Au terme du séminaire sous régional de formation des femmes journalistes sur le système de gestion des contenus WordPress, organisé par la Fondation TIC et Développement Durable du 2 au 6 décembre à Ouagadougou, au Burkina Faso, la Secrétaire Générale de la Fondation livre les enjeux de la rencontre. Entretien.
Quels sont les objectifs de votre structure ?
La fondation Femme, Tic et développement durable (FTIC&DD) est née du constat que les technologies de l’information et de la Communication peuvent apporter beaucoup en matière de développement. C’est vrai qu’il existe bien évidemment une fracture numérique entre les pays développés et les pays moins développés mais il existe aussi une seconde fracture numérique genre entre les hommes et les femmes pour ce qui concerne l’accès aux technologies. Ainsi, la fondation travaille au quotidien à réduire cette fracture numérique genre.
Vous avez des chiffres ?
Des chiffres, je ne saurai vous les donner par manque de statistiques, mais elle semble être à l’ordre de 1/3 en faveur des hommes selon une étude du réseau Burkina NTIC (à travers sa composante TIC et genre). Il faut savoir que cette fracture est bien réelle et existe aussi bien dans les pays développés que dans les pays les moins développés.
La fondation fait la promotion de «solutions innovantes » pour les femmes alphabétisées ou non, urbaines ou non en vue de les engager vers le développement durable. Que doit-on comprendre par solutions innovantes ?
Ce sont des solutions toutes simples mais on n’y pense pas souvent. Pour ce qui concerne les femmes non alphabétisées, qui ne savent ni lire ni écrire, on a organisé l’année passée des activités de renforcement de capacités sur la messagerie vocale et plus précisément les SMS vocaux. Vous savez qu’en Afrique le réseau de télécommunication n’est malheureusement pas toujours stable encore moins dans les campagnes. Donc les femmes, on leur a montré comment envoyer la voix comme un message court, exactement comme le texto, comme elles ne savent ni lire, ni écrire, elles peuvent quand même parler dans leur langue locale. Elles envoient un message à leur correspondant qui va le recevoir à moindre coût quand le réseau sera stable et disponible. Ainsi elles apprennent à communiquer moins cher et plus efficacement. Ce qui arrive par moment, c’est quand elles tentent d’appeler, le réseau n’étant pas toujours disponible, elles perdent de l’argent donc cela fait qu’elles n’ont pas beaucoup confiance aux outils de télécommunication. Ceci est donc un moyen pour les mettre en confiance et leur permettre d’utiliser le téléphone. Et aussi pour les femmes commerçantes, ce moyen leur permet de communiquer plus efficacement avec les fournisseurs avant de se déplacer pour s’approvisionner en marchandises. Il existe déjà des plateformes via mobile d’information sur les prix des denrées mais sous forme de texto. Nous avons formulé des doléances à l’endroit de ces promoteurs de plateformes, pour que la version 100% vocale (100% sms vocaux) voit le jour très rapidement au moins dans les trois principales langues locales. Donc elles seront appelées à envoyer un message vocal et elles auront la réponse en message vocale. Cela offre la possibilité aux femmes non alphabétisées d’utiliser efficacement et en toute confiance la technologie.
Quelles sont les approches, comment vous arrivez à leur faire utiliser ces outils ?
Elles ont les B à BA. La plupart des femmes commerçantes ont déjà le téléphone portable ; elles savent appeler et aussi recevoir. Donc on part de ce principe et on demande par exemple à une femme non alphabétisée d’appuyer sur le chiffre un, puis étoile et la messagerie est lancée. Toutes les femmes même si elles ne savent pas lire sauront le faire. Donc tout est simplifié au maximum pour les femmes non alphabétisées.
Pensez-vous que les Tics pourraient répondre aux problèmes de développement sans une réelle volonté politique ?
Non. Il faut bien sûr une volonté politique affichée, soutenue et il faut aussi encourager des actions des structures associatives, des Ongs, des fondations comme la nôtre, pour accompagner l’initiative de l’Etat. En fait tout le monde a son rôle à jouer dans la société de l’information dans chaque pays. Toutes les parties prenantes, la société civile à travers des structures associatives ont leur rôle à jouer. Mais aussi l’Etat a son rôle à jouer à travers la définition des politiques, la mise en place d’un cadre règlementaire et législatif propice, la création des infrastructures de bases, etc…
Votre structure a initié une formation des femmes journalistes de la sous-région Ouest-africaine sur WordPress, à quoi cela répond exactement ?
