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International Publié le vendredi 27 mars 2009 | Notre Voie

La monnaie de Kabila

Dans le pays de Mobutu Sese Seko, il a été accueilli à l’aéroport, grande première, par le Premier ministre congolais. Le président Joseph Kabila, lui, attendait tranquillement au Palais national, son hôte du jour. Il n’était ni empêché, ni souffrant, ni malade. Il n’avait pas non plus un calendrier hyper chargé. Il a sans doute voulu montrer par cette attitude, pour le moins extraordinaire en Afrique, que sur ce continent, il n’y a pas que des présidents vendus, poltrons, qui ne pensent qu’à vendre leur pays à l’Occident. Il y a aussi des hommes et des femmes de la nouvelle génération qui ne connaissent ni De Gaulle ni Pompidou et qui se soucient beaucoup de l’honneur et de la dignité des peuples africains.

Il est rare de voir un chef d’Etat français sortir de l’Elysée pour se rendre à l’aéroport accueillir un président venu d’Afrique. C’est toujours le préfet dont le territoire de compétence s’étend à l’aéroport en question qui accueille le chef d’Etat en visite sur le territoire français. Des voix se sont élevées plus d’une fois déjà pour dénoncer cet état de fait mais jamais la France n’a voulu revoir sa position.

En décidant en toute indépendance de ne pas se rendre à l’aéroport pour accueillir son hôte, Kabila règle trois problèmes. D’abord, il rend la monnaie à la diplomatie française qui a toujours considéré les chefs d’Etat africains comme des moins que rien qui ne méritent même pas d’être reçus à l’aéroport par un secrétaire d’Etat, encore moins un Premier ministre. Ensuite, il exprime à la France la colère du peuple congolais après la sortie de route de Nicolas Sarkozy qui, en janvier dernier, proposait devant des ambassadeurs, que l’“immense” RDC partage son espace et ses ressources naturelles et minières avec le “petit” Rwanda. Enfin, expliquant les raisons de cette visite, les proches du président français ont annoncé que leur chef venait au Congo pour proposer son plan de paix dans la sous-région. A quel titre le ferait-il ? Sans doute en tant que pays colonisateur. Ce que les Congolais ont rejeté violemment et qui a amené l’Elysée à rectifier le tir à la veille du déplacement de Sarkozy : “Il n'y a pas de plan français de paix, pas de plan de partage des richesses, ce n'était pas opportun", a insisté la présidence française avant d’ajouter : "Le président veut simplement indiquer que, pour une paix durable, il faut accélérer la coopération régionale". Ça s’appelle une déculottée.

Bravo au peuple congolais et à son président qui mettent ainsi du baume au cœur des Africains conscients.

Abdoulaye Villard Sanogo
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