Le candidat du Rdr à la future élection a présenté les grandes lignes de son projet, sur les antennes de la chaîne de télévision Africa 24, en France.
En mission en France depuis mercredi dernier, le président du Rassemblement des républicains (Rdr), Alassane Dramane Ouattara, s’est prononcé sur le processus de sortie de crise. Invité de la nouvelle chaîne de télévision Africa 24, il a déclaré, hier après-midi, être le meilleur candidat à la future présidentielle en Côte d’Ivoire. «Je souhaite que mes compatriotes me fassent confiance parce que j’incarne le vrai changement dont le pays a besoin», a-t-il soutenu. Et d’expliquer : «j’ai accepté d’être candidat parce que j’ai une ambition pour mon pays». Surtout qu’il est dans une situation lamentable : 50% de la population pauvre et une dégradation totale des infrastructures de base. Il met cette situation sur le compte de deux situations : «Le fait de cette crise qui a duré pendant 7 ans. Et en plus de cela, le fait que le pays n’a pas été géré. Vous savez que quand il y a des transitions, il n’y a jamais de gestion. Les deux choses sont incompatibles, chacun se débrouille, les uns et les autres restent, ils ne prennent pas de décision. Il faut un gouvernement légitime pour sortir la Côte d’Ivoire de cette situation». Sa priorité, s’il était élu, ce serait d’«amener aux Ivoirien, la paix parce que ce pays a souffert des incompréhensions, des injustices. Egalement, je leur amènerais la reconstruction, la bonne gestion et surtout la prospérité». Sans ignorer «une sécurisation globale du pays», la présence de «l’administration partout et une moralisation profonde de la vie publique». Toute cela est possible avec un budget d’au moins dix mille milliards en cinq ans à raison de deux mille milliards par an grâce au budget national, aux investissements privés et aux effets de l’allègement de la dette (Initiative Ppte). Point de décision qu’il salué d’ailleurs même s’il aurait souhaité voir la Côte d’Ivoire classée parmi «les pays à revenus intermédiaires». Le tout assorti d’«une rigueur dans la gestion».
Pour le président du Rdr, les données actuelles de l’identification et du recensement électoral permettent, techniquement, d’organiser les élections. «Nous avons fait des progrès considérables, puisque maintenant nous avons une liste électorale de six millions de personnes enrôlées» contre plus de cinq millions en 2000. Il n’ignore pas les tâches restantes. «Il y a encore un certain nombre de choses à régler : la reconstitution des registres d’état civil, l’enrôlement des Ivoiriens de l’étranger, la sécurisation du processus». Cependant, M. Ouattara estime que ces tâches relèvent plus de considérations politiques que techniques. «Mais tout cela devient une question de volonté. Normalement, si nous décidons d’arrêter l’inscription sur les listes électorales comme ceci se fait d’ailleurs dans tous les pays à une date donnée, par exemple fin avril, quatre mois après, nous devrions pouvoir organiser les élections. C’est-à-dire septembre, octobre au plus tard». Aussi, a-t-il interpellé l’exécutif ivoirien à qui il a demandé de faire diligence pour que des dispositions soient prises pour la fin de la sortie de crise. «Je dirais que la Commission (Ndlr: électorale indépendante) a un certain nombre de critères et de responsabilités, mais les solutions les plus urgentes relèvent du Chef de l’Etat et du gouvernement. Par exemple, la création des tribunaux dans la zone centre, nord et ouest ; le financement du processus; la mise en place des équipes de sécurisation. Donc, il faut que le Chef de l’Etat et le Premier ministre prennent ce problème à bras le corps, mettent le financement à disposition et créent les conditions optimales de sécurisation du processus». Au-delà du scrutin, il pense que c’est une nécessité d’«avoir un gouvernement et une équipe légitimes» à la tête du pays pour rassurer tant le peuple que les bailleurs de fonds et les investisseurs.
