La grosse désillusion
Annoncée en grande pompe, l’alliance entre le PDCI-RDA et le PPA-CI est sur le point de s’écrouler comme un château de cartes. En cause, le dictat du PDCI-RDA à ne faire aucune concession à son allié Laurent Gbagbo. D’allié en adversaire, le PPA-CI est donc résolu à affronter le PDCI-RDA qui se présente comme son adversaire pour les élections municipales et régionales à venir.
La montagne de l’opposition ivoirienne a accouché d’une souris. Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo ont étalé au grand jour leur désaccord. Alliés de circonstance, le PPA-CI et le PPA-CI n’ont finalement pu trouver une solution face à l’épineux problème du choix des candidats. Et la grosse victime de cette alliance reste bel et bien Laurent Gbagbo. Lui qui avait cru bec et ongle que le PDCI-RDA lui ferait la part belle, comme ce fut le cas lors des élections législatives, réalise enfin la vraie facette de son allié Henri Konan Bédié. En effet, celui qui gère le PDCI-RDA d’une main de fer depuis 1994, n’a fait
aucune concession à son allié Laurent Gbagbo. Et les grandes victimes semblent être Michel Gbagbo et Georges Armand Ouegnin eux qui avaient fondé toute leur stratégie sur un soutien du PDCI-RDA. Du coup, au sein des pro-Gbagbo, c’est le désarroi total eu qui avait caressé le secret espoir d’utiliser le PDCI-RDA pour transformer le rêve-slogan « Yopougon de Gbagbo » en une réalité. A quarante jours des élections municipales et régionales, le PPA-CI gros perdant de l’alliance des opposants ne fera que jouer les seconds couteaux dans
une élection que tout parti politique préparait sérieusement en comptant sur ses cadres. Car si on peut reprocher au PDCI-RDA sa prétention à vouloir tout s’arroger dans son alliance avec le PPA-CI, il n’en demeure pas moins que le président du parti septuagénaire avait au moins prévenu son allié sur son intransigeance actuelle. De fait, le 29 janvier dernier, à l’occasion de la traditionnelle cérémonie de présentation de vœu au sein du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié annonçait les couleurs. « Pour ce qui concerne les prochaines
élections locales, j’ai instruit le Comité de Gestion et de suivi des élections d’engager une procédure qui nous garantisse la victoire. Je félicite le Comité pour le travail de mobilisation des candidats dans toutes les circonscriptions électorales. Il est important que le PDCI- RDA ait des candidats dans toutes les circonscriptions afin de nous permettre d’obtenir le maximum de suffrages exprimés en faveur du PDCI-RDA. Des dispositions sont prises pour que la sélection des candidats se fasse dans l’ordre, la discipline et dans l’intérêt de la victoire du Parti. Ainsi, la sélection de nos candidats se fera selon des critères prédéfinis qui tiennent compte des attentes de notre base, de notre désir de conserver nos acquis de ce jour et de notre ambition de conquérir de nouvelles mairies et régions. », a-t-il prévenu. Et le temps lui donne raison aujourd’hui. Tout se passe dès-lors comme si l’alliance entre PDCI-RDA et le PPA-CI est une alliance de dupe. C’est Laurent Gbagbo qui doit donc l’apprendre à ses dépens lui qui avait cru qu’il pouvait utiliser le PDCI-RDA pour reconquérir le pouvoir d’Etat. Au point où aujourd’hui le PDCI-RDA est un sérieux adversaire du PPA-CI. Faut-il en rire ou pleurer ? Comme dans une
farce le PDCI-RDA dicte sa loi à Laurent Gbagbo lui qui est si prompte à indexer le RHDP. La tempête vient donc de s’installer au sein de l’opposition. Reste à savoir si Laurent Gbagbo et le PPA-CI parviendront à se défaire de l’alliance avec le PDCI-RDA. Dans tous les cas, l’opposition ivoirienne vient de démontrer encore une fois aux yeux de tous qu’elle n’est pas prête pour la gestion du pouvoir d’Etat. Incapable de s’entendre sur le choix de candidats aux élections locales. L’histoire étant têtue, elle retiendra surtout cette tempête qui secoue l’opposition ivoirienne.
Franck K.