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Politique Publié le vendredi 6 mars 2009 | Le Temps

Gnamien Yao (membre du bureau politique du Pdci-Rda) - “Ce que je voulais dire à Bédié”

Après son assassinat manqué au siège du Pdci, le ministre Gnamien Yao revient sur le meurtre orchestré par Bédié et exécuté par KKB.

Comment se porte le ministre Gnamien Yao après cet incident ?
Je suis un enfant de ce pays, ça me fait plaisir de vivre ce que nous sommes en train de voir. Parce que dans toutes les familles politiques, lorsqu'il y a une guerre de succession, ce n'est pas aisé. Il y a des princes qui y perdent la vie. Dans ce qu'il se passe aujourd'hui, au Pdci, je pense que nous sommes en plein dans la guerre de succession. Donc, c'est tout à fait normal qu'on se donne des coups de coude. Je me sens très bien. Croyez-moi, mon moral est très haut. Moi-même, en tant qu'ancien dirigeant de Meeci, je suis un homme aguerri à ces choses-là. Renseignez-vous bien pour ceux qui m'ont connu dans ma carrière d'étudiant. Ce sont les responsabilités qui ont fait que je suis obligé de me taire. Mais j'ai encore quelques beaux restes. Au-delà de ce fait, il faut voir l'histoire politique de la Côte d'Ivoire. Le président Houphouët-Boigny a combattu dans l'adversité. On a menacé de l'arrêter. Il y a eu des réunions qui ont dégénéré. Et quand nous étions membres du Meeci, c'était dur. Donc je suis un pur enfant du parti Pdci Rda. Ce qui se passe, ne m'effraie pas. Maintenant, je vais vous dire, pourquoi on m'a frappé.

Pourquoi avez-vous été frappé ?
Parce que, vous aurez la plainte de Djédjé Mady, Secrétaire général du parti. On me reproche d'avoir rejoint le camp présidentiel. Or, tous ceux qui sont membres du conseil de discipline sont à 90% dans le camp présidentiel nuitamment avec moi. Depuis que j'ai été convoqué, il y en a qui m'ont demandé de ne pas dénoncer ceux qui émargent chez Gbagbo y compris ceux qui m'ont frappé. Je crois qu'ils avaient peur de mes yeux.

Par rapport à la vie du parti.
Aujourd'hui, on me reproche de n'être pas bédiéste. Oui, ceux-là sont à 90% ceux qui m'ont demandé d'abandonner Bédié quand il était en exil. C'est la peur de débattre avec moi, potentiel successeur de Bédié qui a fait qu'on m'a frappé. Nous sommes nombreux au Pdci, qui sommes dans le camp présidentiel. Mais le moment viendra où nous allons sortir, ils nous verront soutenir Laurent Gbagbo.

Que s'est-il passé réellement ?
Vous étiez témoins. Je suis arrivé en bon disciple du Président Houphouët-Boigny, on m'a installé dans une salle confinée et le président de la Jpdci est entré. Il a commencé à me menacer et à venir me saisir les cols. Je ne décris pas tout ça parce que ce sont les péripéties de la conquête du pouvoir que j'amorce maintenant au niveau du Pdci. Ce sont les étapes difficiles. Pour succéder à Bédié, ce ne sera pas un jeu de demoiselle. J'en suis conscient. Donc ce qui vient de se produire est dans la logique normale. C'est comme dans un match de football, il y a des coups francs, des corners. Quelquefois, on vous évacue sur la civière. Considérez que j'ai pris un tacle par derrière. Donc on m'a évacué. Mais si le Pdci me convoque, je répondrai toujours présent.

Il paraît que le président Némin vous a rappelé et que vous avez refusé ?
On ne peut pas frapper un enfant et lui dire de ne pas pleurer. C'est vraiment toute la désolation de notre génération. Il a été Garde des Sceaux, Président du Conseil constitutionnel, il a un Cabinet d'avocats. Il ne sait pas que quand on convoque quelqu'un au tribunal, le tribunal a le devoir d'assurer sa sécurité. Je crois qu'on a déifié ces gens pour rien. Et le Président Houphouët est en train de se retourner dans sa tombe. Ce n'est pas moi qui vais lui apprendre son métier de magistrat. Imaginez que le ministre Gnamien Yao se rende à la maison de son parti avec un cargo de policiers, ils vont dire que c'est Gbagbo. Je suis allé en citoyen répondre à l'appel d'un père, d'un aîné, de quelqu'un qui a l'art de juger, c'est-à-dire qui sait écouter, qui sait sécuriser parce que juger, c'est aussi sécuriser.

Comment vous avez été sorti de la griffe de K K B ?
Je voulais remercier l'Ambassadeur du Burkina Faso qui a pu me soustraire du courroux de KKB et de ses hommes pour qu'au moins j'aie la vie sauve. Parce que pour faire la politique, il faut être vivant. Je suis vivant aujourd'hui, je remercie l'Ambassadeur du Burkina Faso.

Le Président Némin est-il rentré en contact avec vous après cet incident ?
Non, Némin n'est pas rentré en contact avec moi. Le président Noël Némin a fait une interview dans le Repère pour dire Gnamien Yao est perdu. Je débarque chez lui le 1er et le 2 janvier, je lui dis M. le président, je ne suis pas perdu, je suis là.

De quoi s'agit-il ?
Niamké Koffi était là, Séri Biailly et bien d'autres. Némin me dit qu'il faut un témoin pour pouvoir me parler. Et je lui ai répondu que le jour où il trouvera un témoin, on se parlera. Et dans le même temps, il dit que le cas de Fologo le désole parce que c'est une partie de lui-même. Némin Noël est le chantre de l'exclusion. Il verse les larmes de crocodile. Ce sont eux qui prônent la démocratie tribale. Quand il s'agit de Fologo, il dit que c'est une partie de moi-même. Mais, quand même, qui de Laurent Dona Fologo ou de moi, a le plus bénéficié du Pdci ? Alors voici des gens qui refusent de boxer dans leur catégorie. Je veux répondre quand le président Henri Konan Bédié est présent pour lui dire qu'après 50 ans de loyaux services rendus au parti, son temps est terminé. Il doit prendre sa retraite. J'allais le dire franchement.

Pourquoi ?
Parce que ceux qui me jugent aujourd'hui, ont finalement eu raison de moi. En 1999, quand je leur disais qu'il fallait Bédié, ils m'ont dit que tu ne le connais pas bien, tu le regretteras. Aujourd'hui, je les rejoins. Le débat est dans les arguments liminaires. Quand Djédjé Mady dit que j'ai rejoint le camp présidentiel, je suis de Dimbokro mais chez lui à Saïoua, il y a beaucoup de gens qui sont avec Gbagbo si lui-même n'est pas dedans. Mady ne peut pas mettre sa main au feu pour dire qu'il n'est pas dans le camp présidentiel. Regardez le président Henri Konan Bédié pour lequel on me frappe. Bédié avait 32 ans quand il était ministre de l'Economie et des Finances ; à 46 ans, il était Dauphin d'Houphouët après 11 ans de ministère. Moi j'en ai 49. Et on ne me doit pas de respect à 49 ans et on veut que je respecte quelqu'un que Houphouët-Boigny a respecté à 32 ans. Mais c'est un paradoxe. Qui sème le vent récolte la tempête. Je ne suis pas allé faire de la provocation ce matin. J'ai reçu en bonne et due forme une convocation signée par le conseil de discipline de mon parti, le Secrétaire général du Pdci.

Propos recueillis par
Zéré de Mahi
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