Ils sont 16 pour le moment. 6 sont issus du PDCI-RDA, un de l'UDPCI et 9 du RDR. Sans doute, seront-ils tous dans le staff de campagne, mais chacun veut (ou peut) être le chef et le leader de cette campagne, pour être perçu comme l'artisan principal d'une victoire attendue.
À la clé pour le directeur de campagne chargé d'être le principal artisan après Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara eux-mêmes de la réélection du PRADO, réside peut-être un poste de Premier ministre, mais aussi la possibilité d'être en pôle position pour avoir le leadership de l'alternance en 2020.
Chacun affine sa stratégie pour se présenter comme l'homme de la situation, alors que, comme l'IA a déjà écrit que le duo Ouattara-Bédié qui n'aime pas changer une équipe qui gagne, souhaitait au départ reconduire le duo Amadou Gon-Ahoussou Jeannot qui avait mené la stratégie victorieuse de 2010.
Mais alors quelles sont les forces et les faiblesses des pressentis, des présumés directeurs de campagne, figurant sur les petits papiers et la short list du candidat-président, qui samedi dernier a lui-même donné le ton et la tonalité de la campagne à venir avec des positions fortes et très fortes : (Gbagbo l'assassin des Ivoiriens, plus personne à la Cpi etc ...)?
Alassane Ouattara a montré ainsi clairement qu'il demeure le premier directeur de sa future campagne et qu'il reste le principal chef d'orchestre de son camp, celui qui donne le là, fixe le cap des orientations ; et qu'il n'est pas du tout manipulable par les siens. Toutes les sources le confirment : Alassane Ouattara n'est pas un président sous contrôle ni sous influence. C'est un homme "entêté" qui avance selon ses idées et aimant aller jusqu'au bout, cédant rarement aux pressions, à des injonctions ou menaces sur le champ, mais sachant souvent temporiser, ou même faire volontairement marche arrière après avoir écouté plusieurs avis.
Amadou Gon
Le fidèle, le premier fils. Il a l'avantage de l'expérience et du profil d'une fonction déjà réalisée dans un contexte plus difficile: ils étaient dans l'opposition. S'il a aidé à arriver au pouvoir, comment ne pourrait-il pas aider à y rester, à faire réélire ? Comment peut-on penser que l'un des artisans de la victoire peut incarner la défaite, alors que son seul tort est d'être totalement et absolument en phase à 150% même, avec le chef de l'État. Son handicap réside, apprend-t-on, dans le fait qu'il est plus souvent au Palais présidentiel, derrière le chef de l'État, et seulement dans son fief à Korhogo lorsqu'il part sur le terrain. Il ne serait pas trop un homme de terrain, et ne serait pas populaire auprès de la base, qui aurait dû mal à transférer sur lui, l'adhésion spontanée et naturelle en faveur d'Alassane Ouattara.
Ahoussou Jeannot
Il partage avec Amadou Gon le leadership de la campagne victorieuse de 2010 face à Laurent Gbagbo. Il ratisse dans le pays Baoulé qu'il parcourt sans cesse pour porter les atouts du candidat. Il ne fait cas d'aucun ressentiment et bénéficie de la totale confiance aussi bien du président Bédié que du Président Ouattara. Il peut faire campagne en Baoulé, en langue Dioula, en Agni, en Abouré. Il a tissé une alliance avec l'Ouest et peut capter des voix dans la zone.
Son principal handicap reste le manque de moyens financiers et matériels et son refus de prise de contrôle total et direct du Pdci.
Des observateurs assurent que ce sont des hommes à lui qui contrôlent l'appareil du Pdci, mais ses adversaires au sein du parti, qu'ils soient Baoulé eux-mêmes, ou plutôt des réfractaires à la domination et à la mainmise du lobby Baoulé, assurent qu'il n'en est rien, et tentent toujours de faire croire que cet avocat qui ne fut pas du tout le plus nul, ni parmi les moins brillants de sa génération, ne pèse rien dans le Pdci, ni au sein de l'opinion.
