Dédiée aux entreprises africaines, la première émission des « AfricaDev Sessions » du Club Afrique Développement du groupe Attijariwafa bank, a eu lieu le 6 août dernier autour du thème « COVID19 : Enseignements et meilleures pratiques en Afrique » . Les panélistes Florence Boupda, Directrice Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale de la SFI (Société Financière Internationale), Gérard Mangoua, Directeur Général et Co-fondateur du géant pharmaceutique UBIPHARM, et Ismaïl Douiri, Directeur Général du groupe bancaire panafricain Attijariwafa bank, en charge du Pôle Banque de Détail à l’International et Filiales de Financement Spécialisées ont animé avec brio le débat par visioconférence.
« Nous avons pris le temps d’écouter les entreprises et les pays, leurs réactions, face à une situation mondiale inédite. De ce temps d’écoute, nous avons pu construire une démarche de partage d’enseignements et de solutions pour accompagner l’entreprise dans son développement en intégrant de nouveaux paradigmes », a expliqué en introduction la Directrice du Club Afrique Développement, Mouna Kadiri.
Établissant un diagnostic général dans les pays de présence du groupe Attijariwafa bank, Ismaïl Douiri, Directeur Général, a pour sa part, indiqué, qu’après une première phase où il fallait « absorber le choc » et s’assurer du maintien de l’activité des entreprises, il s’agissait de « redémarrer dans d’autres conditions et en plus s’y adapter. Pourvu que les autorités de chacun de ces pays aient été suffisamment clairs sur : Comment est-ce que l’on va pouvoir reprendre le travail ? Quelles sont les mesures de précaution qu’il faudra prendre au moment de la reprise ? ». «Il faut tailler le dispositif pour s’adapter à la nouvelle demande, qui n’est pas similaire dans tous les secteurs. Elle a considérablement augmenté pour les télécoms, ce qui est plutôt positif, mais elle s’est fortement réduite, voire même a disparu pour l’hôtellerie ou pour le transport aérien. En plus de tailler le dispositif à la nouvelle demande,
il faudra également ajuster le dispositif opérationnel pour s’adapter à ces nouvelles contraintes, et ce, jusqu’à la généralisation du vaccin ».
Pour sa part, Florence Boupda, Directrice Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale de la SFI a indiqué « pour l’heure plus de 8 milliards de dollars sont programmés pour soutenir le secteur financier sur le continent.
« Il a fallu de façon très rapide, donner le signal aux marchés, à nos clients, mais aussi, d’une façon générale, aux pays qu’on couvre, essentiellement des pays d’Afrique qui n’ont peut-être pas autant de ressources que d’autres en termes de moyens, d’interventions étatiques et actions en réponse à la crise, pour montrer que nous étions prêts. Les 8 milliards de dollars font partie d’un mécanisme de réponse phase 1 en accéléré, en priorité pour nos clients, principalement dans le secteur financier » a-t-elle expliqué.
« La phase de riposte 2 est actuellement en cours de déploiement. Cette phase va concerner les éventualités où la crise de liquidité se transforme en des besoins d’investir à plus long terme. Nous sommes aujourd’hui prêts à déployer du financement à plus long terme », a-t-elle précisé.
Représentant l’un des secteurs les plus engagés face à la pandémie, le Groupe pharmaceutique UBIPHARM a pu adapter sa réponse. « Malgré les défis et les difficultés logistiques liés aux avions cloués au sol, nous avons tout mis en oeuvre pour répondre au mieux, aux besoins de solutions de santé de nos populations en repensant notre chaîne d’approvisionnement, et en adaptant notre mode d’acheminement des médicaments et des produits parapharmaceutiques de qualité. Nous avons anticipé l’arrivée de la pandémie dans les pays africains et domiens, là où nous sommes présents, et avons renforcé nos stocks », a expliqué Gérard Mangoua, Directeur Général et Cofondateur du Groupe UBIPHARM.
« En tant que professionnel de la logistique et de la promotion, le Groupe UBIPHARM est déterminé à continuer, à accompagner les sociétés qui fabriqueront sur le continent Africain en mettant à leur disposition, notre plateforme
et la force de notre réseau » a-t-il ajouté.
Pour poursuivre la résilience et le développement de l’entreprise, en tenant compte de ces nouveaux paramètres, outre le fait de s’armer pour faire face à une baisse temporaire potentielle du CA (rallongement des délais de paiement, hausse des charges, investissements dus à certaines nouvelles conditions opérationnelles) et pour laquelle une palette d’instruments financiers existe, Ismaïl Douiri, préconise « toute démarche provenant de l’entreprise, indépendamment
du besoin immédiat de financement, pour parler du secteur, parler de l’environnement, parler des perspectives, afin que tout le monde s’adapte à ce nouveau contexte. Et d’ajouter « Il faut partager la connaissance pour avoir une
réponse qui soit la plus intelligente et la plus fine possible ».
