proposent l’application progressive de la Convention pour privilégier la sauvegarde des emplois, en lieu et place des décisions d’augmentation brusque de salaires au-delà du supportable, qui risquent de signer l’acte de décès de très nombreuses entreprises de presse et jeter autant de travailleurs à la rue.
III- La position du GEPCI
Organisation des Patrons de presse soucieuse de l’image de marque de tous les Editeurs, garante de la dignité et de l’indépendance des journalistes au profit desquels des procédures de rémunération décente sont enclenchées depuis quatre ans, le GEPCI :
1- S’étonne de la décision unilatérale du CNP contraignant les entreprises de presse à l’application du point indiciaire à 1800 FCFA, au risque de détruire des emplois et la vie des employés ;
2- Invite et encourage le CNP à reprendre sa mission de médiation dans le respect scrupuleux de l’esprit et de la lettre du mandat que lui a confié le Ministère de la Communication en vue de parvenir à un accord consensuel sur l’application de la Convention collective annexe des Journalistes professionnels et des Professionnels de la communication ;
3- Décide du passage de la valeur du point indiciaire de 1400 à 1600 FCFA et invite toutes les entreprises n’appliquant pas encore cette valeur à s’y conformer dès le 1er janvier 2015 ;
4- Décide de la mise en place d’une assurance maladie pour tous les employés des entreprises de presse à partir du 1er janvier 2015 ;
5- Se propose de rester ouvert à toutes nouvelles négociations susceptibles de conduire à un consensus avec les travailleurs pour sauver leurs emplois ;
6- Demeure vivement saisi de cette question.
Fait à Abidjan, le 18 Mai 2014
Pour le GEPCI
Amédée Assi Adon
Président