Argument auquel rétorquent ses proches: "Cet homme a eu une longue carrière d'avocat, de juriste, il a été plusieurs fois ministre, élu député, et c'est quand il devient Premier ministre qu'on le trouve incompétent. Pas trop tôt! Et depuis qu'il n'est plus Premier ministre, le procès en incompétence a disparu."
Guillaume Soro
Tenu par la neutralité de sa fonction de Premier ministre, il n'avait pas participé au combat électoral de 2010. C'est à la suite du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite qu'il a rallié le camp Ouattara pour "sauver" la démocratie et parachever le combat, qu'il dit avoir entamé avec la rébellion alors qu'il y était en mission.
Son entourage assure qu'il est l'homme qu'il faut, qu'il est populaire au sein du Rdr (en témoigne la forte ovation recueillie au congrès extraordinaire du Rdr, même si ses détracteurs disent que cette ovation a été suscitée et ne fut pas spontanée).
Il a récemment acquis à Singapour pour un montant évalué à un million de dollars, du matériel haut de gamme pour la campagne du candidat Ouattara. Il est courageux, audacieux, fort en thème et grand débatteur. Il a une grande capacité d'écoute et de conciliation, et peut se permettre de prendre des coups à la place d'Alassane Ouattara.
Son handicap reste son passé de chef de la rébellion qu'il a assumé et revendiqué haut et fort. Au Pdci, la rébellion a laissé quelques mauvais souvenirs. En prélude à l’alternance en sa faveur, ses adversaires au sein du Rhdp comptent mobiliser 10 mille femmes d'Adjanou pour le contrarier. Les irréductibles du Pdci se frottent déjà les mains à l'idée de savoir que le choix se portera sur Guillaume Soro. "En choisissant Soro, Ouattara aura fait une grande part de notre campagne". Dans une élection présidentielle, qui doit au-delà des blocs, transcender l'hostilité aussi bien du Fpi, que du Pdci à son égard, malgré la bienveillance et les attentions du président Bédié à son égard, pourrait desservir Guillaume Soro.
Hamed Bakayoko
Il a fini par convaincre adversaires et partisans qui ne vendaient pas chère sa peau dans ce ministère sensible en charge de la sécurité et de l'administration du territoire, qu'il incarne de façon indiscutable. Sa relation directe avec le chef de l'Etat, son autorité, ses intérims du Premier ministre qui confèrent assurance et autorité, font de lui un homme clé du dispositif d'Alassane Ouattara.
Mais celui qui fut l'un des porte-paroles et trésorier de la campagne de 2010 peut-il être vraiment directeur de campagne, c'est-à-dire endosser une posture partisane et non républicaine au service de tous ? Son principal atout n'est-il pas la fonction stratégique qu'il occupe dans le processus électoral, en tant que ministre de tutelle des préfets, de la Cei et de tout le personnel technique, sécuritaire et administratif chargé du suivi des élections?
Contrairement au président Guillaume Soro, qui malgré les contraintes de l'article 35 pouvant s'appliquer à lui au même titre qu'au chef de l'État ( qui, soit dit en passant, souhaite abroger la disposition constitutionnelle interdisant au chef de l’Etat de diriger un parti politique), est prêt à porter le maillot Rdr, le MEMIS Hamed Bakayoko ne peut valablement être le meilleur de Directeur de campagne du candidat Ouattara, tout en assumant sa fonction régalienne de super intendant du processus électoral. Le maillot Rdr et le costume de Memis ne vont pas ensemble.
Adama Bictogo
Lorsqu’il a été désigné président du Congrès extraordinaire du Rdr, les partisans du "Copa Barry" des Républicains ont vu en lui l'homme qu'il faudra au moment venu. Homme de terrain et de réseau, son principal atout serait comme celui de Guillaume Soro: alors que les choses tardaient, il aurait mobilisé trois cents millions FCFA pour le congrès de son patri.
