En prélude à son concert du samedi prochain, au Parc des Sports de Treichville- Abidjan, dont les retombées serviront à la réhabilitation d’une école, nous avons joint Tiken Jah Fakoly. Dans cette entrevue, le descendant de Fakoly se prononce sur l’opportunité d’une œuvre de haute portée sociale, sur le processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire et l’actualité africaine, de la Guinée de Dadis Camara, de Madagascar, en passant par la Somalie, le Togo…
Le Patriote : "Un concert, une école". C’est une initiative inédite dans l’histoire de la musique ivoirienne. Comment expliquez- vous ce concept ?
Tiken Jah Fakoly : C’est un concept que j’explique par le fait que c’est un message que j’ai envie de faire passer à travers l’éducation. Tous les jeunes doivent prendre l’école au sérieux, car l’éducation est la base du développement. Alors que je pouvais dire aux jeunes d’Afrique dans une chanson, allez à l’école, j’ai préféré poser des actes. Oui, l’ingénieuse idée m’est venue il n’y a pas longtemps et déjà mon staff et moi avons construit une école dans le nord du Mali. J’ai fait des concerts en Europe pour construire des écoles en Afrique. Nous voulons donc faire des concerts en Afrique et construire des écoles en Afrique. Par cet acte, nous voulons montrer à la jeunesse africaine que si on veut, on peut faire des choses ensemble. Et je milite pour l’éducation en Afrique. En tout cas, tous les concerts que je ferai durant toute l’année 2009, tous les bénéfices seront orientés vers la construction ou la réhabilitation d’une école en Afrique.
L.P. Qui vous accompagne dans ce projet ?
T.J.F : j’ai un staff qui m’accompagne, avec lequel j’organise et je pilote ce projet. Nous ne sommes pas accompagnés par des sponsors. Au niveau de la Côte d’Ivoire, nous avions eu au départ une promesse avec une maison de téléphonie, mais qui, à la fin, s’est rétractée. Cela nous a créé beaucoup de difficultés parce qu’il a fallu mettre la main à la poche pour organiser cette tournée nous mêmes, alors que tout le monde sait qu’en Afrique, il est vraiment difficile d’organiser un concert d’une telle ampleur. Donc, pas de sponsor ni en Guinée encore moins en Côte d’Ivoire. C’est seulement au Burkina Faso, qu’une maison de téléphonie a donné son accord pour nous accompagner. Malgré le manque de moyens, à partir du moment où nous avions lancé le projet, "un concert, une école", on ne pouvait plus s’arrêter. On a donc commencé, en Guinée Dieu merci, on fait un super concert, et le samedi 25 avril 2009, nous serons à Abidjan.
L.P. Qui sont les bénéficiaires de cette action en Côte d’Ivoire ?
T.J.F : En Guinée nous avons fait un fabuleux concert, mais comme vous le savez en Afrique avec la paupérisation des populations, les retombées financières n’ont pas été à la hauteur de nos attentes. Nous n’avons pas été satisfaits au niveau des recettes. Mais nous ferons tout pour réhabiliter une école primaire à Conakry, la fin de la première tournée. Une délégation en Guinée travaille sur le dossier de l’école que nous allons réhabiliter.
Au niveau d’Abidjan, l’école qui a attiré notre attention, c’est l’école primaire du quartier Biafra à Treichville. C’est une école historique qui a formé beaucoup de cadres ivoiriens. Je pense qu’à travers vos colonnes, ils se reconnaîtront. C’est une école qui a une histoire. Nous, nous voulons reconstituer une histoire. Nous avons dépêché une délégation pour rencontrer les responsables de l’école, ils nous ont exprimé leurs besoins. Après donc le concert, avec ce que nous récolterons, nous irons faire face aux préoccupations de cette école.
L.P. En février dernier, Tiken était à Abidjan, en avril il y revient. A quand le retour définitif du petit fils de Fakoly au bercail ?