Interrogé sur le sens de l’alliance qu’il a nouée avec le président du Pdci-Rda, Henri Konan, concepteur de l’Ivoirité, et la réaction de ses militants, l’ancien Premier ministre de Houphouët-Boigny considère qu’il faut pardonner. «Pour moi, c’est du passé. Je pense qu’il faut pouvoir se réconcilier, il faut aller de l’avant. La Côte d’Ivoire a besoin de paix, on ne peut rester figé dans les schémas qui ont fait tant de mal à notre pays, il y a une quinzaine d’années. Ceci étant, les militants du Rdr me font confiance. (…). Au départ, effectivement, les uns et les autres ne comprenaient pas le bien-fondé de cette alliance. Mais nous avons pris le temps de le leur expliquer; et maintenant, je me réjouis que dans les bases (…) il y a un bonne intégration des uns et des autres et une bonne compréhension de cette situation. Nous avons fait le bon choix», a-t-il expliqué. Autant il s’entend parfaitement avec Konan Bédié, autant il a «des rapports fraternels, amicaux avec le Président Gbagbo», a affirmé M. Ouattara en toute honnêteté. Il n’a pas manqué de rappeler que le Fpi et le Rdr ont été alliés, avant le coup d’Etat militaire de 1999, dans le cadre du Front républicain.
Revenant sur les circonstances de l’instauration de la carte de séjour pour les étrangers lorsqu’il était Premier ministre, le président du Rdr a expliqué que la mesure visait à renflouer les caisses de l’Etat. Il a dit assumer l’entière responsabilité du projet plutôt que d’accuser le Président Félix Houphouet-Boigny. «Je trouve que ce ne serait pas adéquat de dire ça. J’ai trouvé le projet en place, je l’ai mis en œuvre. Donc j’assume mes responsabilités parce que j’aurais pu ne pas le mettre en oeuvre. Je ne voudrais donc pas accuser qui que ce soit. A partir du moment où nous cherchions de l’argent, nous estimons que c’était une fenêtre d’opportunité. Mais en réalité, la suite a été mauvaise parce que des gens ont subi des tracasseries, de l’escroquerie. De mon point de vue, ça a été une bonne chose que cette affaire de carte de séjour ait été abandonnée. Je l’aurais fait même, au vu des développements qui ont suivis», a dit. Toutefois, le débat actuel sur l’identification l’amène à dire que cette préoccupation identitaire date de longtemps.
Paulin N. Zobo
En mission en France depuis mercredi dernier, le président du Rassemblement des républicains (Rdr), Alassane Dramane Ouattara, s’est prononcé sur le processus de sortie de crise. Invité de la nouvelle chaîne de télévision Africa 24, il a déclaré, hier après-midi, être le meilleur candidat à la future présidentielle en Côte d’Ivoire. «Je souhaite que mes compatriotes me fassent confiance parce que j’incarne le vrai changement dont le pays a besoin», a-t-il soutenu. Et d’expliquer : «j’ai accepté d’être candidat parce que j’ai une ambition pour mon pays». Surtout qu’il est dans une situation lamentable : 50% de la population pauvre et une dégradation totale des infrastructures de base. Il met cette situation sur le compte de deux situations : «Le fait de cette crise qui a duré pendant 7 ans. Et en plus de cela, le fait que le pays n’a pas été géré. Vous savez que quand il y a des transitions, il n’y a jamais de gestion. Les deux choses sont incompatibles, chacun se débrouille, les uns et les autres restent, ils ne prennent pas de décision. Il faut un gouvernement légitime pour sortir la Côte d’Ivoire de cette situation». Sa priorité, s’il était élu, ce serait d’«amener aux Ivoirien, la paix parce que ce pays a souffert des incompréhensions, des injustices. Egalement, je leur amènerais la reconstruction, la bonne gestion et surtout la prospérité». Sans ignorer «une sécurisation globale du pays», la présence de «l’administration partout et une moralisation profonde de la vie publique». Toute cela est possible avec un budget d’au moins dix mille milliards en cinq ans à raison de deux mille milliards par an grâce au budget national, aux investissements privés et aux effets de l’allègement de la dette (Initiative Ppte). Point de décision qu’il salué d’ailleurs même s’il aurait souhaité voir la Côte d’Ivoire classée parmi «les pays à revenus intermédiaires». Le tout assorti d’«une rigueur dans la gestion».
