x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le mardi 5 mai 2020 | Abidjan.net

Impact du covid-19, soutien de l’Etat aux Pme, fiscalité, relance des activités, … : Salimou Bamba, DG de CI PME explique tout

© Abidjan.net Par DR
Salimou Bamba, DG de CI PME
Dans cet entretien sur la situation liée à la pandémie du covid-19, le Directeur général de CI PME, Salimou Bamba, évalue l’impact de cette crise sanitaire et fournit toutes les explications sur le soutien de l’Etat, la fiscalité des Pme, la menace sur les entreprises et la relance éventuelle de leurs activités une fois le coronavirus maitrisé.



Quelle analyse faites-vous de l’impact qu’a la crise liée à la pandémie du Covid 19 sur la vie des PME en Côte d’Ivoire ?



Après bientôt un mois et demi de crise sanitaire et d’application des mesures sécuritaires prises par le Gouvernement en vue de minimiser ses effets, l’économie est au ralenti et les PME ivoiriennes qui constituent l’essentiel du tissu économique en pâtissent réellement. Déjà confrontées à des problèmes de structuration interne et à un écosystème encore difficile mais qui s’améliore progressivement avec les efforts du gouvernement, de nombreuses PME sont impactées par la crise sanitaire mais à des degrés divers selon leur secteur, leur structuration interne ou encore leur situation géographique.

Les PME des secteurs les plus touchés sont ceux qui sont directement affectés par les mesures de sauvegarde prises par le gouvernement pour stopper la propagation de la maladie. Il s’agit des secteurs du tourisme et de la restauration, du transport et de la culture. D’autres PME de secteurs tels que l’agriculture de rente, l’agriculture vivrière, le BTP, l’artisanat sont également impactées par les effets du ralentissement économique national et international, de la chute des cours des matières premières, de la fermeture des frontières et, ou encore du gel des investissements.

Dans ce nouveau contexte, les PME qui ont adopté les outils digitaux ou qui ont un comportement plus agile apparaissent beaucoup plus résilientes du fait de la rapide capacité d’adaptation et de leur mode de fonctionnement. Aussi, les PME qui se trouvent à Abidjan, véritable foyer de l’épidémie, éprouvent plus de difficultés du fait du ralentissement des transactions économiques entre résidents et de leur relative coupure des marchés situés à l’intérieur du pays.

Ceci dit, les mesures économiques et sociales proposées par le gouvernement, dont nous contribuons à la mise en œuvre permettront de limiter considérablement les effets de la pandémie sur la vie des PME.



Y-a-t-il vraiment des risques de voir disparaitre un grand nombre de ces PME après cette crise sanitaire, comme le soutiennent certains experts ?



D’abord, il faut savoir qu’en situation normale, le taux de mortalité des PME ivoiriennes, au bout de trois années d’exercice, est de près de 70% quand elles ne sont pas accompagnées. Les risques de disparition des PME existent. L’ampleur des faillites dépendra de la profondeur des effets et de la durée de la crise mais aussi de l’adéquation de la riposte économique que nous lui apporterons. A cet effet, nous demeurons très optimistes. S’il est certain que cette crise laissera des séquelles, il faut noter que les mesures de soutien rapides prises par le Gouvernement permettront de limiter considérablement ses effets du fait qu’elles soutiennent les PME en période de crise et préparent la relance post- crise. Cette stratégie vise donc à accompagner les PME dans le but de préserver l’outil de production et de maintenir les emplois pendant la crise. Le but final de cet exercice est de booster la relance de la compétitivité des entreprises au sortir de la crise.



En réponse à cette situation, l’Etat a mis en place un fonds spécial doté de 100 milliards F CFA pour soutenir les PME en difficulté. Quels sont les critères objectifs pour reconnaitre les PME devant bénéficier de cet appui financier ?



En vue d’apporter une réponse efficace à la crise sanitaire et soutenir le tissu économique, l’Etat de Côte d’Ivoire a effectivement mis en place des Fonds spéciaux, notamment un Fonds spécial de 100 milliards pour soutenir les PME en difficulté appelé Fonds de Soutien aux PME (FSPME). Pour une gestion efficace et efficiente de ces Fonds, il a été mis en place un Comité de Gestion assisté par un Secrétariat Exécutif.

