Pourvu qu’il se soit compris et convaincu, lui-même, lors de la rencontre qu’il a eue, le mercredi 10 mars dernier, avec 150 militants PDCI ( ?) de Suisse et d’Italie venus l’écouter, en banlieue parisienne, dans le cadre de sa pré-campagne à l’élection présidentielle d’octobre 2015. Ce serait déjà assez, pour ne pas lui en demander plus ! Mais, rien n’est moins sûr, avec un discours aussi aride, constipé et touffu, construit autour d’un argumentaire désaxé, qui se perd dans les labyrinthes des us et coutumes tribales et des règles du libre jeu démocratique, avant de partir en vrille. Dans ces conditions, n’aurait-il pas valu mieux passer par pertes et profits ce qui ne peut être qu’un chant du cygne annonçant l’imminence d’une déclaration de forfait planifiée ? Pourquoi pas ! Il reste que le contenu dangereux de ce discours impose de débusquer Charles Konan Banny, son auteur, et de le présenter à l’opinion publique nationale et internationale, tel qu’en lui-même, au-delà de l’apparence du technocrate moderne qu’il peine à se donner. Lecture de quelques morceaux choisis d’un soliloque désenchanté et vénéneux, qui n’a rien appris, ni rien oublié de près de deux décennies de crise identitaire.
De façon pathétique, tel un taureau à son entrée dans la corrida, qui fonce tête basse sur le torero, Charles Konan Banny introduit son entretien par une attaque frontale contre le PDCI-RDA et son Président. Et pour cause !
On se souvient, lors du dernier Congrès Ordinaire du PDCI-RDA, l’homme avait espéré, un moment, pouvoir prendre les rênes de ce parti. Par la suite, se rendant à l’évidence, il avait dû changer de fusil d’épaule, en jetant en pâture des seconds couteaux, face au Président Henri Konan Bédié. N’est-ce pas qu’une déculotté, en cas de candidature personnelle, aurait constitué un obstacle politique et psychologique infranchissable à sa présente candidature indépendante aux prochaines présidentielles.
Il reste que la cuisante défaite subie par ses deux fantassins,- 6% des suffrages des congressistes-, était aussi et surtout sa propre défaite, qu’il n’a pas et qu’il ne pourra pas digérer de si tôt. On comprend, dès lors, que Charles Konan Banny accuse, à présent, frontalement et sans porter de gant, le Président Henri Konan Bédié et les 94% de congressistes qui ont accordé leurs suffrages à ce dernier d’être ceux qui «pensent que le PDCI-RDA serait un héritage que l’on recevrait du voisinage par délégation ou par consensus». Propos d’un mauvais perdant. Bien sûr. Mais surtout, querelle de famille, après tout, qui ne regarde pas le voisin. Sauf lorsque le «voisin» est visé, directement, lui-même.
«Le RDR est le voisin (…) politique du PDCI-RDA (…)». Pourquoi «voisin» et pas «allié» ? Comprenne que pourra ! Paroles de Charles Konan Banny !!! On se serait alors contenté d’ajouter le terme «voisin» aux termes «concomitant» et «tandem», dont il a enrichi le vocabulaire politique ivoirien, pour lui être agréable, si on avait l’assurance que ce mot n’était pas chargé d’une connotation tribale inavouée. Et pour cause.
L’air mauvais, visiblement dans un accès de haine mal contenu et le ton méprisant, le candidat indépendant du PDCI aux prochaines élections présidentielles assène, sans tressaillir : «(…) Le RDR n’est pas héritier du PDCI-RDA. Il fait partie de l’héritage du PDCI-RDA (…)».
Qu’une formation politique puisse être «l’héritière» d’une autre existante, on a envie de poser la question de savoir comment cela se peut. En revanche, un parti politique peut revendiquer, à tort ou à raison, l’héritage d’un leader charismatique auquel il s’identifie.
