Du tape à l’œil ! Du m’as-tu vuisme ! Il n’y a pas d’expression appropriée pour qualifier les actes posés par le chef de l’Etat visant à faire le nettoyage dans son entourage et à moraliser la vie publique. C’est bien beau d’incarcérer dans l’abjecte Maca les ex-dirigeants de la filière café cacao. C’est tout aussi beau de procéder au nettoyage des écuries d’Augias et de mettre de l’ordre dans son entourage immédiat. Mais, on attend un peu plus de Gbagbo. Plus précisément, on attend qu’il aille plus loin dans sa volonté de moralisation de la vie publique. Là-dessus, ce ne sont pas les dossiers et les sujets qui font défaut. Il existe des dossiers plus importants sur lesquels Gbagbo gagnerait à faire preuve de fermeté et de rigueur contre les éventuels fautifs. Il s’agit notamment du dossier de la corruption généralisée dans les milieux judiciaire ivoiriens, dans l’organisation des concours directs d’entrée à la Police et la gendarmerie nationale, à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). A ces secteurs sérieusement gangrenés par la corruption et le racket systématique, s’ajoute la mauvaise gestion des ressources générées par le secteur minier et pétrolier ainsi que par la filière café cacao. Aucun audit sérieux, aucune action significative et concrète n’a été mise en œuvre pour assainir définitivement ces secteurs sinistrés de la vie publique nationale. C’est la même vieille méthode du tapage politico médiatique propre aux tenants de la Refondation qui a prévalu jusque là. Même l’opération anti racket menée tambour battant par le général de division Philippe Mangou en juin 2008 visant à garantir la fluidité sur les routes de la zone sud a vécu. Elle n’a duré, en effet, que le temps d’un feu de paille, faute de suivi et de contrôle sur le terrain. Puisque depuis quelques semaines, on assiste, la mort dans l’âme et l’amertume au cœur, à une recrudescence des barrages intempestifs et anachroniques sur les principales artères de la capitale. Impossible, depuis quelques jours, de circuler normalement, de jour comme de nuit, dans les différents quartiers de la ville d’Abidjan et sa banlieue. Pour la simple raison que les agents des forces de l’ordre prennent un malin plaisir à « couper les routes » à l’aide de tables bancs, de pneumatiques usés et de vieilles herses rouillées. Ils le font si mal que la seule vue de ces barrages anarchiques suffit à mettre tout usager de la route dans une colère sans nom. Le hic dans cette affaire, c’est que même les femmes policières s’y mettent. Elles s’adonnent tellement à cœur joie au racket sur les routes qu’elles ont volé la vedette aux hommes. Elles sont devenues pires que leurs devanciers qui passent, à présent, pour de simples enfants de cœur. Conséquence logique d’une telle situation sur le terrain ? Le phénomène du racket et de la corruption à pris des proportions si inquiétantes que ni les populations ni les autorités en charge de la question ne savent plus à quel saint se vouer. Et le mal s’amplifie chaque jour. Sans que le chef de l’Etat ne lève le petit doigt. Les dispositions prises pour éradiquer le racket et la corruption au sommet de l’Etat et au sein du palais de la présidence se sont avérées inefficaces à tous points de vue. Les policiers sont devenus plus zélés que par le passé au point qu’il est, aujourd’hui, nécessaire de recourir à des mesures d’exception qui opèrent la rupture dans les pratiques malsaines en cours. Dans le cas d’espèce, la seule mesure qui vaille la peine d’être prise pour venir à bout de ce mal quasi incurable, c’est de rendre obligatoire et systématique le port et l’affichage des numéros de matricule des agents de la police et de la gendarmerie en service. Histoire de les identifier plus facilement. En lieu et place d’une telle mesure, simple certes mais efficace à coup sûr, les tenants de la Refondation préfèrent verser carrément dans la propagande. Gestion efficiente des concours d’entrée à la Police, Douanes, des ressources issues du pétrole, des mines et énergie, café cacao, organisation transparente des concours administratifs, voici les dossiers d’Etat sur lesquels on attend plus de fermeté et de rigueur de la part de Gbagbo. Le reste n’est que de l’esbroufe.
Khristian Kara
Khristian Kara