Le troisième Congrès du RDR, cʼest dans 48 heures. En marge des préparatifs de ce grand rassemblement, Le Patriote a rencontré le ministre Amadou Soumahoro, secré- taire général par intérim du RDR. Dans cet entretien, il parle des enjeux de ce Congrès extraordinaire et des défis à venir pour le parti domicilié à la rue Lepic.
Le Patriote : Le dimanche prochain, votre parti organise son troisième congrès extraordinaire. En tant que premier responsable du parti, quels sont, à 48 heures de lʼévénement, les enjeux de cette rencontre?
Amadou Soumahoro : Ce congrès extraordinaire va se tenir dans un contexte particulier pour notre parti et pour la Côte dʼIvoire. Premièrement, parce quʼil sʼagit du premier grand rassemblement de notre parti depuis que notre pays est sorti dʼune grave crise qui lʼa défiguré. Deuxièmement, parce quʼil sʼagit pour nous, au regard du bilan exceptionnel et positif de la gestion de celui qui, hier, était le candidat dʼun parti, aujourdʼhui président de la République, de le choisir comme candidat de notre mouvement à la prochaine élection présidentielle. Lʼévé- nement est dʼautant plus exceptionnel que je me rappelle encore comme si cʼétait hier, quand le chef de lʼEtat, alors candidat, promettait aux Ivoiriens de remettre la Côte dʼIvoire au travail et de la mettre en chantier, si les Ivoiriens lui faisaient confiance. Le bilan est là. Chacun peut apprécier. Chacun peut dire si oui ou non le Président a tenu parole. Cʼest dans ce contexte particulier que se tient le troisième congrès extraordinaire du Rassemblement des Républicains.
LP : Ce congrès intervient dans le prolongement de lʼAppel de Daoukro. Justement, quelle appréciation faites-vous de cet appel ?
AS : Je crois que le RDR sʼest déjà prononcé sur lʼAppel de Daoukro, à lʼoccasion de lʼun de ses bureaux politiques exclusivement consacré à la question. Au cours de ce bureau politique, la direction de notre parti a recommandé à cette instance dʼendosser cette déclaration de Daoukro. Ce qui a été fait. Mieux, nous avons demandé à tous les militants du RDR, et au-delà à tous les Ivoiriens, de soutenir cet appel qui pour le RDR était, non seulement un quitus donné par le président Henri Konan Bédié à la gestion savante, comme je me plais à le qualifier, du président Alassane Ouattara, mais aussi à la vision du président Bédié, qui est celle dʼune Côte dʼIvoire de paix, de prospérité et de quiétude. Nous allons inviter nos militants à accompagner cet appel en se mettant en mouvement pour le faire accepter de tous.
Lp : M. le ministre, lʼAppel de Daoukro, comme dʼaucuns le pensent, assure-t-il une victoire confortable du candidat Ouattara à lʼélection présidentielle prochaine ?
AS : Avant toute réponse, je voudrais profiter de lʼoccasion que vous mʼoffrez pour rendre un vibrant hommage au président Henri Konan Bédié. Je voudrais lui exprimer, au nom de la direction de mon parti, toute ma gratitude et mon admiration pour sa vision objective. Une vision qui garantira certainement à notre pays, cette paix et cette stabilité dont nous avons besoin. Je voudrais le rassurer du soutien du RDR. Pour en venir à votre question, je voudrais vous rappeler quʼil nʼy a jamais de petites élections. La direction du parti est très lucide sur cette question. De même quʼen football, il nʼy a jamais de petits matchs, de même en politique, il nʼy a jamais de petites élections. Toutes les élections se valent dans la mesure où à tout moment, des faits nouveaux peuvent contredire des prévisions que peuvent établir lʼétat-major dʼun parti politique. Pour le Rassemblement des Républicains, nous conduirons cette campagne comme si nous étions dans un contexte où nous devrions nous battre pour arracher toutes les voix où quʼelles sont, dʼoù quʼelles viennent, en faveur du présidentAlassane Ouattara. Nous ne négligerons rien pendant cette campagne électorale. Nous ne nous endormirons pas dans un optimisme béat. Pour nous, cette campagne doit être menée avec détermination, avec engagement et sans faiblesse. Et ça, le RDR sait le faire. Ces élections sont comme toutes les autres que nous avons connues par le passé. Ces élections seront difficiles, mais nous gagnerons. Notre objectif est non seulement de faire gagner le chef de lʼEtat avec un taux de participation élevé, mais aussi par une victoire écrasante. Cʼest pour cela que rien ne sera négligé ni oublié.
LP : Le reproche principal fait à cet appel, par certains, est, selon eux, son caractère autocratique, antidémocratique. Faites-vous la même analyse?
AS : Nous ne sommes plus à lʼétape des critiques. Les critiques sont derrière nous. Nous sommes dans une vision de victoire, dans une vision de campagne électorale. Les récriminations sont terminées. Le RDR ne sʼinscrit pas dans ce schéma. Quand vous avez une bataille comme celle que nous allons livrer bientôt, dans les semaines à venir, les critiques nʼont plus leur place. Cʼest le défi à relever qui est le plus important. La critique est facile, mais lʼart difficile, nous enseigne le sage.
LP : Vous allez à ce congrès avec le mauvais souvenir de lʼéchec de la commémoration des 20 ans du RDR à Bouaké. Que pouvez-vous dire aux uns et aux autres pour les rassurer sur le succès de ce grand rassemblement auquel vous appelez vos militants ?
AS : Premièrement, il faut préciser que ce nʼest pas le même contexte. Bouaké, cʼétait le 20ème anniversaire de notre parti. Cet anniversaire sʼest déroulé dans un contexte que nous connaissons. Nous sortions dʼélections internes qui avaient laissé des dissensions dans nos bases. Deuxiè- mement, jʼétais à Bouaké et contrairement à ce que les gens disent, Bouaké nʼa pas été totalement un échec. Ce qui sʼest passé à Bouaké, et la Direction lʼa assumé, cʼest lʼagencement du programme qui nʼa pas été bien maitrisé.