Alors, de deux choses, l’une. Soit, Charles Konan Banny est déjà engagé dans un combat solitaire, par anticipation, contre la création annoncée d’un Parti unifié par fusion des partis du RHDP, ou en vue du contrôle de ce parti, s’il ne parvient pas à empêcher sa naissance. Soit, en réalité, c’est l’héritage du Président Félix Houphouët-Boigny qu’il refuse au RDR. Dans un cas comme dans l’autre, son mépris maladif pour ce parti est identique, qu’il exprime ouvertement, sans s’embarrasser de fioriture, en le rabaissant, les personnes et les biens, au statut d’un objet de possession, qui «(…) fait partie de l’héritage du PDCI-RDA (…)» et qui ne devrait pas prétendre au pouvoir, mais se mettre au service «(…) d’un vrai héritier de ce parti (sic) quinquagénaire (…)».
Délire tribaliste, s’il en est, qui aurait pu justifier qu’on fasse l’économie des questions que suscite cette sortie hasardeuse de l’ancien Gouverneur de la BCEAO, ancien Premier Ministre et ancien Président de CDVR. Mais, la tentation est irrésistible de lui demander de quelle légitimité se prévaut-il pour s’auto-proclamer «vrai héritier du PDCI-RDA», par rapport à d’autres cadres et militants de ce parti. A-t-il exercé, une seule fois, un mandat électif sous l’étendard de ce parti ? A-t-il seulement jamais possédé une carte d’adhésion de ce parti pour se considérer en être un militant ? Avant sa mésaventure de la Primature, de décembre 2005 à mars 2007, avait-il mis les pieds une fois au siège de ce parti ? A moins que ce soit le fait ethnosociologique de s’appeler Banny ou Konan ou les deux à la fois qui lui confère la légitimité d’héritier du PDCI-RDA dont il se prévaut.
Enfin, on comprend mieux, à présent, pourquoi Charles Konan Banny était resté tapis dans l’ombre, jusque-là, préférant se servir de mercenaires pour mener le combat de son élection à la tête du PDCI-RDA et celui de sa candidature à la prochaine présidentielle sous les couleurs de ce parti. Avec un tel discours, autant dangereux que poussif, totalement décalé par rapport à l’air du temps et incompréhensible pour la jeunesse qui représente aujourd’hui 70% de la population, il est certain qu’il se serait liquidé, tout seul, depuis longtemps.
Toutefois, à sa décharge, notons que le métier est dur. Il ne s’accommode point d’amateurisme. Mais, à force de persévérer, on y arrive. Espérons que les prochaines sorties du grand-frère Charly seront plus heureuses. C’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter. Pour le courage dont témoigne sa candidature indépendante. Et, pour la beauté de la campagne à venir, aussi.
DOUGBOYOU Jean-Pierre
Enseignant à l’Université J. Lorougnon Guédé -
DALOA
De façon pathétique, tel un taureau à son entrée dans la corrida, qui fonce tête basse sur le torero, Charles Konan Banny introduit son entretien par une attaque frontale contre le PDCI-RDA et son Président. Et pour cause !
On se souvient, lors du dernier Congrès Ordinaire du PDCI-RDA, l’homme avait espéré, un moment, pouvoir prendre les rênes de ce parti. Par la suite, se rendant à l’évidence, il avait dû changer de fusil d’épaule, en jetant en pâture des seconds couteaux, face au Président Henri Konan Bédié. N’est-ce pas qu’une déculotté, en cas de candidature personnelle, aurait constitué un obstacle politique et psychologique infranchissable à sa présente candidature indépendante aux prochaines présidentielles.
Il reste que la cuisante défaite subie par ses deux fantassins,- 6% des suffrages des congressistes-, était aussi et surtout sa propre défaite, qu’il n’a pas et qu’il ne pourra pas digérer de si tôt. On comprend, dès lors, que Charles Konan Banny accuse, à présent, frontalement et sans porter de gant, le Président Henri Konan Bédié et les 94% de congressistes qui ont accordé leurs suffrages à ce dernier d’être ceux qui «pensent que le PDCI-RDA serait un héritage que l’on recevrait du voisinage par délégation ou par consensus». Propos d’un mauvais perdant. Bien sûr. Mais surtout, querelle de famille, après tout, qui ne regarde pas le voisin. Sauf lorsque le «voisin» est visé, directement, lui-même.
