Les réunions de printemps des institutions de Bretton Woods ont pris fin dimanche.
C’est dimanche que les réunions de printemps des deux institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et Fmi) ont pris fin avec la réunion des pays du Maghreb présidée par le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Khan. Les journées de samedi et dimanche derniers ont été marquées par deux sessions importantes: celle du comité monétaire et financier de développement au terme de laquelle le ministre ivoirien de l’Economie et des Finances, Charles Koffi Diby, a co-animé avec les ministres tanzanien et zambien des Finances, une conférence de presse sur “l’impact de la crise financière internationale sur les pays africains” et les mesures de politiques économiques envisagées pour faire face à la nouvelle donne. Il y a ensuite eu la session du comité de développement au cours duquel le ministre d’Etat, ministre du Plan et du Développement, Paul Antoine Bouhoun Bouabré, a fait une analyse approfondie de la crise et donné sa vision sur les moyens d’en sortir avec l’appui du Fmi et de la Banque mondiale (nous y reviendrons dans notre prochaine édition).
Pour la Côte d’Ivoire, la journée de samedi a été moissonneuse, en plus de l’honneur de co-animer au nom de l’Afrique la conférence sus-indiquée. Car la Banque mondiale a fait don de 18 millions de dollars (environ 9 milliards de Fcfa) au pays en vue d’apurer une partie de l’échéance de la dette due à ladite institution jusqu’en 2010. Ce don dont les documents ont été paraphés par le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Koffi Diby et le directeur des opérations de la Banque mondiale, Madani M. Tall vient comme une bouffée d’oxygène pour le Trésor public ivoirien. Pour l’argentier du gouvernement de Côte d’Ivoire, c’est une possibilité supplémentaire offerte au pays pour faire face aux paiements des arriérés intérieurs. Relativement à la conférence de presse, le ministre Charles Koffi Diby a indiqué que la crise financière internationale ne constitue plus seulement une menace pour les pays en développement. Muée en crise économique, elle est devenue une réalité dont il faut absolument tenir compte dans la formulation des mesures de politique économique. Ses effets négatifs sont nombreux et ont pour noms, entre autres, dégradation des soldes budgétaires et des comptes courants, accentuation du chômage, restriction de la consommation des ménages et ralentissement de l’activité économique. Toutes choses qui se traduisent par une croissance mondiale projetée à la baisse entre -1 pour cent et -0,5 pour cent en 2009 contre respectivement 3,2 pour cent en 2008 et 5 pour cent en 2007. Et le ministre de noter que cette crise financière internationale touche aujourd’hui les économies africaines par trois canaux; à savoir la restriction de la demande mondiale adressée à l’Afrique, l’effondrement des cours des matières premières et la raréfaction des flux financiers, notamment l’aide publique au développement. “En dépit de l’environnement international difficile, mon pays, la Côte d’Ivoire, a réalisé un taux de croissance de 2,3 pour cent en 2008 contre 1,8 pour cent en 2007. En 2009, une croissance initialement projetée à plus de 4 pour cent a été révisée à 3,7 pour cent”, a indiqué le ministre; précisant que ce résultat est le fruit d’efforts et de la mise en oeuvre satisfaisante des programmes d’assistance post-crise (Aupc) qui ont permis, le 27 mars dernier, d’atteindre le point de décision de l’initiative Ppte en même temps que la conclusion avec le Fmi, d’un nouveau programme triennal soutenu par la facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (frpc). Saisissant cette occasion à lui donnée par cette conférence de presse, le ministre Diby a, au nom du gouvernement ivoirien, remercié une fois de plus, l’ensemble des partenaires qui appuient la Côte d’Ivoire et souhaité que ces appuis continuent jusqu’au point d’achèvement de l’initiative Ppte “qui consacrera une réduction effective du poids de la dette