Un bras de fer se profile dans les rapports controversés entre les dissidents et les directions des partis politiques divisés sur l’élection présidentielle. Les «irréductibles» et autres «frondeurs» ne sont pas toujours en position de force en pareille situation.
A huit mois de l’élection présidentielle, prévue fin octobre, selon la Constitution ivoirienne, l’échiquier politique national présente des fissures. Des partis politiques et non des moindres sont en proie à une division. Cette fraction est liée à la position, contestée, dans chacun des états-majors quant à la stratégie électorale à adopter pour 2015. Sont principalement concernés par cette grosse controverse, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda), le Mouvement des forces d’avenir (Mfa) et le Front populaire ivoirien (Fpi). Les deux premières formations politiques sont, soit dit en passant, de la même famille houphouétiste. Elles souffrent du même mal, à savoir : la contestation par des dissidents du soutien à la candidature unique d’un allié commun, Alassane Ouattara, chef d’Etat, candidat à sa propre succession. La troisième formation, le Fpi, ancien parti au pouvoir, lui, est littéralement divisé, et presqu’au point de non-retour, sur sa participation ou non à ladite élection. Conséquence dans les deux cas, deux blocs antagonistes se défient au quotidien autour du patrimoine de leurs associations. Les uns, respectivement, pro-Ouattara et pro-élections (disons-le de cette façon pour désigner la direction du Pdci-Rda et celle du Fpi) gardent un œil vigilant sur le logo, les infrastructures du parti et décryptent les discours des autres. Gare, semblent-ils dire, à quiconque osera usurper des titres! Le message est su…
Et la menace n’est pas loin
Car, pour citer un exemple, au soir du 5ème congrès extraordinaire du Pdci-Rda au Parc des sports de Treichville (Abidjan), le Secrétaire exécutif du ‘’vieux‘’ parti a mis en garde tout éventuel contrevenant aux consignes de sa hiérarchie. Le sigle, le logo et les bâtiments du Pdci-Rda sont la propriété «exclusive» de cette entité, et celui qui s’en servira à des fins politiques et électoralistes s’expose à des poursuites judiciaires. Invité de la télévision nationale, l’ex-Secrétaire général a même indiqué que les responsables du Pdci-Rda ne se font pas de souci dans la mesure où l’hymne et les insignes sus- cités sont enregistrés à l’Office ivoirien de la propriété intellectuelle (Oipi). Le parti, a-t-il dit à demi-mot, dispose d’un titre de propriété conformément à l’usage et qu’en cette qualité, il peut saisir la justice s’il était spolié de ses droits réservés. Toujours, selon le Pr Guikahué, les anciens gouvernants (1960-1999) «aviseront» en temps opportun, si une usurpation était avérée. Ils ne sont pas aux aguets pour rien. C’est que leurs ‘’frères‘’ politiques qu’ils identifient sous le vocable d’«irréductibles», parce qu’opposés à l’Appel de Daoukro, une invitation à «soutenir la candidature unique» d’Alassane Ouattara, ont exprimé leur attachement aux mêmes attributs. «Nous sommes Pdci et nous demeurons Pdci…», avait martelé Charles Konan Banny lors d’une conférence de presse à Abidjan. Il l’avait co-animée avec Essy Amara, Jérôme Kablan Brou, d’autres cadres farouchement opposés à l’appel lancé par Henri Konan Bédié, président du Pdci-Rda, le 17 septembre depuis sa ville natale de Daoukro. En professant son ancrage dans l’ancien parti unique, le quatuor laisse poindre l’éventualité d’une bataille pour des logo, sigle et hymne. Une telle rixe, si elle venait à se dérouler, pourrait déboucher sur des poursuites. En effet, une série de dispositions juridiques régit toute usurpation. Là-dessus, le Code pénal ivoirien est très précis et prévenant.
L’Usurpation lourdement punie
En son article 307, par exemple, il est écrit: «Quiconque publiquement et sans y avoir droit, porte un costume, un uniforme, un insigne ou une décoration légalement règlementé, est puni d'un emprisonnement de six mois à deux ans et d'une amende de 150.000 à 1.500.000 francs». Si au Mfa, l’‘’opposition‘’ ne promeut pas une candidature autre que celle d’Alassane Ouattara, elle glisse vers l’usurpation, selon la direction de cette formation politique. Celle-ci, réagissant à la déclaration faite le 5 mars par le député Anzoumana Moutayé en faveur de l’Appel de Daoukro l’a décriée mais qualifiée de «faux et… de véritable brigandage politique». A ce point là, on peut dire que les adhérents au Mouvement ne sont pas loin des portes des tribunaux. Pareil pour les frontistes. Pascal Affi N’guessan, président du Fpi, a menacé samedi de saisir outre le Comité central à l’effet d’«invalider» les conclusions du Comité central convoqué la veille par les «frondeurs», opposés à la participation à la présidentielle. L’ex-Premier ministre ne compte pas s’arrêter là. Il envisage de s’en remettre aux juridictions compétentes afin que justice soit faite à propos de la convocation par un doyen d’âge là où, selon lui, seul le président du Fpi, disponible et pas empêché, est habilité à le faire. Les partisans de Laurent Gbagbo en sont donc à se mettre au défi qu’ils sont tous «héritiers» d’un mentor commun et que par conséquent les biens du ‘’patriarche‘’ appartiennent à tous. La tendance réfractaire aux élections a suspendu M. Affi qu’elle a remplacé par le premier vice-président, Abou Drahamane Sangaré. Elle envisage d’organiser un congrès électif dans quelque temps. Mais quelle sera la légitimité de telles assises tant que l’autorité publique, à travers le ministère de l’Intérieur, n’en valide pas les actes ? Cette question qui reste posée dans le cas du Mfa, ayant connu la même situation, demeure un prétexte des renversements de pouvoirs dans ces deux partis politiques.
