Le recours à la justice par les deux tendances rivales du Front populaire ivoirien (Fpi) installe le parti de Laurent Gbagbo dans l’impasse totale. Pour certains protagonistes, il envenime la situation quand d’autres estiment qu’il est la solution.
Les palabres intestines au Front populaire ivoirien (Fpi) se retrouvent sur un autre théâtre. De la salle de conférences aux bureaux de l’ex-Qg de campagne de cette formation politique, elles tendent à s’enraciner au tribunal de première instance d’Abidjan. Depuis peu, c’est dans ce temple de Thémis de la capitale économique ivoirienne qu’on voit, de plus en plus, les membres de la direction de l’ex-parti au pouvoir. Leurs déplacements vers ces lieux tiennent à deux raisons, connues de l’opinion.
C’est que depuis le 26 décembre 2014, l’‘’affaire Simone Gbagbo et 82 autres‘’ est ouverte devant la Cour d’Assises. L’épouse de l’ancien président de la République, Laurent Gbagbo, fondateur du Fpi, et des proches de celui-ci sont poursuivis pour ‘’atteinte à la sûreté de l’Etat‘’. Hier, lundi 12 janvier, une autre page de ce dossier volumineux du fait du nombre d’incriminés, et des longs chefs d’accusation qui pèsent sur eux, a été feuilletée par la Cour. Il en sera ainsi jusqu’à l’issue de la procédure.
Un parti sur deux fronts judiciaires
De quoi faire dire à des observateurs que ce «procès politique» post-crise électorale est le plus important des dix dernières années, sur le plan national. L’on peut imaginer que les frontistes attraits croisent les doigts. C’est un reflexe de tout présumé innocent qui nourrit le secret espoir d’être blanchi. De leur côté, les avocats de la défense se trouvent au pied du mur… Voilà pour ce qui est du premier motif de la présence répétée des frontistes au palais de justice. Le second justificatif, lui, est lié à la grosse crise qui secoue le parti à la rose depuis le 4 juillet dernier. A cette date, soit dit en passant, deux tendances sont en confrontation à propos de la «profonde modification» faite du secrétariat général par Pascal Affi N’Guessan, président de ladite formation politique. L’une, présentée comme cacique, attachée à la «libération de Gbagbo d’abord» reproche à l’autre, jugée modérée, son ambition de prendre part aux futures élections.
La justice, le salut ou l’impasse ?
La guéguerre a mué en une controverse restée entière à ce jour, malgré une médiation interne. Cette sorte de justice à l’amiable menée par le ‘’Groupe‘’, confié à Henri-Philippe Dacoury-Tabley, ancien gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique (Bceao), n’a pas vraiment concilié les positions. Si bien que la décision d’aller à un congrès ordinaire, le 4ème du genre, manque toujours de rapprocher les protagonistes. Les uns, dont Laurent Akoun, Tapé Kipré, Alphonse Douati, opposés à la participation du Fpi à l’élection présidentielle de 2015- parce que c’est là la pomme de discorde- demandent la «suspension» de M. Affi. Lui, de son côté, compte saisir la justice contre d’éventuels fauteurs de troubles. Son conseiller politique, Michel Amani N’Guessan, a affirmé, samedi à Bouaké: «Bientôt, nous allons écrire pour interdire toutes les réunions des autres mouvements sur toutes l’étendue du territoire national. On ne peut pas accepter l’anarchie». Bien plus, selon l’orateur, le camp Affi envisage de traduire devant les tribunaux tout contrevenant, pour faux et usage de faux. Il faut noter que depuis la mi-novembre 2014, la direction du Fpi, au travers de fermes consignes, filtre l’entrée du siège de la formation, à Attoban (Cocody). Il faut donc montrer pattes blanches. Aussi à la mi-décembre, M. Affi a-t-il saisi la justice, et obtenu gain de cause, à l’effet d’invalider la candidature de M. Gbagbo à la présidence du Front. Mais ses rivaux, dont Hubert Oulaye, disent vouloir «faire appel» de cette décision «injuste».
