L’une des clauses du «contrat» passé entre Henri Konan Bédié du Pdci et Alassane Ouattara du Rdr, était tel que le Pdci abandonne son ambition présidentielle de 2015 au profit d’Alassane Ouattara pour être soutenu à son tour en 2020. L’appel de Daoukro lancé le 17 septembre 2014, par le président du Pdci était basé sur ce marché politique conclu entre les deux grands de la coalition née en 2005 à Paris.
Au fil du temps, et avant même la présidentielle du 25 octobre, ce qui apparaissait comme une évidence est en train de passer comme une préoccupation subsidiaire au sein de la formation au pouvoir. Recevant les femmes de l’équipe féminine de campagne d’Alassane Ouattara en septembre 2015, à la Rue Lepic, au siège du Rdr, la ministre Kandia Camara apprenait à ses consœurs que les statuts du futur parti unifié avaient été déposés au ministère de l’Intérieur, tutelle des partis politiques. Aujourd’hui, l’affaire semble devenue la priorité du chef de l’Etat qui inaugure un nouveau mandat. Le chef de l’Etat veut aller vite à cette transformation, ne cesse de dire ses proches. Ce n’est pas tant que l’idée de la passe à un militant du Pdci en 2020 est abandonnée, mais on n’en parle presque plus et la question devient gênante dès lors qu’elle est évoquée en public. Par prudence politique, dans le débat qu’avait suscité l’appel de Daoukro, on se souvient que des sections du Pdci avaient exigé de leur président, un accord écrit avant d’adouber l’appel de Daoukro. Bédié a trouvé la parade pour convaincre les Saint Thomas sauf les irréductibles. Mais le débat n’était que différé, le temps d’assurer la réélection de Ouattara.
Les alliés du Rhdp qui ont habitué les Ivoiriens à tâter le terrain avant de mettre en œuvre leur plan, marchent cette fois sur des œufs. L’idée du parti unifié soutenue par les deux grands, si elle venait à passer, aurait pour première conséquence de doucher les espoirs du Pdci qui attend dans le starting-block. Avec le parti unifié, à l’évidence, il n’y aura plus de Rdr ni de Pdci. Ce sera le Rhdp, un point un trait. Dans ce cas, plus besoin de parler de soutien d’un cadre du Pdci pour la présidentielle 2020. Ce sera la compétition ouverte entre tous les aspirants. En ce moment-là, le plus offrant sera le meilleur quand on connait un peu la psychologie de certains Ivoiriens en matière politique.
Le débat ne se fait pas encore au grand jour sur le dossier du parti unifié. Il est à l’étape des murmures de couloir et de salon et les sons ne sont pas forcément à la symphonie entre alliés. «Si c’est pour ne pas respecter la clause de soutenir un candidat Pdci qu’on veut faire un parti unifié, nous nous opposerons énergiquement à cette ruse», soutient un dirigeant d’un mouvement proche du Pdci sur la question. Au moment où Bédié et Ouattara tendent vers leur sortie du champ politique, ils sont bien nombreux au Pdci comme au Rdr ou à l’Udpci, les cadres qui voudraient bien avoir la caution de leurs partis respectifs. Fondus dans un seul moule, ils voient leurs chances s’amenuiser ou fondre comme du beurre au soleil, d’où les petits coups tordus et le branle-bas déjà perceptibles. L’issue de cette élection présidentielle met au gout du jour une petite guerre de leadership. Chacun veut être le père de la victoire électorale du président Ouattara, en vantant ses mérites et ses plans qui ont conduit à la victoire, par presse interposée. On le comprend, tout cela n’est pas fortuit. En filigrane ces activistes visent une nomination ou une promotion qui devra leur permettre d’avoir les coudées franches pour la bataille future.
Autre bémol dans cette affaire, c’est l’ambition de Mabri Toikeusse de l’Udpci et Gnamien Konan de l’Upci qui ont clairement fait savoir avant la présidentielle qu’ils misaient fortement sur 2020. Auréolé de ses 15 ans passés au gouvernement, l’actuel ministre du Plan d’Alassane Ouattara a exprimé son désir d’être candidat à la présidentielle pour le compte de son parti. «À notre congrès, il y a eu des résolutions qui nous demandent de nous préparer pour 2020. Mabri Toikeusse se prépare donc pour être candidat en 2020», avait-il dit début juillet face à ses militants à Paris.
