A quelques semaines de la fête des fins d’année des parents, des épouses des prisonniers politiques se prononcent et demandent la libération de tous les détenus.
Devisant tranquillement avec sa campagne, à quelques encablures de l’église Saint Pierre de Niangon, A. Zady, le visage angélique du fait des facilités romantiques de celle avec qui il échangeait, n’oubliera jamais de sitôt, ce jour du 25 décembre 2012. La vingtaine presqu’entamée et vêtu d’un tee-shirt blanc à l’effigie de l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, le petit Zady reste jusqu’à ce jour introuvable, malgré les multiples efforts de ses parents pour retrouver leur fils. Aujourd’hui encore, les recherches continuent, désespérément selon un membre de la famille avec qui nous avons échangé. Un autre groupe d’individus, discrètement rassemblés dans un maquis de Yopougon, que nous avons rencontrés la semaine dernière, n’espèrent qu’une seule chose et ce, à quelques semaines des fêtes de fin d’année 2015 : la libération de leurs proches. Certaines autres, après le culte du dimanche, en pleine causerie sont malgré tout, joviales, entretenant à travers des réflexes bien appropriés, un furtif espoir de voir leurs époux sortir des geôles du pouvoir. On a l’impression que chaque année, toutes, sans exception, se souviennent avec amertume, de ces maudits jours où leurs maris ont été arrêtés et conduits à la MACA. Jeanne Bah, ressortissante de l’Ouest ivoirien, est moins ouverte. Toutefois, elle s’indigne de la façon dont les droits de l’Homme sont violés en Côte d’Ivoire. Et promet de pardonner à tous ceux qui sont à l’origine des difficultés qu’elle vit au quotidien depuis l’emprisonnement de son époux. ‘’Bello le Charmeur ‘’, un jeunot d’une trentaine d’années, étudiant de son état est presqu’inexistant. A la MACA où il se trouve, le visage bouffé par une barbe hirsute, les jambes chétives et les cheveux clairsemés par le poids des soucis, n’attend que la fin de ses jours ici bas. Les tentatives de lui arracher quelques mots sont restés vaines. Son voisin de cellule, lui accepte de parler. « Il ne dira rien de ce qu’on lui demande. Il est ici depuis le 15 avril 2011 ». Le motif de son arrestation selon notre interlocuteur, serait sa fidélité à Koffi Serge, alias Sroukou Tremin-Tremin, ex-secrétaire général de la FESCI, actuellement en exil. Dans les environs de la MACA, une mère rode impuissante autour du grand bâtiment qui abrite les prisonniers. « Je n’admettrai pas, cette fois-ci, que mes enfants soient toujours en prison sans procès. Il faut qu’ils soient libérés pour passer la fête de fin d’année avec moi. Car pour moi, Alassane Ouattara a été élu pour tous les Ivoiriens et non pour les militants de son parti. C’est pourquoi je lui demande de prendre une amnistie générale pour décrisper l’atmosphère générale dans le pays », vocifère Yao Madeleine, la dame qui a accepté de nous recevoir non loin de la maison pénitentiaire. Elle affirme avoir dix enfants dont deux croupissent actuellement à la MACA. Et pourtant, explique-t-elle, nous éprouvons d’énormes difficultés à rendre visite à nos enfants. Voilà une semaine que je tente de voir mes enfants sans succès. Une autre, très mal en point du fait de son incapacité à survenir aux besoins médicaux que nécessite son état de santé, « Je veux voir mon mari sortir de prison sinon je vais mourir. Il est le seul à pouvoir me prendre en charge». Et elle ajoute, le verbe cette fois très dur « je m’en fous de la politique. Je veux vivre c’est tout. » En somme, les prisonniers ivoiriens surnommés pro-Gbagbo et abusivement accusé de vouloir déstabiliser le régime ivoirien, vivent l’enfer sur terre. Il a fallu un passage éclair à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA) pour s’en rendre compte.
Simplice Zahui
Devisant tranquillement avec sa campagne, à quelques encablures de l’église Saint Pierre de Niangon, A. Zady, le visage angélique du fait des facilités romantiques de celle avec qui il échangeait, n’oubliera jamais de sitôt, ce jour du 25 décembre 2012. La vingtaine presqu’entamée et vêtu d’un tee-shirt blanc à l’effigie de l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, le petit Zady reste jusqu’à ce jour introuvable, malgré les multiples efforts de ses parents pour retrouver leur fils. Aujourd’hui encore, les recherches continuent, désespérément selon un membre de la famille avec qui nous avons échangé. Un autre groupe d’individus, discrètement rassemblés dans un maquis de Yopougon, que nous avons rencontrés la semaine dernière, n’espèrent qu’une seule chose et ce, à quelques semaines des fêtes de fin d’année 2015 : la libération de leurs proches. Certaines autres, après le culte du dimanche, en pleine causerie sont malgré tout, joviales, entretenant à travers des réflexes bien appropriés, un furtif espoir de voir leurs époux sortir des geôles du pouvoir. On a l’impression que chaque année, toutes, sans exception, se souviennent avec amertume, de ces maudits jours où leurs maris ont été arrêtés et conduits à la MACA. Jeanne Bah, ressortissante de l’Ouest ivoirien, est moins ouverte. Toutefois, elle s’indigne de la façon dont les droits de l’Homme sont violés en Côte d’Ivoire. Et promet de pardonner à tous ceux qui sont à l’origine des difficultés qu’elle vit au quotidien depuis l’emprisonnement de son époux. ‘’Bello le Charmeur ‘’, un jeunot d’une trentaine d’années, étudiant de son état est presqu’inexistant. A la MACA où il se trouve, le visage bouffé par une barbe hirsute, les jambes chétives et les cheveux clairsemés par le poids des soucis, n’attend que la fin de ses jours ici bas. Les tentatives de lui arracher quelques mots sont restés vaines. Son voisin de cellule, lui accepte de parler. « Il ne dira rien de ce qu’on lui demande. Il est ici depuis le 15 avril 2011 ». Le motif de son arrestation selon notre interlocuteur, serait sa fidélité à Koffi Serge, alias Sroukou Tremin-Tremin, ex-secrétaire général de la FESCI, actuellement en exil. Dans les environs de la MACA, une mère rode impuissante autour du grand bâtiment qui abrite les prisonniers. « Je n’admettrai pas, cette fois-ci, que mes enfants soient toujours en prison sans procès. Il faut qu’ils soient libérés pour passer la fête de fin d’année avec moi. Car pour moi, Alassane Ouattara a été élu pour tous les Ivoiriens et non pour les militants de son parti. C’est pourquoi je lui demande de prendre une amnistie générale pour décrisper l’atmosphère générale dans le pays », vocifère Yao Madeleine, la dame qui a accepté de nous recevoir non loin de la maison pénitentiaire. Elle affirme avoir dix enfants dont deux croupissent actuellement à la MACA. Et pourtant, explique-t-elle, nous éprouvons d’énormes difficultés à rendre visite à nos enfants. Voilà une semaine que je tente de voir mes enfants sans succès. Une autre, très mal en point du fait de son incapacité à survenir aux besoins médicaux que nécessite son état de santé, « Je veux voir mon mari sortir de prison sinon je vais mourir. Il est le seul à pouvoir me prendre en charge». Et elle ajoute, le verbe cette fois très dur « je m’en fous de la politique. Je veux vivre c’est tout. » En somme, les prisonniers ivoiriens surnommés pro-Gbagbo et abusivement accusé de vouloir déstabiliser le régime ivoirien, vivent l’enfer sur terre. Il a fallu un passage éclair à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA) pour s’en rendre compte.
Simplice Zahui