T.J.F : je pense que le retour définitif se fera certainement après les élections présidentielles. Elections que tous, nous attendons avec impatience ! J’espère que le nouveau président ivoirien qui peut être du RDR, du PDCI, ou du FPI, certainement, sera élu démocratiquement et que la paix véritable sera au pays et ensuite je rentrerai. Mais je crois que tous les Ivoiriens n’attendent que les élections transparentes et crédibles.
L.P. Quelle analyse faites-vous du processus de sortie de crise actuel?
T.J.F. Moi, je pense qu’il n’y a pas beaucoup d’efforts qui est fait pour aller aux élections. Ça fait dix ans que les Ivoiriens n’ont pas voté. Ils sont assis dans les fauteuils et ils font tout pour ne pas que les choses avancent. Je pense sincèrement qu’il y a un manque de volonté. Aujourd’hui, le seul problème en Côte d’Ivoire est qu’on a l’impression que tout le monde en fait à sa tête. Les Ivoiriens ont besoin d’un programme qui soit suivi pour aller aux élections. Car parlant de réconciliation, on peut affirmer que les Ivoiriens se sont réconciliés, l’Ivoirien du sud peut aller au nord comme celui du nord peut venir au sud. Je pense que la population ivoirienne a fait des efforts. Nous attendons que les acteurs du processus accélèrent un peu les choses. Afin que nous parlions de développement au lieu de parler de réconciliation et de paix. Je suis allé à Odiénné pour faire mon enrôlement, Beaucoup d’Ivoiriens se sont fait enrôler aujourd’hui. Donc, il y a beaucoup d’Ivoiriens qui ont leurs papiers. Je pense que les élections doivent se tenir cette année et qu’il faille aller vite aux élections maintenant et maintenant même.
P.T. La Commission électorale indépendante (CEI) avance la date du 11 octobre pour les élections, quel commentaire ?
T.K.J : La Côte d’Ivoire n’est pas un pays qui organise les élections pour la première fois ! Nous avons la communauté internationale qui est avec nous. On peut s’appuyer sur notre expérience et toutes les avancées du processus pour que les élections aient lieu. Si tous les acteurs y mettent de la bonne volonté, je pense qu’il n’y a pas de raison qu’on n’aille pas aux élections en octobre 2009.
L.P : Vous avez apporté votre caution à Dadis Camara, lors de sa prise de pouvoir en Guinée. Mais avec ses récentes déclarations, ne pensez- vous pas que vous vous êtes trompé dans votre choix ?
T.K.J. Le président guinéen, lors de sa récente sortie, n’a pas dit ouvertement qu’il se portera candidat à la prochaine élection. Il a simplement dit que, si l’opposition ne fait pas attention, il va ôter sa tenue militaire pour un costume civil, et qu’il en a le droit. Je pense qu’il n’y a pas de déclarations de candidature. Mais, en tant chef de la transition militaire en Guinée, tous les mots doivent être analysés avant d’être dits. Je suis en Guinée actuellement, je crois que c’était un dépit de colère. Et s’il le pense, je lui dirai qu’il se trompe, parce qu’il y a un engagement qui a été pris dès le départ qu’il se doit de respecter. Il a une mission: conduire la Transition et organiser les élections. Je crois que nous ne sommes pas encore là. Le président n’a pas affirmé qu’il sera candidat, et donc il n’y a pas de problème. Il est confronté à une situation qui l’a poussé à dire ce qu’il ne pense pas en réalité. En face, il a l’impression qu’il y a l’opposition qui tire les ficelles pour que la communauté internationale n’aide pas la Guinée. Lui qui est en train de faire des efforts pour lutter contre la corruption, contre le trafic de la drogue, il essaie de créer en Guinée une sorte de rupture d’avec les anciennes pratiques. Et il se rend compte que ses efforts ne sont pas soutenus par les partis de l’opposition. C’est donc sous la colère, qu’il dit cela. Sinon je ne pense pas qu’il fasse cela. Il faut attendre qu’il le dise officiellement. Je crois qu’on n’est pas encore là.
L.P. l’actualité africaine, c’est aussi les cas du Togo, du Soudan, de la Mauritanie et de Madagascar… quel regard portez- vous sur ces pays, dans la quête d’une véritable démocratie ?
