11 avril 2011-11 avril 2015. Cela fait quatre ans que la crise militaire a pris fin en Côte d'Ivoire. Le samedi 11 avril dernier, pour commémorer cette date, les militants du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) de France et ceux du Front populaire ivoirien (Fpi) ont manifesté à Paris, mais différemment. Pendant que les partisans de l'ex-président manifestaient dans les rues, les militants du Rhdp, eux, se mobilisaient massivement au Palais des congrès de Montreuil de Paris pour témoigner leur soutien au chef de l’État, Alassane Ouattara. Les quatre partis membres de cette coalition politique au pouvoir étaient représentés. Étaient présents le délégué du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci) de Paris 1, M Eden, du Rassemblement des républicains (Rdr), Gnizako Vincent, de l'Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (Udpci), le pasteur Gondo et celui du Mouvement des forces d'avenir (Mfa). Ses militants ont reçu, pour l'occasion, le soutien de Touré Mamadou, membre du directoire du Rhdp et porte-parole adjoint du Rdr, Zié Pewelegnan Daouda, coordonnateur du Pdci de la région du Tchologo et du Pr Franklin Nyamsi, conseiller du chef du Parlement ivoirien. Le secrétaire général de la Présidence, Amadou Gon Coulibaly, patron de la cérémonie, s'est fait représenter par Aly Touré, haut cadre du Rdr en Europe. Après avoir rappelé la lutte menée par les houphouétistes de la diaspora en France, Gnizako Vincent, par ailleurs président du Rhdp de France, a montré leur disposition à pardonner ''à conditions que les militants du Fpi se repentent sincèrement''. Quant à M Edé et au pasteur Gondo, ils ont tous appelé à la mobilisation des militants du Rhdp pour un plébiscite de Ouattara à la présidentielle d'octobre prochain. Le Professeur Nyamsi a, lui, tenté de démonter les arguments des pro-Gbagbo relatifs à la chute de leur mentor et son transfèrement à la Cour pénale internationale (Cpi). Pour lui, depuis la chute de l'ex-régime, les proches ou sympathisants de Laurent Gbagbo ont produit 44 livres parus dans les editions Harmattan dont la trame peut s'articuler autour de trois points essentiels. A savoir, au dire de M Nyamsi, l'éviction de Gbagbo par une coalition de forces internationales pour s'accaparer les richesses de la Côte d'Ivoire, la conspiration des pays limitrophes pour évincer Gbagbo par jalousie et la volonté d'humilier Gbagbo, bien qu'il ait gagné les élections. Le conseiller de Guillaume Soro pense que ces analyses ne résistent pas à la réalité des faits.
« Gbagbo doit son pouvoir à la France de Jospin »
En ce qui concerne la première idée, il estime que l'ex-président avait déjà tout donné à la France, bien avant son élection. Pour lui, Laurent Gbagbo doit, en réalité, son pouvoir au pouvoir socialiste français de Lionel Jospin, qui a favorisé la reconnaissance de son élection en 2000. « Ceux qui disent que la coalition internationale a éjecté Gbagbo pour piller la Côte d'Ivoire oublient qu'en 2000, c'est la France socialiste de Lionel Jospin qui a permis la reconnaissance internationale du pouvoir de Gbagbo alors que lui-même a dit que son élection était calamiteuse. Donc Gbagbo doit son salut à la France socialiste de Lionel Jospin », a déclaré, en substance, Franklin Nyamsi. A ses yeux, l'ex-président a perdu la présidentielle de novembre 2010 et c'est la légitimité du vote des électeurs qui a été rétablie. En ce qui concerne l'argument selon lequel les pays de la sous-région ont comploté contre le prédécesseur de Ouattara, le collaborateur de Guillaume Soro trouve cela faux. Il estime, au contraire, que la Côte d'Ivoire est l'illustration parfaite des vœux des pères fondateurs de l'unité africaine. « Houphouët Boigny a fait de la Côte d'Ivoire le laboratoire de l'unité africaine. Les ressortissants des pays africains se retrouvaient en Côte d'Ivoire et vivaient en bonne intelligence avec les Ivoiriens. La Côte d'Ivoire est l'exemple vers lequel veut tendre le monde aujourd'hui », a-t-il indiqué. Intervenant à l'occasion, Touré Mamadou a salué les actions des militants du Rhdp, reconnaissant leur apport dans le combat mené pour, dit-il, le respect du verdict des urnes. Abordant l'objet de son intervention, il a dressé un bilan plus que satisfaisant du régime en place. « Depuis que le président est en place, la Côte d'Ivoire a fait un bon notable dans le domaine de la paix et de la sécurité. L'indice d'insécurité selon les Nations unies est passé de 4 à 2 », a-t-il soutenu. Avant de rappeler que les actions significative en faveur de la réconciliation l'ont été à l'initiative du président Alassane Ouattara et de son gouvernement. « Le dialogue avec l'opposition a abouti au dégel des avoirs, au retour des réfugiés. Il y a aussi la requête du gouvernement auprès de la justice pour la mise en liberté provisoire de certains détenus », a ajouté le porte-parole adjoint du Rdr. Revenant sur le bilan socioéconomique, il a relevé la réalisation en trois ans, par la Côte d'Ivoire, d'un trois ans un taux de croissance moyen de 9 % avec un Pib (Produit intérieur brut, ndlr) par habitant qui a augmenté de 15 %. « Est-il besoin de rappeler que depuis son accession au pouvoir, ce sont plus 23000 enseignants qui ont été recrutés, 45 collèges construits. Malheureusement pour certains, la politique rime avec la mauvaise foi. En trois ans, la Côte d'Ivoire a réalisé des progrès socio-économiques sans précédent. Le 11 avril marque le début de la renaissance de notre pays », a déclaré Touré Mamadou. Qui n'a pas manqué d'analyser certaines déclarations des ''irréductibles du Pdci'', notamment Charles Konan Banny, Kouadio Konan Bertin et Essy Amara. La rencontre des militants du Rhdp a également été marquée par des témoignages de ses militants, qui ont tous rappelé les difficultés endurés pendant la crise post-électorale en France.
