L’honorable Palé Dimaté, Expert en relation internationale et diplomate a suivi avec une attention particulière les élections législatives au Royaume-Uni. De retour de son périple européen, il commente ses scrutins. Sans manquer de dénoncer la démocratie à l’africaine.
Q) Pendant que vous étiez en Europe plusieurs événements se sont déroulés dans le monde dont les élections législatives au Royaume uni. Que pouvons-nous retenir ?
R) L’Europe est par excellence la plaque tournante des relations internationales et de la diplomatie. Oui, beaucoup d’événements heureux comme malheureux ont secoué le monde ce trimestre : la crise au Yémen, l’avancée spectaculaire des mouvements djihadistes en Syrie et en Iraq, la guerre de cessession en Ukraine, la crise politique au Burundi, le Président Hollande et des hommes d’affaires français à l’assaut des Caraïbes jusqu’à Cuba, le président Obama et les Monarchies du Golfe à Camp David etc. Et évidemment les élections démocratiques au Royaume-Uni qui se sont soldées par la victoire écrasante de David Cameron et le parti conservateur. C’est une élection démocratique en ce sens qu’elle est pluraliste, ouverte, exhaustive et définitive. La transparence était de mise. Elle a fait mentir les sondages qui prédisaient un coude à coude entre les Travaillistes et les Conservateurs.
Y a-t-il une différence entre le système politique britannique et ceux des USA et de la France ?
R) Il y a des similitudes entre celui du Royaume-Unis et de la France et des divergences également. Au niveau institutionnel, les deux ont un exécutif bicéphale et un parlement bicaméral ; et au niveau du jeu politique on observe un système bipartisan et multipartite en France.
Quand aux divergences, elles s’observent d’abord au niveau du mode de scrutin en France. Le scrutin est majoritaire à deux tours or au Royaume-Unis c’est un scrutin uninominal majoritaire à un tour. En plus, le pouvoir exécutif est détenu à priori par un monarque en l’occurrence la Reine Elisabeth II depuis 1952. Or en France, le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat bien déterminé. En France donc, le régime est semi- présidentiel ou semi parlementaire alors qu’au Royaume-Unis, le régime est parlementaire. A posteriori, le premier ministre détient la réalité du pouvoir exécutif au Royaume-Uni. Et, il répond du parlement. La reine a l’obligation de nommer un premier ministre issu du parti majoritaire au parlement comme le Président en a l’obligation en France.
Aux Etats-Unis d’Amérique l’exécutif est monocéphal et le parlement est bicaméral. Le Président est élu en même temps que son vice-président qui devient automatiquement le président du Senat conformément à l’article premier section 3 alinéa 4 de la constitution nord américaine.
Pouvons-nous comparer le premier ministre britannique à ceux d’Afrique ?
R) Attention ! Dès les premières heures des indépendances, il y eut des premiers ministres surtout dans les Etats du Commonweath qui avaient l’allure des premiers ministres britanniques : le cas de Nkrumah au Ghana. Mais, aujourd’hui, il n’y a pas de premier ministre en Afrique de type britannique. Ils ne sont que les premiers des Ministres .Ce d’autant qu’ils sont issus des arrangements politiques. Ils ne répondent que du bon vouloir des présidents ou de la communauté internationale médiatrice des conflits post- électoraux ou des conférences nationales dites souveraines. Le cas de Joseph Koffi du Togo d’Etienne Tchisekedi au Zaire, Nicephore Soglo au Benin etc.
Quel model de démocratie ou de régime proposerez vous à l’Afrique ?
Ma voix est trop petite pour faire une telle proposition. Les organisations sous régionales (Cedeao, Igad Sadec etc.) et régionales (Ua) en Afrique sont en même de le faire. Les principes élémentaires de la démocratie n’ont pas encore bien pénétré les mœurs en Afrique. La démocratie avance en dent de scie. Elle est étranglée ça et là par les coups d’Etat, les rebellions armées, les insurrections, les tripatouillages ininterrompus des Textes, mêmes de la constitution qui est le rock sur lequel repose toute société démocratique. Mais, il n’y a pas de model de démocratie figé. La démocratie est comme l’eau. Elle prend la couleur du récipient qui la contient. Pourvu que les principes fondateurs (les droits inaliénables et les libertés individuelles : libertés d’expression la bonne gouvernance électorale etc.) soient respectés. L’on ne saurait parler de démocratie tant que ses principes seront bafoués.
