L'Agence UMOA-Titres vient de porter à la connaissance des investisseurs de l’Union, que l’émission simultanée d'Obligations Assimilables du Trésor, de maturité trois (3) ans et cinq (5) ans d’un montant de trente (30) milliards de FCFA, initialement prévue le mardi 24 novembre prochain est reportée à une date ultérieure. Pourquoi un report et pour quelle autre date ? L’agence chargée de gérer l’émission reste muette. Egalement dans un communiqué publié par Financialfri, l’Agence UMOA-Titres porterait également à la connaissance des investisseurs de l’Union que le Trésor de la Côte d’Ivoire a décidé de reporter l’émission des Bons assimilables du Trésor (BAT), de maturité 364 jours et d’un montant de 30 milliards Fcfa, initialement prévue hier mardi 17 novembre 2020 au calendrier des émissions de titres publics. Il est donc clair que ces émissions n'auront pas lieu. Et certaines personnes avancent même que les bons du trésor ivoirien sont rejetés dans l'espace UMOA. Notons que la Côte d’Ivoire a régulièrement recours au marché des capitaux pour le financement de son économie. La direction générale du trésor et de la comptabilité publique de la Côte d’Ivoire a levé, par exemple le 6 octobre 2020, un montant de 33 milliards de FCFA (49,500 millions d’euros) sur le marché financier de l’Union monétaire ouest africaine (UMOA) au terme de son émission simultanée par adjudication d’Obligations assimilables du trésor (OAT) de maturité 3 et 5 ans. Ces ressources retenues rentraient dans le cadre de la recherche de fonds pour assurer la couverture des besoins de financement du budget de l’Etat. Pour le mois d’octobre 2020, les intentions d’émission de titres publics des autorités ivoiriennes se chiffrent donc à 60 milliards de FCFA. Mais au regard du contexte actuel qui prévaut dans le pays les choses ne paraissent pas très évidentes, en ce qui concerne l’émission simultanée d'Obligations Assimilables du Trésor de ce mois de novembre 2020. Avec la crise postélectorale, occasionnée par le 3ème mandat contesté du candidat du RHDP, Alassane Ouattara, l’environnement n’est pas très sécurisé pour des investissements liés aux bons de trésor. Il est donc évident qu’en période de crise, il n’est pas aisé d’émettre des bons de trésor dans le cadre d’une opération d’emprunt obligataire. Naturellement, avec des attaques aussi bien à la machette et à aux armes à feu contre des manifestants contre le 3ème mandat anticonstitutionnel d’Alassane Ouattara, le risque pays ne peut qu’être élevé. Surtout dans des affrontements violents où des "microbes" ou miliciens décapitent des têtes humaines pour en faire un ballon de foot. Dans ces conditions, aucun investisseur sérieux ne peut prendre de risque d’y mettre ses fonds en acquérant des bons de trésor.
