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Économie Publié le mercredi 10 juin 2020 |

Cacao: des mesures à l’étude pour La protection des exportateurs locaux

© Par DR
Le port d`Abidjan, cacao de Cote d`Ivoire
ABIDJAN, June 9 (Reuters) – Le conseil café cacao a commandité​ une étude sur la structure du prix de vente du cacao en loco-magasin après des plaintes de groupements d’exportateurs locaux (Ucoopexci et Gni), qui dénonçaient un double emploi de certains coûts (stockage, freinte de stockage, nantissement, intérêts bancaires, et frais généraux), qu’ils payent une première fois aux multinationales exportatrices et une seconde fois au moment de l’exportation des fèves. La totalité de ces frais conséquents s’élèvent à 40.6 CFA par kilogramme.
Les ventes loco-magasins sont des ventes de cacao prêts à être exportés et qui se déroulent uniquement lors des procédures “d’ajustement de stocks", sous la supervision du CCC et prévues dans les règles de fonctionnement de la reforme.
Lors de l’ajustement de stocks, il s’agit de mettre en adéquation les contrats de vente par exportateur avec les stocks physiques prêts à l’export. Des ventes loco magasin ont donc lieu en fin de campagne entre exportateurs qui disposent de plus de cacao que de contrat de vente, pour la plupart du temps des multinationales et les exportateurs dans la situation contraire qui ont plus de contrats de vente que de cacao, en général des exportateurs locaux.

En commanditant cette étude, le CCC voudrait se rendre compte du problème de partage des coûts au barème entre les acteurs du secteur et y mettre un terme afin d’éviter de creuser plus encore les pertes au niveau des exportateurs locaux, qui sont les plus concernés par les achats de cacao en loco-magasin, du fait qu’ils ne peuvent pas compėtir avec les multinationales dans l’achat de fèves dans les ports.
Cette étude intervient après que les exportateurs locaux en février 2020, aient demandé officiellement aux chocolatiers d’arrêter d’attribuer l’exclusivité des primes de cacao certifié aux multinationales en Cote d’Ivoire, qui détiennent 97% de la totalité du cacao certifié, ce qui leur permet de payer plus cher les fèves aux fournisseurs, contrairement aux exportateurs locaux.

L’étude conclut que, lors de l’ajustement des stocks qui se fait au prix loco magasin du différentiel officiel du CCC, l’acheteur subit une perte de 40.6 CFA par kilo et que le vendeur fait un profit, alors même que ce dernier n’a pas suivi les règles qui interdisent à un exportateur d’acheter du cacao au delà des contrats d’export.

L’étude précise aussi que les frais de nantissement, d’interêts bancaires et de tiers détention, sont des frais uniquement supportés par le détenteur des contrats d’export, donc par l’acheteur loco magasin qui est l’entité qui exporte après avoir racheté le cacao lors de l’ajustement de stock. Concernant les coûts du barème de frais généraux et de stockage faisant partie de ces 40.6 CFA, l’étude conseille de ne pas les attribuer à l’exportateur qui a choisi de prendre le risque d’acheter plus de physique que ses contrats d’export et qui se trouve donc contraint de vendre son cacao lors de la procédure d’ajustement des stocks à l’exportateur sans cacao pour couvrir ses contrats de vente. ​

Un exportateur local explique qu’ "Il n’est pas normal qu’un exportateur, qui ne respecte pas les règles en achetant plus de physique que ses contrats de ventes, au point d’avoir une pénalité du CCC, puisse mettre en perte un autre exportateur doté de financement et détenant des contrats de vente. Pendant trop longtemps les multinationales ont pris l’habitude d’acheter du cacao sans contrat de vente et à les réclamer auprès du CCC après leur achats physiques, notamment lorsque la messagerie électronique ne permettait pas d’avoir assez de volumes, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui puisque les ventes se font maintenant en direct, avant la campagne. Lorsqu’une multinationale réclame des contrats de vente au CCC lors de la campagne, ceux ci sont généralement retirés à des exportateurs locaux, ce qui n’est pas normal".

Une source au CCC a déclaré que “ Cette étude nous permet de constater que les exportateurs locaux qui achètent essentiellement en loco-magasin ont subi de lourdes pertes financieres à cause de ce problème parce que ces frais généraux devraient etre payés une seule fois et seulement au moment de l’exportation.”

“ Nous allons modifier rapidement le barème afin de le rendre conforme aux recommandations de l’étude mais nous avons deja pris aussi d’autres mesures pour protéger les exportateurs locaux et les rendre plus compétitifs face aux multinationales” a ajouté une autre source au CCC.

En effet, depuis fin Mars, le CCC a interdit le paiement de bonus aux fournisseurs afin d’éviter que les multinationales s’attirent tout le cacao au detriment des petits exportateurs locaux qui ne disposent pas de gros moyens financiers pour les concurrencer. Une amende de 50 fcfa/kg est prévue en cas d’infraction.

Dorénavant, le CCC limite les achats supplémentaires de cacao à 2% au delà du volume des déblocage contre 10% depuis 2012 et interdit aux fournisseurs et aux coopératives de détenir des stocks au delà de 21 jours et interdit les ventes de cacao entre exportateurs sauf pendant les cession d’ajustement qui se fond à la fin de chaque période d’embarquement.​

Toutes ces Nouvelles mesures mêmes si elles sont saluées par tous les
exportateurs locaux, ne vont pas régler leurs problèmes financiers immédiats puisque certaines ont acheté des milliers de tonnes de cacao en loco magasin entre Janvier et Mai en payant doublement les 40,676 francs/kg toujours contenu dans le barème.

“ Les conclusions de l’études du CCC sont satisfaisantes pour nous et nous félicitons le CCC, mais il faut maintenant trouver une solution. Depuis 2012, nous avons dénoncé cette situation. Nous avons payé deux fois pour la même chose “ a dit le directeur d’une société ivoirienne d’exportation.

Source : Ange Aboa/ Agence Reuters
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