T.J.F. Je pense que l’Afrique se trouve dans un processus de démocratisation. Il y a seulement 50 ans que nous sommes indépendants. Les pays véritablement démocratiques ont plus de 400 ans d’indépendance. Nous sommes dans un processus, donc il y aura de temps à autre des clashs. Tant qu’on avancera, il y aura toujours des problèmes. Le plus important est que tous ceux qui ont soif de démocratie, les journalistes, les écrivain engagés, les artistes … restent sur leur position , afin d’essayer de barrer la route à tous ceux qui tenteront de réduire le peu de démocratie que nous avons actuellement sur le continent africain. Vous êtes au courant j’ai sorti un titre "Mon général" où je dis au président mauritanien « le temps des coups d’Etat est révolu. Il est inacceptable qu’un militaire vienne entacher la volonté du peuple mauritanien ».
Quand au Togo, ce n’est surprenant ce qui se passe là bas. Le pouvoir a été légué à la famille Eyadema comme un héritage. A l’époque, nous avions élevé la voix pour dire que ce n’était pas une meilleure idée que le fils succède au père, et Alpha Oumar Konaré et l’Union africaine ont pris position et il a eu face, des présidents comme Obasanjo du Nigéria, amis du défunt chef de l’Etat du Togo, qui ont voulu protéger l’héritage de leur ami, Eyadema. Ce n’est pas surprenant aujourd’hui parce que tous les fils de Eyadema pensent qu’ils ont droit à l’héritage. Il aurait fallu écarter cette option et organiser des élections transparentes. Je crois que les Africains doivent, de temps à autre, se lever pour soutenir la communauté internationale.
Au Soudan, cela fait près d’une décennie que des populations sont massacrées au Darfour et personne ne réagit. Nos dirigeants ne réagissent pas. L’Union Africaine est incapable d’assurer la sécurité, tout le monde sait que le président Soudanais Omar El Béchir est le premier responsable de ce drame !
“Élection maintenant
et maintenant même”
Quand la Cour Pénale Internationale (CPI) prononce une condamnation, le peuple africain devrait descendre dans la rue pour la soutenir. On manque de solidarité chez nous. Nos frères continuent de souffrir au Darfour et le président du Soudan doit répondre de ses actes. Ce Tribunal est en train de nous aider à corriger certains écarts de nos dirigeants. Tant que les erreurs ne seront pas corrigées, les gens continueront à faire les mêmes choses. Il faut donc inquiéter un peu les dirigeants et leur dire, vous n’êtes plus des intouchables. Nous avons encore du chemin à faire et c’est pourquoi, moi j’ai décidé de construire des écoles, pour véhiculer un message à l’endroit des jeunes. Parce que quand la majorité des populations sera scolarisée, quand les dirigeants sauront que les populations ne votent plus pour un tee-shirt ou pour un billet de mille francs CFA, les choses vont obligatoirement changer. Aujourd’hui en France, tu ne peux pas proposer de l’argent à des citoyens contre leur vote. Tu ne peux que leur proposer un programme de développement durable
LP : Revenons à la musique, à quoi les mélomanes ivoiriens doivent-ils s’attendre le 25 avril prochain ?
T.J.F : Le samedi prochain, nous allons donner un concert de 2heures et demi au Parc des Sports de Treichville. La dernière fois, nous sommes venus pour le concert de la réconciliation, il y a donc des titres qu’on n’a pas joués. Dieu merci, les Ivoiriens se sont réconciliés et donc on va assister à un concert normal des Tiken Jah. A peu près comme au Zénith. Peut-être, on fera un peu plus qu’au Zénith. Le concert de la Guinée a été historique en sons, lumières et prestations. Nous avons beaucoup de fans à Abidjan, cette fois on vient pour assurer le grand Show.
L.P. Outre le projet, "un concert, une école". Quels sont les projets immédiats. A quand le prochain album ?