Cependant, nous pensons que le régime semi-parlementaire ou semi présidentiel comme en France sied à l’Afrique. Mais, pour le moment, il ne peut être opérationnel que lorsque la majorité présidentielle est majoritaire au parlement et le président nomme un premier ministre issu de cette majorité. Alors, un bicéphalisme mineur, voire un tandem s’installe et le régime fonctionne sans heurt. Par contre, si l’opposition est majoritaire au parlement et donc le premier ministre sort des rangs de cette opposition, il s’instaure un bicéphalisme majeur, voire une dyarchie. Ainsi, les deux pouvoirs s’entrechoquent et bloquent le fonctionnement du régime. Le cas du Niger où Mainassara est intervenu et a neutralisé le premier ministre et le président pour incapacité à accorder leur violon afin de diriger le Niger pour le bien du peuple. Ce conflit de compétence s’est installé royalement au Congo Kinshasa entre le premier ministre Patrice Lumumba et le président Joseph Kasavubu et a favorisé l’ascension de Joseph Désiré Mobutu. En Haute-Volta d’alors (Burkina Faso), le général Somé Yorian fit arrêter Thomas Sankara alors Premier ministre de Jean Baptiste Ouédraogo qui prenait des initiatives sans consulter le Président.
Au vu de ce qui précède, aucune solution ne peut poindre à l’horizon ?
Il n’y a pas mille solutions. Ni de solution miracle ! Il faut créer et construire des institutions fortes comme l’a dit Obama. C’est à dire des institutions qui résistent aux vicissitudes du temps. Et leur fonctionnement ne doit pas être régulé par des lois ordinaires, mais plutôt par des lois organiques dont leur adoption fait l’objet d’un referendum ou l’approbation par 3/4 voire 4/5 des mandataires du peuple.
Revenons à David Cameron. Aura-t-il les mains libres pour travailler ? Et que pensez-vous du referendum qu’il veut organiser ?
Oui, il gagné avec une majorité écrasante. Et ces adversaires ont reconnu leur défaite. Certains ont même démissionné à la tête de leur parti. Il a eu le soutien des marchés. Déjà la livre sterling qui était à 2.30 dollars est passée le lendemain le 08 mai à 2.33 dollars.
Mais à propos, qu’en est-il du referendum Cameron ? Il semble pris entre deux feux.
C’est un referendum de tous les dangers. Il est obligé d’organiser le referendum comme il l’a promis au peuple du Royaume Unis. Veut-il s’isoler des autres Etats ? Veut-il mener une vie hermétique au vingt et unième siècle ? Cet isolement ne va-t-il pas faire école c’est-à-dire entrainer d’autres Etats européens ? Alors l’on tendrait vers l’effondrement de l’’ ‘Union Européenne. Aussi, le party Nationaliste écossais (Snp) a rempoté 56 sièges en Ecosse sur 59. L’Ecosse va-t-elle réveiller ses velléités de cessessions ? Et si l’Ecosse réussit ce passage, le pays de Gale et l’Irlande du nord ne vont-ils pas la suivre ? Dans ce cas, le Royaume-Unis va se disloquer. Pour ma part l’Europe des 28 ou l’Union Européenne est un important outil ou instrument de développement à préserver jalousement.
Q) Pendant que vous étiez en Europe plusieurs événements se sont déroulés dans le monde dont les élections législatives au Royaume uni. Que pouvons-nous retenir ?
R) L’Europe est par excellence la plaque tournante des relations internationales et de la diplomatie. Oui, beaucoup d’événements heureux comme malheureux ont secoué le monde ce trimestre : la crise au Yémen, l’avancée spectaculaire des mouvements djihadistes en Syrie et en Iraq, la guerre de cessession en Ukraine, la crise politique au Burundi, le Président Hollande et des hommes d’affaires français à l’assaut des Caraïbes jusqu’à Cuba, le président Obama et les Monarchies du Golfe à Camp David etc. Et évidemment les élections démocratiques au Royaume-Uni qui se sont soldées par la victoire écrasante de David Cameron et le parti conservateur. C’est une élection démocratique en ce sens qu’elle est pluraliste, ouverte, exhaustive et définitive. La transparence était de mise. Elle a fait mentir les sondages qui prédisaient un coude à coude entre les Travaillistes et les Conservateurs.
Y a-t-il une différence entre le système politique britannique et ceux des USA et de la France ?
R) Il y a des similitudes entre celui du Royaume-Unis et de la France et des divergences également. Au niveau institutionnel, les deux ont un exécutif bicéphale et un parlement bicaméral ; et au niveau du jeu politique on observe un système bipartisan et multipartite en France.
Quand aux divergences, elles s’observent d’abord au niveau du mode de scrutin en France. Le scrutin est majoritaire à deux tours or au Royaume-Unis c’est un scrutin uninominal majoritaire à un tour. En plus, le pouvoir exécutif est détenu à priori par un monarque en l’occurrence la Reine Elisabeth II depuis 1952. Or en France, le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat bien déterminé. En France donc, le régime est semi- présidentiel ou semi parlementaire alors qu’au Royaume-Unis, le régime est parlementaire. A posteriori, le premier ministre détient la réalité du pouvoir exécutif au Royaume-Uni. Et, il répond du parlement. La reine a l’obligation de nommer un premier ministre issu du parti majoritaire au parlement comme le Président en a l’obligation en France.
Aux Etats-Unis d’Amérique l’exécutif est monocéphal et le parlement est bicaméral. Le Président est élu en même temps que son vice-président qui devient automatiquement le président du Senat conformément à l’article premier section 3 alinéa 4 de la constitution nord américaine.