LP : Il se raconte que les moyens nʼavaient pas été dégagés à temps.
AS : Ce sont des faits qui ne sont pas vérifiés. Les moyens ont été dégagés. Je peux confirmer que lʼargent a été dégagé.
LP : Combien ?
AS : (Rires, ndlr). Ces choses ne se disent pas sur la place publique. Le serpent ne fait pas sa mue en public. Les dissensions internes ont beaucoup plus joué que les moyens dont vous parlez. Il y avait des problèmes internes dans le parti au niveau de Bouaké. Les responsables nʼont pas souvent parlé le même langage par rapport à cette organisation. Ensuite, nous avons eu un problème dʼagencement comme je le disais tantôt dans le déroulé de la manifestation. Il y avait un défilé qui était prévu. Nous aurions dû mettre le défilé à la fin. Alors que nous avons mis le défilé en début de manifestation. Les militants qui nʼavaient pas été suffisamment briefés sur le programme, rentraient chez eux chaque fois quʼils avaient fini leur tour de passage. Ceux qui étaient à Bouaké se souviennent que la grande tribune qui était en face des officiels était bondée de monde. En début de manifestation, les photos qui avaient été prises le témoignent. Cʼest après le défilé quʼelle sʼest vidée. Si le défilé avait été placé en dernière position, les militants seraient restés jusquʼà la fin de la manifestation. Nous ne voulons pas faire de polémique. Chacun connait la capacité de mobilisation du RDR. Nous nʼavons rien à prouver et à apprendre dans ce domaine. Mobiliser, cʼest la marque déposée du RDR.
LP : Quelle garantie donnezvous quant au succès de ce congrès extraordinaire ?
AS : Je ne donne pas de garantie. Je me bats pour que ce congrès soit un succès. Un homme politique ne donne pas de garanties. Il relève des défis. Le défi que nous voulons relever est celui de la mobilisation. Dʼautant quʼil sʼagit du président Alassane Ouattara. Il sʼagit de celui-là même qui, en moins de trois ans, a transformé le visage de notre pays. Il sʼagit de celui-là même qui, aujourdʼhui au RDR, nous comble de fierté et dʼadmiration. Nous sommes en train de convaincre les militants pour que tous, comme un seul homme, répondent à lʼappel de ce dimanche. Car, il sʼagira de fêter Alassane Ouattara, lui exprimer notre reconnaissance, lui dire merci pour le don de soi quʼil a fait pour le RDR et pour notre pays. Nous sommes dans un enjeu, pas dans une compétition. Tout est en train dʼêtre mis en œuvre afin que le dimanche 22 mars prochain, les remerciements et la reconnaissance des militants du RDR à leur président soient à la hauteur de lʼœuvre gigantesque quʼil a accomplie à la tête du pays.
LP : Monsieur le ministre, il y a quelques mois, votre parti a entamé et bouclé un processus de restructuration. Peut-on dire aujourdʼhui que vous avez atteint votre principal objectif, qui était de mettre le RDR en ordre de bataille ?
AS : Vous qui êtes des observateurs avertis de la vie politique et surtout de la vie de notre parti, cʼest à vous dʼapprécier si la restructuration a redynamisé le parti ou pas. De mon point de vue, en tant que premier responsable du parti, je vois un RDR qui me rappelle celui des années 95, 96, 2000, 2005, des années épiques quʼa vécues notre parti. Je ne sais pas ce qui se passe dehors (Lʼinterview a été réalisée à 16 heures, ndlr), mais si vous étiez venus à 17 heures, vous aurez vu lʼeffervescence qui nous rappelle ces années épiques. La restructuration du parti était nécessaire. Après une aussi longue et difficile lutte au bout de laquelle le parti a accédé au pouvoir et que certains de nos cadres accompagnent le président de INTERVIEW / AMADOU SOUMAHORO (SECRÉTAIRE GÉNÉRAL PAR INTÉRIM DU RDR) : “Il s’agira de fêter et témoigner notre reconnaissance à Ouattara” RÉALISÉE PAR KORE EMMANUEL, JEAN CLAUDE COULIBALY ET THIERY LATT (PHOTOS : TANO E) Le troisième Congrès du RDR, cʼest dans 48 heures. En marge des préparatifs de ce grand rassemblement, Le Patriote a rencontré le ministre Amadou Soumahoro, secré- taire général par intérim du RDR. Dans cet entretien, il parle des enjeux de ce Congrès extraordinaire et des défis à venir pour le parti domicilié à la rue Lepic. Aujourdʼhui, le ciment manque sur l’ ensemble du territoire national (...) en économie, il y a une vérité qui dit : «quand le bâtiment va, tout va ». LE PATRIOTE — N°4591 — VENDREDI 20 MARS 2015 ACTU IVOIRE 3 la République dans la gestion du pouvoir, il était plus que indispensable de restructurer le parti. Cʼest ce qui a été fait. Aujourdʼhui, le RDR est un parti qui se pilote à partir des radars. Et ces radars affichent vert.
LP : Cette restructuration avait aussi pour objectif de rapprocher la direction de la base. Estce quʼon peut dire aujourdʼhui que cʼest chose faite ?
AS : Je pense que oui. Comme je suis à la barre, je ne veux pas faire de lʼautosatisfaction. Mais, je pense que cet objectif a été atteint. A preuve, le congrès intervient à un moment où nous avions commis près dʼune quarantaine de délégations à lʼintérieur du pays pour rencontrer les militants. Ces missions, qui ont été suspendues et qui vont reprendre juste après le congrès, ont pour objet dʼaller à la rencontre des militants en faisant du corps à corps et non de grands meetings. Pour nous, il fallait échanger avec les militants, comprendre leurs difficultés, noter leurs préoccupations afin de les faire remonter à la direction du parti. Ceux qui mʼont accompagné dans le Moronou et dans le SudComoé peuvent lʼattester. Les séances de travail que les chefs de délégation ont eues avec les responsables locaux sont plus importantes que de grands meetings. Aujourdʼhui, je ne dis pas que les militants du RDR ne se plaignent pas, mais on travaille pour quʼil y ait une symbiose parfaite entre la direction et la base.