A ce jour, le Comité de gestion travaille sous la Direction des autorités ministérielles afin de définir le mode opératoire et les critères d’éligibilité.



Le processus est soutenu par un Cabinet international pour assurer que le mode opératoire qui sera défini soit à la fois équitable pour tous et performant. Les PME seront informées dans les tous prochains jours sur les critères d’accès au fonds. Elles peuvent être rassurées. Toutes les dispositions sont exécutées avec célérité sur les instructions de Monsieur le Premier Ministre.



Où en sommes-nous présentement dans le processus d’indemnisation prévu par l’Etat ivoirien ?



Je crois que nous sommes déjà dans l’opérationnel dans le cadre de la gestion de la crise, notamment pour le fonds de solidarité aux ménages les plus vulnérables. En ce qui concerne le Fonds de Soutien aux PME (FSPME), les instructions fermes ont été donc données à tous les ministères et à toutes les structures impliquées dans la gestion de la crise afin que les dispositions idoines soient prises à l’effet de procéder de toute urgence, à l’indemnisation des PME. Toutes les structures travaillent de façon diligence pour respecter le chronogramme établi par le Premier Ministre.

Quels seront les montants à allouer à ces PME ? Et quelle sera la base de financement ? (Capital social, le Chiffre d’affaires, etc.)

Dans le cadre du mode opératoire comme mentionné plus haut, les aspects liés aux montants et au mode de financement seront précisés. Nous invitons les PME à s’inscrire sur notre plateforme E-PME Data sur le site de l’Agence Côte d’Ivoire PME (www.agencecipme.ci).

L’une des préoccupations majeures des PME portent sur la fiscalité. Qu’est-ce qui est prévu de façon spécifique pour les PME, dans ce contexte de crise liée au COVID 19 ?

Dans le cadre des mesures générales de riposte COVID-19, le gouvernement a pris des mesures en terme de report et d’exonération de certaines taxes et impôts.

Il s’agit entre autres, du report de paiement de droits, impôts et taxes, de l’annulation des pénalités de retard d’exécution des marchés et commandes publiques, de la suspension des contrôles fiscaux pour une période de trois (3) mois ; des mesures pour amnistier fiscalement toute entreprise non formellement constituée qui normalise ses statuts au cours des 12 premiers mois suivants les mesures de lutte contre le COVID 19. Par ailleurs, j’exhorte les PME à tirer profit du dispositif mis en place par la BCEAO pour desserrer les contraintes financières, notamment la mesure n° 4 du Communiqué de la BCEAO concernant le fait de rappeler et de sensibiliser les banques à l’utilisation des ressources disponibles sur le guichet spécial de refinancement des crédits accordés aux petites et moyennes entreprises (PME/PMI). Ce guichet, sans plafond, a été créé dans le cadre du dispositif mis en place par la BCEAO en accord avec les banques et les États pour promouvoir le financement des PME/PMI dans l’Union.

Et comment votre Agence prépare la relance de ses activités, après cette crise sanitaire ? Quelles seront les nouvelles priorités pour l’année 2020 ?

Il est vrai que nos plans d’activités ont été bouleversés par cette crise sanitaire. Les priorités ont été réorientées vers la gestion de l’urgence pour sauver nos PME qui risquent de disparaitre si la crise perdure. Il n’empêche que les Experts de l’Agence travaillent à l’après crise. Déjà, nous adaptons le contenu de certains programmes tel que le Programme d’Appui à la Productivité (PAP) soutenu par la Coopération allemande (GIZ). L’objectif initial de ce projet était de créer de l’emploi. En accord avec le partenaire technique et financier, nous avons ajusté la démarche du projet pour mettre en avant des outils qui permettent aux bénéficiaires de maintenir les emplois existants. Nos équipes sont désormais aussi déployées sur le terrain avec l’ouverture des Bureaux de Coordination Opérationnelle de Bouaké et de San-Pedro dans le cadre de la collaboration avec le Projet PIDUCAS de la Banque Mondiale. La crise impactera les modèles d’affaires des entreprises et notre rôle sera d’accompagner la renaissance des PME ivoiriennes en vue de l’émergence inclusive de la Côte d’Ivoire.

Entretien réalisé par A.N
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