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Politique Publié le mercredi 16 novembre 2016 | AFP

Côte d’Ivoire: le procès de Simone Gbagbo se poursuivra sans elle et avec avocats commis d’office (Cour)

© AFP
Reprise du procès de l`ex-Première dame ivoirienne, Simone Gbagbo
Lundi 10 octobre 2016. Le procès de Simone Gbagbo, l`ex-Première dame ivoirienne, reprend à Abidjan après plusieurs semaines d`interruption.
Abidjan - Le procès pour crimes contre l’humanité de
l’ex-première dame de Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo, va se poursuivre sans elle et avec des avocats commis d’office malgré les protestations de la défense qui
dénonce un "échec cuisant de la justice ivoirienne".
Mercredi, Mme Gbagbo, 67 ans, a refusé une nouvelle fois de comparaître et ses avocats étaient absents à l’audience pour protester contre la non-comparution en tant que témoins de plusieurs personnalités ivoiriennes.
Le président de la Cour d’assises d’Abidjan, le juge Boiqui Kouadjo, a estimé qu’on pouvait "passer outre" à l’absence de Mme Gbagbo pour poursuivre les débats et a ensuite commis d’office plusieurs avocats pour finalement
renvoyer la prochaine audience au 28 novembre.
D’après le récit fait par la Cour, Mme Gbagbo a refusé la sommation qui lui était faite mardi de se présenter mercredi.
"Je ne veux pas vous recevoir, je ne veux même pas savoir de quoi il s’agit", a-t-elle dit à l’huissier chargé de lui transmettre sa convocation dans sa cellule, selon le document lu par le greffier du tribunal.
Parmi les témoins que la défense veut entendre l’actuel président de l’Assemblée nationale et ancien chef de la rébellion Guillaume Soro, l’ancien Premier ministre Jeannot Kouadio Ahoussou ou l’ex-ministre Charles Koffi Diby,
ou encore l’ex-patron de l’armée, le général Philippe Mangou, et le directeur général de la police, Brindou M’Bia.

- ’Une volonté de décrédibiliser’ -

La loi prévoit que le président opte entre forcer l’accusé à être présent manu militari ou se passer de sa présence s’il estime qu’elle n’est pas nécessaire. Suivant les recommandations du procureur et des parties civiles,
le juge a donc choisi de ne pas faire usage de la force.
"C’est elle qui a décidé de ne pas comparaitre. On peut très bien se passer de sa présence. Elle s’est longuement exprimé, ses avocats aussi", depuis le début du procès le 31 mai, a commenté le procureur Aly Yéo.
L’ex-président tchadien "Hissène Habré n’a pas voulu comparaitre volontairement (devant le Tribunal spécial africain de Dakar). Il a été obligé de venir. Il n’a jamais ouvert la bouche. Lorsque le verdict (perpétuité) est
tombé tout le monde a applaudi pour dire que c’était un procès exemplaire (...) Elle (Mme Gbagbo) a parlé pendant plusieurs mois et au dernier moment elle ne comparait pas", a-t-il poursuivi.
"C’est du dilatoire. C’est une volonté de décrédibiliser" le procès parce que l’accusée est "en mauvaise posture", a-t-il conclu.
Me Ange Rodrigue Dadjé, un des avocats de Mme Gbagbo, a rétorqué que "le Procureur et la Cour d’Assises n’ont as eu besoin de nous pour décrédibiliser ce procès", estimant que l’absence de la défense était "l’échec cuisant de la
justice ivoirienne" qui "montre qu’elle ne s’est pas affranchie du pouvoir politique".
Il a répété qu’il fallait que les personnalités témoignent. "Si on estime que la justice est nécessaire pour la paix en Côte d’Ivoire, on fait venir toutes les personnes concernées par ce procès. Ce que nous demandons, ce n’est que justice".
"Tant qu’ils (les personnalités) ne viennent pas, nous ne reviendrons pas", a-t-il prévenu.
Mme Gbagbo comparaît pour son implication présumée dans des tirs d’obus sur le marché d’Abobo, un quartier favorable à Alassane Ouattara - le rival de son
mari Laurent Gbagbo à la présidentielle de novembre 2010 -, dans la sanglante répression des femmes d’Abobo et pour sa participation présumée à une cellule qui planifiait et organisait des attaques menées par des milices et des membres des forces armées.
Ces crimes ont été commis lors de la crise post-électorale de 2010-2011, qui a fait plus de 3.000 morts en cinq mois après le refus de M. Gbagbo de
reconnaître la victoire de M. Ouattara à la présidentielle de 2010.
Avant l’audience, Me Félix Bobré, un autre avocat de la défense, a précisé que "sur le bombardement du marché d’Abobo (...), les gendarmes sont mis en cause: il faut que le patron de la gendarmerie soit entendu", a-t-il dit.
L’avocat insiste aussi sur la comparution de Guillaume Soro: "Il y a des images qui le montrent en train de donner des ordres à des hommes armés pour installer par la force un directeur à la RTI", la Radio télévision ivoirienne.
Simone Gbagbo purge actuellement une première peine de 20 ans pour "atteinte à la sûreté de l’Etat".

pgf-ck/jlb
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