LP : Il y a, comme vous le dites, des frustrés et des déçus. Pensez-vous avoir raisonné toutes ces personnes étant donné que lʼélection pré- sidentielle nʼest pas loin ?
AS : Même lorsque nous étions dans lʼopposition, il y avait des frustrés. Certains se plaignaient de nʼavoir pas été nommés. Quand il sʼest agi de mettre sur pied la direction de campagne du président Ouattara, il y a eu beaucoup de frustrés. Il nʼy a que Dieu qui peut satisfaire tout le monde. Cʼest vrai, nous comprenons parfaitement ces frustrations qui sont légitimes, notamment celles des jeunes qui au sortir du combat sacrificiel, voulaient voir leurs conditions de vie sʼaméliorer. Mais au moment du combat, aucun de nous nʼétait capable de prévoir que nous sortirions de cette crise par une guerre. Souvenons-nous des conditions dans lesquelles le chef de lʼEtat a pris ce pays en avril 2011. Pendant sa campagne à Yopougon à la place Ficgayo, le président avait promis un million dʼemplois aux jeunes. Le jour où il prenait cet engagement vis-à-vis des jeunes à Yopougon, personne nʼétait à même de prévoir que nous sortirions de cette compétition par une guerre. Pourtant, tous les candidats sʼétaient engagés à reconnaître les résultats qui seront proclamés par la Commission électorale indépendante. Lʼhomme propose, mais Dieu dispose. Dieu a voulu quʼAlassane Ouattara prenne ce pays dans un état de banqueroute. Ce pays qui nʼétait pays que de nom. En avril 2011, il nʼy avait plus rien. Il nʼy avait pas dʼéconomie, il nʼy avait pas dʼentreprises, il nʼy avait pas de police, il nʼy avait pas de gendarmerie, il nʼy avait pas dʼarmées, il nʼy avait pas de routes, il nʼy avait plus dʼAdministration, il nʼy avait plus rien ! Cʼest dans ces conditions déplorables que le chef de lʼEtat a pris ce pays. Ce sont toutes ces raisons qui nous amè- nent à dire que ce que Ouattara a fait est une gestion savante. Un pays pris dans ces conditions, sʼest remis en marche en moins de deux ans et demi. Aujourdʼhui, la Côte dʼIvoire est repositionnée, elle retrouve sa place de leader dans la sous-région. Elle retrouve sa crédibilité au plan international ainsi quʼau niveau de la communauté financière internationale. Il faut le faire. Cʼest vrai que le Chef de lʼEtat et son gouvernement ne pouvaient, malheureusement, pas sʼattaquer à tous les problèmes. Il fallait aller par priorité. Il fallait dʼabord redresser le pays et après commencer à le reconstruire. Cʼest ce qui est en train dʼêtre fait. Malheureusement, lʼimpatience légitime des jeunes doit être comprise dans ce contexte. Le président de la République a réaffirmé récemment sa volonté de faire de ce problème dʼemploi des jeunes, une affaire personnelle.
LP : Lʼun des défis des élections, cʼest le taux de participation. Ne craignez-vous pas quʼil soit en deçà de ce que la Côte dʼIvoire a enregistré en 2010 ?
AS : Cʼest pour cela que nous nous battons. Logiquement, tous les indices indiquent que ce taux doit être au-dessus de celui de 2010. Dʼabord, lʼéquipe du président Alassane Ouattara est une équipe qui gagne. Le pays est au travail. Le pays est en chantier dans tous les domaines et sur lʼensemble du territoire national. Tous les Ivoiriens où quʼils se trouvent, constatent quʼil y a un chantier chez eux. Les Ivoiriens savent apprécier. Les Ivoiriens savent juger. Cʼest la raison pour laquelle, nous pensons que pour cette élection, le sursaut de permettre au président Alassane Ouattara dʼamplifier lʼœuvre gigantesque quʼil a déjà entamée va booster le taux de participation.
LP : On vous rétorquera que la vie demeure chère ?
AS : Oui, la vie continue dʼêtre chère. Mais les conditions de lʼamélioration de cette vie sont désormais plantées. En économie, les effets de signes positifs ne sont pas immédiats. Il faut dʼabord investir. Lʼinvestissement fluctue, quand il donne des produits, alors on en bénéficie. Cʼest comme un champ. Quand vous plantez votre igname en janvier, ce nʼest pas dans le même mois de janvier que vous avez les fruits de votre travail. Quand vous plantez votre manioc le 15 février, vous ne récoltez pas votre tubercule le 16 février. Nous constatons que la croissance commence à se faire sentir. Aujourdʼhui, le ciment manque sur lʼensemble du territoire national parce que la capacité des productions des usines de cimenterie est dépassée du fait de la forte demande. Or en économie, il y a une vérité qui dit : «quand le bâtiment va, tout va ». Nous pensons que les Ivoiriens qui savent apprécier, qui savent objectivement juger, sortiront nombreux en octobre 2015 pour réélire le président Alassane Ouattara avec un taux de victoire écrasant et un taux de participation très élevé.
LP : En face de votre leader, il y a dʼautres candidats qui mettent en place petit à petit une coalition. Cette coalition nʼestelle pas de nature à vous causer de sérieuses inquiétudes ?
AS : Je ne les néglige pas. Je ne les minimise pas. Mais je peux vous dire quʼils ne nous inspirent pas du tout dʼinquiétude. Nous sommes des combattants. Ces élections seront bilan contre bilan. Nous avons un bilan que nous allons exposer aux Ivoiriens. Ce bilan est palpable. Il est vérifiable, il est visible. Nos adversaires mettront en face leur bilan.