Benchmark Maroc : la méthode inclusive
Interrogé sur le sujet, Ismaïl Douiri a par ailleurs exposé la méthode et les mesures qui ont présidé à la gestion de la pandémie au Maroc : « Le Maroc est passé par toutes les phases de manière accélérée, mais de manière très inclusive. Dès le début il y a eu un dispositif de comité de veille économique qui réunissait les ministres les plus importants du gouvernement, les plus concernés, mais aussi les associations professionnelles, dont l’Association des banques, et également d’autres associations qui, chaque semaine, se réunissaient pour analyser la situation et recommander des mesures. Il en est ressorti dès le début et sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, la création d’un fonds Covid19 avec des contributions du budget de l’État, mais aussi des contributions volontaires des entreprises,
déductibles d’impôts. D’un seul coup, en deux semaines, le fonds a collecté un montant qui représentait 3% du PIB et qui était à la disposition du gouvernement pour qu’il puisse accompagner l’économie. D’autre part, des moratoriums
ont été décidés pour les échéances de crédits, mais tout en évitant les effets d’arbitrage parce qu’il fallait les réserver
à ceux qui en avaient vraiment besoin. Les réglages ont été très importants. Il fallait aussi, dans cette mécanique, veiller à ce qu’il n’y ait pas de blocage sur le plan opérationnel.
Le secteur bancaire a mis en place des produits très standardisés avec garantie de l’État. La concurrence entre les différents établissements bancaires, s’est plutôt faite sur l’efficacité opérationnelle.
Il y a eu deux produits phares créés : « Damane Oxygène », un crédit garanti par l’État à hauteur de 95%, pour financer le fonds de roulement et les
dépenses pendant la phase 1; Ce crédit pourra être transformé en crédit à moyen terme à 5 ans pour les entreprises
qui ne sont pas capables de le rembourser avant la fin de l’année ; et « Damane Relance », un produit garanti par l’État entre 80% et 100%, lancé dès le mois de juillet. Celui-ci est un crédit à long terme pour le redémarrage, d’une durée de 7 ans avec 200 points de base de marge. L’objectif, finalement, est de réinjecter dans l’économie 82 milliards de dirhams de crédits garantis (8 milliards d’euros environ), donc pratiquement 9% du total crédit qui existait sur le marché à fin 2019. Il y a eu par ailleurs d’autres mesures d’accompagnement, à savoir : - des mesures monétaires, créant une espèce de disponibilité de liquidités en dirhams - un signal de la part de la banque centrale qu’il n’y avait aucune limite aux demandes de devises par les banques commerciales pour qu’il n’y ait pas de panique de la part des entreprises qui pourraient anticiper une
éventuelle dévaluation - un tirage de la ligne de précaution et de liquidité auprès du FMI par la banque centrale qui, d’un seul coup, a pris 3 milliards d’euros, même sans en avoir besoin - deux baisses de taux directeur par Bank Al-Maghrib - des mesures fiscales, et sociales, notamment des aides directes à 5,5 millions de foyers dans le secteur informel, qui étaient l’équivalent d’un demi-SMIC pour chacun de ces foyers pendant trois mois ».
A. N.
« Nous avons pris le temps d’écouter les entreprises et les pays, leurs réactions, face à une situation mondiale inédite. De ce temps d’écoute, nous avons pu construire une démarche de partage d’enseignements et de solutions pour accompagner l’entreprise dans son développement en intégrant de nouveaux paradigmes », a expliqué en introduction la Directrice du Club Afrique Développement, Mouna Kadiri.
Établissant un diagnostic général dans les pays de présence du groupe Attijariwafa bank, Ismaïl Douiri, Directeur Général, a pour sa part, indiqué, qu’après une première phase où il fallait « absorber le choc » et s’assurer du maintien de l’activité des entreprises, il s’agissait de « redémarrer dans d’autres conditions et en plus s’y adapter. Pourvu que les autorités de chacun de ces pays aient été suffisamment clairs sur : Comment est-ce que l’on va pouvoir reprendre le travail ? Quelles sont les mesures de précaution qu’il faudra prendre au moment de la reprise ? ». «Il faut tailler le dispositif pour s’adapter à la nouvelle demande, qui n’est pas similaire dans tous les secteurs. Elle a considérablement augmenté pour les télécoms, ce qui est plutôt positif, mais elle s’est fortement réduite, voire même a disparu pour l’hôtellerie ou pour le transport aérien. En plus de tailler le dispositif à la nouvelle demande,
il faudra également ajuster le dispositif opérationnel pour s’adapter à ces nouvelles contraintes, et ce, jusqu’à la généralisation du vaccin ».
Pour sa part, Florence Boupda, Directrice Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale de la SFI a indiqué « pour l’heure plus de 8 milliards de dollars sont programmés pour soutenir le secteur financier sur le continent.
« Il a fallu de façon très rapide, donner le signal aux marchés, à nos clients, mais aussi, d’une façon générale, aux pays qu’on couvre, essentiellement des pays d’Afrique qui n’ont peut-être pas autant de ressources que d’autres en termes de moyens, d’interventions étatiques et actions en réponse à la crise, pour montrer que nous étions prêts. Les 8 milliards de dollars font partie d’un mécanisme de réponse phase 1 en accéléré, en priorité pour nos clients, principalement dans le secteur financier » a-t-elle expliqué.
