Abidjan, 6 jan 2015 (AFP) - Ses miliciens semaient la terreur autour du carrefour Obama d’Abidjan durant la crise postélectorale. En appelant le "général brûleur" à la barre, co-accusé de l’ex-Première dame Simone Gbagbo, la justice ivoirienne a entamé mardi l’examen des faits.
Mme Gbagbo, 65 ans, est jugée depuis le 26 décembre 2014 aux côtés de 82 co-accusés pour son rôle présumé dans les violences meurtrières de la crise postélectorale de 2010-2011, qui fit 3.000 morts et s’acheva par l’arrestation du couple présidentiel.
Après une semaine d’interruption, l’audience a repris mardi matin peu avant 11H00 (locales et GMT) en appelant à la barre l’accusé Jean-Marius Kéipo, présenté comme un chef de milice. Né en 1976, l’homme est de petite taille, tout de blanc vêtu. Une énorme barbe lui mange le visage.
Le parquet égrène les charges retenues contre lui : "atteinte à la défense nationale, constitution de bandes armées, participation à un mouvement insurrectionnel, troubles à l’ordre public, coalition de fonctionnaires de rébellion, tribalisme et xénophobie".
"Je ne reconnais pas les faits. Je suis une victime de cette crise", répond
l’accusé.
Surnommé le "général brûleur" par le ministère public, M. Kéipo avait été arrêté avec, dans sa voiture, "quatre bidons d’essence". "Non, ce sont des bidons d’eau", rétorque-t-il au président de la cour, Taïrou Dembélé.
Sous le flot des questions de la cour, M. Kéipo ne s’est pas départi de son
calme.
"Je ne les ai pas tués", déclare-t-il à l’avocat général qui lui demande de désigner les meurtriers de certaines des victimes des violences.
- "le supplice de l’article 125" -
Mais les dix témoins qui se sont ensuite succédé à la barre l’ont accablé à tour de rôle. Selon leur récit, l’accusé opérait dans un secteur du quartier populaire de Yopougon, réputé pro-Gbagbo.
"Je le connais, c’était le chef de la milice qui contrôlait le carrefour Obama", a lancé depuis la barre un témoin, Jean-Marie Kouassi.
Sékou Fofana, un autre témoin, a désigné l’accusé comme "le chef des brûleurs" qui "tenait le carrefour Obama" pendant la crise postélectorale.
"Un jour, ses miliciens sont arrivés dans la cour, ma femme faisait la cuisine, elle a reçu une balle (...) je l’ai transportée à l’hôpital où elle est décédée ensuite", a-t-il raconté à la cour.
Selon le récit d’un autre témoin, Bénôgô Sanogo, les miliciens de M. Kéipo ont tiré sur son frère et lui ont fait subir "le supplice de l’article 125".
Cette méthode d’immolation tire son nom de son faible coût : 100 FCFA de pétrole, plus 25 FCFA pour une boîte d’allumettes. Le corps, brûlé, avait été retrouvé non loin du carrefour Obama.
La présence policière était marquée tout autour de la salle, dans la cour du tribunal et à l’extérieur.
Simone Gbagbo, principale figure de cet important procès pour le pays ouest-africain qui a connu plus d’une décennie de violences, est arrivée dans la salle d’audience plus d’une heure après le début de l’audition du premier
accusé.
Vêtue d’une longue robe en pagne, l’ex-Première dame, accusée d’"atteinte à
la sûreté de l’Etat", a pris régulièrement des notes.
L’audience a été interrompue vers 19H00 (locales et GMT) et reprendra
mercredi.
Les prochains jours devraient être consacrés à l’audition de cinq autres co-accusés également présentés comme des "miliciens".
L’ex-Première dame ivoirienne est également réclamée par la CPI, qui l’accuse de "crimes contre l’humanité" commis durant la crise postélectorale, à l’instar de son mari, Laurent Gbagbo, emprisonné depuis trois ans et en
attente de jugement.
