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Diplomatie Publié le lundi 15 février 2021 | Abidjan.net

Menace terroriste en Côte d’Ivoire/ Richard Bell : " Ce que l’ambassade des États-Unis propose à l’administration Biden " (Interview)

© Abidjan.net Par DR
Richard Bell, Ambassadeur des États-Unis en Côte d`Ivoire
Richard Bell, ambassadeur des Etats-unis en Côte d’Ivoire, évoque les « changements drastiques » dans la coopération de son pays avec le reste du monde après l’élection du Président Joe Biden. Il estime également qu’en Côte d’Ivoire, les États-Unis doivent développer leur coopération sécuritaire et soutenir, par exemple, l’académie internationale contre le terroriste initiée par la France et la Côte d’Ivoire. Interview.


L’arrivée du nouveau président américain Joe Biden au pouvoir a donné lieu à des scènes auxquelles le monde entier n’était pas habitué. L’absence du président sortant à l’investiture de son successeur, des violences post-électorales au Capitole, etc. Comment tout cela a-t-il été perçu au niveau des Américains et de l’administration Biden?


Ce n’est pas la première fois qu’un président sortant n’est pas présent à l’investiture de son successeur. C’est juste la première fois depuis longtemps. Et cela était devenu une belle tradition de passation pacifique du pouvoir. Ce n’est pas non plus nécessaire que le président sortant soit présent à l’investiture de son successeur. Évidemment, ce qui a été choquant c’est la tentative de porter atteinte au processus démocratique et à l’élection légitime de Joe Biden et, surtout, de l’invasion du Capitole par des partisans du président sortant. Cela a vraiment été très choquant. Aussi, on peut dire, avec ce qui s’est passé, que cette élection renforce l’image de marque de la démocratie américaine. Parce que être attaqué n’est pas un signe de faiblesse, mais repousser l’attaque est un signe de force. Et cette tentative a échoué lamentablement. Il ne faut pas s’y méprendre, la démocratie américaine a fonctionné comme il se doit.

Pour la 9e fois en 17 élections présidentielles depuis 1960, c’est le vice-président qui a proclamé la victoire du camp adverse. Donc la défaite de son propre camp. Le Vice-président est président d’office du Sénat, et c’est lui qui préside la séance conjointe du congrès qui officialise le résultat de l’élection.


Cette violence post-électorale, était-ce la première fois que cela arrivait aux États-Unis ?

La violence du 6 janvier au Capitole (le Congrès) était sans précédent et choquante. Il y a eu mort d’homme. Un policier a été battu à mort par les émeutiers. C’est bien pour cela que la chambre des représentants a voté l’impeachment contre Donald Trump….

Avec l’arrivée de Joe Biden, faut-il vraiment s’attendre à un changement de la politique américaine avec l’Afrique ou le reste du monde de façon générale?


Il y a déjà des changements drastiques. Par exemple, nous avons rejoint l’Accord de Paris sur le Climat; nous avons annulé notre décision de nous retirer de l’organisation mondiale de la santé (OMS) au sein de laquelle nous sommes le 1er contributeur depuis sa création. C’est très important que nous annulions notre décision de quitter cet organisme important. L’administration Biden a éliminé l’objection de l’administration Trump à soutenir la candidature africaine et féminine pour diriger l’organisation mondiale du commerce (OMC), la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala désormais candidate unique. L’administration Biden a annoncé sa participation à l’initiative COVAX pour fournir le vaccin contre le COVID à l’échelle mondiale. Il y a un ton différent, respectueux et une approche multilatéraliste de la part de l’administration Biden.


La remise en cause de nombreuses décisions prises par Trump ne va-t-elle fragiliser l’unité nationale américaine puisque quoi qu’on dise, Trump est soutenu par une bonne partie du peuple américain ?


Les élections ont des conséquences ! Joe Biden a été élu parce plus d’américains ont voté pour lui que Donald Trump. Avec Biden, c’est plutôt un retour des Etats-unis d’avant ma naissance. Pendant plus de 70 ans, les États-Unis ont joué un rôle primordial dans la création des instances multilatérales qui n’existaient même pas quand mes parents sont nés. Il n’y avait pas de Nations-Unies quand mes parents sont nés. Et mes parents sont encore vivants ! Il y a eu beaucoup de changements au cours des 80 dernières années et les États-Unis y ont joué un rôle. Biden revient à cette approche de partenariat respectueux de la souveraineté d’autres pays et des partenariats avec des pays amis qui ont des intérêts en commun.

