A l’invitation de l’Inspecteur Général d’Etat, Ahoua N’Doli Théophile, le Ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME a animé un panel, le vendredi 17 juin 2022, à l’Université International de Côte d’Ivoire, autour de la thématique ‘’Quelle réponse à la flambée des prix ? Cas de la Côte d’Ivoire’’.
Après avoir rappelé les facteurs exogènes et endogènes à la base de la problématique de la flambée des prix, liés notamment à la crise de la Covid-19 et les tensions géopolitiques occasionnées par la crise entre la Russie et l’Ukraine à l’origine de la tendance haussière de l’inflation, le Ministre Souleymane Diarrassouba a égrené les mesures adoptées par le Gouvernement pour contenir la flambée des prix en Côte d’Ivoire.
Selon lui, en effet, l’inflation devrait atteindre 5,7% dans les pays avancés et 8,7% dans les pays émergents et les pays en développement. En Afrique cette tendance devrait rester élevée en 2022 et en 2023, à respectivement 12,2% et 9,6%. A cela, il a ajouté l’envolée des prix du pétrole et des denrées alimentaires qui accentue les craintes à l’égard de la sécurité alimentaire dans la région.
« La Côte d’Ivoire n’a pas été épargnée par cette problématique de la flambée des prix. Les cadres réglementaire et institutionnel en place ont permis au Gouvernement ivoirien de mettre en œuvre des mesures appropriées à l’effet de préserver l’appareil productif et le pouvoir d’achat des populations », a fait remarquer monsieur le Ministre.
Ainsi, en vue de juguler la flambée des prix, l’Etat a adopté plusieurs mesures immédiates. Au nombre desquelles, l’autorisation d’une subvention partielle des prix des produits pétroliers, notamment le gasoil et le blé, pour éviter l'impact sur le coût de la vie, pour un montant d'environ 200 milliards, de janvier à mai 2022 et le renouvellement du plafonnement, sur trois (3) mois, des prix de l'huile de palme raffinée, du sucre, du lait, du riz, de la tomate concentrée, de la viande de bœuf, du ciment et des pâtes alimentaires.
A cela, se greffent l’élargissement de la liste des produits de grande consommation et services de 4 à 21 catégories dont les prix sont réglementés et l’instauration du principe de l'information préalable et de concertation, avant toute augmentation de prix des denrées de grande consommation, pour une période de six (6) mois, ainsi que la soumission à autorisation des exportations de produits vivriers de grande consommation, notamment la banane plantain, le manioc et dérivés, l'igname, le riz local, afin de garantir la desserte des marchés intérieurs.
Dans sa présentation magistrale, le Ministre en charge du Commerce n’a pas occulté le cadre législatif et réglementaire. A ce niveau, il a noté que dans le souci de protéger le pouvoir d’achat du consommateur, l’Etat a pris l’Ordonnance n°2013-662 du 20 septembre 2013 relative à la concurrence, qui a abrogé la loi de 1991.
A cet effet, le Gouvernement peut réglementer les prix des biens et services de première nécessité ou de grande consommation, après avis de la Commission de la Concurrence, en cas de hausses excessives de prix découlant d’une situation exceptionnelle de crise ou d’une situation de fonctionnement manifestement anormale du marché d’un bien ou d’un service.
« La réforme du cadre réglementaire s’est aussi traduite par la création du Conseil National de lutte contre la Vie Chère, à travers le décret n°2017-410 du 21 juin 2017 qui est l’outil institutionnel en charge des questions de flambées de prix », a-t-il poursuivi, avant d’évoquer le cadre institutionnel qui renforce les prérogatives de la Commission de la Concurrence décret n°2017-411 du 21 juin 2017, en vue de lutter efficacement contre les pratiques anticoncurrentielles et déloyales et assurer la transparence du marché.
Ce cadre met en place le Conseil national de la Consommation (CNCO) par décret n°2018-384 du 04 avril 2018 pour permettre la confrontation et la concertation entre les représentants des intérêts collectifs des consommateurs et usagers et les représentants des professionnels des services publique et des pouvoirs publics pour tout ce qui a trait aux problèmes liés à la consommation. La Côte d’Ivoire fait partie des pays africains qui ont un cadre institutionnel permettant de lutter contre ce fléau et d’en atténuer les effets.
Rappelons que cette conférence de haut niveau a été modérée par le Professeur émérite en économie, Patrick Guillaumont, avec les contributions de l’ancien vice-président et économiste de la Banque Africaine de Développement, Rabah Arezki et du Professeur Emmanuel Alban Ahouré, Professeur à l’Université Félix Houphouët-Boigny.
De l’avis de tous, la flambée des prix est une crise à gérer dans le temps avec des mesures structurelles permettant de garantir à tous une souveraineté alimentaire et attirer les investisseurs à investir davantage dans l’agriculture pour couvrir le marché domestique et celui de la ZLECAf de 1.3 milliard de consommateurs. Les conférenciers se sont également prêtés aux questions des participants.
A.N