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Politique Publié le mardi 24 mars 2015 | Le Sursaut

Guéguerre Affi N’Guessan-Aboudramane Sangaré: La légalité contre la légitimité

© Le Sursaut Par Atapointe
Ouverture de la 8eme convention extraordinaire du Front Populaire Ivoirien
Vendredi 21 février 2014. Abidjan. Le Front populaire ivoirien (FPI), au Palais des Sports de Treichville, les travaux de sa 8ème convention extraordinaire en présence de Pascal Affi N’guessan, Président du parti et des membres des différentes instances.
Depuis quelques mois le FPI convulse. Quelle est la réponse immunitaire appropriée à la fièvre de la division qui y fait rage ? D’un côté le clan Affi qui réclame et veut faire respecter les statuts du parti et d’un autre, le clan des frondeurs avec désormais à sa tête Aboudramane Sangaré qui se prévaut d’une certaine légitimité. Décryptage d’une impasse juridico-politique qui est entrain de plonger le parti de Gbagbo.

Coalition pour certaine légitimité
L’objectif est clair. Il faut écarter le Président Affi N’guéssan de la gestion du parti. Pour ceux qui raisonnent ainsi, Affi ne peut plus être le président du FPI pour avoir perdu de vue les idéaux du parti, son attitude jugé quelque peu faible et surtout ‘’louche’’ dans les négociations avec le pouvoir et surtout la gestion de l’affaire Laurent Gbagbo à la Haye. En effet, au sortir de la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan où la majeure partie des dirigeants étaient détenus, ceux qui allaient devenir les frondeurs, aujourd’hui, ont vu un président du FPI déterminé à combattre avec des discours forts pour faire revenir le parti au meilleur plan. Et puis, le discours s’est dilué. Pire, Affi est prêt à négocier avec le pouvoir et participer à la gestion des affaires publiques. Pendant qu’une frange importante refuse de le suivre et pose comme préalable la libération de tous les pro-Gbagbo, l’arrêt des poursuites mais aussi et surtout la libération de Laurent Gbagbo. C’est le Clash. L’un des premiers pics de cette crise est une décision d’Affi N’guessan de nettoyer le secrétariat général du parti de tous ceux qui ne partagent pas la vision dans laquelle il s’inscrit. Au début du mois de février 2015, une liste émanant de la haute direction du FPI est rendue public. On note un chamboulement historique. Simone Gbagbo, Aboudramane Sangaré et bien d’autres sont évincés des postes clés de responsabilités. Affi, évidemment, nomment autour de lui des hommes qui lui sont favorables comme Gossio ou encore Voho Sahi. Ce remaniement met absolument le feu aux poudres. C’est véritable guerre au sein du parti avec deux clans bien distincts. Affi est rabroué aux funérailles de la mère de Gbagbo, la direction officielle du parti est chassée manu militari de son siège provisoire de Cocody par Nady Bamba, etc. Mais, les opposants de Affi n’en reste pas là. Ils sont sûrs d’avoir une légitimité tout à fait naturelle vis-à-vis du président historique, Laurent Gbagbo, du parti et de son histoire. Aboudramane Sangaré est, tout le monde le sait, l’un des tous premiers compagnons de Laurent Gbagbo à la création du FPI. Mieux, il est resté tout le long de l’action politique du président Gbagbo jusqu’à sa chute, un ami et un conseiller fidèle. Selon une anecdote que se plait à raconter le pensionnaire de la prison de la Haye, c’est bien Aboudramane Sangaré et lui qui ont décidé de faire de Affi, le premier ministre du projet de la refondation et ce après s’être refugiés dans les toilettes pour en discuter. Outre son poste de 2eme vice-présidente chargée de la vie du parti au sein de la direction du FPI, madame Simone Ehivet Gbagbo à assumer le rôle de première dame de la Côte d’ivoire, etc. Pour tous les opposants à Affi, leurs positions dans le parti ainsi que leurs relations personnelles avec Laurent Gbagbo fondent les raisons de penser détenir une certaine légitimité pour diriger le parti face à un certain Affi qui a pris le train en cours et qui n’a pas connu les grandes heures du combat. D’ailleurs pour ces raisons, une aile constituée de certains militants ont grogné à la nomination de Affi au poste de premier ministre. Ce n’est donc pas une surprise, aujourd’hui, que les rebelles du FPI prennent la décision de le faire sauter. Ils élaborent la stratégie d’une coalition et passent à l’acte.Le mercredi 18 mars, le FPI version Aboudramane Sangaré, organisent une coalition avec le LIDER de Mamadou Coulibaly et l’Union Pour le Développement des Libertés du Dr Martial Ahipaud. Tous ces partis qui viennent prêter main forte au FPI sont tous liés à l’histoire du parti. Le jeudi 19, la direction dissidente présente le nouveau gouvernement du parti. Le samedi 21 mars dernier, à travers une session ordinaire du comité central, le président par intérim, M. Aboudramane Sangaré annonce la tenue de la 3eme session extraordinaire le 30 avril 2015 à Mama. S’il ne faut pas dénier une certaine légitimité aux opposants du premier ministre Affi N’guessan, il faut reconnaitre qu’il a pour lui le Droit.

Un président et un statut

Il est le président selon les textes du statut du Front Populaire Ivoirien. Des textes que reconnaissent les autorités compétentes en l’occurrence le Ministère de l’Intérieur.Affi N’guessan est donc le président d’un parti que reconnait la Côte d’Ivoire. Le président imprime une vision au parti dans laquelle les militants marchent. Pour de nombreux militants du FPI et observateurs de la vie politique, le président était en droit de remanier le secrétariat général du parti selon les stratégies que commandait la situation du moment. C’était une de ses prérogatives même si l’autorité de contrôle du parti dirigé par Hubert Oulaye, acquis à la cause des frondeurs, qualifie l’acte de Affi de forfaiture. C’est le lieu de rappeler qu’en tant que président intérimaire, Aboudramane Sangaré vient de procéder, dans les mêmes conditions, à une série de nominations dans le parti. Pourquoi alors, ces deux poids deux mesures ? Aboudramane Sangaré peut procéder à un réaménagement du secrétariat et non Affi N’guessan. Il semble clair que la crise au FPI est loin d’être juridique mais plutôt politique. Son malheur surtout vient du fait de ne pas avoir reconnu la candidature du président Laurent Gbagbo à la tête du FPI et évidemment à la soutenir. Que faire alors ? Dans ce vieux débat juridique de la légalité contre la légitimité dans l’exercice du pouvoir, il faut toujours faire prévaloir la force du Droit pour éviter d’ouvrir la porte à toutes les aventures. C’est conscient de tout cela que le président statutaire du FPI n’a pas hésité à ester deux fois en justice contre tous ceux qui ont décidé de fouler au pied le Droit. Mieux, il a décidé de rencontrer une série de chef d’Etat africain dont le Niger pour recueillir des soutiens et se faire des connexions en tant que président de parti. Il y aurait aussi au programme selon certaines sources un voyage prévu pour la Hollande, où le président du FPI s’entretiendra avec Laurent Gbagbo. Mais il faudrait que la situation du FPI, son bicéphalisme soit réglé une bonne fois pour toute. Seul le président du FPI en a les ressources.

Ange Kader
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