La formation sur WordPress vise à outiller les femmes journalistes qui produisent déjà des contenus. Il s’agit de leur donner un outil qui leur permette de poster les productions en ligne pour faire bénéficier un maximum d’internautes. Parce que la presse en ligne est réellement l’avenir de la presse comme l’a si bien dit monsieur le ministre du Développement de l’économie numérique et des postes. Et cela respecte un certain nombre de critères, notamment la sauvegarde de l’environnement et la levée des limites géographiques d’accès à l’information. Donc outiller des femmes journalistes pour qu’elles prennent le devant et en réduisant la fracture numérique genre c’est vraiment l’objectif recherché à travers cette formation. Nous avons bénéficié de l’accompagnement et du soutien inestimable de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Ce qui nous a permis, entre autres, de supporter les dépenses liées aux titres de transport et de l’hébergement des femmes journalistes venues de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Togo, du Niger, du Sénégal et du Burkina Faso (Bobo-Dioulasso, la deuxième ville). Elles se sont se frotté entre elles pendant une semaine et des partenariats se sont créés et nous continuons la formation en ligne.
Allez-vous étendre cette formation en faveur d’autres journalistes parce que tout le monde ne connait pas WordPress ?
Déjà après cette formation nous avons un projet naissant de formation à Bobo-Dioulasso pour les femmes journalistes de la région des Hauts Bassins. Et comme le ministre (Nébila Amadou Yaro, ministre burkinabé du développement de l’Economie numérique et des Postes; Ndlr) l’a dit, c’est une formation absolument à répéter que ce soit ici au Burkina, à Ouagadougou mais aussi dans la sous-région ; nous irons vraiment dans ce sens. Du coup ça nous donne à rédiger d’autres projets et à chercher des partenaires pour dupliquer la formation. Mais il faut aussi rappeler qu’en réalité il s’est agi d’une formation de formateurs. Les femmes journalistes qui ont été formées seront amenées à répéter ladite formation au sein de leur communauté respective. Nous souhaitons que les participantes soient nos ambassadrices dans leur pays respectifs, auprès de leurs organes de presse respectifs pour nous aider dans cette quête de développement, d’appropriation sociale et économique des Tics par les femmes et pour les femmes.
Réalisé à Ouagadougou, par Danielle Tagro
Quels sont les objectifs de votre structure ?
La fondation Femme, Tic et développement durable (FTIC&DD) est née du constat que les technologies de l’information et de la Communication peuvent apporter beaucoup en matière de développement. C’est vrai qu’il existe bien évidemment une fracture numérique entre les pays développés et les pays moins développés mais il existe aussi une seconde fracture numérique genre entre les hommes et les femmes pour ce qui concerne l’accès aux technologies. Ainsi, la fondation travaille au quotidien à réduire cette fracture numérique genre.
Vous avez des chiffres ?
Des chiffres, je ne saurai vous les donner par manque de statistiques, mais elle semble être à l’ordre de 1/3 en faveur des hommes selon une étude du réseau Burkina NTIC (à travers sa composante TIC et genre). Il faut savoir que cette fracture est bien réelle et existe aussi bien dans les pays développés que dans les pays les moins développés.
La fondation fait la promotion de «solutions innovantes » pour les femmes alphabétisées ou non, urbaines ou non en vue de les engager vers le développement durable. Que doit-on comprendre par solutions innovantes ?
Ce sont des solutions toutes simples mais on n’y pense pas souvent. Pour ce qui concerne les femmes non alphabétisées, qui ne savent ni lire ni écrire, on a organisé l’année passée des activités de renforcement de capacités sur la messagerie vocale et plus précisément les SMS vocaux. Vous savez qu’en Afrique le réseau de télécommunication n’est malheureusement pas toujours stable encore moins dans les campagnes. Donc les femmes, on leur a montré comment envoyer la voix comme un message court, exactement comme le texto, comme elles ne savent ni lire, ni écrire, elles peuvent quand même parler dans leur langue locale. Elles envoient un message à leur correspondant qui va le recevoir à moindre coût quand le réseau sera stable et disponible. Ainsi elles apprennent à communiquer moins cher et plus efficacement. Ce qui arrive par moment, c’est quand elles tentent d’appeler, le réseau n’étant pas toujours disponible, elles perdent de l’argent donc cela fait qu’elles n’ont pas beaucoup confiance aux outils de télécommunication. Ceci est donc un moyen pour les mettre en confiance et leur permettre d’utiliser le téléphone. Et aussi pour les femmes commerçantes, ce moyen leur permet de communiquer plus efficacement avec les fournisseurs avant de se déplacer pour s’approvisionner en marchandises. Il existe déjà des plateformes via mobile d’information sur les prix des denrées mais sous forme de texto. Nous avons formulé des doléances à l’endroit de ces promoteurs de plateformes, pour que la version 100% vocale (100% sms vocaux) voit le jour très rapidement au moins dans les trois principales langues locales. Donc elles seront appelées à envoyer un message vocal et elles auront la réponse en message vocale. Cela offre la possibilité aux femmes non alphabétisées d’utiliser efficacement et en toute confiance la technologie.