Pouvons-nous comparer le premier ministre britannique à ceux d’Afrique ?
R) Attention ! Dès les premières heures des indépendances, il y eut des premiers ministres surtout dans les Etats du Commonweath qui avaient l’allure des premiers ministres britanniques : le cas de Nkrumah au Ghana. Mais, aujourd’hui, il n’y a pas de premier ministre en Afrique de type britannique. Ils ne sont que les premiers des Ministres .Ce d’autant qu’ils sont issus des arrangements politiques. Ils ne répondent que du bon vouloir des présidents ou de la communauté internationale médiatrice des conflits post- électoraux ou des conférences nationales dites souveraines. Le cas de Joseph Koffi du Togo d’Etienne Tchisekedi au Zaire, Nicephore Soglo au Benin etc.
Quel model de démocratie ou de régime proposerez vous à l’Afrique ?
Ma voix est trop petite pour faire une telle proposition. Les organisations sous régionales (Cedeao, Igad Sadec etc.) et régionales (Ua) en Afrique sont en même de le faire. Les principes élémentaires de la démocratie n’ont pas encore bien pénétré les mœurs en Afrique. La démocratie avance en dent de scie. Elle est étranglée ça et là par les coups d’Etat, les rebellions armées, les insurrections, les tripatouillages ininterrompus des Textes, mêmes de la constitution qui est le rock sur lequel repose toute société démocratique. Mais, il n’y a pas de model de démocratie figé. La démocratie est comme l’eau. Elle prend la couleur du récipient qui la contient. Pourvu que les principes fondateurs (les droits inaliénables et les libertés individuelles : libertés d’expression la bonne gouvernance électorale etc.) soient respectés. L’on ne saurait parler de démocratie tant que ses principes seront bafoués.
Cependant, nous pensons que le régime semi-parlementaire ou semi présidentiel comme en France sied à l’Afrique. Mais, pour le moment, il ne peut être opérationnel que lorsque la majorité présidentielle est majoritaire au parlement et le président nomme un premier ministre issu de cette majorité. Alors, un bicéphalisme mineur, voire un tandem s’installe et le régime fonctionne sans heurt. Par contre, si l’opposition est majoritaire au parlement et donc le premier ministre sort des rangs de cette opposition, il s’instaure un bicéphalisme majeur, voire une dyarchie. Ainsi, les deux pouvoirs s’entrechoquent et bloquent le fonctionnement du régime. Le cas du Niger où Mainassara est intervenu et a neutralisé le premier ministre et le président pour incapacité à accorder leur violon afin de diriger le Niger pour le bien du peuple. Ce conflit de compétence s’est installé royalement au Congo Kinshasa entre le premier ministre Patrice Lumumba et le président Joseph Kasavubu et a favorisé l’ascension de Joseph Désiré Mobutu. En Haute-Volta d’alors (Burkina Faso), le général Somé Yorian fit arrêter Thomas Sankara alors Premier ministre de Jean Baptiste Ouédraogo qui prenait des initiatives sans consulter le Président.
Au vu de ce qui précède, aucune solution ne peut poindre à l’horizon ?
Il n’y a pas mille solutions. Ni de solution miracle ! Il faut créer et construire des institutions fortes comme l’a dit Obama. C’est à dire des institutions qui résistent aux vicissitudes du temps. Et leur fonctionnement ne doit pas être régulé par des lois ordinaires, mais plutôt par des lois organiques dont leur adoption fait l’objet d’un referendum ou l’approbation par 3/4 voire 4/5 des mandataires du peuple.
Revenons à David Cameron. Aura-t-il les mains libres pour travailler ? Et que pensez-vous du referendum qu’il veut organiser ?
Oui, il gagné avec une majorité écrasante. Et ces adversaires ont reconnu leur défaite. Certains ont même démissionné à la tête de leur parti. Il a eu le soutien des marchés. Déjà la livre sterling qui était à 2.30 dollars est passée le lendemain le 08 mai à 2.33 dollars.
Mais à propos, qu’en est-il du referendum Cameron ? Il semble pris entre deux feux.
C’est un referendum de tous les dangers. Il est obligé d’organiser le referendum comme il l’a promis au peuple du Royaume Unis. Veut-il s’isoler des autres Etats ? Veut-il mener une vie hermétique au vingt et unième siècle ? Cet isolement ne va-t-il pas faire école c’est-à-dire entrainer d’autres Etats européens ? Alors l’on tendrait vers l’effondrement de l’’ ‘Union Européenne. Aussi, le party Nationaliste écossais (Snp) a rempoté 56 sièges en Ecosse sur 59. L’Ecosse va-t-elle réveiller ses velléités de cessessions ? Et si l’Ecosse réussit ce passage, le pays de Gale et l’Irlande du nord ne vont-ils pas la suivre ? Dans ce cas, le Royaume-Unis va se disloquer. Pour ma part l’Europe des 28 ou l’Union Européenne est un important outil ou instrument de développement à préserver jalousement.