LP : Ils vous répondront quʼils nʼont pas gouverné.
AS : Effectivement, ils nʼont pas gouverné, donc ils nʼont pas de bilan. Mais on peut gouverner et avoir un bilan négatif. Je crois fondamentalement que le bilan du chef de lʼEtat est positif, il est bon, il est exceptionnellement bon. Ils nʼont pas en face un pouvoir qui a un bilan négatif. Mais, vous le savez bien, certains éléments de cette coalition ont laissé un bilan récent que nous ressortirons. Ça aussi, à la guerre comme à la guerre.
LP : Ces candidats disent vouloir être président pour réconcilier les Ivoiriens. Nʼavez-vous pas le sentiment quʼils le disent pour insinuer que le gouvernement nʼa pas réussi la réconciliation ?
AS : La campagne nʼa pas encore commencé. Nous allons répondre à tous ceux-là au moment venu. Dès son accession au pouvoir, le Chef de lʼEtat sʼest fixé comme objectif premier, la reconstruction du tissu social sauvagement déchiré par la gestion de la Refondation. Je vous ai dit que le bilan, nous le ferons remonter en surface. Les bilans sont là en dessous. Ils nʼont pas disparu. Cette gestion avait mis la Côte dʼIvoire dans un état de délabrement multidimensionnel, tant au plan économique quʼau plan social. Dès sa prise de fonction, le Président de la République sʼest fixé pour objectif de réconcilier les Ivoiriens. Aujourdʼhui, lʼétat des relations entre les Ivoiriens est meilleur que celui qui a existé sous la Refondation. Les Ivoiriens se parlent. Le gouvernement parle avec lʼopposition. Le RDR parle avec ses adversaires politiques. Le chef de lʼEtat pour mettre en œuvre cette politique de réconciliation a mis en place des institutions et des structures. La gestion de ces structures a été confiée à des personnalités de ce pays. Lorsquʼon vous confie des instruments aussi importants, il faut dʼabord un engagement sincère et sans calcul, sans arrière pensée. Il ne faut pas avoir dʼautres plans. Lorsque le gestionnaire de lʼune de ces structures (suivez mon regard) avait un plan B ou C pendant quʼil avait pour mission de réconcilier les Ivoiriens, comment voulez-vous quʼil puisse réconcilier les Ivoiriens ? Cʼest pourquoi en homme averti, le président de la République sʼest lui-même impliqué personnellement pour accompagner le processus de réconciliation des Ivoiriens
LP : La question de lʼalternance semble faire lʼobjet de quelques incompréhensions. Quelle est votre analyse de la question ?
AS : Mon analyse est simple. Les deux chefs ont parlé. Ils ont appelé à un parti unifié.
LP : Dans lequel il est question que le meilleur succède au Pré- sident de la République?
AS : Absolument. Si nous sommes dans le parti unifié, à partir de ce moment, il nʼy a plus de débat. Si tel que les deux chefs lʼont exprimé, les partis du RHDP deviennent un seul parti, alors lʼalternance nʼest plus un casse tête chinois. Le RDR a endossé lʼAppel de Daoukro qui a soulevé cette question. Nous lʼavons endossé dans toutes ses dimensions.
LP : Pour vous, lʼidée dʼun parti unifié a-t-elle des chances dʼaboutir ?
AS : Nos chefs ont exprimé clairement cette volonté. A chaque moment, son débat. Pour le moment, nous parlons du chef de lʼEtat.
Lp : La Cour dʼAssises a donné son verdict dans lʼaffaire qui lʼa opposé à Simone Gbagbo. Quel commentaire faites-vous de ce verdict que dʼaucuns jugent de trop lourd?
AS : Je nʼai pas de commentaire à faire. La justice ivoirienne a décidé. Je me plie à cette décision. Je fais confiance en la justice. Même si la justice lʼavait acquittée, je me serais plié à cette décision.
LP : Que répondez-vous à ces avocats qui qualifient se procès de procès politique ?
AS : Ces avocats nʼétaient pas au tribunal. Ils étaient dans des arènes politiques. Ces avocats nʼétaient pas dans ce pays pendant la période où le FPI gérait ce pays. Sinon, comment comprendre quʼaprès ce que ce pays a vécu pendant les dix années de la gestion du pouvoir par la refondation, pendant lesquels Simone Gbagbo a eu à jouer un rôle déterminant dans ce qui sʼest passé, il y ait des gens qui parlent de procès politique. Quand il sʼagira de la juger pour les crimes de sang, vous verrez des témoignages des victimes. Elles sont nombreuses dans nos rangs. Ces victimes que nous avons de la peine à prendre en charge. Les militants du RDR ont été mutilés, ils ont été tués.
LP : Après le congrès, quelles sont les prochaines étapes pour le RDR, votre parti ?
AS : Nous allons inviter nos frères des autres partis membres du RHDP à la convention unifiée pour investir le chef de lʼEtat comme le candidat unique du RHDP. Après cette convention, nous serons dans le maquis. La campagne commence pour nous dès cet instant. Cʼest là quʼon verra qui est qui, qui a fait quoi dans ce pays.
LP : Un appel par rapport au grand rassemblement pour ce dimanche.
AS : Je voudrais demander à tous les militants de notre grand parti de taire leurs querelles. Je voudrais leur dire que la direction du parti a entendu leur appel. Le Président de la République ne les a pas oubliés. Je les invite donc à venir le dimanche 22 mars 2015 pour quʼon fête Alassane Ouattara. Venons tous exprimer ensemble, dans la communion, notre reconnaissance au président Alassane Ouattara pour avoir fait don de sa personne pour notre parti, pour notre combat et pour être en train de faire don de sa personne au pays. Je voudrais les inviter où quʼils soient, dans les campagnes, dans les campements, dans les villages, dans les villes, partout, à converger sur Abidjan pour dire que ce que le Président de la République fait à la tête de la Côte dʼIvoire est exceptionnel. Venons dire Président merci, président continue.