Un geste qu'aurait apprécié le chef de l'État qui souhaite que les cadres mettent la main aux poches et cessent de se plaindre. Son principal handicap restera la guerre des clans au sein des appareils, notamment son propre parti. Car alors qu'il entretient de bons rapports avec des cadres Pdci, et même des pro-Gbagbo qu'il rêve de rallier à sa carte, Adama Bictogo doit en interne convaincre ceux que son ascension inquiète, tout en le présentant comme le pion d'Amadou Gon.
Nialé Kaba et Affoussy Bamba
Les deux ministres constituent la surprise du chef. Les deux seules femmes de la short list ont chacune des arguments techniques à faire valoir. L'on apprend qu'elles sont réputées pour leur flair politique, et leur sens de l'analyse. Bien entendu, une capacité de mobilisation de ressources à l'international est prêtée à Nialé Kaba, tandis qu'Affoussy Bamba est créditée d'une influence dans des médias. Les handicapes des deux femmes sont les mêmes: happée par leur activité gouvernementale, elles n'ont pas été souvent libres pour être davantage sur le terrain. Et cela rend difficile la conduite d'une campagne à l'échelle nationale d'un candidat ayant l'envergure d'Alassane Ouattara.
Charles Diby Koffi
Certains le disent fini, et déplorent de ne pas trop le sentir. Après les fausses alertes de son accession à la Primature, revoici Charles Diby Koffi dans la liste des directeurs de campagne présumés d'Alassane Ouattara. Beaucoup lui prêtent une grande fortune. Comme autre atout, adversaires et partenaires le trouvent consensuel.
Il est beau-fils de la famille Bédié. Comme handicap, on lui reproche de ne pas être un tribun fort en gueule, de ne pas être un bagarreur et polémiste, prêt à des déclarations incendiaires sur des plateaux-télés, lors des débats contradictoires pour les élections à venir. Pour parler terre à terre, on dit à Abidjan qu'il ne parle pas mal, et n'insulte pas. Qu'il trop policé, et diplomate.
Mabri Toikeusse
Avec son air de ne rien vouloir et de se mettre résolument au service du Président Ouattara, Mabri Toikeusse se donne les moyens de se consolider à l'Ouest et de se préparer pour 2020. Dans cette perspective, ça ne lui déplairait pas d'être directeur de campagne pour mouiller le maillot et gagner en visibilité. Son atout est en même temps son handicap: il est de l'Ouest, c'est bien, mais il s'agit d'une élection nationale et non régionale.
Adama Toungara
Sa capacité de résilience en étonne plus d'un. Il a rebondi et voici que son nom est cité parmi les profils pouvant diriger la campagne d'Alassane Ouattara. On lui prête de grandes relations pour mobiliser les ressources en vue d'une campagne d'envergure. Ceux qui voient cela d'un mauvais œil refusent de tenir compte de ses performances électorales à Abobo, et préfèrent plutôt parler de son bilan qui ne serait pas positif à la tête de cette commune.
Bacongo Cissé
Porté par l'élan de la réconciliation entre les cadres et militants du Rdr, réhabilité par le temps après son départ de son ministère précédent qui n'a pas mis fin aux problèmes, crédité d'actions positives au ministère de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative, Cissé Bacongo fait bondir bien de gens à l'évocation de son nom.
Le seul handicap qui est évoqué à son sujet est relatif aux contraintes de la cohésion du Rhdp à Koumassi, d'autant plus que malgré les soupçons de double-jeu le visant et malgré ses réserves passées au sujet du Rhdp, le maire Pdci Raymond N'dohi s'est publiquement mis au service du Rhdp et de son candidat Alassane Ouattara.
Guikahué et Amadou Soumahoro
Il est déjà le Secrétaire intérimaire du parti. Malgré les critiques, il est resté indéboulonnable et ils sont quelques-uns qui souhaitent que les choses se poursuivent avec lui, et autour de lui. Les artisans de cette thèse voient un duo Guikahué-Soumahoro, au lieu du duo Amadou Gon-Ahoussou . Selon eux ce serait le meilleur moyen d'aller au parti unifié. Mais la force de ce duo, c’est que Amadou Soumahoro et Maurice Kacou Guikahué doivent affronter les handicaps que les autres leur opposent en mettant en avant les profils de Niamien Ngoran, Adjoumani, Achi Patrick qui sont aussi dans le strating- Block.