«Le RDR est le voisin (…) politique du PDCI-RDA (…)». Pourquoi «voisin» et pas «allié» ? Comprenne que pourra ! Paroles de Charles Konan Banny !!! On se serait alors contenté d’ajouter le terme «voisin» aux termes «concomitant» et «tandem», dont il a enrichi le vocabulaire politique ivoirien, pour lui être agréable, si on avait l’assurance que ce mot n’était pas chargé d’une connotation tribale inavouée. Et pour cause.
L’air mauvais, visiblement dans un accès de haine mal contenu et le ton méprisant, le candidat indépendant du PDCI aux prochaines élections présidentielles assène, sans tressaillir : «(…) Le RDR n’est pas héritier du PDCI-RDA. Il fait partie de l’héritage du PDCI-RDA (…)».
Qu’une formation politique puisse être «l’héritière» d’une autre existante, on a envie de poser la question de savoir comment cela se peut. En revanche, un parti politique peut revendiquer, à tort ou à raison, l’héritage d’un leader charismatique auquel il s’identifie.
Alors, de deux choses, l’une. Soit, Charles Konan Banny est déjà engagé dans un combat solitaire, par anticipation, contre la création annoncée d’un Parti unifié par fusion des partis du RHDP, ou en vue du contrôle de ce parti, s’il ne parvient pas à empêcher sa naissance. Soit, en réalité, c’est l’héritage du Président Félix Houphouët-Boigny qu’il refuse au RDR. Dans un cas comme dans l’autre, son mépris maladif pour ce parti est identique, qu’il exprime ouvertement, sans s’embarrasser de fioriture, en le rabaissant, les personnes et les biens, au statut d’un objet de possession, qui «(…) fait partie de l’héritage du PDCI-RDA (…)» et qui ne devrait pas prétendre au pouvoir, mais se mettre au service «(…) d’un vrai héritier de ce parti (sic) quinquagénaire (…)».
Délire tribaliste, s’il en est, qui aurait pu justifier qu’on fasse l’économie des questions que suscite cette sortie hasardeuse de l’ancien Gouverneur de la BCEAO, ancien Premier Ministre et ancien Président de CDVR. Mais, la tentation est irrésistible de lui demander de quelle légitimité se prévaut-il pour s’auto-proclamer «vrai héritier du PDCI-RDA», par rapport à d’autres cadres et militants de ce parti. A-t-il exercé, une seule fois, un mandat électif sous l’étendard de ce parti ? A-t-il seulement jamais possédé une carte d’adhésion de ce parti pour se considérer en être un militant ? Avant sa mésaventure de la Primature, de décembre 2005 à mars 2007, avait-il mis les pieds une fois au siège de ce parti ? A moins que ce soit le fait ethnosociologique de s’appeler Banny ou Konan ou les deux à la fois qui lui confère la légitimité d’héritier du PDCI-RDA dont il se prévaut.
Enfin, on comprend mieux, à présent, pourquoi Charles Konan Banny était resté tapis dans l’ombre, jusque-là, préférant se servir de mercenaires pour mener le combat de son élection à la tête du PDCI-RDA et celui de sa candidature à la prochaine présidentielle sous les couleurs de ce parti. Avec un tel discours, autant dangereux que poussif, totalement décalé par rapport à l’air du temps et incompréhensible pour la jeunesse qui représente aujourd’hui 70% de la population, il est certain qu’il se serait liquidé, tout seul, depuis longtemps.
Toutefois, à sa décharge, notons que le métier est dur. Il ne s’accommode point d’amateurisme. Mais, à force de persévérer, on y arrive. Espérons que les prochaines sorties du grand-frère Charly seront plus heureuses. C’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter. Pour le courage dont témoigne sa candidature indépendante. Et, pour la beauté de la campagne à venir, aussi.
DOUGBOYOU Jean-Pierre
Enseignant à l’Université J. Lorougnon Guédé -
DALOA