KORE EMMANUEL
JEAN CLAUDE COULIBALY
THIERY LATT
Le Patriote : Le dimanche prochain, votre parti organise son troisième congrès extraordinaire. En tant que premier responsable du parti, quels sont, à 48 heures de lʼévénement, les enjeux de cette rencontre?
Amadou Soumahoro : Ce congrès extraordinaire va se tenir dans un contexte particulier pour notre parti et pour la Côte dʼIvoire. Premièrement, parce quʼil sʼagit du premier grand rassemblement de notre parti depuis que notre pays est sorti dʼune grave crise qui lʼa défiguré. Deuxièmement, parce quʼil sʼagit pour nous, au regard du bilan exceptionnel et positif de la gestion de celui qui, hier, était le candidat dʼun parti, aujourdʼhui président de la République, de le choisir comme candidat de notre mouvement à la prochaine élection présidentielle. Lʼévé- nement est dʼautant plus exceptionnel que je me rappelle encore comme si cʼétait hier, quand le chef de lʼEtat, alors candidat, promettait aux Ivoiriens de remettre la Côte dʼIvoire au travail et de la mettre en chantier, si les Ivoiriens lui faisaient confiance. Le bilan est là. Chacun peut apprécier. Chacun peut dire si oui ou non le Président a tenu parole. Cʼest dans ce contexte particulier que se tient le troisième congrès extraordinaire du Rassemblement des Républicains.
LP : Ce congrès intervient dans le prolongement de lʼAppel de Daoukro. Justement, quelle appréciation faites-vous de cet appel ?
AS : Je crois que le RDR sʼest déjà prononcé sur lʼAppel de Daoukro, à lʼoccasion de lʼun de ses bureaux politiques exclusivement consacré à la question. Au cours de ce bureau politique, la direction de notre parti a recommandé à cette instance dʼendosser cette déclaration de Daoukro. Ce qui a été fait. Mieux, nous avons demandé à tous les militants du RDR, et au-delà à tous les Ivoiriens, de soutenir cet appel qui pour le RDR était, non seulement un quitus donné par le président Henri Konan Bédié à la gestion savante, comme je me plais à le qualifier, du président Alassane Ouattara, mais aussi à la vision du président Bédié, qui est celle dʼune Côte dʼIvoire de paix, de prospérité et de quiétude. Nous allons inviter nos militants à accompagner cet appel en se mettant en mouvement pour le faire accepter de tous.
Lp : M. le ministre, lʼAppel de Daoukro, comme dʼaucuns le pensent, assure-t-il une victoire confortable du candidat Ouattara à lʼélection présidentielle prochaine ?
AS : Avant toute réponse, je voudrais profiter de lʼoccasion que vous mʼoffrez pour rendre un vibrant hommage au président Henri Konan Bédié. Je voudrais lui exprimer, au nom de la direction de mon parti, toute ma gratitude et mon admiration pour sa vision objective. Une vision qui garantira certainement à notre pays, cette paix et cette stabilité dont nous avons besoin. Je voudrais le rassurer du soutien du RDR. Pour en venir à votre question, je voudrais vous rappeler quʼil nʼy a jamais de petites élections. La direction du parti est très lucide sur cette question. De même quʼen football, il nʼy a jamais de petits matchs, de même en politique, il nʼy a jamais de petites élections. Toutes les élections se valent dans la mesure où à tout moment, des faits nouveaux peuvent contredire des prévisions que peuvent établir lʼétat-major dʼun parti politique. Pour le Rassemblement des Républicains, nous conduirons cette campagne comme si nous étions dans un contexte où nous devrions nous battre pour arracher toutes les voix où quʼelles sont, dʼoù quʼelles viennent, en faveur du présidentAlassane Ouattara. Nous ne négligerons rien pendant cette campagne électorale. Nous ne nous endormirons pas dans un optimisme béat. Pour nous, cette campagne doit être menée avec détermination, avec engagement et sans faiblesse. Et ça, le RDR sait le faire. Ces élections sont comme toutes les autres que nous avons connues par le passé. Ces élections seront difficiles, mais nous gagnerons. Notre objectif est non seulement de faire gagner le chef de lʼEtat avec un taux de participation élevé, mais aussi par une victoire écrasante. Cʼest pour cela que rien ne sera négligé ni oublié.
LP : Le reproche principal fait à cet appel, par certains, est, selon eux, son caractère autocratique, antidémocratique. Faites-vous la même analyse?
AS : Nous ne sommes plus à lʼétape des critiques. Les critiques sont derrière nous. Nous sommes dans une vision de victoire, dans une vision de campagne électorale. Les récriminations sont terminées. Le RDR ne sʼinscrit pas dans ce schéma. Quand vous avez une bataille comme celle que nous allons livrer bientôt, dans les semaines à venir, les critiques nʼont plus leur place. Cʼest le défi à relever qui est le plus important. La critique est facile, mais lʼart difficile, nous enseigne le sage.
LP : Vous allez à ce congrès avec le mauvais souvenir de lʼéchec de la commémoration des 20 ans du RDR à Bouaké. Que pouvez-vous dire aux uns et aux autres pour les rassurer sur le succès de ce grand rassemblement auquel vous appelez vos militants ?
AS : Premièrement, il faut préciser que ce nʼest pas le même contexte. Bouaké, cʼétait le 20ème anniversaire de notre parti. Cet anniversaire sʼest déroulé dans un contexte que nous connaissons. Nous sortions dʼélections internes qui avaient laissé des dissensions dans nos bases. Deuxiè- mement, jʼétais à Bouaké et contrairement à ce que les gens disent, Bouaké nʼa pas été totalement un échec. Ce qui sʼest passé à Bouaké, et la Direction lʼa assumé, cʼest lʼagencement du programme qui nʼa pas été bien maitrisé.
