C’est désormais le premier vice-président, Anzoumana Moutayé, qui préside aux destinées du Mouvement des forces d’avenir (Mfa). «A l’unanimité du bureau politique, le camarade Anzoumana Moutayé est désigné président intérimaire pour conduire les destinées du parti jusqu’au prochain congrès extraordinaire prévu avant le 15 avril 2015», a déclaré hier Kpangny Koffi Siméon, membre du bureau politique. Le secrétaire général Pascal Angui et l’un de ses adjoints, Jonas Key Gary ont également été suspendus par la même résolution. Comment en est-on arrivé là ? Un bureau politique du Mfa a été convoqué par le (président) du Mfa, Anaky Kobena. A en croire le porte-parole du Mfa, Yaya Fofana, que nous avons trouvé sur place au siège de ce parti, l’ex-député de Kouassi-Datékro aurait convié à cette rencontre pour «nous imposer un état d’esprit selon lequel il se retirerait du Rhdp. Pourtant, lors du dernier congrès du Mfa, l’une de ses résolutions a réaffirmé l’appartenance de cette formation politique à la famille des Houphouétistes, le Rhdp. Et donc pour abroger cette résolution, il aurait fallu que le Mfa se retrouve à un autre congrès». Toujours selon lui, Anaky Kobena aurait déjà tenu un bureau politique chez lui à domicile et aurait envoyé les résolutions aux organes de presse. Cette information est démentie par Pascal Angui. «Je ne peux pas faire de commentaires. Il n’y a pas eu de bureau politique à son domicile. Les délégués sont venus de l’intérieur, il les a reçus à la maison pour échanger avec eux, partager un repas avec eux», a-t-il répondu. Informé donc de la tenue de cette rencontre et pour dénoncer ce qu’ils considèrent «dans la forme comme une haute trahison de la part du président Anaky Kobena», le camp Anzoumana Moutayé investit les lieux pour attendre la venue du président Anaky. Celui-ci se faisant attendre, l’ancien ministre de la Culture et actuel député de Kouassi-Datékro et ses compagnons décident de tenir leur réunion. Pendant qu’il s’évertuait à expliquer aux militants la «trahison d’Anaky», celui-ci fait son entrée dans la salle. Il tente en vain d’interrompre Anzoumana Moutayé. C’est le tohu-bohu total. Anaky est hué par la foule. Il se fraie un passage pour rejoindre son bureau. Des militants prennent la parole. Ils exigent qu’une résolution soit prise séance tenante pour destituer Anaky de son poste. Ce qui fut fait. Interrogé si l’éviction d’Anaky Kobena est en phase avec les textes du Mfa, Yaya Fofana s’explique. «Tout à fait. En démocratie ce qui compte, c’est la voix de la majorité. Et la majorité, c’est le bureau politique. Si nous avons les trois quarts, selon nos textes, nous sommes en mesure de prendre des décisions pour sauver le parti. C’est ce que nous avons fait. Le bureau politique compte 81 membres. Et là, nous avions plus de 70 membres qui étaient présents», a expliqué l’adjoint de Pascal Angui. Dans la foulée, nous tentons de rencontrer Anaky Kobena. Mais nous sommes stoppés par des éléments de la gendarmerie. Cependant, pour le secrétaire général, Pascal Angui, joint par téléphone, la réunion qui a été tenue n’est pas un bureau politique, c’est un meeting. «Au siège, chacun peut tenir un meeting comme il veut», a-t-il rembarré. Mais cela n’engage pas les instances du parti. Ce qui est fait n’est pas légal. Poursuivant, il a annoncé que tout sera mis en œuvre pour tenir la réunion du bureau politique. Car, a-t-il ajouté, c’est le seul moyen de faire fonctionner le parti. «On a avisé. Ils ont investi les lieux, les esprits étaient un peu surchauffés et pour ne pas qu’il y ait des confrontations, on a reporté notre bureau politique», a-t-il conclu.
DM (stagiaire)
DM (stagiaire)