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Société Publié le mardi 26 novembre 2019 | Abidjan.net

Affaire ‘’primes détournées des Eléphants’’ : 4 ans après, Alain Lobognon rompt le silence, fait de grosses révélations et met Drogba en garde

© Abidjan.net Par Serge T.
Le Fauteuil Blanc du Nouveau Réveil reçoit le député Alain Lobognon
Mardi 26 Novembre 2019 Abidjan. Le député Alain LOBOGNON (Photo) vice-président du MVCI était l`invité de la Tribune d’échange « le fauteuil blanc » du quotidien Le nouveau Réveil.
Invité de la tribune du ‘’Fauteuil blanc’’ du confrère ‘’Le Nouveau Réveil’’, ce mardi 26 novembre 2019, Alain Michel Lobognon n’as voulu avoir de langue de bois pour répondre à toutes les questions qui lui ont été posées par les journalistes. L’ancien ministre des Sports, qui a voulu son passage sans tabou, a été très direct, même sur « les questions qui fâchent » touchant à sa gestion passée. Ainsi, 4 ans après son départ du gouvernement, c’est sans réserve qu’Alain Lobognon est revenu sur l’affaire des ‘’primes détournées des Eléphants’’ en 2015, après la 2ème Coupe d’Afrique des nations (CAN) remportée par la Côte d’Ivoire.

Le ministre des Sports qui, a cette 2ème Can inscrite dans son palmarès, a rompu le silence pour la première fois sur ce sujet qui a polarisé les attentions à un moment, et causé certainement son éviction de l’équipe gouvernementale. A la vérité, a révélé l’actuel député de Fresco, cette affaire n’aura été qu’un prétexte pour le virer du gouvernement. Car, ses jours étaient déjà comptés pour avoir eu à prendre des positions gênantes au Conseil des ministres, notamment en mars 2014, contre le transfèrement de Charles Blé Goudé à la Cour pénale internationale (Cpi) ; à la Haye, pour y être jugé. « J’aurais dû quitté le gouvernement en décembre 2014. De tous les membres du gouvernement, je suis le seul ministre qui a estimé qu’il ne fallait pas transférer Charles Blé Goudé à la Hayee et qu’il fallait qu’il soit jugé en Côte d’Ivoire devant un tribunal spécial comme le tribunal spécial du Rwanda, …. Dès cet instant, mes jours étaient comptés au gouvernement, et j’attendais patiemment le remaniment ministériel ».

Yaya Touré, Kolo Touré et Copa Barry, témoins

Aussi, quand éclate l’affaire des primes dites non-payées des Eléphants, c’est sans surprise qu’Alain Lobognon dit se retrouver au cœur de ce débat qui n’aurait du avoir lieu, à écouter ses explications. L’ancien ministre des Sports prend à témoin, le capitaine d’alors des Eléphants, Yaya Touré, avec qui il a eu des échanges directs et francs sur la question des primes de l’équipe nationale de football. « Yaya Touré m’a dit: Monsieur le mininistre, vous voulez la Coupe d’Afrique ? Il faut que nos primes soient payées. Parce que depuis que nous jouons en équipe natiionale, on nous dit que nous sommes des professionnels et que nous n’avons pas besoin des primes. Si nous avons nos primes, nous gagnons la Coupe d’Afrique. .. », révèle l’ancien ministre des Sports, qui invite à se rappeler, à cette époque, le débat public dans la presse qui l’a opposé à la Fédération ivoirienne de football quand il soutenait « qu’il était inacceptable de confier l’argent public à une fédération de corrompus ». « J’ai demandé aux joueurs qu’ils me communiquent leur Relevé d’identité bancaire (Rib), parce que leurs primes allaient être payées par virement bancaire », rappelle-t-il en s’apuyant sur d’autres témoins dont Kolo Touré, Copa Barry, et toujours le capitaine Yaya Touré avec qui il a eu des échanges réguliers.

« On voulait livrer un Ivoirien… »

Alain Lobognon, qui dit militer pour la transparence, a retracé tous les mouvements financiers effectués pour conclure que toutes les primes des champions d’Afrique de 2015 ont été reversées avec des preuves à l’appui. « Avec le président de la République, le Premier ministre, les deux ministres du Budget et de l’Economie, le ministre de l’Intérieur et le Secrétaire général du gouvernement, nous avons convenu qu’à la fin de la compétition je dise ce que coûte une Coupe d’Afrique à la Côte d’Ivoire pour qu’on puisse budgétiser. C’est ce que j’ai fait. Le 8 février, on gagne. Le 9, on rentre. Le 10, les enfants sont récompensés. Le même 10, je demande qu’on leur paye leurs primes de la finale, et le 12 on me fait un rapport écrit en disant qu’il reste 80 millions de F Cfa sur le compte. J’ai fait mon rapport au gouvernement et j’ai déposé », fait noter Alain Lobognon qui souligne que le service financier du ministère en charge de payer ces primes ne dépend pas de lui, mais du ministère de l’Economie.

Fini avec la Can, en février, le ministre des Sports rappelle les hommages à lui rendus par le président de la République en mars, lors d’une tournée qui l’a amené à Fresco, devant ses parents. Jusque là, il ne s’attendait pas à ce qu’il y ait des bruits sur sa gestion. « Mais, c’est deux mois après, le 05 avril 2015 qu’on apprend, par dose, des rumeurs que les primes n’auraient pas été payées. Mais, comme je ne suis pas un idiot, je demande aux services du Premier ministre de sortir le relevé du compte entre la période où le compte a été approvisionné et la clôture du compte. Jusqu’à ce jour, 26 novembre 2019, ils n’ont pas pu le faire. On voulait livrer un Ivoirien au chien, mais je ne pense pas qu’ils aient réussi, parce que mon honneur et ma dignité ne sont pas à vendre ».

Mise en garde à Didier Drogba

L’ancien membre du gouvernement Duncan en profite pour faire une révélation de taille. Selon M. Lobognon, le jour du 3ème match des Eléphants, alors que se tenait un Conseil du gouvenrement, tous ses pairs ministres pariaent pour une défaite des Eléphants. Mieux, lâche-t-il, « ce jour-là, ordre a été donné par la mafia pour vider le compte, parce qu’on disait que si on est éliminé, je suis capable de demander de reverser l’argent dans les caisses de l’Etat ». « L’argent est sorti, trimbalé dans des valises. Mais, quand j’ai gagné, j’ai demandé à ce qu’on remette mon argent à sa place », s’indigne l’invité de Le Nouveau Réveil, qui met en garde l’ex-international ivoirien, Didier Drogba contre les vautours qui pourraient nuire à son ambition de diriger le football ivoirien. « Didier Drogba a été un très bon capitaine. Il pourra faire un très bon président s’il n’a pas en face de lui cette mafia qui tue le football en Côte d’Ivoire. Je ne peux que lui souhaiter bon vent, mais en lui demandant de prendre toutes les précautions afin qu’il ait les mains libres le jour où il est président de la Fif », signe l’ancien ministre, Alain Lobognon.




F.D.BONY
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