Achi Patrick
Déjà porte-parole du gouvernement alors que les présidents Ouattara et Bédié étaient au Golf, Achi Patrick a gagné en expérience en termes de vision et lecture de la chose politique. Il ne se contente plus de jouer les technocrates déconnectés des réalités politiques locales depuis qu'il s'est essayé avec succès à incarner le leadership dans sa région de la Mé, en profitant avec intelligence du boycott du Fpi, dont la maîtrise du terrain l'avait déjà mis en difficulté lors de la campagne de 2010 pour Bédié et Ouattara.
Finalement la part minime de cette "citadelle imprenable" sur le fichier électoral (entre 5 et 6 %) pourrait constituer un handicap pour le patron des infrastructures phares du mandat du Président Ouattara.
Niamien Ngoran et Adjoumani
Pas de nouvelles choses à dire de Niamien Ngoran et d'Adjoumani Kobenan dont les atouts et les handicaps sont connus de tous et ont souvent été évoqués. Niamien Ngoran, par exemple, devrait démissionner de l'Inspection d'Etat, ou se mettre en réserve, car il s'agit d'une institution qui exige obligation de réserve politique, et surtout impartialité. Pour le reste, tout dépend pour lui, comme pour Adjoumani, plus du président Bédié que du candidat-président Alassane Ouattara. Polémiste et fort en thème, Adjoumani réussit l'exploit d'être aussi bien pro-Bédié notoire, que pro-Ouattara dont il a été fait la promotion, avant l'heure, de la candidature unique dans le Pdci, avant l'appel de Daoukro.
Chacun sa force, chacun sa faiblesse. D'ici le 25 avril 2015, ou à partir de cette date, on devrait en savoir plus. Le candidat Ouattara ayant été investi, il serait évident et pertinent que son équipe de campagne soit connue afin que tous se mettent en ordre de bataille, de façon disciplinée. Mais encore faut-il bien identifier les cibles, et les différentes personnes auxquelles il faudrait parler lors de la campagne à venir. Ce sera l'objet d'un prochain article, dans nos colonnes.
Charles Kouassi.
À la clé pour le directeur de campagne chargé d'être le principal artisan après Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara eux-mêmes de la réélection du PRADO, réside peut-être un poste de Premier ministre, mais aussi la possibilité d'être en pôle position pour avoir le leadership de l'alternance en 2020.
Chacun affine sa stratégie pour se présenter comme l'homme de la situation, alors que, comme l'IA a déjà écrit que le duo Ouattara-Bédié qui n'aime pas changer une équipe qui gagne, souhaitait au départ reconduire le duo Amadou Gon-Ahoussou Jeannot qui avait mené la stratégie victorieuse de 2010.
Mais alors quelles sont les forces et les faiblesses des pressentis, des présumés directeurs de campagne, figurant sur les petits papiers et la short list du candidat-président, qui samedi dernier a lui-même donné le ton et la tonalité de la campagne à venir avec des positions fortes et très fortes : (Gbagbo l'assassin des Ivoiriens, plus personne à la Cpi etc ...)?
Alassane Ouattara a montré ainsi clairement qu'il demeure le premier directeur de sa future campagne et qu'il reste le principal chef d'orchestre de son camp, celui qui donne le là, fixe le cap des orientations ; et qu'il n'est pas du tout manipulable par les siens. Toutes les sources le confirment : Alassane Ouattara n'est pas un président sous contrôle ni sous influence. C'est un homme "entêté" qui avance selon ses idées et aimant aller jusqu'au bout, cédant rarement aux pressions, à des injonctions ou menaces sur le champ, mais sachant souvent temporiser, ou même faire volontairement marche arrière après avoir écouté plusieurs avis.