LP : Il se raconte que les moyens nʼavaient pas été dégagés à temps.
AS : Ce sont des faits qui ne sont pas vérifiés. Les moyens ont été dégagés. Je peux confirmer que lʼargent a été dégagé.
LP : Combien ?
AS : (Rires, ndlr). Ces choses ne se disent pas sur la place publique. Le serpent ne fait pas sa mue en public. Les dissensions internes ont beaucoup plus joué que les moyens dont vous parlez. Il y avait des problèmes internes dans le parti au niveau de Bouaké. Les responsables nʼont pas souvent parlé le même langage par rapport à cette organisation. Ensuite, nous avons eu un problème dʼagencement comme je le disais tantôt dans le déroulé de la manifestation. Il y avait un défilé qui était prévu. Nous aurions dû mettre le défilé à la fin. Alors que nous avons mis le défilé en début de manifestation. Les militants qui nʼavaient pas été suffisamment briefés sur le programme, rentraient chez eux chaque fois quʼils avaient fini leur tour de passage. Ceux qui étaient à Bouaké se souviennent que la grande tribune qui était en face des officiels était bondée de monde. En début de manifestation, les photos qui avaient été prises le témoignent. Cʼest après le défilé quʼelle sʼest vidée. Si le défilé avait été placé en dernière position, les militants seraient restés jusquʼà la fin de la manifestation. Nous ne voulons pas faire de polémique. Chacun connait la capacité de mobilisation du RDR. Nous nʼavons rien à prouver et à apprendre dans ce domaine. Mobiliser, cʼest la marque déposée du RDR.
LP : Quelle garantie donnezvous quant au succès de ce congrès extraordinaire ?
AS : Je ne donne pas de garantie. Je me bats pour que ce congrès soit un succès. Un homme politique ne donne pas de garanties. Il relève des défis. Le défi que nous voulons relever est celui de la mobilisation. Dʼautant quʼil sʼagit du président Alassane Ouattara. Il sʼagit de celui-là même qui, en moins de trois ans, a transformé le visage de notre pays. Il sʼagit de celui-là même qui, aujourdʼhui au RDR, nous comble de fierté et dʼadmiration. Nous sommes en train de convaincre les militants pour que tous, comme un seul homme, répondent à lʼappel de ce dimanche. Car, il sʼagira de fêter Alassane Ouattara, lui exprimer notre reconnaissance, lui dire merci pour le don de soi quʼil a fait pour le RDR et pour notre pays. Nous sommes dans un enjeu, pas dans une compétition. Tout est en train dʼêtre mis en œuvre afin que le dimanche 22 mars prochain, les remerciements et la reconnaissance des militants du RDR à leur président soient à la hauteur de lʼœuvre gigantesque quʼil a accomplie à la tête du pays.
LP : Monsieur le ministre, il y a quelques mois, votre parti a entamé et bouclé un processus de restructuration. Peut-on dire aujourdʼhui que vous avez atteint votre principal objectif, qui était de mettre le RDR en ordre de bataille ?
AS : Vous qui êtes des observateurs avertis de la vie politique et surtout de la vie de notre parti, cʼest à vous dʼapprécier si la restructuration a redynamisé le parti ou pas. De mon point de vue, en tant que premier responsable du parti, je vois un RDR qui me rappelle celui des années 95, 96, 2000, 2005, des années épiques quʼa vécues notre parti. Je ne sais pas ce qui se passe dehors (Lʼinterview a été réalisée à 16 heures, ndlr), mais si vous étiez venus à 17 heures, vous aurez vu lʼeffervescence qui nous rappelle ces années épiques. La restructuration du parti était nécessaire. Après une aussi longue et difficile lutte au bout de laquelle le parti a accédé au pouvoir et que certains de nos cadres accompagnent le président de INTERVIEW / AMADOU SOUMAHORO (SECRÉTAIRE GÉNÉRAL PAR INTÉRIM DU RDR) : “Il s’agira de fêter et témoigner notre reconnaissance à Ouattara” RÉALISÉE PAR KORE EMMANUEL, JEAN CLAUDE COULIBALY ET THIERY LATT (PHOTOS : TANO E) Le troisième Congrès du RDR, cʼest dans 48 heures. En marge des préparatifs de ce grand rassemblement, Le Patriote a rencontré le ministre Amadou Soumahoro, secré- taire général par intérim du RDR. Dans cet entretien, il parle des enjeux de ce Congrès extraordinaire et des défis à venir pour le parti domicilié à la rue Lepic. Aujourdʼhui, le ciment manque sur l’ ensemble du territoire national (...) en économie, il y a une vérité qui dit : «quand le bâtiment va, tout va ». LE PATRIOTE — N°4591 — VENDREDI 20 MARS 2015 ACTU IVOIRE 3 la République dans la gestion du pouvoir, il était plus que indispensable de restructurer le parti. Cʼest ce qui a été fait. Aujourdʼhui, le RDR est un parti qui se pilote à partir des radars. Et ces radars affichent vert.
LP : Cette restructuration avait aussi pour objectif de rapprocher la direction de la base. Estce quʼon peut dire aujourdʼhui que cʼest chose faite ?
AS : Je pense que oui. Comme je suis à la barre, je ne veux pas faire de lʼautosatisfaction. Mais, je pense que cet objectif a été atteint. A preuve, le congrès intervient à un moment où nous avions commis près dʼune quarantaine de délégations à lʼintérieur du pays pour rencontrer les militants. Ces missions, qui ont été suspendues et qui vont reprendre juste après le congrès, ont pour objet dʼaller à la rencontre des militants en faisant du corps à corps et non de grands meetings. Pour nous, il fallait échanger avec les militants, comprendre leurs difficultés, noter leurs préoccupations afin de les faire remonter à la direction du parti. Ceux qui mʼont accompagné dans le Moronou et dans le SudComoé peuvent lʼattester. Les séances de travail que les chefs de délégation ont eues avec les responsables locaux sont plus importantes que de grands meetings. Aujourdʼhui, je ne dis pas que les militants du RDR ne se plaignent pas, mais on travaille pour quʼil y ait une symbiose parfaite entre la direction et la base.