T.JF. Je travaille sur mon prochain album qui va sortir en 2010, précisément en septembre 2010 et intitulé « African révolution ». J’y travaille sérieusement et je pense que, dans six mois, je vais entrer en studio.
LP. La question a défrayé quelquefois la chronique. Comment sont vos relations avec votre aîné Alpha Blondy ?
T.J.F. Je pense qu’on a beaucoup parlé de cette histoire, je ne souhaite plus m’étaler là-dessus. Je crois que les Ivoiriens ont compris. Qui est qui et qui fait quoi ? Je ne vais plus entrer dans les détails aujourd’hui. Néanmoins, dans le sens de la réconciliation, ma main reste tendue à tous les Ivoiriens qui souhaitent la cohésion sociale et que la paix définitive revienne au pays. J’ai fais mes preuves. J’apporte mon aide à la jeune génération comme jeu peux, mois je suis plus panafricaniste. J’ai apporté mon aide à mon frère Bétta Simon et à bien d’autres artistes africains et ivoiriens. J’ai produit un jeune Burkinabé grâce à "Fakoy production". La liste est longue…je pense qu’il est important d’apporter notre soutien à la génération qui va prendre la relève après nous. Tout le monde sait que, dès que je peux, j’apporte mon soutien à la jeune génération. Parce que moi, j’ai beaucoup galéré. Et donc "Fakoly production" essaie de produire des artistes sur le plan africain et donc pas seulement en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, la force de Tiken, c’est l’Afrique. Je partage mon succès avec toute l’Afrique.
Je tiens à dire au peuple ivoirien et au public abidjanais que le projet "Un concert, une école" est un message à l’endroit de la jeunesse pour l’éducation dans un pays en voie de développement. Il y a du travail dans le domaine de l’éducation dans toute l’Afrique et notamment en Côte d’Ivoire. C’est seulement par l’école que nos dirigeants cesseront de nous tourner en bourrique. Tout le monde doit aller à l’école, les jeunes filles doivent prendre l’école au sérieux parce que il n’y a que l’école qui pourra nous sortir cette situation. Le message que je véhicule à travers ce concept, c’est véritablement l’importance de l’école dans la marche de l’Afrique. Je donne donc rendez-vous à toute la population abidjanaise ce samedi au Parc des Sports pour un spectacle inédit.
Réalisée par Moussa Keita
Le Patriote : "Un concert, une école". C’est une initiative inédite dans l’histoire de la musique ivoirienne. Comment expliquez- vous ce concept ?
Tiken Jah Fakoly : C’est un concept que j’explique par le fait que c’est un message que j’ai envie de faire passer à travers l’éducation. Tous les jeunes doivent prendre l’école au sérieux, car l’éducation est la base du développement. Alors que je pouvais dire aux jeunes d’Afrique dans une chanson, allez à l’école, j’ai préféré poser des actes. Oui, l’ingénieuse idée m’est venue il n’y a pas longtemps et déjà mon staff et moi avons construit une école dans le nord du Mali. J’ai fait des concerts en Europe pour construire des écoles en Afrique. Nous voulons donc faire des concerts en Afrique et construire des écoles en Afrique. Par cet acte, nous voulons montrer à la jeunesse africaine que si on veut, on peut faire des choses ensemble. Et je milite pour l’éducation en Afrique. En tout cas, tous les concerts que je ferai durant toute l’année 2009, tous les bénéfices seront orientés vers la construction ou la réhabilitation d’une école en Afrique.
L.P. Qui vous accompagne dans ce projet ?
T.J.F : j’ai un staff qui m’accompagne, avec lequel j’organise et je pilote ce projet. Nous ne sommes pas accompagnés par des sponsors. Au niveau de la Côte d’Ivoire, nous avions eu au départ une promesse avec une maison de téléphonie, mais qui, à la fin, s’est rétractée. Cela nous a créé beaucoup de difficultés parce qu’il a fallu mettre la main à la poche pour organiser cette tournée nous mêmes, alors que tout le monde sait qu’en Afrique, il est vraiment difficile d’organiser un concert d’une telle ampleur. Donc, pas de sponsor ni en Guinée encore moins en Côte d’Ivoire. C’est seulement au Burkina Faso, qu’une maison de téléphonie a donné son accord pour nous accompagner. Malgré le manque de moyens, à partir du moment où nous avions lancé le projet, "un concert, une école", on ne pouvait plus s’arrêter. On a donc commencé, en Guinée Dieu merci, on fait un super concert, et le samedi 25 avril 2009, nous serons à Abidjan.