Amadou Gon
Le fidèle, le premier fils. Il a l'avantage de l'expérience et du profil d'une fonction déjà réalisée dans un contexte plus difficile: ils étaient dans l'opposition. S'il a aidé à arriver au pouvoir, comment ne pourrait-il pas aider à y rester, à faire réélire ? Comment peut-on penser que l'un des artisans de la victoire peut incarner la défaite, alors que son seul tort est d'être totalement et absolument en phase à 150% même, avec le chef de l'État. Son handicap réside, apprend-t-on, dans le fait qu'il est plus souvent au Palais présidentiel, derrière le chef de l'État, et seulement dans son fief à Korhogo lorsqu'il part sur le terrain. Il ne serait pas trop un homme de terrain, et ne serait pas populaire auprès de la base, qui aurait dû mal à transférer sur lui, l'adhésion spontanée et naturelle en faveur d'Alassane Ouattara.
Ahoussou Jeannot
Il partage avec Amadou Gon le leadership de la campagne victorieuse de 2010 face à Laurent Gbagbo. Il ratisse dans le pays Baoulé qu'il parcourt sans cesse pour porter les atouts du candidat. Il ne fait cas d'aucun ressentiment et bénéficie de la totale confiance aussi bien du président Bédié que du Président Ouattara. Il peut faire campagne en Baoulé, en langue Dioula, en Agni, en Abouré. Il a tissé une alliance avec l'Ouest et peut capter des voix dans la zone.
Son principal handicap reste le manque de moyens financiers et matériels et son refus de prise de contrôle total et direct du Pdci.
Des observateurs assurent que ce sont des hommes à lui qui contrôlent l'appareil du Pdci, mais ses adversaires au sein du parti, qu'ils soient Baoulé eux-mêmes, ou plutôt des réfractaires à la domination et à la mainmise du lobby Baoulé, assurent qu'il n'en est rien, et tentent toujours de faire croire que cet avocat qui ne fut pas du tout le plus nul, ni parmi les moins brillants de sa génération, ne pèse rien dans le Pdci, ni au sein de l'opinion.
Argument auquel rétorquent ses proches: "Cet homme a eu une longue carrière d'avocat, de juriste, il a été plusieurs fois ministre, élu député, et c'est quand il devient Premier ministre qu'on le trouve incompétent. Pas trop tôt! Et depuis qu'il n'est plus Premier ministre, le procès en incompétence a disparu."
Guillaume Soro
Tenu par la neutralité de sa fonction de Premier ministre, il n'avait pas participé au combat électoral de 2010. C'est à la suite du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite qu'il a rallié le camp Ouattara pour "sauver" la démocratie et parachever le combat, qu'il dit avoir entamé avec la rébellion alors qu'il y était en mission.
Son entourage assure qu'il est l'homme qu'il faut, qu'il est populaire au sein du Rdr (en témoigne la forte ovation recueillie au congrès extraordinaire du Rdr, même si ses détracteurs disent que cette ovation a été suscitée et ne fut pas spontanée).
Il a récemment acquis à Singapour pour un montant évalué à un million de dollars, du matériel haut de gamme pour la campagne du candidat Ouattara. Il est courageux, audacieux, fort en thème et grand débatteur. Il a une grande capacité d'écoute et de conciliation, et peut se permettre de prendre des coups à la place d'Alassane Ouattara.
Son handicap reste son passé de chef de la rébellion qu'il a assumé et revendiqué haut et fort. Au Pdci, la rébellion a laissé quelques mauvais souvenirs. En prélude à l’alternance en sa faveur, ses adversaires au sein du Rhdp comptent mobiliser 10 mille femmes d'Adjanou pour le contrarier. Les irréductibles du Pdci se frottent déjà les mains à l'idée de savoir que le choix se portera sur Guillaume Soro. "En choisissant Soro, Ouattara aura fait une grande part de notre campagne". Dans une élection présidentielle, qui doit au-delà des blocs, transcender l'hostilité aussi bien du Fpi, que du Pdci à son égard, malgré la bienveillance et les attentions du président Bédié à son égard, pourrait desservir Guillaume Soro.