Mais Abidjan refuse son transfèrement à La Haye, arguant qu’il affecterait le processus de réconciliation nationale et que la justice ivoirienne est désormais en mesure d’organiser un procès équitable.
ck-eak/amd/sba
Mme Gbagbo, 65 ans, est jugée depuis le 26 décembre 2014 aux côtés de 82 co-accusés pour son rôle présumé dans les violences meurtrières de la crise postélectorale de 2010-2011, qui fit 3.000 morts et s’acheva par l’arrestation du couple présidentiel.
Après une semaine d’interruption, l’audience a repris mardi matin peu avant 11H00 (locales et GMT) en appelant à la barre l’accusé Jean-Marius Kéipo, présenté comme un chef de milice. Né en 1976, l’homme est de petite taille, tout de blanc vêtu. Une énorme barbe lui mange le visage.
Le parquet égrène les charges retenues contre lui : "atteinte à la défense nationale, constitution de bandes armées, participation à un mouvement insurrectionnel, troubles à l’ordre public, coalition de fonctionnaires de rébellion, tribalisme et xénophobie".
"Je ne reconnais pas les faits. Je suis une victime de cette crise", répond
l’accusé.
Surnommé le "général brûleur" par le ministère public, M. Kéipo avait été arrêté avec, dans sa voiture, "quatre bidons d’essence". "Non, ce sont des bidons d’eau", rétorque-t-il au président de la cour, Taïrou Dembélé.
Sous le flot des questions de la cour, M. Kéipo ne s’est pas départi de son
calme.
"Je ne les ai pas tués", déclare-t-il à l’avocat général qui lui demande de désigner les meurtriers de certaines des victimes des violences.
- "le supplice de l’article 125" -
Mais les dix témoins qui se sont ensuite succédé à la barre l’ont accablé à tour de rôle. Selon leur récit, l’accusé opérait dans un secteur du quartier populaire de Yopougon, réputé pro-Gbagbo.
"Je le connais, c’était le chef de la milice qui contrôlait le carrefour Obama", a lancé depuis la barre un témoin, Jean-Marie Kouassi.
Sékou Fofana, un autre témoin, a désigné l’accusé comme "le chef des brûleurs" qui "tenait le carrefour Obama" pendant la crise postélectorale.
"Un jour, ses miliciens sont arrivés dans la cour, ma femme faisait la cuisine, elle a reçu une balle (...) je l’ai transportée à l’hôpital où elle est décédée ensuite", a-t-il raconté à la cour.
Selon le récit d’un autre témoin, Bénôgô Sanogo, les miliciens de M. Kéipo ont tiré sur son frère et lui ont fait subir "le supplice de l’article 125".
Cette méthode d’immolation tire son nom de son faible coût : 100 FCFA de pétrole, plus 25 FCFA pour une boîte d’allumettes. Le corps, brûlé, avait été retrouvé non loin du carrefour Obama.
La présence policière était marquée tout autour de la salle, dans la cour du tribunal et à l’extérieur.
Simone Gbagbo, principale figure de cet important procès pour le pays ouest-africain qui a connu plus d’une décennie de violences, est arrivée dans la salle d’audience plus d’une heure après le début de l’audition du premier
accusé.
Vêtue d’une longue robe en pagne, l’ex-Première dame, accusée d’"atteinte à
la sûreté de l’Etat", a pris régulièrement des notes.
L’audience a été interrompue vers 19H00 (locales et GMT) et reprendra
mercredi.
Les prochains jours devraient être consacrés à l’audition de cinq autres co-accusés également présentés comme des "miliciens".
L’ex-Première dame ivoirienne est également réclamée par la CPI, qui l’accuse de "crimes contre l’humanité" commis durant la crise postélectorale, à l’instar de son mari, Laurent Gbagbo, emprisonné depuis trois ans et en
attente de jugement.
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ck-eak/amd/sba
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