Les fondamentaux qui se fragilisent de plus en plus
Les potentialités constituant les fondamentaux de la Côte d’Ivoire et qui militaient jusque-là en sa faveur sont de plus en plus fragilisés aussi bien par les comportements peu recommandables des acteurs économiques et politiques ivoiriens que des facteurs exogènes. Premier producteur mondial de cacao et quinzième producteur mondial de café, l’économie de la Côte d’Ivoire reste dominée par le secteur primaire et en particulier par ces deux produits. La contribution du secteur primaire serait négative en 2020. Le déficit budgétaire s’est amélioré de 0,7 point de pourcentage à 2,3% du PIB en 2019 en lien avec l’amélioration de la mobilisation des recettes et la maitrise des dépenses courantes. Mais en raison des effets néfastes de la COVID-19 sur l’activité économique, le déficit budgétaire ressortirait à 5,1% du PIB en 2020. La balance des transactions courantes s’est dégradée de manière progressive au cours des cinq dernières années en passant de -0,4 du PIB en 2015 à -3,6% en 2018 avant de s’établir à -3,7% en 2019. Elle chuterait à 3,6% du PIB en 2020, suite aux perturbations des échanges extérieurs occasionnées par la COVID-19. La dégradation du solde de la balance des transactions courantes au cours des cinq dernières années s’explique par la forte hausse des importations de biens d’équipement en lien avec les investissements réalisés dans le cadre du Plan National de Développement combiné à celle des importations de pétrole brut. Par ailleurs, les exportations ont connu une faible hausse en raison de la chute du prix mondial du cacao. En outre, la Côte d’Ivoire qui affichait le taux de croissance le plus élevé de l’Union avec une inflation maîtrisée et un taux de croissance annuel moyen de 7,8% sur la période 2015-2017 a enregistré une croissance de 6,9 en 2019, ce, après une décélération en 2018. Elle devrait ralentir à 1,8% en 2020 du fait de la crise de la COVID-19. Ainsi, les contributions à la croissance des secteurs secondaire, tertiaire devraient passer respectivement de 2,2 et 4,1 points de pourcentage en 2019 à 1,1 et 2,8 points de pourcentage en 2020. C’est dire que certains ratios qui encourageaient les investisseurs à opter pour la destination Côte d’Ivoire n’affichent pas toujours rassurant dans le contexte actuel des choses. Les acteurs politiques et économiques gagneraient à travailler davantage pour repositionner le pays au niveau où la crédibilité de la signature de la Côte d’Ivoire rassure les uns et les autres.
FRANÇOIS BECANTHY
Les fondamentaux qui se fragilisent de plus en plus
Les potentialités constituant les fondamentaux de la Côte d’Ivoire et qui militaient jusque-là en sa faveur sont de plus en plus fragilisés aussi bien par les comportements peu recommandables des acteurs économiques et politiques ivoiriens que des facteurs exogènes. Premier producteur mondial de cacao et quinzième producteur mondial de café, l’économie de la Côte d’Ivoire reste dominée par le secteur primaire et en particulier par ces deux produits. La contribution du secteur primaire serait négative en 2020. Le déficit budgétaire s’est amélioré de 0,7 point de pourcentage à 2,3% du PIB en 2019 en lien avec l’amélioration de la mobilisation des recettes et la maitrise des dépenses courantes. Mais en raison des effets néfastes de la COVID-19 sur l’activité économique, le déficit budgétaire ressortirait à 5,1% du PIB en 2020. La balance des transactions courantes s’est dégradée de manière progressive au cours des cinq dernières années en passant de -0,4 du PIB en 2015 à -3,6% en 2018 avant de s’établir à -3,7% en 2019. Elle chuterait à 3,6% du PIB en 2020, suite aux perturbations des échanges extérieurs occasionnées par la COVID-19. La dégradation du solde de la balance des transactions courantes au cours des cinq dernières années s’explique par la forte hausse des importations de biens d’équipement en lien avec les investissements réalisés dans le cadre du Plan National de Développement combiné à celle des importations de pétrole brut. Par ailleurs, les exportations ont connu une faible hausse en raison de la chute du prix mondial du cacao. En outre, la Côte d’Ivoire qui affichait le taux de croissance le plus élevé de l’Union avec une inflation maîtrisée et un taux de croissance annuel moyen de 7,8% sur la période 2015-2017 a enregistré une croissance de 6,9 en 2019, ce, après une décélération en 2018. Elle devrait ralentir à 1,8% en 2020 du fait de la crise de la COVID-19. Ainsi, les contributions à la croissance des secteurs secondaire, tertiaire devraient passer respectivement de 2,2 et 4,1 points de pourcentage en 2019 à 1,1 et 2,8 points de pourcentage en 2020. C’est dire que certains ratios qui encourageaient les investisseurs à opter pour la destination Côte d’Ivoire n’affichent pas toujours rassurant dans le contexte actuel des choses. Les acteurs politiques et économiques gagneraient à travailler davantage pour repositionner le pays au niveau où la crédibilité de la signature de la Côte d’Ivoire rassure les uns et les autres.
FRANÇOIS BECANTHY