Hamed Bakayoko
Il a fini par convaincre adversaires et partisans qui ne vendaient pas chère sa peau dans ce ministère sensible en charge de la sécurité et de l'administration du territoire, qu'il incarne de façon indiscutable. Sa relation directe avec le chef de l'Etat, son autorité, ses intérims du Premier ministre qui confèrent assurance et autorité, font de lui un homme clé du dispositif d'Alassane Ouattara.
Mais celui qui fut l'un des porte-paroles et trésorier de la campagne de 2010 peut-il être vraiment directeur de campagne, c'est-à-dire endosser une posture partisane et non républicaine au service de tous ? Son principal atout n'est-il pas la fonction stratégique qu'il occupe dans le processus électoral, en tant que ministre de tutelle des préfets, de la Cei et de tout le personnel technique, sécuritaire et administratif chargé du suivi des élections?
Contrairement au président Guillaume Soro, qui malgré les contraintes de l'article 35 pouvant s'appliquer à lui au même titre qu'au chef de l'État ( qui, soit dit en passant, souhaite abroger la disposition constitutionnelle interdisant au chef de l’Etat de diriger un parti politique), est prêt à porter le maillot Rdr, le MEMIS Hamed Bakayoko ne peut valablement être le meilleur de Directeur de campagne du candidat Ouattara, tout en assumant sa fonction régalienne de super intendant du processus électoral. Le maillot Rdr et le costume de Memis ne vont pas ensemble.
Adama Bictogo
Lorsqu’il a été désigné président du Congrès extraordinaire du Rdr, les partisans du "Copa Barry" des Républicains ont vu en lui l'homme qu'il faudra au moment venu. Homme de terrain et de réseau, son principal atout serait comme celui de Guillaume Soro: alors que les choses tardaient, il aurait mobilisé trois cents millions FCFA pour le congrès de son patri.
Un geste qu'aurait apprécié le chef de l'État qui souhaite que les cadres mettent la main aux poches et cessent de se plaindre. Son principal handicap restera la guerre des clans au sein des appareils, notamment son propre parti. Car alors qu'il entretient de bons rapports avec des cadres Pdci, et même des pro-Gbagbo qu'il rêve de rallier à sa carte, Adama Bictogo doit en interne convaincre ceux que son ascension inquiète, tout en le présentant comme le pion d'Amadou Gon.
Nialé Kaba et Affoussy Bamba
Les deux ministres constituent la surprise du chef. Les deux seules femmes de la short list ont chacune des arguments techniques à faire valoir. L'on apprend qu'elles sont réputées pour leur flair politique, et leur sens de l'analyse. Bien entendu, une capacité de mobilisation de ressources à l'international est prêtée à Nialé Kaba, tandis qu'Affoussy Bamba est créditée d'une influence dans des médias. Les handicapes des deux femmes sont les mêmes: happée par leur activité gouvernementale, elles n'ont pas été souvent libres pour être davantage sur le terrain. Et cela rend difficile la conduite d'une campagne à l'échelle nationale d'un candidat ayant l'envergure d'Alassane Ouattara.
Charles Diby Koffi
Certains le disent fini, et déplorent de ne pas trop le sentir. Après les fausses alertes de son accession à la Primature, revoici Charles Diby Koffi dans la liste des directeurs de campagne présumés d'Alassane Ouattara. Beaucoup lui prêtent une grande fortune. Comme autre atout, adversaires et partenaires le trouvent consensuel.
Il est beau-fils de la famille Bédié. Comme handicap, on lui reproche de ne pas être un tribun fort en gueule, de ne pas être un bagarreur et polémiste, prêt à des déclarations incendiaires sur des plateaux-télés, lors des débats contradictoires pour les élections à venir. Pour parler terre à terre, on dit à Abidjan qu'il ne parle pas mal, et n'insulte pas. Qu'il trop policé, et diplomate.
Mabri Toikeusse
Avec son air de ne rien vouloir et de se mettre résolument au service du Président Ouattara, Mabri Toikeusse se donne les moyens de se consolider à l'Ouest et de se préparer pour 2020. Dans cette perspective, ça ne lui déplairait pas d'être directeur de campagne pour mouiller le maillot et gagner en visibilité. Son atout est en même temps son handicap: il est de l'Ouest, c'est bien, mais il s'agit d'une élection nationale et non régionale.