Quelles sont les approches, comment vous arrivez à leur faire utiliser ces outils ?
Elles ont les B à BA. La plupart des femmes commerçantes ont déjà le téléphone portable ; elles savent appeler et aussi recevoir. Donc on part de ce principe et on demande par exemple à une femme non alphabétisée d’appuyer sur le chiffre un, puis étoile et la messagerie est lancée. Toutes les femmes même si elles ne savent pas lire sauront le faire. Donc tout est simplifié au maximum pour les femmes non alphabétisées.
Pensez-vous que les Tics pourraient répondre aux problèmes de développement sans une réelle volonté politique ?
Non. Il faut bien sûr une volonté politique affichée, soutenue et il faut aussi encourager des actions des structures associatives, des Ongs, des fondations comme la nôtre, pour accompagner l’initiative de l’Etat. En fait tout le monde a son rôle à jouer dans la société de l’information dans chaque pays. Toutes les parties prenantes, la société civile à travers des structures associatives ont leur rôle à jouer. Mais aussi l’Etat a son rôle à jouer à travers la définition des politiques, la mise en place d’un cadre règlementaire et législatif propice, la création des infrastructures de bases, etc…
Votre structure a initié une formation des femmes journalistes de la sous-région Ouest-africaine sur WordPress, à quoi cela répond exactement ?
La formation sur WordPress vise à outiller les femmes journalistes qui produisent déjà des contenus. Il s’agit de leur donner un outil qui leur permette de poster les productions en ligne pour faire bénéficier un maximum d’internautes. Parce que la presse en ligne est réellement l’avenir de la presse comme l’a si bien dit monsieur le ministre du Développement de l’économie numérique et des postes. Et cela respecte un certain nombre de critères, notamment la sauvegarde de l’environnement et la levée des limites géographiques d’accès à l’information. Donc outiller des femmes journalistes pour qu’elles prennent le devant et en réduisant la fracture numérique genre c’est vraiment l’objectif recherché à travers cette formation. Nous avons bénéficié de l’accompagnement et du soutien inestimable de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Ce qui nous a permis, entre autres, de supporter les dépenses liées aux titres de transport et de l’hébergement des femmes journalistes venues de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Togo, du Niger, du Sénégal et du Burkina Faso (Bobo-Dioulasso, la deuxième ville). Elles se sont se frotté entre elles pendant une semaine et des partenariats se sont créés et nous continuons la formation en ligne.
Allez-vous étendre cette formation en faveur d’autres journalistes parce que tout le monde ne connait pas WordPress ?
Déjà après cette formation nous avons un projet naissant de formation à Bobo-Dioulasso pour les femmes journalistes de la région des Hauts Bassins. Et comme le ministre (Nébila Amadou Yaro, ministre burkinabé du développement de l’Economie numérique et des Postes; Ndlr) l’a dit, c’est une formation absolument à répéter que ce soit ici au Burkina, à Ouagadougou mais aussi dans la sous-région ; nous irons vraiment dans ce sens. Du coup ça nous donne à rédiger d’autres projets et à chercher des partenaires pour dupliquer la formation. Mais il faut aussi rappeler qu’en réalité il s’est agi d’une formation de formateurs. Les femmes journalistes qui ont été formées seront amenées à répéter ladite formation au sein de leur communauté respective. Nous souhaitons que les participantes soient nos ambassadrices dans leur pays respectifs, auprès de leurs organes de presse respectifs pour nous aider dans cette quête de développement, d’appropriation sociale et économique des Tics par les femmes et pour les femmes.
Réalisé à Ouagadougou, par Danielle Tagro