Chacun des alliés se prépare au nouveau défi. Mais une chose est sûre, Bédié et Ouattara ont su montrer ces dernières années qu’ils étaient des ouvriers spécialisés sur le terrain politique. Ils sauront donc trouver la formule pour sauver les meubles, dans la dynamique de leur victoire. En attendant la bataille de titans de 2020.
S. DEBAILLY
Au fil du temps, et avant même la présidentielle du 25 octobre, ce qui apparaissait comme une évidence est en train de passer comme une préoccupation subsidiaire au sein de la formation au pouvoir. Recevant les femmes de l’équipe féminine de campagne d’Alassane Ouattara en septembre 2015, à la Rue Lepic, au siège du Rdr, la ministre Kandia Camara apprenait à ses consœurs que les statuts du futur parti unifié avaient été déposés au ministère de l’Intérieur, tutelle des partis politiques. Aujourd’hui, l’affaire semble devenue la priorité du chef de l’Etat qui inaugure un nouveau mandat. Le chef de l’Etat veut aller vite à cette transformation, ne cesse de dire ses proches. Ce n’est pas tant que l’idée de la passe à un militant du Pdci en 2020 est abandonnée, mais on n’en parle presque plus et la question devient gênante dès lors qu’elle est évoquée en public. Par prudence politique, dans le débat qu’avait suscité l’appel de Daoukro, on se souvient que des sections du Pdci avaient exigé de leur président, un accord écrit avant d’adouber l’appel de Daoukro. Bédié a trouvé la parade pour convaincre les Saint Thomas sauf les irréductibles. Mais le débat n’était que différé, le temps d’assurer la réélection de Ouattara.
Les alliés du Rhdp qui ont habitué les Ivoiriens à tâter le terrain avant de mettre en œuvre leur plan, marchent cette fois sur des œufs. L’idée du parti unifié soutenue par les deux grands, si elle venait à passer, aurait pour première conséquence de doucher les espoirs du Pdci qui attend dans le starting-block. Avec le parti unifié, à l’évidence, il n’y aura plus de Rdr ni de Pdci. Ce sera le Rhdp, un point un trait. Dans ce cas, plus besoin de parler de soutien d’un cadre du Pdci pour la présidentielle 2020. Ce sera la compétition ouverte entre tous les aspirants. En ce moment-là, le plus offrant sera le meilleur quand on connait un peu la psychologie de certains Ivoiriens en matière politique.
Le débat ne se fait pas encore au grand jour sur le dossier du parti unifié. Il est à l’étape des murmures de couloir et de salon et les sons ne sont pas forcément à la symphonie entre alliés. «Si c’est pour ne pas respecter la clause de soutenir un candidat Pdci qu’on veut faire un parti unifié, nous nous opposerons énergiquement à cette ruse», soutient un dirigeant d’un mouvement proche du Pdci sur la question. Au moment où Bédié et Ouattara tendent vers leur sortie du champ politique, ils sont bien nombreux au Pdci comme au Rdr ou à l’Udpci, les cadres qui voudraient bien avoir la caution de leurs partis respectifs. Fondus dans un seul moule, ils voient leurs chances s’amenuiser ou fondre comme du beurre au soleil, d’où les petits coups tordus et le branle-bas déjà perceptibles. L’issue de cette élection présidentielle met au gout du jour une petite guerre de leadership. Chacun veut être le père de la victoire électorale du président Ouattara, en vantant ses mérites et ses plans qui ont conduit à la victoire, par presse interposée. On le comprend, tout cela n’est pas fortuit. En filigrane ces activistes visent une nomination ou une promotion qui devra leur permettre d’avoir les coudées franches pour la bataille future.
Autre bémol dans cette affaire, c’est l’ambition de Mabri Toikeusse de l’Udpci et Gnamien Konan de l’Upci qui ont clairement fait savoir avant la présidentielle qu’ils misaient fortement sur 2020. Auréolé de ses 15 ans passés au gouvernement, l’actuel ministre du Plan d’Alassane Ouattara a exprimé son désir d’être candidat à la présidentielle pour le compte de son parti. «À notre congrès, il y a eu des résolutions qui nous demandent de nous préparer pour 2020. Mabri Toikeusse se prépare donc pour être candidat en 2020», avait-il dit début juillet face à ses militants à Paris.
Chacun des alliés se prépare au nouveau défi. Mais une chose est sûre, Bédié et Ouattara ont su montrer ces dernières années qu’ils étaient des ouvriers spécialisés sur le terrain politique. Ils sauront donc trouver la formule pour sauver les meubles, dans la dynamique de leur victoire. En attendant la bataille de titans de 2020.
S. DEBAILLY