Le ministre ivoirien de la Santé, de l'hygiène publique et de la couverture maladie universelle, Pierre Dimba, a annoncé vendredi "pour les 5 ans qui courent, 20 milliards de Fcfa qui seront investis" pour un accès au traitement des malades du cancer.
"La Côte d'Ivoire a établi une convention de partenariat avec le laboratoire Roche pour la prise en charge du cancer, du diagnostic, du traitement et en intégrant la formation", a indiqué M. Pierre Dimba, à l'occasion du lancement de l'édition 2021 d'Octobre rose, organisé par le Centre d'oncologie médicale et de radiothérapie Alassane Ouattara (Cnrao).
Selon M. Pierre Dimba, "pour les 5 ans de la convention qui court, c'est 20 milliards de Fcfa qui seront investis pour rendre accessible le traitement aux patients souffrants de cancer" à travers la Côte d'Ivoire.
En plus de ces subventions, soulignera-t-il, c'est 119 patients atteints du cancer qui ont été pris en charge directement par la présidence de la République de Côte d'Ivoire pour un coût de plus de 29 millions de Fcfa.
En outre, 316 patients ont été pris en charge dans le cadre du Conseil national de santé à hauteur de 365 millions Fcfa, a-t-il dit , avant d'ajouter que "809 patients ont bénéficié des actions mises en place par le centre (Cnrao) à hauteur de plus de 800 millions de Fcfa".
Dans ce contexte, le coût de certains protocoles thérapeutiques est passé de 1,5 million Fcfa à 150.000 Fcfa la séance. Ce qui a permis que 775 patients soient traités gratuitement. Avec la convention, depuis 2019, la gratuité a été étendue à 12 produits anti-cancéreux.
En vue de soutenir ses populations, l'Etat ivoirien a créé un Programme national de lutte contre le cancer, créé et mis en fonctionnement le Cnrao qui comptait de janvier 2018 au 31 août, au total, plus de 5.000 nouveaux patients dont 1.076 pour le cancer du sein, soit 19,25%.
Le ministre a mentionné que le centre a enregistré 20.313 consultations, 1471 patients traités par radiothérapie et plus de 10.183 cures de chimiothérapie et de thérapies ciblées, tout en relevant que l'hôpital mère-enfant Dominique Ouattara est un continuum de soins.
Plus de 120 sites de dépistage sont répartis dans le pays, où le personnel bénéficie de formation au diagnostic, au traitement. Les patients, eux, ont une accessibilité au traitement par la subvention des coûts des produits anti-cancéreux via la convention avec Roche.
Le professeur Judith Didi-Kouko Coulibaly, directrice du Cnrao, qui a exposé sur le cancer du sein, a fait savoir que la maladie du cancer du sein, dépistée tôt se guérit. Aujourd'hui, le cancer du sein "n'est plus une fatalité" en raison de l'évolution de la cancérologie.
Et ce, à deux conditions. Le cancer du sein se guérit à condition qu' il soit découvert tôt et correctement traité. Ensuite, des médicaments "imposent à la cellule de dormir, elles ne se multiplient pas", ce qui donne au patient de mener une vie normale.
"Ces nouveaux traitements, c'est grâce à eux qu' on dit aujourd'hui que le cancer n'est plus une fatalité, parce que même quand la médecine ne peut pas guérir, le fait d'imposer aux cellules de dormir, ça devient une maladie chronique comme le diabète ou l'hypertension", a-t-elle dit.
Le Cnrao, inauguré en 2017, est un hôpital public qui a effectivement ouvert ses portes en 2018. Les patients ont la possibilité de payer leurs factures par échelonnement. En juin 2021, il a acquis un appareil de radiothérapie intégrant la technologie "Rapid arc".
Le représentant résident de l'OMS en Côte d'Ivoire, Dr Jean-Marie Vianny Yaméogo, a fait observer qu'à l'échelle mondiale, il y a chaque année, près de 1,380 million de nouveaux cas de cancer dont 458.000 décès dus au cancer du sein, le premier cancer chez les femmes dans le monde.
Les deux tiers de ces décès, dira-t-il, ont lieu dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires où la plupart des femmes atteintes de cancer du sein sont diagnostiquées tardivement et chez les femmes de plus de 30 ans du fait de l'absence d'informations sur le dépistage précoce.
"Dans la région africaine, la charge du cancer devrait passer plus d'un million de cas de 2018 à plus de 2 millions si rien n'est fait en 2040". Dr Yameogo a souhaité que la Côte d'Ivoire, qui fait beaucoup d'efforts, "arrive au traitement zéro".
AP/ls/APA