Je pense aussi que les incidents du 6 janvier ont permis aux partisans de Donald Trump de se rendre compte qu’il leur avait menti inlassablement. Il y en a qui réévalue leur position et certains qui ont déjà coupé le lien avec lui. Mais il est vrai qu’il y a encore beaucoup d’américains qui soutiennent Donald Trump et c’est un facteur politique réel, mais la démocratie américaine a montré qu’elle fonctionne toujours et a une santé robuste (Rire).


Quelle est la position de l’administration Biden par rapport à la Chine ?


Il a dit très clairement que la Chine est un pays dont certains comportements sont très préoccupants. La Chine a beaucoup profité du système mondial dont les États-Unis ont largement contribué à établir. Ce système n’est pas contre la Chine. Au contraire, la Chine en a beaucoup profité. Les États-Unis ont appuyé la participation de la Chine à l’organisation mondiale du Commerce par exemple. Nous estimons qu’il est important que chaque pays respecte les règles du jeu. Or la Chine, malheureusement, procède autrement à des activités qui tendent à miner le système qui a donné de l’ordre et de la stabilité à l’échelle mondiale. Mais la Chine est un pays avec lequel nous pouvons trouver des domaines de coopération, et c’est ce que nous souhaitons. Mieux, Nous avons facilité la montée en puissance de la Chine; nous avons une communauté américaine d’origine chinoise importante et prospère qui contribue à l’essor de notre économie.


Monsieur l’ambassadeur, avec la Côte d’Ivoire, quelles seront les priorités en matière de coopération ?


Pour ce qui est de l’Afrique, de façon globale, il y a un large consensus américain. Par conséquent, il y a beaucoup de stabilité d’une administration à l’autre. A mon avis, il n’y a pas eu de gros changements entre l’administration Obama et celle de Trump concernant l’Afrique. Il y a eu des changements mais pas drastiques. Nous verrons ainsi beaucoup de stabilité et de continuité de la part de l’administration Biden. Avec une volonté de travailler en partenariat, y compris avec l’Union Africaine et d’autres instances multilatérales africaines, parce qu’il y a de gros dossiers qui ne respectent pas les frontières : le climat, la pandémie, etc. il faut une approche multilatérale.


En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, il y a eu beaucoup de stabilité dans notre programme de coopération ces dernières années. Et je crois que cela va continuer. Les grands volets en Côte d’Ivoire sont: la lutte contre le VIH et le domaine de la santé publique plus largement. Depuis un an, nous assistons à un grand investissement du Millenium Challenge Corporation (MCC) dans deux domaines notamment le transport routier et l’éducation.


En Côte d’Ivoire, le pays est également sous la menace terroriste ces dernières années. Pourquoi les États-Unis ne sont-ils pas engagés aux côtés des autorités ivoiriennes dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ?

Vous posez une très bonne question ! La Côte d’Ivoire est le moteur économique de la sous-région, un pôle de stabilité, et les États-Unis apprécient hautement l’importance du pays . S’il y a un changement dans notre coopération bilatérale, je souhaite que cela consiste à renforcer la coopération dans le domaine sécuritaire parce que, jusque-là, notre coopération sécuritaire était plutôt maritime sur tout le Golfe de Guinée. Je pense, personnellement, qu’il est temps de renforcer notre coopération dans le domaine des forces de sécurité terrestres. Vous savez, la règle numéro 1 de la contre-insurrection c’est qu’il faut avoir le soutien de la population.

Tout ce que vous (gouvernants, forces de sécurité) faites, vous devez garder à l’esprit d’avoir toujours l’appui de la population, la confiance de la population. Or la France et la Côte d’ivoire viennent de créer une académie internationale de lutte contre le terrorisme à Jacqueville. J’ai eu l’occasion de visiter ce site dernièrement en compagnie de plusieurs ambassadeurs occidentaux. Et j’ai fait un rapport pour recommander à l’administration Biden de participer activement à cette initiative parce que justement l’approche est celle que nous préconisons. Une approche compréhensive qui vise la prévention . Mieux vaut prévenir que guérir. L’académie internationale anti-terroriste que j’ai eue à découvrir récemment n’est pas seulement un centre de formation des unités armées, c’est aussi des cours en salle pour des magistrats. Elle est de portée internationale, accessible au pays anglophone, pas uniquement francophones. Je souhaite que mon pays participe très activement à appuyer cette académie. L’initiative existe déjà ! Et sans avoir attendu les États-Unis, des partenaires, des amis ont commencé à bouger, et nous ferions bien de les accompagner. Vous avez posé une question très lucide parce que s’il y a un changement que je souhaite voir dans notre coopération, c’est celui-ci.

Réalisée par Robert KRA
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