Bidi Ignace
A huit mois de l’élection présidentielle, prévue fin octobre, selon la Constitution ivoirienne, l’échiquier politique national présente des fissures. Des partis politiques et non des moindres sont en proie à une division. Cette fraction est liée à la position, contestée, dans chacun des états-majors quant à la stratégie électorale à adopter pour 2015. Sont principalement concernés par cette grosse controverse, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda), le Mouvement des forces d’avenir (Mfa) et le Front populaire ivoirien (Fpi). Les deux premières formations politiques sont, soit dit en passant, de la même famille houphouétiste. Elles souffrent du même mal, à savoir : la contestation par des dissidents du soutien à la candidature unique d’un allié commun, Alassane Ouattara, chef d’Etat, candidat à sa propre succession. La troisième formation, le Fpi, ancien parti au pouvoir, lui, est littéralement divisé, et presqu’au point de non-retour, sur sa participation ou non à ladite élection. Conséquence dans les deux cas, deux blocs antagonistes se défient au quotidien autour du patrimoine de leurs associations. Les uns, respectivement, pro-Ouattara et pro-élections (disons-le de cette façon pour désigner la direction du Pdci-Rda et celle du Fpi) gardent un œil vigilant sur le logo, les infrastructures du parti et décryptent les discours des autres. Gare, semblent-ils dire, à quiconque osera usurper des titres! Le message est su…
Et la menace n’est pas loin
Car, pour citer un exemple, au soir du 5ème congrès extraordinaire du Pdci-Rda au Parc des sports de Treichville (Abidjan), le Secrétaire exécutif du ‘’vieux‘’ parti a mis en garde tout éventuel contrevenant aux consignes de sa hiérarchie. Le sigle, le logo et les bâtiments du Pdci-Rda sont la propriété «exclusive» de cette entité, et celui qui s’en servira à des fins politiques et électoralistes s’expose à des poursuites judiciaires. Invité de la télévision nationale, l’ex-Secrétaire général a même indiqué que les responsables du Pdci-Rda ne se font pas de souci dans la mesure où l’hymne et les insignes sus- cités sont enregistrés à l’Office ivoirien de la propriété intellectuelle (Oipi). Le parti, a-t-il dit à demi-mot, dispose d’un titre de propriété conformément à l’usage et qu’en cette qualité, il peut saisir la justice s’il était spolié de ses droits réservés. Toujours, selon le Pr Guikahué, les anciens gouvernants (1960-1999) «aviseront» en temps opportun, si une usurpation était avérée. Ils ne sont pas aux aguets pour rien. C’est que leurs ‘’frères‘’ politiques qu’ils identifient sous le vocable d’«irréductibles», parce qu’opposés à l’Appel de Daoukro, une invitation à «soutenir la candidature unique» d’Alassane Ouattara, ont exprimé leur attachement aux mêmes attributs. «Nous sommes Pdci et nous demeurons Pdci…», avait martelé Charles Konan Banny lors d’une conférence de presse à Abidjan. Il l’avait co-animée avec Essy Amara, Jérôme Kablan Brou, d’autres cadres farouchement opposés à l’appel lancé par Henri Konan Bédié, président du Pdci-Rda, le 17 septembre depuis sa ville natale de Daoukro. En professant son ancrage dans l’ancien parti unique, le quatuor laisse poindre l’éventualité d’une bataille pour des logo, sigle et hymne. Une telle rixe, si elle venait à se dérouler, pourrait déboucher sur des poursuites. En effet, une série de dispositions juridiques régit toute usurpation. Là-dessus, le Code pénal ivoirien est très précis et prévenant.
L’Usurpation lourdement punie
En son article 307, par exemple, il est écrit: «Quiconque publiquement et sans y avoir droit, porte un costume, un uniforme, un insigne ou une décoration légalement règlementé, est puni d'un emprisonnement de six mois à deux ans et d'une amende de 150.000 à 1.500.000 francs». Si au Mfa, l’‘’opposition‘’ ne promeut pas une candidature autre que celle d’Alassane Ouattara, elle glisse vers l’usurpation, selon la direction de cette formation politique. Celle-ci, réagissant à la déclaration faite le 5 mars par le député Anzoumana Moutayé en faveur de l’Appel de Daoukro l’a décriée mais qualifiée de «faux et… de véritable brigandage politique». A ce point là, on peut dire que les adhérents au Mouvement ne sont pas loin des portes des tribunaux. Pareil pour les frontistes. Pascal Affi N’guessan, président du Fpi, a menacé samedi de saisir outre le Comité central à l’effet d’«invalider» les conclusions du Comité central convoqué la veille par les «frondeurs», opposés à la participation à la présidentielle. L’ex-Premier ministre ne compte pas s’arrêter là. Il envisage de s’en remettre aux juridictions compétentes afin que justice soit faite à propos de la convocation par un doyen d’âge là où, selon lui, seul le président du Fpi, disponible et pas empêché, est habilité à le faire. Les partisans de Laurent Gbagbo en sont donc à se mettre au défi qu’ils sont tous «héritiers» d’un mentor commun et que par conséquent les biens du ‘’patriarche‘’ appartiennent à tous. La tendance réfractaire aux élections a suspendu M. Affi qu’elle a remplacé par le premier vice-président, Abou Drahamane Sangaré. Elle envisage d’organiser un congrès électif dans quelque temps. Mais quelle sera la légitimité de telles assises tant que l’autorité publique, à travers le ministère de l’Intérieur, n’en valide pas les actes ? Cette question qui reste posée dans le cas du Mfa, ayant connu la même situation, demeure un prétexte des renversements de pouvoirs dans ces deux partis politiques.
Bidi Ignace