« La phase de riposte 2 est actuellement en cours de déploiement. Cette phase va concerner les éventualités où la crise de liquidité se transforme en des besoins d’investir à plus long terme. Nous sommes aujourd’hui prêts à déployer du financement à plus long terme », a-t-elle précisé.
Représentant l’un des secteurs les plus engagés face à la pandémie, le Groupe pharmaceutique UBIPHARM a pu adapter sa réponse. « Malgré les défis et les difficultés logistiques liés aux avions cloués au sol, nous avons tout mis en oeuvre pour répondre au mieux, aux besoins de solutions de santé de nos populations en repensant notre chaîne d’approvisionnement, et en adaptant notre mode d’acheminement des médicaments et des produits parapharmaceutiques de qualité. Nous avons anticipé l’arrivée de la pandémie dans les pays africains et domiens, là où nous sommes présents, et avons renforcé nos stocks », a expliqué Gérard Mangoua, Directeur Général et Cofondateur du Groupe UBIPHARM.
« En tant que professionnel de la logistique et de la promotion, le Groupe UBIPHARM est déterminé à continuer, à accompagner les sociétés qui fabriqueront sur le continent Africain en mettant à leur disposition, notre plateforme
et la force de notre réseau » a-t-il ajouté.
Pour poursuivre la résilience et le développement de l’entreprise, en tenant compte de ces nouveaux paramètres, outre le fait de s’armer pour faire face à une baisse temporaire potentielle du CA (rallongement des délais de paiement, hausse des charges, investissements dus à certaines nouvelles conditions opérationnelles) et pour laquelle une palette d’instruments financiers existe, Ismaïl Douiri, préconise « toute démarche provenant de l’entreprise, indépendamment
du besoin immédiat de financement, pour parler du secteur, parler de l’environnement, parler des perspectives, afin que tout le monde s’adapte à ce nouveau contexte. Et d’ajouter « Il faut partager la connaissance pour avoir une
réponse qui soit la plus intelligente et la plus fine possible ».
Benchmark Maroc : la méthode inclusive
Interrogé sur le sujet, Ismaïl Douiri a par ailleurs exposé la méthode et les mesures qui ont présidé à la gestion de la pandémie au Maroc : « Le Maroc est passé par toutes les phases de manière accélérée, mais de manière très inclusive. Dès le début il y a eu un dispositif de comité de veille économique qui réunissait les ministres les plus importants du gouvernement, les plus concernés, mais aussi les associations professionnelles, dont l’Association des banques, et également d’autres associations qui, chaque semaine, se réunissaient pour analyser la situation et recommander des mesures. Il en est ressorti dès le début et sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, la création d’un fonds Covid19 avec des contributions du budget de l’État, mais aussi des contributions volontaires des entreprises,
déductibles d’impôts. D’un seul coup, en deux semaines, le fonds a collecté un montant qui représentait 3% du PIB et qui était à la disposition du gouvernement pour qu’il puisse accompagner l’économie. D’autre part, des moratoriums
ont été décidés pour les échéances de crédits, mais tout en évitant les effets d’arbitrage parce qu’il fallait les réserver
à ceux qui en avaient vraiment besoin. Les réglages ont été très importants. Il fallait aussi, dans cette mécanique, veiller à ce qu’il n’y ait pas de blocage sur le plan opérationnel.
Le secteur bancaire a mis en place des produits très standardisés avec garantie de l’État. La concurrence entre les différents établissements bancaires, s’est plutôt faite sur l’efficacité opérationnelle.
Il y a eu deux produits phares créés : « Damane Oxygène », un crédit garanti par l’État à hauteur de 95%, pour financer le fonds de roulement et les
dépenses pendant la phase 1; Ce crédit pourra être transformé en crédit à moyen terme à 5 ans pour les entreprises
qui ne sont pas capables de le rembourser avant la fin de l’année ; et « Damane Relance », un produit garanti par l’État entre 80% et 100%, lancé dès le mois de juillet. Celui-ci est un crédit à long terme pour le redémarrage, d’une durée de 7 ans avec 200 points de base de marge. L’objectif, finalement, est de réinjecter dans l’économie 82 milliards de dirhams de crédits garantis (8 milliards d’euros environ), donc pratiquement 9% du total crédit qui existait sur le marché à fin 2019. Il y a eu par ailleurs d’autres mesures d’accompagnement, à savoir : - des mesures monétaires, créant une espèce de disponibilité de liquidités en dirhams - un signal de la part de la banque centrale qu’il n’y avait aucune limite aux demandes de devises par les banques commerciales pour qu’il n’y ait pas de panique de la part des entreprises qui pourraient anticiper une
éventuelle dévaluation - un tirage de la ligne de précaution et de liquidité auprès du FMI par la banque centrale qui, d’un seul coup, a pris 3 milliards d’euros, même sans en avoir besoin - deux baisses de taux directeur par Bank Al-Maghrib - des mesures fiscales, et sociales, notamment des aides directes à 5,5 millions de foyers dans le secteur informel, qui étaient l’équivalent d’un demi-SMIC pour chacun de ces foyers pendant trois mois ».
A. N.