L.P. Qui sont les bénéficiaires de cette action en Côte d’Ivoire ?
T.J.F : En Guinée nous avons fait un fabuleux concert, mais comme vous le savez en Afrique avec la paupérisation des populations, les retombées financières n’ont pas été à la hauteur de nos attentes. Nous n’avons pas été satisfaits au niveau des recettes. Mais nous ferons tout pour réhabiliter une école primaire à Conakry, la fin de la première tournée. Une délégation en Guinée travaille sur le dossier de l’école que nous allons réhabiliter.
Au niveau d’Abidjan, l’école qui a attiré notre attention, c’est l’école primaire du quartier Biafra à Treichville. C’est une école historique qui a formé beaucoup de cadres ivoiriens. Je pense qu’à travers vos colonnes, ils se reconnaîtront. C’est une école qui a une histoire. Nous, nous voulons reconstituer une histoire. Nous avons dépêché une délégation pour rencontrer les responsables de l’école, ils nous ont exprimé leurs besoins. Après donc le concert, avec ce que nous récolterons, nous irons faire face aux préoccupations de cette école.
L.P. En février dernier, Tiken était à Abidjan, en avril il y revient. A quand le retour définitif du petit fils de Fakoly au bercail ?
T.J.F : je pense que le retour définitif se fera certainement après les élections présidentielles. Elections que tous, nous attendons avec impatience ! J’espère que le nouveau président ivoirien qui peut être du RDR, du PDCI, ou du FPI, certainement, sera élu démocratiquement et que la paix véritable sera au pays et ensuite je rentrerai. Mais je crois que tous les Ivoiriens n’attendent que les élections transparentes et crédibles.
L.P. Quelle analyse faites-vous du processus de sortie de crise actuel?
T.J.F. Moi, je pense qu’il n’y a pas beaucoup d’efforts qui est fait pour aller aux élections. Ça fait dix ans que les Ivoiriens n’ont pas voté. Ils sont assis dans les fauteuils et ils font tout pour ne pas que les choses avancent. Je pense sincèrement qu’il y a un manque de volonté. Aujourd’hui, le seul problème en Côte d’Ivoire est qu’on a l’impression que tout le monde en fait à sa tête. Les Ivoiriens ont besoin d’un programme qui soit suivi pour aller aux élections. Car parlant de réconciliation, on peut affirmer que les Ivoiriens se sont réconciliés, l’Ivoirien du sud peut aller au nord comme celui du nord peut venir au sud. Je pense que la population ivoirienne a fait des efforts. Nous attendons que les acteurs du processus accélèrent un peu les choses. Afin que nous parlions de développement au lieu de parler de réconciliation et de paix. Je suis allé à Odiénné pour faire mon enrôlement, Beaucoup d’Ivoiriens se sont fait enrôler aujourd’hui. Donc, il y a beaucoup d’Ivoiriens qui ont leurs papiers. Je pense que les élections doivent se tenir cette année et qu’il faille aller vite aux élections maintenant et maintenant même.
P.T. La Commission électorale indépendante (CEI) avance la date du 11 octobre pour les élections, quel commentaire ?
T.K.J : La Côte d’Ivoire n’est pas un pays qui organise les élections pour la première fois ! Nous avons la communauté internationale qui est avec nous. On peut s’appuyer sur notre expérience et toutes les avancées du processus pour que les élections aient lieu. Si tous les acteurs y mettent de la bonne volonté, je pense qu’il n’y a pas de raison qu’on n’aille pas aux élections en octobre 2009.
L.P : Vous avez apporté votre caution à Dadis Camara, lors de sa prise de pouvoir en Guinée. Mais avec ses récentes déclarations, ne pensez- vous pas que vous vous êtes trompé dans votre choix ?