publique”. La poursuite de ces appuis a d’ailleurs constitué la trame de la séance de travail technique qu’il a eue hier, de 8 h à 9h30 avec la directrice Afrique du Fmi, Mme Antoinette Sayeh, au cabinet de celle-ci, au siège de l’institution. En fait, le ministre de l’Economie et des Finances qui était accompagné de ses plus proches collaborateurs, a salué la mise à disposition des premiers décaissements d’environ 55 milliards de Fcfa d’appuis budgétaires prévus dans le cadre du programme sus-indiqué et qui a permis d’amorcer l’apurement des arriérés intérieurs afin de relancer la machine économique du pays, et ce faisant créer de la richesse et des emplois pour réduire la pauvreté. Il a également fait savoir à la directrice Afrique du Fonds qui avait à ses côtés, Mme Ross, nouvelle responsable de la mission du Fmi pour la Côte d’Ivoire, que la relance de l’économie ivoirienne va profiter à toute la région ouest-africaine, et particulièrement aux 90 millions d’habitants de l’Uemoa. Il a, en outre, rassuré ses interlocutrices qui ont voulu en savoir davantage sur la transparence sur les enlèvements des flux pétroliers et la révision des contrats relatifs aux grands travaux, sur la détermination du gouvernement à poursuivre dans la bonne gouvernance, à éviter des dérapages budgétaires. «Tous les travaux se poursuivront, désormais, à un rythme conforme à notre possibilité budgétaire», a souligné, avec force conviction, le ministre Diby. Mme Sayeh qui se félicite de ces efforts de transparence, a cependant, insisté que l’utilisation des flux physiques du pétrole ivoirien comme moyen de paiement des grands travaux soit définitivement proscrite. Sur ce sujet précis, la partie ivoirienne a fait savoir que les anciens contrats de ce type sont depuis lors devenus caducs. Toutefois, elle demande qu’étant donné que l’Etat a eu à prendre des engagements vis-à-vis de l’opérateur concerné par les grands travaux, “le Fmi et la Côte d’Ivoire devront évaluer ensemble la dette due audit opérateur de manière a la budgétiser”. Sur ce point, un audit externe et indépendant pourrait être commandité à la demande du Fonds qui souhaite, comme les autorités ivoiriennes l’avaient déjà prévu, d’autres stratégies de mobilisation de ressources internes (émissions d’obligations et autres). Parce que les appuis budgétaires, à eux seuls, ne suffiront pas à financer le programme économique et financier. Mais aussi, parce que les recettes d’exportation pourraient connaître un déclin du fait de la crise économique et financière mondiale.
Dans cette conférence de presse, le ministre Charles Koffi Diby n’a pas manqué d’évoquer la mauvaise santé du secteur primaire ou à l’exception du cacao, toutes les autres productions destinées à l’exportation sont en berne, et du secteur secondaire ou les activités liées au bois, à l’automobile mécanique et aux Btp subissent les contrecoups de la crise. Dans le secteur du bois, 9 entreprises sur les 88 qu’il compte ont déposé le bilan et mis ainsi 3066 employés au chômage. “Au total, des incertitudes pèsent sur la réalisation du taux de croissance révisé de 3,7 pour cent en raison de l’ampleur de la crise”, a dit le ministre. S’il est vrai que des pays comme la Côte d’Ivoire prennent des mesures pour endiguer et/ou prévenir le pire, il urge, selon le ministre Diby, que les engagements pris par le G20 à Londres soient traduits, dans un bref délai, en actes concrets, afin de répondre aux besoins pressants des pays africains. Le ministre tanzanien des Finances, Mustafa Mkulo, qui annonce une baisse de taux de croissance de son pays à 5 pour cent contre 7 précédemment, et le Zambien Situmbeko Musokotwane, une chute de 2 points de la croissance économique dans son pays, ont abondé dans le même sens. Il convient de noter que la délégation ivoirienne a eu hier lundi, des séances de travail avec le directeur général du Fmi, Dominique Strauss-Khan, qui effectuera, du 25 au 27 mai prochain, une visite en Côte d’Ivoire, et le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick.