Pour le président du Rdr, les données actuelles de l’identification et du recensement électoral permettent, techniquement, d’organiser les élections. «Nous avons fait des progrès considérables, puisque maintenant nous avons une liste électorale de six millions de personnes enrôlées» contre plus de cinq millions en 2000. Il n’ignore pas les tâches restantes. «Il y a encore un certain nombre de choses à régler : la reconstitution des registres d’état civil, l’enrôlement des Ivoiriens de l’étranger, la sécurisation du processus». Cependant, M. Ouattara estime que ces tâches relèvent plus de considérations politiques que techniques. «Mais tout cela devient une question de volonté. Normalement, si nous décidons d’arrêter l’inscription sur les listes électorales comme ceci se fait d’ailleurs dans tous les pays à une date donnée, par exemple fin avril, quatre mois après, nous devrions pouvoir organiser les élections. C’est-à-dire septembre, octobre au plus tard». Aussi, a-t-il interpellé l’exécutif ivoirien à qui il a demandé de faire diligence pour que des dispositions soient prises pour la fin de la sortie de crise. «Je dirais que la Commission (Ndlr: électorale indépendante) a un certain nombre de critères et de responsabilités, mais les solutions les plus urgentes relèvent du Chef de l’Etat et du gouvernement. Par exemple, la création des tribunaux dans la zone centre, nord et ouest ; le financement du processus; la mise en place des équipes de sécurisation. Donc, il faut que le Chef de l’Etat et le Premier ministre prennent ce problème à bras le corps, mettent le financement à disposition et créent les conditions optimales de sécurisation du processus». Au-delà du scrutin, il pense que c’est une nécessité d’«avoir un gouvernement et une équipe légitimes» à la tête du pays pour rassurer tant le peuple que les bailleurs de fonds et les investisseurs.
Interrogé sur le sens de l’alliance qu’il a nouée avec le président du Pdci-Rda, Henri Konan, concepteur de l’Ivoirité, et la réaction de ses militants, l’ancien Premier ministre de Houphouët-Boigny considère qu’il faut pardonner. «Pour moi, c’est du passé. Je pense qu’il faut pouvoir se réconcilier, il faut aller de l’avant. La Côte d’Ivoire a besoin de paix, on ne peut rester figé dans les schémas qui ont fait tant de mal à notre pays, il y a une quinzaine d’années. Ceci étant, les militants du Rdr me font confiance. (…). Au départ, effectivement, les uns et les autres ne comprenaient pas le bien-fondé de cette alliance. Mais nous avons pris le temps de le leur expliquer; et maintenant, je me réjouis que dans les bases (…) il y a un bonne intégration des uns et des autres et une bonne compréhension de cette situation. Nous avons fait le bon choix», a-t-il expliqué. Autant il s’entend parfaitement avec Konan Bédié, autant il a «des rapports fraternels, amicaux avec le Président Gbagbo», a affirmé M. Ouattara en toute honnêteté. Il n’a pas manqué de rappeler que le Fpi et le Rdr ont été alliés, avant le coup d’Etat militaire de 1999, dans le cadre du Front républicain.
Revenant sur les circonstances de l’instauration de la carte de séjour pour les étrangers lorsqu’il était Premier ministre, le président du Rdr a expliqué que la mesure visait à renflouer les caisses de l’Etat. Il a dit assumer l’entière responsabilité du projet plutôt que d’accuser le Président Félix Houphouet-Boigny. «Je trouve que ce ne serait pas adéquat de dire ça. J’ai trouvé le projet en place, je l’ai mis en œuvre. Donc j’assume mes responsabilités parce que j’aurais pu ne pas le mettre en oeuvre. Je ne voudrais donc pas accuser qui que ce soit. A partir du moment où nous cherchions de l’argent, nous estimons que c’était une fenêtre d’opportunité. Mais en réalité, la suite a été mauvaise parce que des gens ont subi des tracasseries, de l’escroquerie. De mon point de vue, ça a été une bonne chose que cette affaire de carte de séjour ait été abandonnée. Je l’aurais fait même, au vu des développements qui ont suivis», a dit. Toutefois, le débat actuel sur l’identification l’amène à dire que cette préoccupation identitaire date de longtemps.
Paulin N. Zobo