T.K.J. Le président guinéen, lors de sa récente sortie, n’a pas dit ouvertement qu’il se portera candidat à la prochaine élection. Il a simplement dit que, si l’opposition ne fait pas attention, il va ôter sa tenue militaire pour un costume civil, et qu’il en a le droit. Je pense qu’il n’y a pas de déclarations de candidature. Mais, en tant chef de la transition militaire en Guinée, tous les mots doivent être analysés avant d’être dits. Je suis en Guinée actuellement, je crois que c’était un dépit de colère. Et s’il le pense, je lui dirai qu’il se trompe, parce qu’il y a un engagement qui a été pris dès le départ qu’il se doit de respecter. Il a une mission: conduire la Transition et organiser les élections. Je crois que nous ne sommes pas encore là. Le président n’a pas affirmé qu’il sera candidat, et donc il n’y a pas de problème. Il est confronté à une situation qui l’a poussé à dire ce qu’il ne pense pas en réalité. En face, il a l’impression qu’il y a l’opposition qui tire les ficelles pour que la communauté internationale n’aide pas la Guinée. Lui qui est en train de faire des efforts pour lutter contre la corruption, contre le trafic de la drogue, il essaie de créer en Guinée une sorte de rupture d’avec les anciennes pratiques. Et il se rend compte que ses efforts ne sont pas soutenus par les partis de l’opposition. C’est donc sous la colère, qu’il dit cela. Sinon je ne pense pas qu’il fasse cela. Il faut attendre qu’il le dise officiellement. Je crois qu’on n’est pas encore là.
L.P. l’actualité africaine, c’est aussi les cas du Togo, du Soudan, de la Mauritanie et de Madagascar… quel regard portez- vous sur ces pays, dans la quête d’une véritable démocratie ?
T.J.F. Je pense que l’Afrique se trouve dans un processus de démocratisation. Il y a seulement 50 ans que nous sommes indépendants. Les pays véritablement démocratiques ont plus de 400 ans d’indépendance. Nous sommes dans un processus, donc il y aura de temps à autre des clashs. Tant qu’on avancera, il y aura toujours des problèmes. Le plus important est que tous ceux qui ont soif de démocratie, les journalistes, les écrivain engagés, les artistes … restent sur leur position , afin d’essayer de barrer la route à tous ceux qui tenteront de réduire le peu de démocratie que nous avons actuellement sur le continent africain. Vous êtes au courant j’ai sorti un titre "Mon général" où je dis au président mauritanien « le temps des coups d’Etat est révolu. Il est inacceptable qu’un militaire vienne entacher la volonté du peuple mauritanien ».
Quand au Togo, ce n’est surprenant ce qui se passe là bas. Le pouvoir a été légué à la famille Eyadema comme un héritage. A l’époque, nous avions élevé la voix pour dire que ce n’était pas une meilleure idée que le fils succède au père, et Alpha Oumar Konaré et l’Union africaine ont pris position et il a eu face, des présidents comme Obasanjo du Nigéria, amis du défunt chef de l’Etat du Togo, qui ont voulu protéger l’héritage de leur ami, Eyadema. Ce n’est pas surprenant aujourd’hui parce que tous les fils de Eyadema pensent qu’ils ont droit à l’héritage. Il aurait fallu écarter cette option et organiser des élections transparentes. Je crois que les Africains doivent, de temps à autre, se lever pour soutenir la communauté internationale.
Au Soudan, cela fait près d’une décennie que des populations sont massacrées au Darfour et personne ne réagit. Nos dirigeants ne réagissent pas. L’Union Africaine est incapable d’assurer la sécurité, tout le monde sait que le président Soudanais Omar El Béchir est le premier responsable de ce drame !