Gooré Bi Hué
Envoyé spécial a Washington
C’est dimanche que les réunions de printemps des deux institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et Fmi) ont pris fin avec la réunion des pays du Maghreb présidée par le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Khan. Les journées de samedi et dimanche derniers ont été marquées par deux sessions importantes: celle du comité monétaire et financier de développement au terme de laquelle le ministre ivoirien de l’Economie et des Finances, Charles Koffi Diby, a co-animé avec les ministres tanzanien et zambien des Finances, une conférence de presse sur “l’impact de la crise financière internationale sur les pays africains” et les mesures de politiques économiques envisagées pour faire face à la nouvelle donne. Il y a ensuite eu la session du comité de développement au cours duquel le ministre d’Etat, ministre du Plan et du Développement, Paul Antoine Bouhoun Bouabré, a fait une analyse approfondie de la crise et donné sa vision sur les moyens d’en sortir avec l’appui du Fmi et de la Banque mondiale (nous y reviendrons dans notre prochaine édition).
Pour la Côte d’Ivoire, la journée de samedi a été moissonneuse, en plus de l’honneur de co-animer au nom de l’Afrique la conférence sus-indiquée. Car la Banque mondiale a fait don de 18 millions de dollars (environ 9 milliards de Fcfa) au pays en vue d’apurer une partie de l’échéance de la dette due à ladite institution jusqu’en 2010. Ce don dont les documents ont été paraphés par le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Koffi Diby et le directeur des opérations de la Banque mondiale, Madani M. Tall vient comme une bouffée d’oxygène pour le Trésor public ivoirien. Pour l’argentier du gouvernement de Côte d’Ivoire, c’est une possibilité supplémentaire offerte au pays pour faire face aux paiements des arriérés intérieurs. Relativement à la conférence de presse, le ministre Charles Koffi Diby a indiqué que la crise financière internationale ne constitue plus seulement une menace pour les pays en développement. Muée en crise économique, elle est devenue une réalité dont il faut absolument tenir compte dans la formulation des mesures de politique économique. Ses effets négatifs sont nombreux et ont pour noms, entre autres, dégradation des soldes budgétaires et des comptes courants, accentuation du chômage, restriction de la consommation des ménages et ralentissement de l’activité économique. Toutes choses qui se traduisent par une croissance mondiale projetée à la baisse entre -1 pour cent et -0,5 pour cent en 2009 contre respectivement 3,2 pour cent en 2008 et 5 pour cent en 2007. Et le ministre de noter que cette crise financière internationale touche aujourd’hui les économies africaines par trois canaux; à savoir la restriction de la demande mondiale adressée à l’Afrique, l’effondrement des cours des matières premières et la raréfaction des flux financiers, notamment l’aide publique au développement. “En dépit de l’environnement international difficile, mon pays, la Côte d’Ivoire, a réalisé un taux de croissance de 2,3 pour cent en 2008 contre 1,8 pour cent en 2007. En 2009, une croissance initialement projetée à plus de 4 pour cent a été révisée à 3,7 pour cent”, a indiqué le ministre; précisant que ce résultat est le fruit d’efforts et de la mise en oeuvre satisfaisante des programmes d’assistance post-crise (Aupc) qui ont permis, le 27 mars dernier, d’atteindre le point de décision de l’initiative Ppte en même temps que la conclusion avec le Fmi, d’un nouveau programme triennal soutenu par la facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (frpc). Saisissant cette occasion à lui donnée par cette conférence de presse, le ministre Diby a, au nom du gouvernement ivoirien, remercié une fois de plus, l’ensemble des partenaires qui appuient la Côte d’Ivoire et souhaité que ces appuis continuent jusqu’au point d’achèvement de l’initiative Ppte “qui consacrera une réduction effective du poids de la dette publique”. La poursuite de ces appuis a