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Économie Publié le lundi 6 avril 2009 | Le Nouveau Réveil

M i kissié tchin angounda/ (Ma parole du lundi) : Refuser le salut de la pauvreté

Le mercredi 01 avril, aux premières heures du jour, un journaliste de rfi, commentant les détails des démarches qu'avait entreprises notre pays pour son admission à " l'Initiative PPTE " (la belle expression), avait conclu en ces termes : " Voilà, tout se passe donc bien pour ce pays qui peut savourer son bonheur d'être, enfin, reconnu pauvre ! " Quelle blessante ironie ! Avec ces petits mots vicieux et bien placés, comme en recèle tant la langue française !
Nous venons donc de gagner un combat épique : être reconnu pays pauvre et très endetté. Bien évidemment, la presse gouvernementale et celle, privée, mais inféodée au pouvoir, en a fait un succès de la politique du " christ de Mama " _ la sublime appellation métaphorique si chère à Venance Konan. Voilà donc où nous ont conduits nos dirigeants, nos génies politiques, nos ''dons de Dieu'', nos ''hommes providentiels'' _ ces autres appellations bizarres et hyper qualifiantes que nous utilisons en Afrique pour désigner nos chefs d'Etat. Car en Afrique, tout comme dans les pays sous développés, les pays n'ont pas de chefs d'Etat ; ils ont des " Timoniers " (la Chine de Mao), des " Camarades stratèges " (la Guinée de Sékou Touré), des " Grands Bâtisseurs " (le Zaïre de Mobutu), des " Cibouê " et " nanans ", des " Sphinx " ou " Seconde chance des " Papa Roméo " ou " Père de la (IIe) République ", des " Dons de Dieu " (la Côte d'Ivoire d'Houphouët-Boigny, Bédié, Guéi et Gbagbo)…
Revenons à nos préoccupations du jour : l'admission de la Côte d'Ivoire à L'Initiative PPTE. Disons-le tout nettement : si nous avons déployé tant d'énergies diplomatiques, s'il nous a fallu tant d'expertises technocratiques pour être, enfin, reconnus pauvres (quelle grande victoire pour ce régime désolant !) c'est que, peut-être ne sommes-nous aussi pauvres que cela ; car autrement, nous n'aurions pas livré bataille pour pouvoir être reconnus comme tels. Pourquoi avons-nous fait cette option qui peut paraître absurde, sinon offensante pour notre pays dans l'esprit du profane ? La réponse ne relève pas du mystère : c'est pour que nos dettes soient effacées et que les bailleurs de fonds nous donnent (ou nous prêtent) encore de l'argent, beaucoup d'argent. Pour en faire quoi ? Le politique vous répondra : " Pour développer le pays. " Bien sûr, pour développer le pays…
Endettés ? Nous étions donc endettés ? Soit. Mais qu'avons-nous fait de ces dettes énormes qui, d'ailleurs, loin d'avoir permis notre développement, nous ont réduits à la pauvreté, et ont fait de nous, un pays très endetté ?
D'une manière triviale, le tableau se présente ainsi : nos dirigeants ont pris de l'argent, beaucoup d'argent avec des gens qu'on appelle ''bailleurs de fonds'' ; et ils n'ont pas remboursé ces dettes. A en croire M. Gbagbo, c'est le Président Houphouët-Boigny qui fut l'artisan ou le responsable de ces dettes dont lui a hérité, sans l'avoir voulu ? Ah le pauvre ! Dans l'impossibilité manifeste de rembourser ces dettes énormes et excessives (notre pays est pauvre), nous demandons pardon à ces gens afin qu'ils en revoient les conditions de remboursement, ou qu'au mieux, ils annulent ces dettes. Mais nous ne nous contentons pas de cela : nous leur demandons aussi de nous donner (encore) de l'argent...
On devine la suite du schéma : comme nous ne pourrons pas non plus rembourser ce qu'ils vont (encore) nous donner (ou nous prêter ?)…
Trêve de supputations. Oui donc, nous sommes effectivement pauvres, et très endettés. Nous l'acceptons _ avons-nous même le choix ? Mais nous autres, citoyens libres, nous avons le droit de savoir comment nous en sommes arrivés là. Nous avons surtout le devoir de demander des comptes à nos dirigeants, sur cette question. Et, à mon sens, la dernière déclaration du chef de l'Etat sur ce sujet ouvre un sérieux débat de fond sur la problématique de l'endettement comme moyen de sortir du sous développement.
Bien évidemment, nous devons nous attendre au silence (vraiment gênant) de nos experts (nos économistes) en la matière sur cette question qui me paraît pourtant fondamentale : il nous faut réfléchir sérieusement à ce problème, en posant, comme il le faut, la problématique de l'endettement et, par voie de conséquence, celle du recours à l'aide étrangère pour se développer. Poser le problème comme il sied, sans calcul politicien, sans aucun objectif scélérat de discréditer quelque dirigeant que ce soit. Le chef de l'Etat vient de nous donner l'occasion de porter la réflexion sur cette question. C'est une bonne chose, même si, malheureusement et comme toujours, sa démarche reste essentiellement politicienne : disqualifier les dirigeants qui l'ont précédé. C'est donc un discours dont nous devons débusquer les faiblesses et les intentions cachées. Ce sera l'objet de notre prochaine intervention.

Une chronique de Tiburce Koffi / tiburce_koffi@yahoo.fr / tel: 67-40-31-08/02-11-10-11)
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