“Élection maintenant
et maintenant même”
Quand la Cour Pénale Internationale (CPI) prononce une condamnation, le peuple africain devrait descendre dans la rue pour la soutenir. On manque de solidarité chez nous. Nos frères continuent de souffrir au Darfour et le président du Soudan doit répondre de ses actes. Ce Tribunal est en train de nous aider à corriger certains écarts de nos dirigeants. Tant que les erreurs ne seront pas corrigées, les gens continueront à faire les mêmes choses. Il faut donc inquiéter un peu les dirigeants et leur dire, vous n’êtes plus des intouchables. Nous avons encore du chemin à faire et c’est pourquoi, moi j’ai décidé de construire des écoles, pour véhiculer un message à l’endroit des jeunes. Parce que quand la majorité des populations sera scolarisée, quand les dirigeants sauront que les populations ne votent plus pour un tee-shirt ou pour un billet de mille francs CFA, les choses vont obligatoirement changer. Aujourd’hui en France, tu ne peux pas proposer de l’argent à des citoyens contre leur vote. Tu ne peux que leur proposer un programme de développement durable
LP : Revenons à la musique, à quoi les mélomanes ivoiriens doivent-ils s’attendre le 25 avril prochain ?
T.J.F : Le samedi prochain, nous allons donner un concert de 2heures et demi au Parc des Sports de Treichville. La dernière fois, nous sommes venus pour le concert de la réconciliation, il y a donc des titres qu’on n’a pas joués. Dieu merci, les Ivoiriens se sont réconciliés et donc on va assister à un concert normal des Tiken Jah. A peu près comme au Zénith. Peut-être, on fera un peu plus qu’au Zénith. Le concert de la Guinée a été historique en sons, lumières et prestations. Nous avons beaucoup de fans à Abidjan, cette fois on vient pour assurer le grand Show.
L.P. Outre le projet, "un concert, une école". Quels sont les projets immédiats. A quand le prochain album ?
T.JF. Je travaille sur mon prochain album qui va sortir en 2010, précisément en septembre 2010 et intitulé « African révolution ». J’y travaille sérieusement et je pense que, dans six mois, je vais entrer en studio.
LP. La question a défrayé quelquefois la chronique. Comment sont vos relations avec votre aîné Alpha Blondy ?
T.J.F. Je pense qu’on a beaucoup parlé de cette histoire, je ne souhaite plus m’étaler là-dessus. Je crois que les Ivoiriens ont compris. Qui est qui et qui fait quoi ? Je ne vais plus entrer dans les détails aujourd’hui. Néanmoins, dans le sens de la réconciliation, ma main reste tendue à tous les Ivoiriens qui souhaitent la cohésion sociale et que la paix définitive revienne au pays. J’ai fais mes preuves. J’apporte mon aide à la jeune génération comme jeu peux, mois je suis plus panafricaniste. J’ai apporté mon aide à mon frère Bétta Simon et à bien d’autres artistes africains et ivoiriens. J’ai produit un jeune Burkinabé grâce à "Fakoy production". La liste est longue…je pense qu’il est important d’apporter notre soutien à la génération qui va prendre la relève après nous. Tout le monde sait que, dès que je peux, j’apporte mon soutien à la jeune génération. Parce que moi, j’ai beaucoup galéré. Et donc "Fakoly production" essaie de produire des artistes sur le plan africain et donc pas seulement en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, la force de Tiken, c’est l’Afrique. Je partage mon succès avec toute l’Afrique.
Je tiens à dire au peuple ivoirien et au public abidjanais que le projet "Un concert, une école" est un message à l’endroit de la jeunesse pour l’éducation dans un pays en voie de développement. Il y a du travail dans le domaine de l’éducation dans toute l’Afrique et notamment en Côte d’Ivoire. C’est seulement par l’école que nos dirigeants cesseront de nous tourner en bourrique. Tout le monde doit aller à l’école, les jeunes filles doivent prendre l’école au sérieux parce que il n’y a que l’école qui pourra nous sortir cette situation. Le message que je véhicule à travers ce concept, c’est véritablement l’importance de l’école dans la marche de l’Afrique. Je donne donc rendez-vous à toute la population abidjanaise ce samedi au Parc des Sports pour un spectacle inédit.
Réalisée par Moussa Keita