LP : Il y a, comme vous le dites, des frustrés et des déçus. Pensez-vous avoir raisonné toutes ces personnes étant donné que lʼélection pré- sidentielle nʼest pas loin ?
AS : Même lorsque nous étions dans lʼopposition, il y avait des frustrés. Certains se plaignaient de nʼavoir pas été nommés. Quand il sʼest agi de mettre sur pied la direction de campagne du président Ouattara, il y a eu beaucoup de frustrés. Il nʼy a que Dieu qui peut satisfaire tout le monde. Cʼest vrai, nous comprenons parfaitement ces frustrations qui sont légitimes, notamment celles des jeunes qui au sortir du combat sacrificiel, voulaient voir leurs conditions de vie sʼaméliorer. Mais au moment du combat, aucun de nous nʼétait capable de prévoir que nous sortirions de cette crise par une guerre. Souvenons-nous des conditions dans lesquelles le chef de lʼEtat a pris ce pays en avril 2011. Pendant sa campagne à Yopougon à la place Ficgayo, le président avait promis un million dʼemplois aux jeunes. Le jour où il prenait cet engagement vis-à-vis des jeunes à Yopougon, personne nʼétait à même de prévoir que nous sortirions de cette compétition par une guerre. Pourtant, tous les candidats sʼétaient engagés à reconnaître les résultats qui seront proclamés par la Commission électorale indépendante. Lʼhomme propose, mais Dieu dispose. Dieu a voulu quʼAlassane Ouattara prenne ce pays dans un état de banqueroute. Ce pays qui nʼétait pays que de nom. En avril 2011, il nʼy avait plus rien. Il nʼy avait pas dʼéconomie, il nʼy avait pas dʼentreprises, il nʼy avait pas de police, il nʼy avait pas de gendarmerie, il nʼy avait pas dʼarmées, il nʼy avait pas de routes, il nʼy avait plus dʼAdministration, il nʼy avait plus rien ! Cʼest dans ces conditions déplorables que le chef de lʼEtat a pris ce pays. Ce sont toutes ces raisons qui nous amè- nent à dire que ce que Ouattara a fait est une gestion savante. Un pays pris dans ces conditions, sʼest remis en marche en moins de deux ans et demi. Aujourdʼhui, la Côte dʼIvoire est repositionnée, elle retrouve sa place de leader dans la sous-région. Elle retrouve sa crédibilité au plan international ainsi quʼau niveau de la communauté financière internationale. Il faut le faire. Cʼest vrai que le Chef de lʼEtat et son gouvernement ne pouvaient, malheureusement, pas sʼattaquer à tous les problèmes. Il fallait aller par priorité. Il fallait dʼabord redresser le pays et après commencer à le reconstruire. Cʼest ce qui est en train dʼêtre fait. Malheureusement, lʼimpatience légitime des jeunes doit être comprise dans ce contexte. Le président de la République a réaffirmé récemment sa volonté de faire de ce problème dʼemploi des jeunes, une affaire personnelle.
LP : Lʼun des défis des élections, cʼest le taux de participation. Ne craignez-vous pas quʼil soit en deçà de ce que la Côte dʼIvoire a enregistré en 2010 ?
AS : Cʼest pour cela que nous nous battons. Logiquement, tous les indices indiquent que ce taux doit être au-dessus de celui de 2010. Dʼabord, lʼéquipe du président Alassane Ouattara est une équipe qui gagne. Le pays est au travail. Le pays est en chantier dans tous les domaines et sur lʼensemble du territoire national. Tous les Ivoiriens où quʼils se trouvent, constatent quʼil y a un chantier chez eux. Les Ivoiriens savent apprécier. Les Ivoiriens savent juger. Cʼest la raison pour laquelle, nous pensons que pour cette élection, le sursaut de permettre au président Alassane Ouattara dʼamplifier lʼœuvre gigantesque quʼil a déjà entamée va booster le taux de participation.
LP : On vous rétorquera que la vie demeure chère ?
AS : Oui, la vie continue dʼêtre chère. Mais les conditions de lʼamélioration de cette vie sont désormais plantées. En économie, les effets de signes positifs ne sont pas immédiats. Il faut dʼabord investir. Lʼinvestissement fluctue, quand il donne des produits, alors on en bénéficie. Cʼest comme un champ. Quand vous plantez votre igname en janvier, ce nʼest pas dans le même mois de janvier que vous avez les fruits de votre travail. Quand vous plantez votre manioc le 15 février, vous ne récoltez pas votre tubercule le 16 février. Nous constatons que la croissance commence à se faire sentir. Aujourdʼhui, le ciment manque sur lʼensemble du territoire national parce que la capacité des productions des usines de cimenterie est dépassée du fait de la forte demande. Or en économie, il y a une vérité qui dit : «quand le bâtiment va, tout va ». Nous pensons que les Ivoiriens qui savent apprécier, qui savent objectivement juger, sortiront nombreux en octobre 2015 pour réélire le président Alassane Ouattara avec un taux de victoire écrasant et un taux de participation très élevé.
LP : En face de votre leader, il y a dʼautres candidats qui mettent en place petit à petit une coalition. Cette coalition nʼestelle pas de nature à vous causer de sérieuses inquiétudes ?
AS : Je ne les néglige pas. Je ne les minimise pas. Mais je peux vous dire quʼils ne nous inspirent pas du tout dʼinquiétude. Nous sommes des combattants. Ces élections seront bilan contre bilan. Nous avons un bilan que nous allons exposer aux Ivoiriens. Ce bilan est palpable. Il est vérifiable, il est visible. Nos adversaires mettront en face leur bilan.
LP : Ils vous répondront quʼils nʼont pas gouverné.