Ces victoires qui prolongent le combat
Bien avant cette autre passe d’armes, l’ancien maire de Bongouanou avait obtenu du procureur de la République le «report» sine die du congrès des 11, 12, 13 et 14 décembre. A l’analyse des projets affichés ici et là, il ressort que tous ont foi en la justice ivoirienne. «Ce n’est pas parce que nous sommes dans l’opposition que la loi du pays ne nous concerne pas», affirme par exemple Firmin Krékré, secrétaire général adjoint du Fpi, joint par téléphone comme bien d’autres. Selon lui, la justice n’est pas une épouvante, «elle n’est pas, dit-il, forcément sale». Il assure qu’ «elle vient règlementer». Pour l’ancien responsable de l’Agence nationale de la stratégie et de l’intelligence (Ansi), «le responsable du parti peut saisir la justice pour lui demander de mettre de l’ordre». D’ailleurs, tranquillise-t-il, «la loi n’est pas punitive, elle est préventive». A en croire le cadre pro-candidature Affi, le recours au tribunal consacre la «démocratie» en leur sein et «empêche» des affrontements. Quant à Michel Séri Gouagnon, pro-candidature Gbagbo, ancien secrétaire national, chargé de la justice et des libertés, il soutient que «quelle que soit la solution que la justice va apporter, cela ne résoudra pas le problème». Il est convaincu d’une chose : «On reviendra, affirme-t-il, à nos textes et la présidence du parti sera attribuée à celui qui sera désigné par la majorité». Il note aussi que le fait pour Affi d’avoir gagné en première instance, ne met pas fin au différend. Catégorique, il charge : «La justice lui a donné raison mais elle ne le nommera pas président. En définitive, se résume-t-il, on perd le temps, s’agissant d’aller à la justice». Il reste attaché à la maxime selon laquelle, en politique, les problèmes ne se résolvent pas des décisions du juge mais par la loi de majorité. Son camarade Kambou Difilé, partisan d’Affi, secrétaire national chargé de la région du Bounkani (Est) est fondamental. «Le Fpi a des textes, il est une société privée. La justice peut prendre des décisions mais, cela doit se faire en fonction de ces textes. Cette société privée, revient-il aux fondements, a été créée avec son règlement intérieur. Donc la justice doit s’y référer». Voilà une position que ne partage pas du tout Thomas Tiacoh, l’«ami» de M. Gbagbo et secrétaire national chargé de l’Agriculture. «Tout ce qui se passe actuellement au Fpi, accuse-t-il, c’est à cause de la justice ivoirienne». C’est pourquoi il dit trouver «normal» que tous y recourent «pour trouver une solution».
Les palabres intestines au Front populaire ivoirien (Fpi) se retrouvent sur un autre théâtre. De la salle de conférences aux bureaux de l’ex-Qg de campagne de cette formation politique, elles tendent à s’enraciner au tribunal de première instance d’Abidjan. Depuis peu, c’est dans ce temple de Thémis de la capitale économique ivoirienne qu’on voit, de plus en plus, les membres de la direction de l’ex-parti au pouvoir. Leurs déplacements vers ces lieux tiennent à deux raisons, connues de l’opinion.
C’est que depuis le 26 décembre 2014, l’‘’affaire Simone Gbagbo et 82 autres‘’ est ouverte devant la Cour d’Assises. L’épouse de l’ancien président de la République, Laurent Gbagbo, fondateur du Fpi, et des proches de celui-ci sont poursuivis pour ‘’atteinte à la sûreté de l’Etat‘’. Hier, lundi 12 janvier, une autre page de ce dossier volumineux du fait du nombre d’incriminés, et des longs chefs d’accusation qui pèsent sur eux, a été feuilletée par la Cour. Il en sera ainsi jusqu’à l’issue de la procédure.
Un parti sur deux fronts judiciaires
De quoi faire dire à des observateurs que ce «procès politique» post-crise électorale est le plus important des dix dernières années, sur le plan national. L’on peut imaginer que les frontistes attraits croisent les doigts. C’est un reflexe de tout présumé innocent qui nourrit le secret espoir d’être blanchi. De leur côté, les avocats de la défense se trouvent au pied du mur… Voilà pour ce qui est du premier motif de la présence répétée des frontistes au palais de justice. Le second justificatif, lui, est lié à la grosse crise qui secoue le parti à la rose depuis le 4 juillet dernier. A cette date, soit dit en passant, deux tendances sont en confrontation à propos de la «profonde modification» faite du secrétariat général par Pascal Affi N’Guessan, président de ladite formation politique. L’une, présentée comme cacique, attachée à la «libération de Gbagbo d’abord» reproche à l’autre, jugée modérée, son ambition de prendre part aux futures élections.