Adama Toungara
Sa capacité de résilience en étonne plus d'un. Il a rebondi et voici que son nom est cité parmi les profils pouvant diriger la campagne d'Alassane Ouattara. On lui prête de grandes relations pour mobiliser les ressources en vue d'une campagne d'envergure. Ceux qui voient cela d'un mauvais œil refusent de tenir compte de ses performances électorales à Abobo, et préfèrent plutôt parler de son bilan qui ne serait pas positif à la tête de cette commune.
Bacongo Cissé
Porté par l'élan de la réconciliation entre les cadres et militants du Rdr, réhabilité par le temps après son départ de son ministère précédent qui n'a pas mis fin aux problèmes, crédité d'actions positives au ministère de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative, Cissé Bacongo fait bondir bien de gens à l'évocation de son nom.
Le seul handicap qui est évoqué à son sujet est relatif aux contraintes de la cohésion du Rhdp à Koumassi, d'autant plus que malgré les soupçons de double-jeu le visant et malgré ses réserves passées au sujet du Rhdp, le maire Pdci Raymond N'dohi s'est publiquement mis au service du Rhdp et de son candidat Alassane Ouattara.
Guikahué et Amadou Soumahoro
Il est déjà le Secrétaire intérimaire du parti. Malgré les critiques, il est resté indéboulonnable et ils sont quelques-uns qui souhaitent que les choses se poursuivent avec lui, et autour de lui. Les artisans de cette thèse voient un duo Guikahué-Soumahoro, au lieu du duo Amadou Gon-Ahoussou . Selon eux ce serait le meilleur moyen d'aller au parti unifié. Mais la force de ce duo, c’est que Amadou Soumahoro et Maurice Kacou Guikahué doivent affronter les handicaps que les autres leur opposent en mettant en avant les profils de Niamien Ngoran, Adjoumani, Achi Patrick qui sont aussi dans le strating- Block.
Achi Patrick
Déjà porte-parole du gouvernement alors que les présidents Ouattara et Bédié étaient au Golf, Achi Patrick a gagné en expérience en termes de vision et lecture de la chose politique. Il ne se contente plus de jouer les technocrates déconnectés des réalités politiques locales depuis qu'il s'est essayé avec succès à incarner le leadership dans sa région de la Mé, en profitant avec intelligence du boycott du Fpi, dont la maîtrise du terrain l'avait déjà mis en difficulté lors de la campagne de 2010 pour Bédié et Ouattara.
Finalement la part minime de cette "citadelle imprenable" sur le fichier électoral (entre 5 et 6 %) pourrait constituer un handicap pour le patron des infrastructures phares du mandat du Président Ouattara.
Niamien Ngoran et Adjoumani
Pas de nouvelles choses à dire de Niamien Ngoran et d'Adjoumani Kobenan dont les atouts et les handicaps sont connus de tous et ont souvent été évoqués. Niamien Ngoran, par exemple, devrait démissionner de l'Inspection d'Etat, ou se mettre en réserve, car il s'agit d'une institution qui exige obligation de réserve politique, et surtout impartialité. Pour le reste, tout dépend pour lui, comme pour Adjoumani, plus du président Bédié que du candidat-président Alassane Ouattara. Polémiste et fort en thème, Adjoumani réussit l'exploit d'être aussi bien pro-Bédié notoire, que pro-Ouattara dont il a été fait la promotion, avant l'heure, de la candidature unique dans le Pdci, avant l'appel de Daoukro.
Chacun sa force, chacun sa faiblesse. D'ici le 25 avril 2015, ou à partir de cette date, on devrait en savoir plus. Le candidat Ouattara ayant été investi, il serait évident et pertinent que son équipe de campagne soit connue afin que tous se mettent en ordre de bataille, de façon disciplinée. Mais encore faut-il bien identifier les cibles, et les différentes personnes auxquelles il faudrait parler lors de la campagne à venir. Ce sera l'objet d'un prochain article, dans nos colonnes.
Charles Kouassi.