AS : Effectivement, ils nʼont pas gouverné, donc ils nʼont pas de bilan. Mais on peut gouverner et avoir un bilan négatif. Je crois fondamentalement que le bilan du chef de lʼEtat est positif, il est bon, il est exceptionnellement bon. Ils nʼont pas en face un pouvoir qui a un bilan négatif. Mais, vous le savez bien, certains éléments de cette coalition ont laissé un bilan récent que nous ressortirons. Ça aussi, à la guerre comme à la guerre.
LP : Ces candidats disent vouloir être président pour réconcilier les Ivoiriens. Nʼavez-vous pas le sentiment quʼils le disent pour insinuer que le gouvernement nʼa pas réussi la réconciliation ?
AS : La campagne nʼa pas encore commencé. Nous allons répondre à tous ceux-là au moment venu. Dès son accession au pouvoir, le Chef de lʼEtat sʼest fixé comme objectif premier, la reconstruction du tissu social sauvagement déchiré par la gestion de la Refondation. Je vous ai dit que le bilan, nous le ferons remonter en surface. Les bilans sont là en dessous. Ils nʼont pas disparu. Cette gestion avait mis la Côte dʼIvoire dans un état de délabrement multidimensionnel, tant au plan économique quʼau plan social. Dès sa prise de fonction, le Président de la République sʼest fixé pour objectif de réconcilier les Ivoiriens. Aujourdʼhui, lʼétat des relations entre les Ivoiriens est meilleur que celui qui a existé sous la Refondation. Les Ivoiriens se parlent. Le gouvernement parle avec lʼopposition. Le RDR parle avec ses adversaires politiques. Le chef de lʼEtat pour mettre en œuvre cette politique de réconciliation a mis en place des institutions et des structures. La gestion de ces structures a été confiée à des personnalités de ce pays. Lorsquʼon vous confie des instruments aussi importants, il faut dʼabord un engagement sincère et sans calcul, sans arrière pensée. Il ne faut pas avoir dʼautres plans. Lorsque le gestionnaire de lʼune de ces structures (suivez mon regard) avait un plan B ou C pendant quʼil avait pour mission de réconcilier les Ivoiriens, comment voulez-vous quʼil puisse réconcilier les Ivoiriens ? Cʼest pourquoi en homme averti, le président de la République sʼest lui-même impliqué personnellement pour accompagner le processus de réconciliation des Ivoiriens
LP : La question de lʼalternance semble faire lʼobjet de quelques incompréhensions. Quelle est votre analyse de la question ?
AS : Mon analyse est simple. Les deux chefs ont parlé. Ils ont appelé à un parti unifié.
LP : Dans lequel il est question que le meilleur succède au Pré- sident de la République?
AS : Absolument. Si nous sommes dans le parti unifié, à partir de ce moment, il nʼy a plus de débat. Si tel que les deux chefs lʼont exprimé, les partis du RHDP deviennent un seul parti, alors lʼalternance nʼest plus un casse tête chinois. Le RDR a endossé lʼAppel de Daoukro qui a soulevé cette question. Nous lʼavons endossé dans toutes ses dimensions.
LP : Pour vous, lʼidée dʼun parti unifié a-t-elle des chances dʼaboutir ?
AS : Nos chefs ont exprimé clairement cette volonté. A chaque moment, son débat. Pour le moment, nous parlons du chef de lʼEtat.
Lp : La Cour dʼAssises a donné son verdict dans lʼaffaire qui lʼa opposé à Simone Gbagbo. Quel commentaire faites-vous de ce verdict que dʼaucuns jugent de trop lourd?
AS : Je nʼai pas de commentaire à faire. La justice ivoirienne a décidé. Je me plie à cette décision. Je fais confiance en la justice. Même si la justice lʼavait acquittée, je me serais plié à cette décision.
LP : Que répondez-vous à ces avocats qui qualifient se procès de procès politique ?
AS : Ces avocats nʼétaient pas au tribunal. Ils étaient dans des arènes politiques. Ces avocats nʼétaient pas dans ce pays pendant la période où le FPI gérait ce pays. Sinon, comment comprendre quʼaprès ce que ce pays a vécu pendant les dix années de la gestion du pouvoir par la refondation, pendant lesquels Simone Gbagbo a eu à jouer un rôle déterminant dans ce qui sʼest passé, il y ait des gens qui parlent de procès politique. Quand il sʼagira de la juger pour les crimes de sang, vous verrez des témoignages des victimes. Elles sont nombreuses dans nos rangs. Ces victimes que nous avons de la peine à prendre en charge. Les militants du RDR ont été mutilés, ils ont été tués.
LP : Après le congrès, quelles sont les prochaines étapes pour le RDR, votre parti ?
AS : Nous allons inviter nos frères des autres partis membres du RHDP à la convention unifiée pour investir le chef de lʼEtat comme le candidat unique du RHDP. Après cette convention, nous serons dans le maquis. La campagne commence pour nous dès cet instant. Cʼest là quʼon verra qui est qui, qui a fait quoi dans ce pays.
LP : Un appel par rapport au grand rassemblement pour ce dimanche.
AS : Je voudrais demander à tous les militants de notre grand parti de taire leurs querelles. Je voudrais leur dire que la direction du parti a entendu leur appel. Le Président de la République ne les a pas oubliés. Je les invite donc à venir le dimanche 22 mars 2015 pour quʼon fête Alassane Ouattara. Venons tous exprimer ensemble, dans la communion, notre reconnaissance au président Alassane Ouattara pour avoir fait don de sa personne pour notre parti, pour notre combat et pour être en train de faire don de sa personne au pays. Je voudrais les inviter où quʼils soient, dans les campagnes, dans les campements, dans les villages, dans les villes, partout, à converger sur Abidjan pour dire que ce que le Président de la République fait à la tête de la Côte dʼIvoire est exceptionnel. Venons dire Président merci, président continue.
KORE EMMANUEL
JEAN CLAUDE COULIBALY
THIERY LATT