La justice, le salut ou l’impasse ?
La guéguerre a mué en une controverse restée entière à ce jour, malgré une médiation interne. Cette sorte de justice à l’amiable menée par le ‘’Groupe‘’, confié à Henri-Philippe Dacoury-Tabley, ancien gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique (Bceao), n’a pas vraiment concilié les positions. Si bien que la décision d’aller à un congrès ordinaire, le 4ème du genre, manque toujours de rapprocher les protagonistes. Les uns, dont Laurent Akoun, Tapé Kipré, Alphonse Douati, opposés à la participation du Fpi à l’élection présidentielle de 2015- parce que c’est là la pomme de discorde- demandent la «suspension» de M. Affi. Lui, de son côté, compte saisir la justice contre d’éventuels fauteurs de troubles. Son conseiller politique, Michel Amani N’Guessan, a affirmé, samedi à Bouaké: «Bientôt, nous allons écrire pour interdire toutes les réunions des autres mouvements sur toutes l’étendue du territoire national. On ne peut pas accepter l’anarchie». Bien plus, selon l’orateur, le camp Affi envisage de traduire devant les tribunaux tout contrevenant, pour faux et usage de faux. Il faut noter que depuis la mi-novembre 2014, la direction du Fpi, au travers de fermes consignes, filtre l’entrée du siège de la formation, à Attoban (Cocody). Il faut donc montrer pattes blanches. Aussi à la mi-décembre, M. Affi a-t-il saisi la justice, et obtenu gain de cause, à l’effet d’invalider la candidature de M. Gbagbo à la présidence du Front. Mais ses rivaux, dont Hubert Oulaye, disent vouloir «faire appel» de cette décision «injuste».
Ces victoires qui prolongent le combat
Bien avant cette autre passe d’armes, l’ancien maire de Bongouanou avait obtenu du procureur de la République le «report» sine die du congrès des 11, 12, 13 et 14 décembre. A l’analyse des projets affichés ici et là, il ressort que tous ont foi en la justice ivoirienne. «Ce n’est pas parce que nous sommes dans l’opposition que la loi du pays ne nous concerne pas», affirme par exemple Firmin Krékré, secrétaire général adjoint du Fpi, joint par téléphone comme bien d’autres. Selon lui, la justice n’est pas une épouvante, «elle n’est pas, dit-il, forcément sale». Il assure qu’ «elle vient règlementer». Pour l’ancien responsable de l’Agence nationale de la stratégie et de l’intelligence (Ansi), «le responsable du parti peut saisir la justice pour lui demander de mettre de l’ordre». D’ailleurs, tranquillise-t-il, «la loi n’est pas punitive, elle est préventive». A en croire le cadre pro-candidature Affi, le recours au tribunal consacre la «démocratie» en leur sein et «empêche» des affrontements. Quant à Michel Séri Gouagnon, pro-candidature Gbagbo, ancien secrétaire national, chargé de la justice et des libertés, il soutient que «quelle que soit la solution que la justice va apporter, cela ne résoudra pas le problème». Il est convaincu d’une chose : «On reviendra, affirme-t-il, à nos textes et la présidence du parti sera attribuée à celui qui sera désigné par la majorité». Il note aussi que le fait pour Affi d’avoir gagné en première instance, ne met pas fin au différend. Catégorique, il charge : «La justice lui a donné raison mais elle ne le nommera pas président. En définitive, se résume-t-il, on perd le temps, s’agissant d’aller à la justice». Il reste attaché à la maxime selon laquelle, en politique, les problèmes ne se résolvent pas des décisions du juge mais par la loi de majorité. Son camarade Kambou Difilé, partisan d’Affi, secrétaire national chargé de la région du Bounkani (Est) est fondamental. «Le Fpi a des textes, il est une société privée. La justice peut prendre des décisions mais, cela doit se faire en fonction de ces textes. Cette société privée, revient-il aux fondements, a été créée avec son règlement intérieur. Donc la justice doit s’y référer». Voilà une position que ne partage pas du tout Thomas Tiacoh, l’«ami» de M. Gbagbo et secrétaire national chargé de l’Agriculture. «Tout ce qui se passe actuellement au Fpi, accuse-t-il, c’est à cause de la justice ivoirienne». C’est pourquoi il dit trouver «normal» que tous y recourent «pour trouver une solution».