Témoignage d’un ami mien, résidant en Europe, sur sa page Facebook : «Moment d’inattention en traversant les ruelles étroites de Montreuil s/Mer, ce petit village de pécheurs de la Côte d’Opale dans le Pas-de-Calais et puis voilà la sortie de route ! Tout le monde va bien, merci. Seule cette crevaison qui contrarie le programme du jour. Fort heureusement, mon assurance dépêche dans l’urgence quelqu’un sur les lieux pour nous sortir du pétrin. On peut donc aller tranquillement à la pèche avant le retour à la maison ce soir et la reprise du taf demain matin». Surpris de ces affirmations, une conversation s’engage entre nous et à notre correspondant de nous rassurer davantage : « Pathétique ! Mon assurance m’a envoyé une assistance dans les 45 mn », renchérit-il
Dommage ! Nous sommes ici en Europe ; précisément en France. En Côte d’Ivoire, la réalité est toute autre. Lorsque survient un accident, commence alors un véritable parcours d’enfer pour l’assuré. Il doit remuer ciel et terre ; se rendre sur la planète mars pour revenir avant que l’assureur ne s’exécute. Ce périple peut durer plusieurs années. Si bien que certaines victimes abdiquent ou passent de vie à trépas. Seules les entreprises qui s’attachent les services de cabinets d’avocat réussissent à les faire plier. Ce, après de sempiternels procès au tribunal marqués par une kyrielle de renvois.
Le constat que l’ont fait, c’est que dans 90% des cas des accidents de voitures enregistrés dans le pays, les sociétés d’assurance qui font de l’Autos-Motos sont toujours restées muettes. Inutile de mentionner les cas des mobylettes et de motos. Parce que la situation est plus dramatique à ce niveau. Il faut vraiment être un démiurge pour que la maison d’assurance réagisse.
Et pourtant ! En Côte d’Ivoire, l’assurance est obligatoire pour tous les engins motorisés. A commencer par les motocyclettes (deux roues) aux mastodontes. Nul ne peut circuler sans ce document qui demeure l’un des premiers éléments qui font l’objet de contrôle de routine. Les policiers et gendarmes sont très regardant là-dessus.
Les victimes des sociétés d’assurance sont nombreuses. M. K. Raphaël , agent d’une administration de la place ne dira pas le contraire. « J’ai été victime d’un accident en 2007. Un taxi m’a fauché pendant que j’enfourchais ma motocyclette. Après le constat, mon dossier a été déposé à la maison d’assurance. Jusqu’à ce jour, plus rien ! Finalement je me suis résolu à ne plus suivre cette affaire parce que ça me faisait dépenser inutilement », témoigne-t-il. Il est rejoint par N’guessan Isidore, chauffeur dans une grande école de la capitale politique et administrative.
« J’ai un ami qui a fait un accident. Mais la société d’assurance lui a demandé de fournir une tonne de documents si bien qu’il lui sera impossible d’arriver à bout. Sincèrement, avec les sociétés d’assurances, c’est tout un tas de problème ».
Il n’y a pas que nos deux interlocuteurs qui ont souffert des diktats des sociétés d’assurance. Kassi Eugène, transporteur établi à Yamoussoukro en sait quelque chose. « Mon mini car a fait un tonneau et le véhicule a été fortement endommagé. J’ai informé mon assureur, mais depuis lors, il n’y a rien. C’est moi-même qui suis en train de me débrouiller pour le réparer » explique-t-il tout abattu.
M. Kouassi Mathurin, gérant d’une librairie de la place a eu moins de la chance. En partance pour Abidjan dans un mini car, il a été victime d’un grave accident, dans lequel le conducteur a perdu la vie. N’eût été l’assurance de son entreprise il ne serait plus de ce monde. « Heureusement pour moi que l’assurance de notre entreprise a réagi promptement. J’ai été pris en charge dans une clinique de la place à Abidjan. Quant à l’assureur du mini car dans lequel j’étais, il est resté invisible », explique-t-il. « Une voiture à fauché mon enfant en 1997 dans un village vers Didiévi. Nous nous sommes retrouvés au tribunal et la justice a invité la société d’assurance à payer des indemnités à mon fils. Mais, je vous assure, malgré cette injonction, l’assureur ne s’est pas exécuté jusqu’à ce jour. J’ai abandonné cette affaire parce que toutes mes économies finissaient dans le dossier », regrette le vieux Yao Amani rencontré à Didiévi.
A nos premiers interlocuteurs, s’ajoute Kouakou Kouassi Hervé, instituteur de son état a encore en mémoire ses déboires. « J’ai été victime d’un accident le 14 octobre 2010. L’assurance m’a demandé de faire les dossiers. Ils m’ont obligé à faire une reconstitution des faits. Ce que nous avons fait avec la gendarmerie de Tiébissou en 2011. Depuis cette date jusqu’à ce jour, je cours toujours après l’assureur. Jusque là je n’ai reçu aucun centime et je ne sais même pas ce qu’ils vont me payer. Non seulement, ils sont difficilement accessibles, mais ils ne font que me donner des rendez-vous seulement»
Bref, ils se comptent par milliers ces accidentés de la route qui sont victimes de la mauvaise foi des assureurs. En effet, celle-ci préfèrent se cacher derrière des clauses non définies et non élucidées pour ne pas honorer leurs engagements. A titre d’exemple, il suffit que l’un des engins impliqué dans un accident soit dépourvu d’une police d’assurance pour que l’autre partie se désengage.