d’ailleurs constitué la trame de la séance de travail technique qu’il a eue hier, de 8 h à 9h30 avec la directrice Afrique du Fmi, Mme Antoinette Sayeh, au cabinet de celle-ci, au siège de l’institution. En fait, le ministre de l’Economie et des Finances qui était accompagné de ses plus proches collaborateurs, a salué la mise à disposition des premiers décaissements d’environ 55 milliards de Fcfa d’appuis budgétaires prévus dans le cadre du programme sus-indiqué et qui a permis d’amorcer l’apurement des arriérés intérieurs afin de relancer la machine économique du pays, et ce faisant créer de la richesse et des emplois pour réduire la pauvreté. Il a également fait savoir à la directrice Afrique du Fonds qui avait à ses côtés, Mme Ross, nouvelle responsable de la mission du Fmi pour la Côte d’Ivoire, que la relance de l’économie ivoirienne va profiter à toute la région ouest-africaine, et particulièrement aux 90 millions d’habitants de l’Uemoa. Il a, en outre, rassuré ses interlocutrices qui ont voulu en savoir davantage sur la transparence sur les enlèvements des flux pétroliers et la révision des contrats relatifs aux grands travaux, sur la détermination du gouvernement à poursuivre dans la bonne gouvernance, à éviter des dérapages budgétaires. «Tous les travaux se poursuivront, désormais, à un rythme conforme à notre possibilité budgétaire», a souligné, avec force conviction, le ministre Diby. Mme Sayeh qui se félicite de ces efforts de transparence, a cependant, insisté que l’utilisation des flux physiques du pétrole ivoirien comme moyen de paiement des grands travaux soit définitivement proscrite. Sur ce sujet précis, la partie ivoirienne a fait savoir que les anciens contrats de ce type sont depuis lors devenus caducs. Toutefois, elle demande qu’étant donné que l’Etat a eu à prendre des engagements vis-à-vis de l’opérateur concerné par les grands travaux, “le Fmi et la Côte d’Ivoire devront évaluer ensemble la dette due audit opérateur de manière a la budgétiser”. Sur ce point, un audit externe et indépendant pourrait être commandité à la demande du Fonds qui souhaite, comme les autorités ivoiriennes l’avaient déjà prévu, d’autres stratégies de mobilisation de ressources internes (émissions d’obligations et autres). Parce que les appuis budgétaires, à eux seuls, ne suffiront pas à financer le programme économique et financier. Mais aussi, parce que les recettes d’exportation pourraient connaître un déclin du fait de la crise économique et financière mondiale.
Dans cette conférence de presse, le ministre Charles Koffi Diby n’a pas manqué d’évoquer la mauvaise santé du secteur primaire ou à l’exception du cacao, toutes les autres productions destinées à l’exportation sont en berne, et du secteur secondaire ou les activités liées au bois, à l’automobile mécanique et aux Btp subissent les contrecoups de la crise. Dans le secteur du bois, 9 entreprises sur les 88 qu’il compte ont déposé le bilan et mis ainsi 3066 employés au chômage. “Au total, des incertitudes pèsent sur la réalisation du taux de croissance révisé de 3,7 pour cent en raison de l’ampleur de la crise”, a dit le ministre. S’il est vrai que des pays comme la Côte d’Ivoire prennent des mesures pour endiguer et/ou prévenir le pire, il urge, selon le ministre Diby, que les engagements pris par le G20 à Londres soient traduits, dans un bref délai, en actes concrets, afin de répondre aux besoins pressants des pays africains. Le ministre tanzanien des Finances, Mustafa Mkulo, qui annonce une baisse de taux de croissance de son pays à 5 pour cent contre 7 précédemment, et le Zambien Situmbeko Musokotwane, une chute de 2 points de la croissance économique dans son pays, ont abondé dans le même sens. Il convient de noter que la délégation ivoirienne a eu hier lundi, des séances de travail avec le directeur général du Fmi, Dominique Strauss-Khan, qui effectuera, du 25 au 27 mai prochain, une visite en Côte d’Ivoire, et le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick.
Gooré Bi Hué
Envoyé spécial a Washington