Isaac Kone
isakone@yahoo.com
Dommage ! Nous sommes ici en Europe ; précisément en France. En Côte d’Ivoire, la réalité est toute autre. Lorsque survient un accident, commence alors un véritable parcours d’enfer pour l’assuré. Il doit remuer ciel et terre ; se rendre sur la planète mars pour revenir avant que l’assureur ne s’exécute. Ce périple peut durer plusieurs années. Si bien que certaines victimes abdiquent ou passent de vie à trépas. Seules les entreprises qui s’attachent les services de cabinets d’avocat réussissent à les faire plier. Ce, après de sempiternels procès au tribunal marqués par une kyrielle de renvois.
Le constat que l’ont fait, c’est que dans 90% des cas des accidents de voitures enregistrés dans le pays, les sociétés d’assurance qui font de l’Autos-Motos sont toujours restées muettes. Inutile de mentionner les cas des mobylettes et de motos. Parce que la situation est plus dramatique à ce niveau. Il faut vraiment être un démiurge pour que la maison d’assurance réagisse.
Et pourtant ! En Côte d’Ivoire, l’assurance est obligatoire pour tous les engins motorisés. A commencer par les motocyclettes (deux roues) aux mastodontes. Nul ne peut circuler sans ce document qui demeure l’un des premiers éléments qui font l’objet de contrôle de routine. Les policiers et gendarmes sont très regardant là-dessus.
Les victimes des sociétés d’assurance sont nombreuses. M. K. Raphaël , agent d’une administration de la place ne dira pas le contraire. « J’ai été victime d’un accident en 2007. Un taxi m’a fauché pendant que j’enfourchais ma motocyclette. Après le constat, mon dossier a été déposé à la maison d’assurance. Jusqu’à ce jour, plus rien ! Finalement je me suis résolu à ne plus suivre cette affaire parce que ça me faisait dépenser inutilement », témoigne-t-il. Il est rejoint par N’guessan Isidore, chauffeur dans une grande école de la capitale politique et administrative.
« J’ai un ami qui a fait un accident. Mais la société d’assurance lui a demandé de fournir une tonne de documents si bien qu’il lui sera impossible d’arriver à bout. Sincèrement, avec les sociétés d’assurances, c’est tout un tas de problème ».
Il n’y a pas que nos deux interlocuteurs qui ont souffert des diktats des sociétés d’assurance. Kassi Eugène, transporteur établi à Yamoussoukro en sait quelque chose. « Mon mini car a fait un tonneau et le véhicule a été fortement endommagé. J’ai informé mon assureur, mais depuis lors, il n’y a rien. C’est moi-même qui suis en train de me débrouiller pour le réparer » explique-t-il tout abattu.
M. Kouassi Mathurin, gérant d’une librairie de la place a eu moins de la chance. En partance pour Abidjan dans un mini car, il a été victime d’un grave accident, dans lequel le conducteur a perdu la vie. N’eût été l’assurance de son entreprise il ne serait plus de ce monde. « Heureusement pour moi que l’assurance de notre entreprise a réagi promptement. J’ai été pris en charge dans une clinique de la place à Abidjan. Quant à l’assureur du mini car dans lequel j’étais, il est resté invisible », explique-t-il. « Une voiture à fauché mon enfant en 1997 dans un village vers Didiévi. Nous nous sommes retrouvés au tribunal et la justice a invité la société d’assurance à payer des indemnités à mon fils. Mais, je vous assure, malgré cette injonction, l’assureur ne s’est pas exécuté jusqu’à ce jour. J’ai abandonné cette affaire parce que toutes mes économies finissaient dans le dossier », regrette le vieux Yao Amani rencontré à Didiévi.
A nos premiers interlocuteurs, s’ajoute Kouakou Kouassi Hervé, instituteur de son état a encore en mémoire ses déboires. « J’ai été victime d’un accident le 14 octobre 2010. L’assurance m’a demandé de faire les dossiers. Ils m’ont obligé à faire une reconstitution des faits. Ce que nous avons fait avec la gendarmerie de Tiébissou en 2011. Depuis cette date jusqu’à ce jour, je cours toujours après l’assureur. Jusque là je n’ai reçu aucun centime et je ne sais même pas ce qu’ils vont me payer. Non seulement, ils sont difficilement accessibles, mais ils ne font que me donner des rendez-vous seulement»
Bref, ils se comptent par milliers ces accidentés de la route qui sont victimes de la mauvaise foi des assureurs. En effet, celle-ci préfèrent se cacher derrière des clauses non définies et non élucidées pour ne pas honorer leurs engagements. A titre d’exemple, il suffit que l’un des engins impliqué dans un accident soit dépourvu d’une police d’assurance pour que l’autre partie se désengage.
Isaac Kone
isakone@yahoo.com